3. Silence

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Pourrait-il y avoir plus que de l'amitié entre le Professeur Nabil et Lucas, le Maître de Galar ?

Lucas cligna des yeux et relut le titre. Puis encore une fois. Les mots ne changeaient pas. Il comprenait mieux le comportement de sa mère. Pourquoi l'un des plus gros journaux de Galar publiait-il un article de ce type en première page ? C'était ridicule. Ne se passait-il vraiment rien à Galar qu'ils avaient été obligés de publier le genre d'articles qu'on retrouvait d'ordinaire dans les petits magazines en épiceries ? Lucas ne faisait jamais vraiment attention à ces magazines. Il était une célébrité, cela faisait partie des choses qu'il avait accepté et ignorait depuis des années. Les gens s'intéressaient à sa vie privée, ce n'était pas nouveau, c'était en partie pour cette raison qu'il était venu à Alola. Mais ce journal, avec ce titre ? Cela ressemblait à une mauvaise blague.

Lucas fit défiler l'article et le parcourut en diagonale. Son attention fut rapidement retenue par ce qui accompagnait le texte. Des photos, ils avaient publié des photos avec l'article. Lucas soupira intérieurement en reconnaissant facilement les scènes. La plupart datait à peine de la veille. Dans la clairière, lorsque Nabil l'avait fait trébuché et l'avait bloqué au sol pour récupérer sa pokéball. Près du lac, lorsque Lucas s'était laissé tomber par terre après avoir suivi Nabil dans sa course folle à travers la forêt, et qu'aucun d'eux n'avait pensé à se lâcher. La photographie avait même été éditée pour attirer l'attention sur leurs mains encore lâchement liées. Au restaurant, lorsque Lucas avait failli se mettre à pleurer tant sa nourriture était épicé, tandis que Nabil l'observait d'un air moqueur de l'autre côté de la table. Lucas grimaça en reconnaissant la dernière photo. Nabil lui avait pourtant dit que personne ne les avait vus. Il s'était manifestement trompé, car Lucas se voyait lourdement appuyé sur l'épaule de Nabil, à l'extérieur du restaurant, les yeux dans le vague.

À vrai dire, ce n'était pas des clichés très conséquents, pris individuellement. Mais lorsqu'ils étaient tous rassemblés dans un article d'un journal qui cumulait une région entière et plus d'audience, Lucas ne pouvait pas s'empêcher de se sentir menacé. Ces photos avaient-elles eu tant de succès sur internet au cours de la nuit que le journal s'était senti obligé de les publier ? Lucas revint en arrière, sur la page du moteur de recherche.

-Putain...

Le journal de Galar n'avait pas été le seul à sauter sur l'occasion. Les articles défilaient comme si le monde entier ne s'était préoccupé que de cela toute la nuit durant, et Lucas retrouva même quelques clichés plus vieux dans certains d'entre eux. Il se vit en train de poser avec Nabil devant l'immense stade de Winscor, juste avant le début du Tournoi des Médaillés. Il se vit assis sur la banquette d'un train. Il était en train de discuter avec Tarak et Donna en face de lui, mais c'était sur Nabil, qui, épuisé par le récent tournoi, s'était accidentellement endormi sur son épaule, que l'article se concentrait. Il se vit accroupi face à Moumouflon. Cette fois, il n'était même pas proche de Nabil, ne le regardait même pas à vrai dire. Nabil était un peu plus loin, flou sur la photo, et tentait d'entraîner Rosemary dans un combat. L'article soulignait la proximité de Lucas avec un pokémon qui n'était pas le sien, comme s'il ne connaissait pas Moumouflon depuis toujours.

Lucas fixa l'écran du téléphone sans rien voir. Ce genre de rumeur, il en avait déjà entendu des milliers. Sur lui, sur Tarak, sur Nabil, sur les différents champions, même sur Travis, alors qu'il était la personne la plus désagréable que Lucas ait eu l'occasion de rencontrer. Il ne suffisait parfois que d'une photographie floue pour que les gens commencent à spéculer, mais une rumeur de cette ampleur, cela, Lucas n'en avait jamais vu. Qu'est-ce que cela impliquait exactement ? Si même le journal le plus lu de Galar se désintéressait de sa carrière pour lui préférer sa vie privée, Lucas ne trouverait plus une seule minute de paix.

J'aime bien AlolaWhere stories live. Discover now