Chapitre LXII

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- Tu te souviens du plan, commence Raphaël, à la fin des vacances tu leur annonce que tu es enceinte et que tu veux le garder et moi je fais pareil de mon côté mais à la place de dire que je suis enceinte, je leur dit que je vais être papa.

- Tu me fais rire, je dis en rigolant.

- Je suis sérieux Celia.

- Moi aussi...tu me fais vraiment rire, je dis en posant mes lèvres sur les siennes.

- J'ai pas envie de partir, je veux rester avec toi, me dit-il en chouinant

- Moi aussi.

1h après, j'arrive chez mes parents avec Léo, je m'apprête à sortir de la voiture mais il m'arrête dans mon élan en me prenant le bras.

- Qu'est ce qu'il se passe Lia ?

Je n'ai pas dit à Léo que j'étais enceinte et je ne lui parle plus trop depuis que je l'ai appris.

- Je... Rien, pourquoi ?

- Je suis pas aveugle Célia, je vois bien qu'il y a un truc depuis le moment où vous étiez dans la salle de bain avec Lola et Sara, qu'est ce qu'il s'est passé dans cette salle de bain ?

Je me prend la tête dans les mains, je veux pas qu'ils sachent, pas pour l'instant. Je vais pour ouvrir la voiture mais il m'en empêche.

- Dit moi Célia, qu'est ce que tu as dit à Marina après ? Je sais que tu lui as dit un truc car elle a refusé de me le dire. Elle m'a dit que c'était toi qui devait me le dire, donc maintenant je veux savoir ! Il commence à monter le ton.

- Ça te regarde pas Léo !

Je sors enfin de cette voiture où j'avais l'impression d'étouffer.

- Mais putain, pourquoi tout le monde le sait sauf moi, c'est fou ça ! Il hausse de plus en plus le ton et ça à le don de m'énerver encore plus.

- Mais pourquoi tu veux que je te le dise, hein ? Je rigole d'un rire faux et lève les yeux au ciel, pour que tu tues celui que j'aime parce qu'il m'a mit enceinte.

C'est qu'après quelques secondes que je me rend compte de ce que j'ai dit. Léo regarde quelque chose derrière moi.

- Pardon ?!

C'est quand j'entends la voix grave de mon père derrière moi que je me retourne les yeux grands ouverts.

Nan, nan, nan, c'était pas le plan, c'était pas le plan, c'était pas le plan.

- Qu'est ce que tu as dit Célia ?, me demande sèchement ma mère

- Dans la maison, tout de suite ! Hurle mon père

Je ne me fais pas prier et rentre.

- Dit nous que c'était une blague Célia, me dit ma mère.

Je vais pas leur mentir pour le redire dans deux semaines que je suis enceinte.
Je baisse la tête comme réponse. Mais ça ne leur suffit apparemment pas.

- Es-tu enceinte ?!! Hurle mon père.

Il l'a crié tellement fort que même les voisins auraient pu entendre.

- Oui, je répond doucement

J'ai le droit à la gifle la plus monumentale qui atterrit sur ma joue, mes larmes coulent sur ces dernières.

- Tu vas avorter, je prends rendez-vous maintenant pour demain à la première heure, me dit ma mère sèchement.

- Je veux pas avorter, je dis la tête haute.

Mon père lève sa main vers moi et celle-ci se recolle sur ma joue qui me piquent.

- Je crois que c'est non discutable ! Me dit ma mère

- Est-ce qu'il le sait Raphaël ? Me demande Louise qui est dans les escaliers, ses larmes coulent autant que les miennes.

J'hoche la tête.

- Oui, il a dit qu'il m'aimait et qu'il voulait cet enfant avec moi. Je répond.

- Mais ma pauvre fille, commence ma mère, dans quel monde t'es née ? Tu sais quand j'avais ton âge, je suis tombée enceinte aussi, et voulais le garder comme toi, mon copain m'avait dit qu'il en voulait et puis 1 mois avant que j'accouche il m'a laissé tomber, heureusement que ton père était une bonne âme car sinon, Louise et moi on serait déjà morte de faim.

- Quoi ?! Dit Louise

Oh putain... Je regarde Louise.

- Est-ce que tu viens de m'annoncer là, comme ça, que celui que je considérais comme mon père pendant 21 ans n'est en fait pas mon père. Elle tourne la tête de gauche à droite en fermant les yeux pour cacher ses larmes, mais vous êtes ignoble, vous êtes les pires parents que j'ai pu avoir...vous savez je vais vous raconter mon histoire à moi aussi, il y'a deux ans, je suis tombée enceinte et vous m'avez obligé à avorter, ce que j'ai fait... Je suis partie, j'étais dévastée que ma vie est pris ce tournant, je voyais une psy, deux fois par semaine car j'étais dépressive, je vivais plus. Au bout de deux ans où elle ne cessait de me dire que les gens changent et que je devais passer à autre chose, j'ai enfin réussie à vous pardonner de m'avoir limite gâché ma vie, mais vous avez toujours pas changé, vous êtes toujours des monstres qui pensent qu'à eux et à leur image, je vous déteste.

Sur ses paroles, elle remonte et redescend 30 secondes après avec sa valise. Elle lance un cadre qui explose au pied de mes parents.

- Je veux plus jamais vous voir, pourrissez en enfer.

Elle sort en claquant la porte.

- Ça change pas ton état jeune fille, me dit mon père.

- Qu'est ce que vous comprenez pas dans JE VEUX PAS AVORTER ?

Je sors sans les laisser ajouter un mot de plus, je récupère, ma valise dans le coffre de la voiture.

- Reviens Célia ou je te coupe les vives ! Me hurle mon père.

On en avait déjà parlé avec Raphaël et il m'avait dit qu'on avait pas besoin d'eux, que ce soit pour l'argent ou pour être heureux tout les deux.

Je lui répond pas et me dirige vers l'arrêt de bus. J'appelle Raphaël.

- Raph ? je dis en sanglotant.

- Qu'est ce qu'il y a Célia ? Est-ce que ça va ? Pourquoi tu pleures ?

- Je... Ça c'est pas passer comme prévue Raph...

Il ne me laisse pas terminer.

- Viens chez moi. Tu vas m'expliquer, je t'envoie l'adresse.

Il raccroche et deux minutes après je reçois son adresse.

J'ai 40 minutes de train et un bus à prendre après. Il habite loin, je souffle et le dirige vers la gare, il m'a envoyé un billet de train par message.

Après environ 1h30 et le soleil couché, j'arrive enfin devant sa maison, qui ressemble plus à une villa, je sonne et après quelques secondes une femme vient m'ouvrir qui je présume être la mère de Raphaël.

- Euh, bonjour, je peux vous aider, me demande t-elle gentiment.

- Laisse m'man c'est pour moi.

Quand j'entends sa voix je ne peux m'empêcher de sauter dans ses bras et d'éclater en sanglots. Il me chuchote des “chut” à l'oreille, ce qui a le don de m'apaiser. Je cesse mes larmes et il me regarde, ses yeux dérivent sur ma joue gauche qu'il caresse doucement avec son pouce, je prends sa main dans la mienne. Son regard s'assombrit.

- C'est qui, qui t'as fait ça ? Je vais tuer celui qui a osé lever la main sur toi ! S'énerve t-il.

Je ferme les yeux et baisse la tête, pour pas qu'il voit mes yeux se reremplire de larmes.
J'ai l'impression qu'en seulement une soirée, je viens de perdre ma famille, mais je crois que ce n'est pas seulement une impression.

Les 9 ColocsWhere stories live. Discover now