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art : lunalovegoodart

Tw : bataille / guerre

Je ne suis plus jamais tombée amoureuse, parce que ce n'était pas comme les autre fois. La troisième fois, je ne suis pas "tombée". Je n'ai pas plongé la tête la première dans un lac de flamme, je n'ai pas brûlé de passion. Je ne suis pas tombée. Pas du tout. 

Je me suis endormie, plutôt, comme on entre dans un rêve. Ce n'était pas un feu dans mon coeur, cette fois, c'était la sensation d'avoir rencontrée une personne qui me correspondait totalement, plutôt. 

Je la connaissais depuis des années. Mais tout comme je ne sais pas comment mes autres amours se sont éteints, je ne sais pas non plus comment celui-ci a éclos. Tout ce que je sais, c'est que notre amitié est devenue fascinante comme ne l'avait jamais été aucune de mes amitiés et qu'un jour, elle avait été remplacé par un sentiment que je connaissais, mais que je n'avais jamais ressentit de cette façon là. 

Luna Lovegood. 

Contrairement aux autres, iel n'avait pas volé mon coeur, iel l'avait plutôt enchanté tout doucement. 

Au début, j'ai fait comme si de rien en me disant que, comme toutes les autres fois, ça me passerait. 

Mais le temps passait et je voyais le monde s'assombrir. 

Nous étions seul∙es, à présent. Nous passions notre avant-dernière année à Poudlard comme dans une prison. Les visages étaient fissurés de larmes et de peur, les fêtes étaient de sombres cérémonies, les repas étaient des annonces de la Gazette du Sorcier. Des listes interminables de mort∙es et blessé∙es né∙e-moldu∙es ou traitre à leurs sang. 

J'avais peur pour Harry, Ron et Hermione. Pour mes autres frères, pour mes parents. Luna se blottissait parfois contre moi, le soir, le volume des cassettes tout bas en pensant à son père tout seul dans sa cabane. 

Nous rêvions à la vie d'après pour garder l'espoir de gagner. Nous nous disions que nous pourrions nous rendre visite pendant l'été, ou même en dehors, puisque nous habitions dans les villages voisins l'un de l'autre. Nous voyagerons, iel adorait me montrer des animaux fantastiques. Un soir, iel m'avait amenée dans une clairière de la forêt interdite et m'avait fait caresser un sombral. La nuit avait beau être bien sombre, je vivais à l'époque la plus belle de ma vie. 

Mon amour pour ellui grandissait encore, je ne savais même pas s'il pouvait rester stable. Autour de nous, le monde s'écroulait. Nous nous réveillions de plus en plus souvent dans les bras l'une de l'autre à cause de la peur. Elle prenait ma main sous la table pendant les cours trop compliqué. Je venais toujours la rejoindre dans son lit, elle se mettait toujours avec moi pendant les travaux de groupes. Nous étions plus fortes, j'avais l'impression que nos coeurs battait au même rythme. 

Nous trouvions des moyens de nous échapper, de Poudlard comme dans nos rêves. Nous nous trouvions dans la salle vas-et-viens, dans un couloir vide, dans la forêt. Plusieurs fois, nous avons pensé à partir pour de bon. Mais pour aller où ?

Il est horrible de vivre en comptant les jours avant la fin. Il était horrible de penser que lorsque j'ouvrais les yeux le matin et rencontraient ceux de Luna, je les regardais peut-être pour la dernière fois. 


Durant les vacances d'avril, iel est rentré∙e chez ellui, histoire de voir son père mais elle n'est pas revenue début mai. Ça m'a fait peur. 

Pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie extrêmement seule malgré mon entourage. Le manque était trop souvent là, envenimé par ma tristesse. J'errai dans les couloirs avec peine et ne cessait d'harceler Neville, avec qui je passais toutes mes heures de libres :

« Où est Luna ?

- Je ne sais pas, mais tu le∙a verra bientôt, promis.» disait-il toujours, sans jamais me repousser. 

