Renfield

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Il commençait à me taper un peu sur les nerfs.

— Hans, regarde dans ce cercueil.

Je pouvais lire sans mal l'appréhension sur son visage. Quand il vit le cadavre de Reihnard, il referma le couvercle en vitesse.

— Bon Dieu! Tu as tué Ray!

Je hochai la tête avec un sourire pincé.

— Pourquoi? Il a tant fait pour toi!

J'avais soif.

— Il m'a gonflé. Tu vois, mes instincts de violence deviennent incontrôlables quand quelqu'un me gonfle. Maintenant, je le regrette, mais il est trop tard pour le pauvre Ray.

Je pris un air faussement attristé pour bien appuyer mon message, que Hans sembla recevoir cinq sur cinq. Il me regardait en tremblant, incapable de s'empêcher de loucher vers la porte.

— Ne pense même pas à fuir, Hans. Je suis plus rapide que toi.

J'espérais de tout cœur que ce soit vrai.

— Tu dois m'aider, Hans. Il faut me débarrasser de ce corps.

— Pas... Pas question! parvint-il à articuler. Tu ne vas pas m'entraîner avec toi dans ta déchéance.

— Tes scrupules t'honorent, Hans, mais ils me tapent sur les nerfs.

— Je suis désolé, Max. Ne me tue pas... Je ne peux pas détruire le corps de Reihnard comme ça... Sa femme... Ses enfants... Ils ne sauraient jamais ce qui lui est arrivé.

—C'est tragique, effet. Mais c'est mieux pour eux. Vois-tu, je l'ai mordu.

Je me suis approché de Hans, empoignant son épaule, et je parlai si près de son cou qu'il pouvait presque sentir mes canines l'effleurer.

— J'ai bu tout son sang. Il va devenir un vampire comme moi. Que se passera-t-il ensuite? Il voudra revoir sa famille. Sa femme, ses petites filles si appétissantes...

Hans parvint à s'éloigner.

— Je ne peux pas! Max, c'est illégal. Je risque de tout perdre.

— Hans, tu commences à sérieusement me gonfler...

C'était absolument vrai, mais je ne me sentais pas l'âme d'un tueur. Je pouvais le menacer de mort toute la nuit, s'il trouvait la force de s'opposer à moi... Je me demandais si je n'avais pas ces pouvoirs d'hypnose que les vampires avaient, dans les vieux films. S'il y avait des cours du soir pour les vampires, il fallait que je m'y inscrive.

— Hans! Tu vas faire ce que je dis sinon... Sinon je te dénonce à la police.

— Comment?

— Tu as tué Reihnard, et tu l'as vidé de ses fluides avec ta pompe, voilà.

— Je n'utilise pas de pompe! Je vide tous les corps par gravité!

— Aucune importance.

— Pourquoi l'aurais-je tué?

— Il avait découvert que tu avais égaré un cadavre.

— Je n'ai jamais égaré de cadavre!

— Si! Tu as égaré le mien.

À l'air estomaqué qu'il me lança, je compris que j'avais déniché le bon levier.

— Oui! Même si tu échappes à la condamnation pour meurtre, ta réputation sera ternie à jamais! Qui confierait le corps d'un proche à un croque-mort qui est fichu de l'égarer?

— Je vais tout leur révéler!

- Ça peut te servir, si tu comptes plaider l'aliénation mentale.

Il sera les poings, avalant sa défaite.

— Aide-moi à placer le cercueil sur le tapis.

Le jour, où plutôt la nuit, où je suis devenu un vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant