Réalisation

1K 72 30
                                    

Il était évident aux yeux d'Armin qu'il ne pourrait pas éviter Krista encore bien longtemps. Elle l'attendait avec l'autre perche rousse à l'entrée des dortoirs, à la sortie de l'arène lorsqu'il s'entraînait et s'arrangeait même pour apparaître partout où il était. Elle avait réussi à trouver son chemin jusqu'aux douches et s'était déjà assoupie devant la porte de son dortoir.

Jusqu'ici, il avait réussi à la semer dans le dédale des couloirs de l'arène ou en demandant simplement à Kiyomi Azumabito s'il pouvait passer la nuit avec elle.

Il soupira en regardant Krista du coin de l'oeil. Elle était étendue sur l'un des lits de l'infirmerie. Connie, toujours raide comme un piquet, lui lança un regard soucieux.

- Tu aurais dû lui parler, finit-il par dire en les regardant.

Les yeux bleus d'Armin lui firent regretter ses paroles. Il respirait difficilement, comme si ses poumons étaient comprimés par une main étrangère.

- Je sais mais je ne voulais pas la voir.

Connie s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule.

- J'imagine. Je détesterais voir un de mes frères dans l'arène.

- Ce n'est pas ça, répondit-il en souriant.

Il s'approcha du lit et s'assit au bord, passant un doigt léger sur les joues de l'endormie.

- Je ne voulais pas qu'elle sache ce que j'ai fais. Elle me regardait avec admiration. Nous étions ses héros préférés et elle venait toujours nous voir lorsqu'elle faisait un cauchemar. L'arène nous change même si nous ne le voulons pas. Je ne veux juste pas lui faire face. Pas maintenant que tout a changé.

Il se demanda un instant qui était ce nous duquel Armin parlait. Puis il se souvint des larmes, des crises et de la douleur qui avait animé son ami après son premier combat.

Connie se sentit mal.

Et bien qu'il ait de la compassion pour son ami, il ne pouvait pas le comprendre. Tous ses frères à lui n'étaient plus de ce monde. Et le souvenir de leurs visages crasseux et maigres, des corps trop fins pour des tout petits. Il l'enviait en quelque sorte.

Il l'avait toujours envié lorsqu'il lui avait fait part de son passé : un foyer aimant, des frères et des soeurs en bonne santé, un toit sur la tête et la possibilité de manger à sa faim. Pouvoir être instruit. Être dans l'ignorance de ce qui les attend et partir serein. Connaître cette "famille" qui a demandé notre création dans l'optique d'avoir un plan B en cas de pépin.

Et il s'en voulut net en voyant le blondinet pleurer.

Il n'avait pas eu autant à perdre que lui.

On ne l'avait pas bercé de mensonges, du moins pas pour une longue période.

Sa maison à lui, ce n'était en aucun cas un foyer chaleureux et aimant. Une vieille bâtisse dans laquelle on vous pousse à survivre à l'extérieur, sans connaître le luxe ou le bonheur. Alors le bonheur se résume à prendre soin des plus petits, à leur apprendre à chasser et à être fiers d'eux lorsqu'ils réussissent leur premier collet. Rire alors qu'ils font la grimace lorsque l'on dépèce à leur place un lapin. Sourire lorsqu'ils viennent se blottir contre nous la nuit et espérer que ce moment dure encore longtemps.

Et la chute est rude.

Au réveil, il en manque un.

Le lendemain un autre.

Et ainsi de suite.

Le manque de sommeil nous guette alors qu'on veille sur les petits derniers, on se promet de se battre corps et âme. De les défendre au péril de notre vie. Puis le trou noir.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Dec 15, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

" Clonaid ;; + Riren" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant