Chapitre 1

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Les premiers rayons de soleils traversaient les lourds rideaux en velours de ma chambre. Il devait être tôt. Suffisamment tôt pour que mes femmes de chambres ne soient pas encore à mon chevet. Je choisis de me lever plutôt que de me prélasser pendant les rares minutes de temps libre que m'accordaient mon emploi du temps de princesse. C'est d'un pas des plus lourds que je me dirigeais vers le grand miroir qui ornait le mur de ma chambre. Malgré quelque cernes, mon visage ne comportait pas trop d'imperfections et ma longue chevelure dorée ne semblait pas emmêlée. J'allais vers mon immense bibliothèque lorsque Amélia fit irruption dans la pièce :

« - Bonjour Votre Altesse !, s'exclama-t-elle. Oh vous êtes déjà levé, j'espère que ce n'est pas à cause du vacarme des gardes...

- Non, ne vous en faites pas pour moi. C'est le radieux soleil d'Illéa qui m'a servi d'alarme, répondis-je avec un petit rire. Je présume que ma tenue et les bijoux sont déjà ?

- Exact Votre Majesté et, Emily ainsi qu'Anastasie sont dans la salle de bains.

- Parfait, je vous suis. »

En effet, dès mon arrivée tout était sortis. Après un rapide bain, Amélia s'attela à ma coiffure et Emily au maquillage. Je remarquais qu'elles avaient eu la présence d'esprit de choisir une robe sobre et distinguée. La couleur rose poudrée mettait en valeur ma pâleur naturelle. La petite traîne et les épaules dénudées appuyaient la minceur de mon corps qui trahissait ma fragilité. Après une dernière touche de rouge à lèvre, j'avais enfin la permission d'aller déjeuner. Enfin ! Je commençais à mourir de faim, mais serai-je capable de faire face à nervosité de mon frère, la fermeté de mon père et le calme presque statuaire de ma mère.

Un garde, dont le nom m'échappait encore, me conduisit jusqu'à la salle à manger. La table était déjà installée pour accueillir les trente-cinq jeunes filles. La tension était à son comble. J'étais la dernière arrivée. Je m'installais en silence, tentant d'engager un semblant de conversation.

« - Bonjour ! dis-je en souriant.

- Bonjour ! répondirent-ils en chœur.

- Ma chérie, cette robe est sublime, elle te va à ravir, déclara ma Mère, la reine Amberly avec un sourire rassurant.

- Merci beaucoup, mes femmes de chambres se sont vraiment surpassé cette fois. Alors, comment allez-vous ? lançais-je à mes parents d'une petite voix.

- Très bien, répondit ma mère avec un aplomb que je ne lui connaissais pas. Je suis vraiment impatience de rencontrer ces adorables demoiselles.

- Je vous l'accorde, cette atmosphère est tellement excitante. Tu n'es pas d'accord Maxon ? le questionnais-je, nous avions beau être jumeaux et nous ressembler comme deux gouttes d'eau, la télépathie n'était pas encore notre fort.

- Je dois avouer que la panique me gagne, mais je suis certain que je vais faire de belles rencontres. déclara-t-il un faux-sourire aux lèvres.

- Eh bien j'espère que tu n'abandonneras pas tes autres responsabilités pour autant, marmonna le Roi Clarkson avant de croquer dans une tartelette aux fraises.

- En tout cas, c'est une aventure qui ne s'annonce pas de tout repos ! conclus-je en souriant. »

C'est dans un silence plat ponctué de quelques remarques sur la météo et de compliments aux chefs cuisiniers, que s'acheva le petit déjeuner. J'étais perdue dans mes pensées. Je savais que nous avions une réunion avec les conseillers dans la matinée, autrement dit un débat sans fin avec de vieux hommes riches n'ayant pas la moindre ouverture d'esprit concernant la succession. Par ailleurs, l'après-midi serait réservée à ma préparation mentale et physique largement nécessaire avant l'arrivée de toutes ces filles. Elle passait principalement par quelques révisions des derniers journaux et de mon discours de bienvenue avec Sylvia, une liste interminable de prétendant faite par ma Mère et un tour au Spa du Palais. Si ça se trouve, j'aurais même quelque minutes pour passer en salle de musique.

Après une rapide mise en beauté, je distinguais un petit mot sous ma porte sur lequel je distinguais clairement « RDV dans la bibliothèque ». Il me restait quinze minutes, d'après Emily, je me dirigeais donc vers le lieu de ma convocation. Je distinguais à plusieurs mètres le tapotement régulier du pied de Maxon sur le sol : une preuve irréfutable de son stress.

« Que se passe-t-il ? lui dis-je, sentant la panique me gagner, moi aussi.

- Je ne sais pas comment je vais gérer ça, déclara Maxon, il poursuivit. Je te le promets je suis complètement sous l'eau entre notre Père qui m'accable de responsabilité pour me tester, la Sélection, le fait que la seule fille avec qui j'ai conversé plus d'une demi-heure, c'est toi et ces réunions permanente avec les conseillers du royaume qui ne cessent de nous rabaisser l'un l'autre. Sans compter les caméras qui témoignent des moindres détails de mon incompétence au royaume tout entier. Bref, c'est la panique. Et, même si ce n'est pas très viril de ma part. Je l'avoue, j'ai besoin de ma sœur.

- Bon, d'accord. Alors, donne-moi ta main et asseyons-nous. »

Je pris sa paume tiède : elle se détendit à mon contact, un bon signe. Je ne sais pas d'où cela me venait, mais je savais trouver les mots pour le rassurer. Nous priment place sur le sofa de cuir brun et je plongeais mes yeux dans ceux de mon frère.

« Si je résume bien, tu as juste peur de ne pas pourvoir tout concilier et d'être pris de court par trente-cinq adolescentes en quête de richesse, c'est cela ?

- Oui, en quelque sorte, répondit-il en hochant la tête. Mais Cheryl tu ne comprends pas comment tout le monde peu croire ce qu'il veut l'entièreté de notre vie est exposée au peuple. Je peux compromettre l'honneur de notre famille et même de notre pays à chaque faux-pas. Et...

- Et tu ne vas pas faire d'erreur, le coupais-je. Maxon, tu es le visage angélique de notre pays, les gens te seront toujours indulgent. Puis, concernant notre Père, peu importe ce que nous ferons, il sera toujours déçu. Si cela ne tenait qu'à lui, je serais déjà à l'autre bout du globe et tu ne te marierais jamais par faute de temps. Tu en es capable, je le sais. Et quand cela deviendra trop difficile, je me tiendrais dans l'ombre, prête à te sauver la mise. »

Il gloussa, moi aussi. Je plongeais mes yeux dans les siens. Même s'ils étaient exactement identiques à l'instar de tous nos traits, les yeux de Maxon étaient teintés par l'innocence et la joie de vivre. À cet instant, toutes les fois où j'avais dû le rassurer me revinrent à l'esprit, c'était une overdose de bonheur...

« - Bon, je présume qu'on nous attend, reprit-il. Je t'aime et merci d'être là.

- Je t'aime aussi, dis-je en l'enlaçant. »

Et c'est ainsi que nous nous dirigeâmes vers le Bureau du Roi, main dans la main.


La Sélection côté PrincesseWhere stories live. Discover now