Je le fixe sans répondre. C'est vrai que ça paraît illogique, mais à mes yeux, aucun « ami » ne pourra me réparer. Personne ne me peut m'aider, et l'espérer ne me mènera à rien. Si un jour, je dois aller mieux, ça sera uniquement grâce à moi, car quiconque entrera dans mon coeur en sortira brisé, ou mort. J'en ai fini avec ça. Je ne veux plus souffrir inutilement, alors avant que j'aille mieux, si ce jour arrive, je dois rester seule.

— Tu ne sais pas toi même. J'en étais sûr, déclare Tyler.

Non, ce n'est pas ça. Mais comment pourrait-il comprendre ?

Je le fusille du regard, puis entreprends de sortir de chez lui. Pas question de rester une seconde de plus avec ce mec qui me trouble plus qu'autre chose et m'oblige à me questionner sur tout ce que je veux éloigner de mon esprit.

Mais il m'agrippe fermement le bras et me retourne vers lui. Je tente de me dégager mais rien n'y fait, il ne me lâche pas. Je laisse tomber et reste immobile, tandis qu'il enlève sa main.

— Je ne veux pas te laisser toute seule dans la merde, lance-t-il d'un ton plus chaud. Alors laisse les gens se rapprocher de toi, ça ne te fera aucun mal.

— Pourquoi d'un coup tu dis ça alors que tu m'as bien fait comprendre que tu voulais plus entendre parler de moi la dernière fois qu'on s'est vus ?

— Je ne savais pas que c'était aussi compliqué. Tu es fermée, pour je ne sais quelle raison, mais peu importe, je ne te laisserai pas seule.

— Tu ne me connais pas.

— Toi non plus.

Je fronce les sourcils. Il est sincère. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part.

J'affaisse les épaules, et soupire.

— Je pourrais avoir mes vêtements ?

Il sourit légèrement, satisfait.

— Oh, oui, répond-il. Ils sont dans la salle de bain.

Je me dépêcher d'y aller. Je ferme à clé la porte derrière moi, puis m'adosse à celle-ci quelques secondes avant d'ôter la veste de Tyler et d'enfiler mes habits et mes chaussures. Je respire un bon coup, puis enroule mes cheveux rapidement dans un chignon avant de sortir. Tyler est assis sur le canapé. Il me lance un regard rapide.

— Quelle heure il est ? demandé-je en remarquant le soleil quasiment levé par la fenêtre.

— Sept heures moins le quart.

Je fais un signe de la tête, et reste plantée là sans savoir quoi faire.

— Je devrais sûrement rentrer chez moi, lancé-je.

— Non.

Je le regarde d'un air dubitatif.

— Reste ici, je ne peux pas te laisser rentrer seule après ce qu'il s'est passé, continue-t-il.

— Tu crois vraiment que dès que tu vas me laisser partir, je vais aller me jeter d'un pont ou je ne sais quoi ?

Tyler ne répond pas et se contente de me fixer. Je finis par soupirer et je me laisse tomber dans le canapé près de lui. Je ne sais même pas pourquoi je ne peux pas résister. Peut-être parce que je suis trop fatiguée de lutter pour aujourd'hui.

— Tu m'énerves, fais-je.

Il se retourne vers moi.

— Pourquoi ?

— Parce que.

Il laisse échapper un petit rire amusé.

— Quoi ? soufflé-je d'un air exaspéré.

— Je suis irrésistible pas vrai ?

Je laisse échapper un hoquet.

—Tu te fous te moi ?

Il éclate de rire. Je le fixe, et il arrête de rire, avant de lever les yeux vers moi. Il me sourit puis prend la parole.

— Ça va mieux ? me demande-t-il.

Je ne réponds pas tout de suite, et me contente de le dévisager. Il se comporte étrangement naturellement avec moi. Je n'arrive définitivement pas à le cerner. J'observe son sourire discret et ses yeux animés d'une certaine chaleur.

— Oui, me contenté-je de répondre.

Il acquiesce. Je me rappelle soudain d'une chose :

— Tu faisais quoi sur la plage ?

— Footing matinal. Tous les matins, ou presque, je vais courir sur la plage. T'as de la chance, aujourd'hui j'ai failli ne pas y aller.

Je reste quelques secondes silencieuse.

— T'as bizarrement la vilaine habitude de toujours être là quand je m'y attends pas.

Il plonge son regard dans le mien, que je détourne rapidement.

— Je suis peut-être ton ange gardien, qui sait ?

À ce moment là, mon cœur s'arrête un quart de seconde. Il ne faut pas dire ce genre de choses...

Je me racle la gorge, puis me lève brutalement.

— Où est-ce que je peux dormir ?

— Il y a une chambre d'ami, juste à côté de la mienne, me répond-il, en pointant du doigt une porte blanche près de celle de la salle de bain.

Je hoche la tête et me dirige vers cette pièce. C'est une vaste chambre, avec un grand lit, couvert d'une couverture aux couleurs chaudes. Une gigantesque fenêtre se dresse sur le mur en face du lit, donnant une vue imprenable sur Miami à l'aube.

J'enlève mes vêtements pour être plus à l'aise, et me glisse sous la couverture douce et chaude. Je regarde l'horizon et vois le soleil se lever pendant que je m'endors.

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