L'idée

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Jeudi 19 Août 2021.

Vous savez ce que c'est ? Ce que c'est que d'avoir une idée qui est là en permanence, qui vous hante, qui vous ronge presque, qui parfois s'efface mais jamais ne disparaît. Une idée qui reste là comme un grain de sable qui fait grincer la machine, tout le temps. Un grain de sable qui peut se transformer en désert su vaste et si sec qu'il vous tue à petit feu, mais qui devient parfois si fin qu'il est à peine visible et que vous l'oubliez.

Une idée comme une graine qui se développe, qui grandit en même temps que vous, qui se fait sa place sans demander votre avis et que vous arrosez sans le vouloir, chaque fois que vous l'évoquez volontairement. Une graine qui parfois est ronce piquante, qui est souvent épineuse et toujours douloureuse. Elle n'est jamais fleur, jamais douce et elle donne simplement quelques fruits parfois. Des fruits amers mais vitaux, qui donnent des indigestions après que vous en ayez profité un peu trop.

Une idée comme un nuage dans un coin de votre ciel, qui cache l'azur ou la nuit, qui obscurcit les étoiles et masque la lumière de la lune. Un nuage qui apporte la pluie, c'est-à-dire la tristesse, qui apporte l'eau, c'est-à-dire la vie. Un nuage toujours dans le ciel, un nuage d'orage, violent, puissant, fracassant, effrayant. Ou un nuage de neige, beau et doux mais si froid, glacé, brûlant, piquant à la fois. Un nuage qui laisse passer souvent le soleil mais qui parfois le cache, qui filtre chacun de ses rayons quand il ne le masque pas complétement à vos yeux.

Une idée tenace, persistante qui jamais ne se tait. Comme une voix qui vous chuchote continuellement qu'elle sera toujours avec vous. Qui crie et même hurle chaque fois que vous la laissez de côté, qu'elle se sent délaissée. Une voix que vous ne comprenez pas toujours mais qui parle encore et encore pour se faire entendre, qui discuter, qui disserte, qui philosophe et dont les paroles se perdent tant elles sont nombreuses.

Une idée cachée dans une boîte à souvenirs. Une boîte que vous ouvrez parfois quand vous tombez dessus ou quand d'autres la forcent à votre place. Quand ceux qui en percent les secrets cassent la serrure, une idée qui revient avec toujours plus de force et de ferveur. Sans pitié elle s'impose à vous, elle dispose de vous. Elle vous emporte dans le torrent des images et des sons de votre mémoire. Parce qu'elle est dans chaque instant, elle vous rappelle qu'elle peut surgir à tout moment dans votre passé, sans votre présent, dans votre futur. Puisque tout n'est que souvenir, l'idée s'empare d'eux et ne les rend que transformés, défigurés.

Une idée comme une douce brise que vous ne sentez pas, surtout quand elle souffle dans votre dos et que vous allez dans son sens. Un souffle qui se transforme en tempête, en ouragan, en tornade quand vous n'y prenez pas garde. Un souffle qui vous mine, qui vous dévaste parce qu'il vous touche partout et notamment là où ça fait mal, qu'il brise votre espace personnel, s'y engouffre et s'en va avec autant de délicatesse qu'un courant d'air vif et glacé qui éteint le feu dans l'âtre.

Est-ce que vous savez ? Est-ce que vous voyez de quelle idée je parle ? Est-ce que vous la connaissez ?

Non ?

Tant pis.

À mes instants perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant