Chapitre 43 - page 2

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– Tu as appris quelque chose d'intéressant au salon de jeu ?

– En effet. Il y avait un homme, un certain Clesio, très mauvais joueur de cartes, mais fort bien informé sur les mondanités de Noräthgadën. Il m'a appris que, chaque année, la Marquise organise une grande soirée, pour le solstice d'hiver, un rassemblement de la petite et grande noblesse, qui a lieu dans son palais et qu'on appelle la nuit des masques rouges.

– Quel nom curieux, le masque est-il de rigueur pendant cette soirée ?

– C'est cela qui m'a le plus intéressé. Non seulement on doit y venir masqué, mais la règle est qu'à aucun moment les convives n'ont le droit de l'ôter.

– Pourquoi donc ? Afin de deviner qui est qui ?

– D'après Clesio, cela sert surtout à ce que l'on ignore qui courtise qui, car dans la tradition de Noräthgadën, le dernier jour de l'année est celui pendant lequel on peut tout se permettre. Les masques rendent donc le jeu plus affriolant, à ce qu'il paraît.

– Les nobles sont-ils toujours si dépravés ?

– La Marquise et sa cour, certainement. J'ai toujours entendu dire que la noblesse noräthienne jouissait d'une réputation assez sulfureuse. Il faut croire que c'est vrai.

– Vous, les weddëniens, êtes vraiment de drôles de gens, fit Irina moqueuse. Bon, la Marquise organise une soirée, soit. S'il faut être noble pour y aller, alors il nous suffira de nous présenter, nos personnages seront assez crédibles pour y être acceptés.

– Ce n'est pas si simple. Pour pouvoir y entrer, il ne suffit pas d'être noble, car tout le monde vient masqué, je te le rappelle. N'importe qui pourrait se faire passer pour un noble, du moment qu'il en a l'air.

– Alors, comment font-ils la différence ?

– Grâce à un billet d'invitation, qu'il faut présenter à l'entrée. Le problème, c'est que pour l'obtenir, il faut en faire la demande auprès de la Marquise elle-même, ce qui risque de nous donner quelques complications, car nous ne faisons partie d'aucun cercle.

– Sauf si on se fait inviter par le biais de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui demanderait un billet pour nous deux.

– C'est tout à fait l'idée. Mais, il faudrait nous faire des amis pour cela et, jusqu'ici, excepté à notre arrivée, nous sommes plutôt restés discrets. Il serait bon qu'on nous voit en société, afin de susciter l'intérêt.

– Alors, dans ce cas, nous allons parader tous les jours, nous rendre au théâtre, aux salons de thé, partout où la noblesse ira, nous irons. Puis nous aborderons les premiers qui nous remarquent.

– Ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent, j'en ai peur.

– Ah non ? Comment dans ce cas ?

– Selon l'étiquette, si l'on est étranger à la cour locale, nous devons attendre qu'on vienne se présenter à nous. Nous pouvons fréquenter les lieux de la noblesse, mais en aucun cas nous ne devons nous adresser à quiconque. Ce sont eux qui doivent faire le premier pas, afin de nous autoriser à entrer dans leur cercle.

– C'est stupide.

– J'en conviens. Mais c'est ainsi.

– Et si personne ne vient et que nous demeurons seuls comme deux idiots ?

– Alors, dans ce cas, nous forcerons une rencontre, c'est ainsi que l'on fait dans ces cas-là, fit Uther en souriant.

***

Un reflet dans la lame 🏆 (Roman)Where stories live. Discover now