- XVIII -

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Manoir des Fawley

Dorcas était prisonnière des Fawley depuis plusieurs mois maintenant. A dire vrai, elle avait essayé de compter, au début, mais elle avait perdu le fil. Seul comptait désormais le soleil qu'elle voyait depuis sa fenêtre, qui montait et descendait dans le ciel. Elle était enfermée dans une tour du manoir des Fawley. Comme une princesse que l'on vient délivrer. Dorcas était persuadée qu'il s'agissait là d'une idée sortie du cerveau malade de Jack. Celui-ci venait la voir tous les jours. Il lui parlait normalement, mais Dorcas était persuadée qu'il était complètement fou. Cinglé. Chaque jour qui passait, Jack jouait le rôle de celui qui est heureux. Il lui parlait longuement du manoir, des terres aux alentours, de leurs projets. De Voldemort, aussi. Dorcas tentait bien de répondre, mais dès qu'elle essayait de contredire Fawley, elle avait l'impression d'être anesthésiée. Sa langue collait son palais, l'empêchant de parler. Un sortilège, bien sûr. Fawley n'avait jamais pu supporter la contradiction, même du temps de Poudlard.

Jack, aussi beau qu'un ange déchu, venait la visiter tous les jours, tel le geôlier rendant visite à sa prisonnière. Il mangeait, buvait avec elle. Et régulièrement, il tentait de l'envoûter de ses belles paroles. Tous les soirs, il chantait les louanges de ce que pourrait être une vie ensemble, libre. Comme s'il ne saisissait pas que Dorcas était prisonnière de cette satanée pièce circulaire par sa faute. Dorcas faisait très attention à ce qu'elle buvait et mangeait, mais elle ne pouvait pas se laisser mourir de faim. Malheureusement. Ainsi, elle sentait bien que jour après jour, sa résistance s'affaiblissait. Elle ne tentait plus de contredire Jack, se contentant de regarder ailleurs, s'efforçant de se rappeler de sa vie passée. Mais les souvenirs, eux aussi, devenaient plus flous.

Et c'était ce qui faisait le plus peur à Dorcas. L'oubli. Elle craignait que ses souvenirs ne s'effacent de son esprit. Elle faisait l'exercice, plusieurs heures par jour, de se répéter les noms de ceux qui lui étaient chers. Ses parents. Ses amis. Sirius. Mais cela devenait de plus en plus difficile.

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Campagne anglaise

Il avait plu toute la semaine, et Frank craignait que le temps ne soit pas au rendez-vous. Curieusement, c'était lui qui était le plus inquiet à ce sujet-là. Alice était sereine : Lily l'avait informé de l'existence d'une maxime moldue qui l'avait détendue. Mariage pluvieux, mariage heureux. Et le mariage allait certainement être très heureux.

Le jour J arrivé, le soleil brillait dans la campagne anglaise. La cérémonie s'était merveilleusement bien passée. Alice était rayonnante, dans sa robe blanche. Augusta Londubat, la mère de Frank, avait tenté pendant toute la cérémonie de ne pas verser une seule larme, tandis que Lily, accrochée au bras de James, ne s'était pas gênée pour pleurer comme une madeleine. Les jeunes mariés profitèrent de ce moment pour annoncer une autre très bonne nouvelle : Alice était enceinte !

Lily aurait voulu que cette journée ne finisse jamais. Pour la première fois depuis longtemps, elle avais l'impression que tout allait bien se passer. Bien sûr, il y avait des absents. Dorcas n'avait toujours pas réapparue, et Mary était introuvable depuis une semaine. Elle s'était comme volatilisée. Malgré tout, Lily était étrangement sereine.

Pourtant, même si elle ne voyait pas les ombres dissimulées derrière les arbres, la menace était bien là. Une sorcière brune, les paupières tombantes, observait de loin le touchant spectacle. Elle eut un sourire carnassier : qu'ils profitent. Le bonheur ne durerait pas. Lassée du spectacle, elle transplana.

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Mary moisissait dans une cave sombre depuis une semaine. Depuis son enlèvement par les Mangemorts, elle n'avait rien vu de son lieu de captivité, même si elle supposait qu'elle avait quitté Londres. Ses geôliers apparaissaient toujours masqués. Malgré tout, la jeune MacDonald avait cru reconnaître la voix d'Avery, un ancien Serpentard qu'elle avait croisé à Poudlard.