Je me suis jurée que si je la revoyais je sauterai dans ses bras et l'embrasserais comme jamais (en essayant de lui demander la permission avant, tout de même.)

Je perdais espoir, de ma tour d'ivoire. Le château était austère, glauque et sinistre. Il n'y avait plus Luna pour se blottir contre moi, ni le Quidditch pour changer mes idées, les lettres que j'échangeai avec ma famille étaient très vague, iels faisaient presque tous∙tes parti∙es de l'Ordre et ne voulait rien risquer. 

Je lisais des livres. Ceux qu'elle avait oublié, d'abord, pour me rapprocher d'elle et puis je lisais n'importe quoi pour avoir la sensation d'être ailleurs.

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Elle revint en pièce. Tâché∙e de boue, cheveux en batailles, cernes bleues sous les yeux... et pourtant un grand sourire au lèvres, me rapportant en un regard tout l'espoir que j'avais perdu. J'avais envie de lui sauter dans les bras. Je ne l'ai pas fait. J'avais le sentiment que ce moment là était trop beau pour le rendre plus compliqué avec mon coeur d'artichaut. 

« Harry, Ron et Hermione sont vivant∙es ! Je suis sur∙e qu'on va gagner, maintenant ! Par contre Dobby est mort, je suis un peu triste pour lui, il était gentil, et je m'inquiète un peu pour Drago...

- Drago ?» avais-je répété, incrédule.

Iel me raconta qu'iels s'étaient beaucoup vu, Malfoy et ellui, parce qu'elle avait leurs prisonnière durant un bout de temps. Mais si les parents Malfoy ne lui avait pas adressé autre chose qu'un regard mauvais, Drago, avait été aimable, il l'avait même aidé à s'enfuir le moment venu. 

Iel raconta tout cela avec sa voix habituelle, mais je pouvais malgré tout y percevoir un arrière-gout brisé. J'étais persuadée que ces longues semaines dans le cachot des Malfoy avaient été plus éprouvantes qu'iel ne me le disait. 

Je la prit dans mes bras, la serrant fort. Je voulais imprimer son corps dans le miens pour qu'elle ne me quitte plus. Son corps était réconfortant, et elle se laissa également tomber dans le câlin. Je ne l'embrassai pas ce jour là. 


Je l'embrassa durant la bataille, parce que j'étais certaine d'y trouver la mort et que je voulais avoir au moins essayé avant de partir. 

Après des heures de combats incessants, beaucoup d'entre nous avaient trouvé refuge dans des endroits discrets. Voldemort attendait Harry dans la forêt et savoir ça me rendait malade. Je n'avais aucune nouvelle de ma famille non plus, j'étais morte d'inquiétude. Alors je courus à la recherche de Luna. 

Je percutai violemment une silhouette au beau milieu d'un couloir du rez-de-chaussée. 

« Ginny ! Je te cherchais ! Désolé∙e de t'être rentrée dedans.»

Je ne répondis pas. Des sanglots incontrôlables le firent à ma place, cette fois ce fut elle qui me prit dans les bras en me caressant le dos. Ses doigts pianotant sur les os de mon dos. 

Elle se recula et je gémis à la perte, avant de me rendre compte qu'avec un sourire triste, elle avait posé l'une de ses mains pâle sur ma joue. Je jouai avec ses mèches blondes qui ce soir là paraissaient plutôt bleu clair -cheveux magiques, ce n'était pas étonnant pour une fille magique- et tout doucement, nous approchâmes nos lèvres, les siennes contre les miennes. Des larmes coulaient encore de mes joues mais ma tristesse cessa. Nous nous enlaçâmes plus fort et pendant un instant cela nous fit oublier tout le reste. Puis je ne pus m'empêcher de penser et je réalisai que j'aurai dû faire ça plutôt, car nos morts étaient peut-être proches et que je n'avais eu qu'un seul baiser de la personne que j'aimais. 

La Troisième FoisTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon