Chapitre 17

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- Zhele... je soupire exaspérer. Qu'est-ce que tu aurais fait si ça n'avait pas été moi ?

- J'ai senti ta présence à l'instant où tu as posé le pied sur la marche de l'entrée du bâtiment.

- Mmh.

- Bon d'accord. Peut-être un peu avant...

Je baisse les épaules, désespéré, ça fait trois semaines que je la vois en entrant dans ma chambre, elle a soudainement adopté une forme humaine plutôt réaliste, n'importe qui tomberai dans le panneau, néanmoins je trouve sa peau bien trop pâle et ses yeux bien trop teintés d'énergie magique pour être considéré comme normal. Elle dit qu'adopter cette forme est un moyen pour elle de s'exercer et trouver une solution au sceau. Je l'ai laissé faire, n'ayant pas trouvé la force de l'arrêter, au fond de moi je sais qu'elle ne me veut pas de mal, j'ai fini par m'habituer à sa présence en rentrant de mes longues journées.

Je sens la fatigue me gagne plus rapidement qu'en temps normal, c'est à peine la fin de la journée, il est rare que je ressente un coup de barre pareil. Lentement je titube jusqu'au lit sous le regard de Zhele qui s'est finalement assise, j'en fais de même et soupire. Le dos de sa main vient se poser sur ma joue, je la regarde.

- Tu as mal ? me demande-t-elle.

- Non.

Bien que je l'aie ignoré durant toute la journée, je sens une pression dans ma poitrine qui m'essouffle plus vite qu'en temps normal, elle est certainement liée à ce que Nedrag m'a fait deux mois plus tôt et rien que pour ça je lui en veux, beaucoup même. Elle est peut-être horriblement attirante, belle, ça ne m'empêche pas d'avoir un certain ressentiment envers elle.

- Ce n'est pas de sa faute, je lui ai demandé de compléter un peu plus la marque.

- Compléter ? demandé-je.

- Elle est présente depuis deux ans mais non complète. Pour je ne sais quelle raison elle endigue et réduit quelques effets indésirables du sceau.

- Pourquoi tu me le dis que maintenant ?

- Ce n'était pas le bon moment.

Je me laisse tombé en arrière. Il y a encore beaucoup de choses que j'ignore de mon passé, j'aimerai en savoir plus mais la crainte de ce que je vais apprendre me guette, je ne sais pas si c'est une bonne idée ; quelque part je n'ai pas envie que le monde dans lequel je vis s'effondre. Pendant quelques minutes, silencieuse, je regarde le plafond blanc de la chambre, la femme à mes côtés ne dit rien – elle attend certainement que je rompe le silence, chose que je ne souhaite pas faire, c'est bien trop agréable. Je fini par somnoler, sentant son regard sur moi, sa main se glisse furtivement sur mes cheveux, elle les caresses délicatement. Je me laisse bercer par sa douceur, allant à penser à quoi pourrait ressembler ma mère dont le visage apparaît censuré dans la plupart de mes souvenirs. Est-elle vivante ? Si oui va-t-elle bien ?

- Elle est vivante et elle va très bien.

- L'intimité tu connais ? me plaignais-je.

Je relève la tête pour lui lancer un regard accusateur, ses yeux rieurs me détaillent l'air de réfléchir à une réponse convenable.

- C'est un concept assez compliqué pour moi je dois t'avouer.

- Est-ce que tu sais où elle est ?

- Non, je sais juste qu'elle va bien.

- Je voudrais la voir.

- Ce n'est pas possible pour l'instant, bientôt peut-être.

Acquiescer silencieusement est la seule chose que je puisse faire, toutes réponses ne peuvent être accordés rapidement – je vais devoir faire preuve de patience encore une fois.
L'heure est au repos, plutôt que de manger, après un dernier regard envers Zhele et m'être défaite de mes habits, je me dirige directement à la douche pour détendre mes muscles – bien trop crispés – avec de l'eau chaude.