Un matin, elle fut brutalement réveillée par ses agresseurs. Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle fut conduite dans un luxueux salon. Elle devait se trouver dans la résidence secondaire des Black, ou peut-être des Malefoy. Plusieurs personnes, toutes masquées, étaient présentes. Mary se mit à paniquer. Même si elle ne travaillait plus à la Gazette, elle ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'oeil aux gros titres qui faisaient l'actualité. Et cela faisait froid dans le dos. Mutilations, kidnappings... un sorcier avait disparu en ne laissant derrière lui qu'une touffe de cheveux. Mary allait-elle être torturée, mutilée, tuée ?

-Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

-Calme-toi, MacDonald, lança une des Mangemorts. Nous voulons simplement des informations. Nous ne te voulons aucun mal.

-Quelles informations ? Je ne sais rien !

Entêtée, Mary leur résista pendant de longues heures. Les Mangemorts voulaient connaître ses activités à la Gazette du Sorcier. Plus particulièrement, son rôle dans l'enquête sur la disparition d'Eddie Carmichael. Mary était coriace, mais les Mangemorts étaient déterminés à lui extorquer la moindre information. Epuisée par le harcèlement physique et moral, Mary finit par leur donner toutes les informations qu'ils voulaient. Non, l'enquête n'allait pas être publiée. Oui, Mary était allée voir les parents Carmichael, mais ils ne savaient rien. Et surtout : l'enquête avait été abandonnée.

Une fois que les Mangemorts comprirent que Mary, à bout, ne dévoilerait plus aucune information, deux Mangemorts la traînèrent dans sa cellule. Mais qu'allait-elle devenir ?

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Euphemia et Fleamont Potter venaient enfin de terminer la batterie de tests qu'ils avaient du faire à l'hôpital Sainte-Mangouste. Les parents de James étaient passés par tous les services de la vénérable institution de santé mafique. Personne n'y comprenait vraiment rien. Dans le monde magique, les gens vivaient très âgés, et étaient globalement en bonne forme jusqu'à la fin. Mais Euphemia et Fleamont... et bien, ils vieillissaient comme des Moldus. Et c'était vraiment étrange.

Ce fut le directeur de Sainte-Mangouste en personne qui les reçut pour leur expliquer la situation. Et le diagnostic était tombé.

-Vous avez la dragoncelle.

La dragoncelle, cette terrible maladie contagieuse, qui donnait un teint verdâtre et des pustules sur tout le corps. Et qui pouvait s'avérer mortelle, si contractée à un âge avancé. Fleamont, le père de James, avait travaillé durant de nombreuses années dans les cosmétiques mafiques. La potion Lissenplit, qu'il avait inventé, avait permis de quadrupler la fortune familiale. Mais le revers de la médaille était qu'à force de manipuler des produits dangereux, le système immunitaire de Fleamont s'était affaibli. Il avait ainsi atrappé la dragoncelle, et l'avait transmise à Euphemia.

Mr et Mrs Potter demandèrent à James et Lily de passer les voir rapidement. Les deux s'exécutèrent. James adorait ses parents, et Lily avaient toujours été bien accueillie chez les Potter. Dès lors, ils furent tous les deux très chagrinés lorsqu'ils apprirent la nouvelle.

-Mais... cela se soigne, n'est-ce pas ?

Euphemia hocha la tête. Oui, expliqua-t-elle, le docteur avait dit que cela se soignait, mais qu'à leur âge, le traitement risquait d'être lourd, et difficile à supporter.

-Nous allons nous battre, bien évidemment, résuma Fleamont, mais rien n'est gagné d'avance.

James était très affecté par la nouvelle. Naïvement, il pensait que ses parents était immortels. Qu'ils seraient toujours là pour lui. Malheureusement, cela n'allait peut-être pas être le cas. Fleamont et Euphemia dirent à Lily et James de profiter de la vie. De vivre leur bonheur pleinement. Les lendemains étaient plus qu'incertains, et la vie trop courte pour n'être vécue qu'à moitié. Cela laissa songeur Lily et James, et le retour à Londres fut silencieux.

Cela faisait plusieurs semaines que James y réfléchissait. Il avait longuement pesé le pour et le contre, et voir Alice et Frank si heureux l'avait conforté dans son idée. De son côté, Lily méditait les paroles des parents de James. Ils avaient raison. La vie était trop courte pour ne pas profiter de chaque seconde qui passait. Une fois rentrés chez eux, blottis l'un contre l'autre dans le noir, ils réfléchissaient à la même chose.

-James ?

-Mmh ?

-Tu veux m'épouser ?

-Tu sais que j'allais te demander la même chose ?

Le réveil du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant