Facteur X

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Si j'avais été en train de boire, je me serais étouffée. Docteur parfait était le père de mon enfant, mais aussi le jumeau de Pénélope. Mes pensées se menaient une bataille intérieure alors que, moi-même, je tentais de gagner la mienne contre la Reine des démons. Celle-ci était très forte, mais sachez que ceux qui ne supportent pas ma sexualité se retrouvent très vite aspirés dans une vrille que je leur impose. Avais-je réellement pensé à ce que je m'apprêtais à faire ? Mon frère aurait l'occasion de juger convenablement la grande Sophia. Je savais qu'il ne lui avait jamais parlé en détail de moi, car il me défendait toujours contre les homophobes. Il aurait compris sur le champ comment elle était et n'aurait jamais osé l'épouser.

Je voulais faire la révélation de mon bébé plus tard, mais, vous me connaissez maintenant ; j'étais en mode machine de guerre. Bien sûr, j'expliquai tout en détail à ma belle rousse qui comprit que tout cela s'était passé bien avant notre rencontre.

Bien ! Tout était fantastique. J'attirai Pénélope jusqu'à la scène, ou plutôt elle me soutint jusqu'à la scène, étant donné l'état lamentable de mon pied. Je fit arrêter la musique et demandai au gens une dernière minute d'attention. Un petit toast était de rigueur pour nos deux mariés. Donc, je souhaitai à mon frère une merveilleuse vie en compagnie de sa si « charmante » épouse. Son sourire n'était pas aussi spontané qu'en début de soirée et, bien entendu, la Reine des démons le gratifia d'un coup léger dans l'abdomen. Enfin, si on pouvait appeler ça, léger.

Pénélope fit son propre discours et vint le moment fatidique où elle me redonna le microphone. Attention ! Je savais que Sophia réagirait, mais la question était intéressante. Comment allait-elle se comporter face au facteur x que je lui réservais ?

Avec mon sourire des plus beaux jours, j'avouai à toute la salle que j'attendais un enfant. Mon frère se mit à sourire aussi facilement qu'en début de journée. Pour lui, je venais de lui annoncer qu'il serait tonton, alors il était fou de joie pour moi. Quant à sa femme, aucune réaction ne vint abîmer son visage. Ce n'était pas étonnant, avec ce que je venais de lui faire vivre pendant toute la soirée. Mais, avouez qu'elle l'avait mérité un tout petit peu. Allez ! Soyez francs ! Jusqu'à présent, elle ne vous inspire pas autant de joie que moi...

Bref, ceci n'était en aucun cas mon facteur x. Reprenant ma révélation, je me penchai un peu vers l'avant pour donner une petite ambiance de secret à tout cela, même si nous devions encore être au moins deux cents dans la salle.

— Mais, ma chère Sophia, ne fais pas cette tête ! Tu sais, tu seras aussi la tante de ce petit poupon.

Elle me regarda alors avec découragement tandis que je flattais mon ventre. Elle semblait dire : Voyons donc, je suis la femme de ton frère, c'est certain que je serai tante. Mon sourire s'agrandit davantage encore.

— Tu seras une tante, mais pas pour la raison que tu crois. Steven, qui, si j'ai bien compris, est ton frère, est aussi le papa.

Cette fois, j'étais peut-être allée trop loin. Tout son sang sembla fuir son visage, la rendant blême à faire peur. A-t-elle survécue ? Mais pourquoi je vous pose cette question ? C'est plutôt de moi dont vous devriez vous inquiéter. Un cri de rage sortit des profondeurs du corps de Sophia. Même les réflexes aiguisés de son mari ne furent pas assez rapides pour la retenir. Papa génial et Super maman tentèrent de lui barrer le passage, mais elle leur passa entre les jambes. Steven l'attendait derrière, mais ne me demandez pas comment elle fit ce tour de force ; docteur parfait se retrouva pratiquement à faire le bouche à bouche à une vieille dame, sur la table, tout juste à côté. Surprise par la rage de sa sœur, Pénélope était mon dernier rempart. Je préférai donc faire face à la musique, mais ce n'était pas sans raison. Mon facteur x comportait un exposant assez élevé. C'est du moins ce que j'espérais.

Me dépêchant à continuer mon ultime révélation, je criai pratiquement dans le microphone pour la faire s'immobiliser.

— Attends, Sophia ! Tu dois absolument connaître la fin avant de venir me féliciter.

Oh ! Je le savais bien, au fond, qu'elle désirait plutôt m'enterrer dans un coin reculé, derrière sa maison, mais quant à être détestée, je lui en donnerais pour son argent. Je continuai sur le même ton enjoué, question que la salle voit que c'était un moment très important pour moi.

— J'ai appris le sexe de notre bébé, hier. J'aurai un beau petit garçon et, puisque tu sembles si impatiente de me féliciter, je voulais seulement que tu saches que j'ai choisi son nom, ce soir. Ta famille est si chaleureuse, que j'ai décidé de vous honorer en lui donnant le prénom de Charles, comme ton père. Il sera un bébé génial !

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