Lorsque je sors de la salle de bain, Zhele a déjà disparue, ayant certainement jugé qu'il était temps pour elle de se retirer du monde physique. Elle ne reste jamais très longtemps sous cette forme, se servant uniquement de l'énergie du sceau pour se manifester, j'imagine que tout ceci doit être assez énergivore. Quoiqu'il en soit, il est temps pour moi d'aller me reposer, tant pis pour le diner, je n'ai vraiment pas envie de faire l'effort de sortir de la chambre pour partir à recherche d'un plat restant dans les cuisines du bâtiment.

*

A peine le soleil levé dehors, je suis interrompue dans mon habillage par deux coups à la porte – la grâce matinée est interdite quand on est membre de la garde d'Oronde, même-si c'est celle de la princesse.
L'uniforme complet, je traine mes pieds nus jusqu'à ladite porte plongé dans la pénombre de mes appartements. Je découvre Xavier, visiblement tout juste réveillé, ses cheveux bruns ne sont pas ordonnés dans sa coupe habituelle et le col de sa veste militaire est légèrement froissé – signe qu'il a dû s'habiller à la vas-vite pour venir ici, il y a donc un imprévu à la journée d'aujourd'hui. En temps normal, seul Harry se présente à moi aussi tôt.

- Bon matin Commandant, je suis désolé de vous déranger mais aujourd'hui la princesse doit se rendre dans un orphelinat. Nous en avons été informés que ce matin et comme le lieutenant Harry n'est pas disponible...

- J'ai compris, qui en a décidé ?

- Les conseillers du Roi se sont concertés un peu plus tôt... Ils ont jugé bon pour l'image de la princesse qu'elle s'y rende...

Autrement dit, ces bons conseillers ont discuté hier soir à la suite d'une réunion, privé et surtout alcoolisé, que pour l'image du Roi, il est nécessaire que sa nièce fasse la bonne femme auprès de gamins orphelins. Seule la réputation du Roi compte et la princesse est très importante pour ça, après tout elle est belle, intelligente, gentille, elle a tout ce qu'il faut pour séduire le peuple.
Rien dans tout cela ne m'étonne, parfois nos missions sont sérieuses et utiles mais souvent elles ne servent que à la réputation incontestée, sa majesté le Roi. De l'ennuie à l'état pur. Le plus triste dans tous ça, c'est que le public est séduit. Il me tarde voir la princesse pour savoir ce qu'elle pense de cela.

Complétement prête et après avoir réfléchis pendant plus d'une heure à l'itinéraire à entreprendre pour aller à l'orphelinat, ainsi que le nombre de personnes présente au moment de la visite de la princesse – il est temps pour moi d'aller la rejoindre dans sa chambre, il est tout juste huit heures. D'après mes calculs, elle doit certainement toujours dormir, ce qui veut dire que je vais devoir la réveiller et très certainement supporter sa double mauvaise humeur : celle du réveil et celle en ce qui concerne la visite non prévue.
C'est donc sans grand plaisir que j'entreprends de me rendre au sein du château.

Une fois le contrôle habituel passé, je toque à l'une des immenses portes de sa chambre ; comme convenu ça ne répond pas. Je congédie les deux gardes encadrant les portes et sors un double des clefs de la poche gauche de mon pantalon. Après l'avoir insufflé de magie, j'entre en faisant le moins de bruit possible.

Je ne suis pas surprise de constater que la pièce est plongée dans la pénombre, c'est à peine si la lumière du soleil filtre à travers les épais rideaux bleu nuit. Rapidement je remarque des courbes fines se dessiner sous les draps de lin du grand lit – couché sur le côté, dos face à moi, seule la chevelure blonde de la jeune femme est hors des draps ; ses respirations régulières et lentes me confirme qu'elle dort toujours.

Non sans regret, j'avance lentement jusqu'au lit, me plaçant face à son paisible visage endormie et je m'assieds sur le bord avant de passer délicatement ma main sur sa joue. Elle laisse échapper un soupir d'aise et lentement ses paupières closes se lèvent. Sa voix enrouée à peine audible s'élève faiblement dans la pièce.

- Je n'ai pas envie d'y aller...  

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Qu'arrivera-t-il lorsque cette marque sera complété ? Malgré son attirance, Alune a peu de mal avec Myra aie aie... D'ailleurs, va-t-elle revoir sa mère ? 

La vie de princesse n'est pas de tout repos, elle n'est pas libre de ses mouvement la pauvre... 

La Commandante de Glace [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant