Il était une fois -- Kurooken

On n'est pas sensé

NDA : J'ai du mal à écrire au présent alors je passe au passé simple et imparfait à partir de ce chapitre.

(A-t-il la moindre idée de ce que je ressens ?

NON !)

Il se tourne vers moi, comme dans l'attente d'une réponse. Je perd le contrôle de mes paroles. Je me redresse et m'emporte à mon tour. Les mots sont sortis tous seuls, sans que je puisse les retenir, mais je les ai regrettés aussitôt.

-Peut-être parce que, MOI, je n'enchaîne pas les petites copines ! Peut-être parce que, MOI, j'étais incapable de tomber amoureux ! Et parce que je le suis maintenant! On dirait un caprice d'enfant gâté ! J'ai le droit de vivre ma vie tout de même !

Et voilà. Encore MOI, toujours MOI. Kuroo n'y est pour rien si mon cœur fait n'importe quoi. Et pourtant, c'est contre lui que je m'énerve. Je vois son visage blêmir. Je me hais. Je me hais de l'avoir engueulé alors qu'il n'avait rien fait. Je me hais de l'aimer, de le trouver si beau avec ce visage brisé. Je me hais de l'avoir fait souffrir, de le faire souffrir. Je me hais d'être là. Je me hais d'avoir le droit de profiter encore de lui alors que je ne devrait même pas exister. Je me hais tout court. Je vois le voile de colère disparaître de ses yeux qui s'inondent de tristesse. Un tristesse qui se ancre au fond de ses pupilles. Il baisse les bras, au sens propre du terme. Je suis nul.

Nul. Égoïste. Idiot. Méchant. Pitoyable. Affreux. Sans-cœur. Inutile. Odieux. Pathétique. Lamentable. Minable. Abruti. Stupide. Sot.

Tant d'adjectifs pour décrire une si petite personne insignifiante. Pourquoi l'être humain existe-il ? Pourquoi l'amour existe-il ? Pourquoi existe-je ?

Lorsque l'humain déteste, il fait souffrir. Lorsque l'humain aime, il fait souffrir. Lorsque l'humain ne fait rien, il fait souffrir. Alors pourquoi ? Il accumule les réponses sans trouver de réponses. Alors il souffre. L'humain pense, donc il souffre. Peut-être que les animaux, eux, vivent heureux sans se poser de questions.

La voix de Kuroo coupe court à mes débats intérieurs. Elle s'élève, faible, brisée, dans le silence plat de la chambre.

-Je ne te l'interdis pas ! Je veux juste comprendre. Au lycée, on ne mange plus ensemble, tu t'enfuis quand j'arrive, tu ne réponds presque plus à mes questions. Tu me manques, Kenma. J'ai l'impression de te voir t'enfuir sans rien faire. J'aimerais te retenir mais je n'ai pas le droit. Je dois te laisser voler de tes propres ailes. Et pourtant c'est dur, crois moi. Notre relation d'avant me manque. Le Kenma que je forçais à sortir me manque. Le Kenma qui m'écoutait en hochant la tête me manque. Je ne trouverais jamais meilleur ami que toi. Mais malgré ça, tu t'éloigne et tu m'oublies. Je suis un égoïste et j'en ai conscience, mais c'est plus fort que moi. Je te raconte tout, tu ne me raconte rien. Je viens tout juste d'apprendre que tu étais amoureux. Garçon, fille, je n'en ai aucune idée. Je ne sais rien de toi, de tes pensées. Je fais un bien piètre meilleur ami.

Tu n'es pas le seul. Je suis encore plus égoïste que toi Kuroo.

Kuroo se leva et se tourna vers moi. Je reconnus dans ses yeux la même lueur de tristesse que la dernière fois. Est-ce moi qui lui fait ça ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Quand est-ce que ça a dérapé ? Je le sais. Je le sais très bien même. Parce que je l'aime. Voilà pourquoi. Parce que ma vie bien carrée a pris des angles bizarres. Et je déteste ça. Tout ce qui bouleverse mon quotidien est mal accueilli.

Kuroo finit pas reprendre la parole, un minuscule sourire au coin des lèvres. Un sourire... pas son sourire habituel. Un sourire de soulagement.

-Écoute moi bien Kenma. Et je te demande de ne pas m'interrompre s'il te plaît.

Je hochai la tête. Je le sens mal. Très mal. Très très mal... Je ne sais pas ce qu'il va me dire mais ça ne m'a pas l'air très... très... très vous-m'avez-compris.

Dans tous les cas, moi, je vais lui dire. Je vais lui avouer. Ça ne sert à rien de continuer comme ça. On souffre tous les deux. Si je lui dis, moi je souffrirais un peu, et lui pas du tout. Tant qu'il est heureux, je suis heureux. Principe que j'ai adopté depuis que je le connais. Ce sera la fin de notre amitié. Étrangement, cette idée me rend plus joyeux. Plus de problème ! Je vais retrouver ma vie d'avant. Avant la catastrophe. Faut appeler les choses par leur nom.

Kuroo se leva et vint s'asseoir à l'autre bout du lit, à quelques centimètres du mur. De l'autre coté du lit, je le regardais s'installer. Je pivotai pour me retrouver face à lui complètement. Il fixait ma couette comme si elle allait lui révéler le plus grand secret de tous les temps.

-Je ne vais te faire promettre rien du tout, parce que je trouve ça débile. On ne peut pas demander à quelqu'un de promettre sur quelque chose qu'il ne sait pas. Je tiens à juste à te rappeler que je serais toujours là pour toi, comme je l'ai toujours été, malgré le fait que tu n'en ai sûrement pas conscience. Même si on s'éloigne, mais si on est plus amis, mais si tu refuse. Tu pourras toujours m'appeler si tu as un problème. Je ne t'en voudrais jamais.

Je hochai à nouveau la tête. J'ai compris. Mais s'il savait, s'il savait, il ne dirait pas ça. Il va le savoir bientôt et il va regretter amèrement ses paroles. Je ne devrais pas avoir le droit de profiter de lui ainsi. Il n'empêche que ça me fait plaisir.

-Tu es mon meilleur ami depuis l'enfance. Et je tiens à toi. Trop. Trop pour une simple amitié. Je me suis rendu compte tout récemment. On n'est pas sensé être fâché quand son meilleur ami va voir d'autres personne que soi-même. On n'est pas sensé être jaloux d'un de ses coéquipiers parce qu'il devient plus proche de cette personne. On n'est pas sensé vouloir garder son meilleur ami pour soi-tout seul. On n'est pas sensé vouloir le prendre dans ses bras plus que d'habitude. On n'est pas sensé le trouver magnifiquement beau et vouloir l'embrasser. On n'est pas sensé tomber amoureux de lui. Tout ça pour dire que je t'aime plus que d'amitié Kenma. Je crois, non, je suis même sûr que je t'aime d'amour.

1095 mots.

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