quarante-neuf

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O M N I S C I E N T

Décembre 2015. Paris.

Il ne lui restait plus que quelques minutes pour arriver à destination. Il était proche mais il paraissait pourtant si loin.

Ken avait l'impression d'avancer dans le brouillard et de ne pas savoir sur quoi il pourrait tomber, une fois que ce dernier se serait dissipé.

Il avait prit la décision d'avoir une conversation avec Léonie, sur un coup de tête et maintenant qu'il était presque arrivé, il était à la limite de le regretter.

Pourtant, il savait qu'il ne devait pas reculer et que c'était maintenant ou jamais. Il ne devait pas avoir peur d'y aller car de son point de vue, lui, n'avait rien à se reprocher. Peut-être bien qu'elle non plus mais il en était moins sûr. Encore une fois, ses pensées se mélangeaient, impossible d'y voir clair.

D'un pas décidé, il accéléra la cadence avant de changer d'avis et de faire demi-tour. Il se retrouva rapidement devant l'immeuble où il passait énormément de temps à l'époque. Son cœur se serra à l'évocation de ces souvenirs. Il prit une grande inspiration, souffla tout l'oxygène qu'il possédait dans sa cage thoracique et leva les yeux vers le digicode.

Il entendit un rire à sa droite et se retourna dans cette direction. Une petite mamie qui faisait au moins deux têtes de moins que lui, lui souriait.

« - Ça fait deux minutes que vous attendez devant cette porte, je peux vous ouvrir si vous voulez. »

Il acquiesça ne sachant pas vraiment quoi lui répondre, puis la suivit dans le hall de l'immeuble. Il la remercia avant de se retrouver devant les escaliers. Il voulait faire durer le moment un peu plus longtemps, avant de se retrouver pour la deuxième fois de la journée, en face de celle qu'il avait énormément considéré il fut un temps.

« - Bon courage, vous avez l'air stressé jeune homme. Prenez une bonne respiration, ça va vous calmer, conseil de grand-mère, elle avança dans l'ascenseur et lui fit un clin d'œil avant que ce dernier se referme. »

Elle réussit à lui arracher un sourire. Il se promit d'écouter son conseil une fois devant la porte de l'appartement de Léonie.

Léonie frottait frénétiquement la table à manger depuis cinq bonnes minutes, lorsqu'un bras la stoppa dans son geste.

« - Vas-y c'est bon j'crois que la table elle est propre frère, ça sert à rien ce que tu fais là. »

Elle s'arrêta brusquement et fixa son ami, comme s'il venait de dire une énorme connerie. Quand elle était en colère ou bien stressé, elle ne pouvait pas s'empêcher de faire le ménage. Or son appartement était déjà propre.

Elle avait appelé Akram dès qu'elle avait réussit un minimum à se calmer, après avoir posté sa photo. Fred, le patron du bar, étant compréhensif et connaissant bien Léonie, l'avait autorisé à s'absenter pendant une petite heure.

« - Tu comprends pas Akram.
- Bah expliques, tu fais que d'frotter et chouiner depuis que je suis arrivée parce que tu m'as appelé en pleure, t'es taré toi.
- Je l'ai vu ce matin, il va venir là, c'est sûr après ce que j'ai mis sur insta, en plus Théo m'a envoyé un message pour me dire que ça c'était pas bien passé à l'hôpital et qu'il était partit. »

Léonie secouait sa tête de gauche à droite, les larmes lui montaient aux yeux, encore une fois de plus. Elle le connaissait par coeur, elle le sentait même, qu'il allait arriver. D'une seconde à l'autre.

  taiyō • 𝐧𝐞𝐤𝐟𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant