Swan ✩ Chensung

𝟲𝗲 𝗽𝗹𝘂𝗺𝗲

Le jeune Chinois se sentait vide de tout sentiment. Cela faisait quinze minutes qu'il écoutait Jungwoo, Mark et Renjun parler de ce qu'ils voyaient à leurs entraînements pour la guerre qui se préparait depuis déjà quelques semaines. Il les écoutait parler avec passion, comme si ses amis n'attendaient qu'une seule chose : pouvoir en découdre avec les cygnes noirs.

Chenle releva sa tête qui s'était baissée avec le temps, et posa son regard sur Jaemin qui avait l'air lassé par cette conversation, puis Kun qui les avait rejoint en plein milieu et qui souriait, légèrement amusé par les explications détaillées des plus jeunes.

— Bon bref ! Finit par lâcher Mark, le sourire sur les lèvres. Et toi Chenle, tu racontes quoi de beau ?

— J'avoue, j'ai l'impression que ça fait dix ans qu'on ne s'est pas vu ! S'exclama Jungwoo.

— Rien de passionnant comparé à vous, je vis les vacances au maximum tout en faisant mes devoirs.

— Ça serait bien que tu nous rejoignes tout de même ! On apprend plein de choses là-bas et-

— Vous savez... Dit Kun en coupant la parole à Mark. Je pense que Chenle ne se voit pas partir à la guerre, c'est son choix et il mérite d'être respecté comme il le fait pour vous.

Le chinois ouvrit les yeux en grands, totalement surpris par ce que disait son ami, qu'il considérait comme son grand-frère. Depuis l'annonce de la guerre, il était le premier à ne pas insister pour que Chenle fasse partit de l'armée, ce qui lui fit doucement sourire.

— Oui, tu as raison. Mais bon... C'est tout de même important... Tenta de justifier Renjun.

— Tu n'as pas entièrement capté ce que j'essayais de dire, mais ce n'est pas grave, se résigna le plus vieux. D'ailleurs, vous n'aviez pas un entraînement ?

La plupart des cygnes regardèrent leur montre, et ils se rendirent compte que c'était bien le cas. Ils s'éclipsèrent tous d'un pas déterminé, excepté pour Jaemin qui s'en alla d'un pas lent. Il ne restait donc plus que Chenle et Kun, qui ne s'étaient pas engagés dans l'armée. Le plus vieux s'assit à côté de son ami, tout lui ébouriffant ses cheveux.

— Toi, tu n'as pas l'air dans ton assiette, remarqua Kun.

— Pourtant, tout va pour le mieux... Murmura le plus jeune.

— Je te connais Chenle, si tout allait bien, tu m'aurais déjà taquiné une dizaine de fois pour un rien et puis... Ton sourire m'a l'air beaucoup plus triste que d'habitude.

Le garçon haussa les épaules. Avec le temps, il se sentait de moins en moins mal. Il était désormais habitué à ce qu'on lui fasse quelques remarques, mais il ne se sentait plus blessé par celles-ci. Il se sentait simplement vide. Vide de tout. Le seul qui arrivait à lui faire raviver la flamme était son ami aux plumes noires et blanches, qu'il avait appris à connaître de plus en plus au fil des jours.

— C'est juste un coup de mou, rien de bien grave.

— Je vois... J'espère dans ce cas que tu te remettras rapidement sur pied et si tu as besoin de parler, n'oublie pas que je suis là. Je n'aime pas te voir comme ça.

Chenle tenta de rassurer Kun une dernière fois, lui assurant que ce n'était que passager. Puis, il s'excusa auprès du plus vieux, lui disant qu'il avait quelque chose à faire, alors que comme quasiment tous les soirs, il allait retrouver Jisung à leur point de rendez-vous habituel. Il s'éclipsa à son tour, et partit d'un pas rapide vers la cascade. Se trouvant même trop lent, il utilisa ses ailes pour voler, comme un ange.

Lorsqu'il arriva, il remarqua directement la silhouette de celui qui était plus jeune que lui. Un sourire se forma sur les lèvres du plus vieux, et il s'avança vers son ami qui triturait nerveusement ses doigts. Il s'inquiéta automatiquement.

— Tu vas bien ? Questionna directement le chinois, ce qui fit sursauter le coréen qui ne l'avait pas vu.

— Oh euhm... Oui ! Répondit instantanément Jisung avant d'ajouter. Juste un peu angoissé par rapport à quelque chose...

— Qui est...?

Le cygne bicolore ne répondit pas à la question. Il se gratta l'arrière de la tête, ne sachant pas réellement par où il devait commencer. Finalement, il prit une grande inspiration avant de parler.

— Voilà... Tu te souviens de Jeno ?

Chenle eut un léger frisson. Bien évidemment qu'il se souvenait de Jeno qu'il avait pu rencontrer en coup de vent une semaine avant, c'est pourquoi il hocha la tête pour réponse.

— Ok, je t'explique. Tu sais que Jeno n'a aucune confiance envers les cygnes blancs, et par conséquent, comme tu te doutes, tu ne fais pas exception. Il voulait vraiment que j'arrête de te voir, et... Disons qu'à force d'insister, il veut te connaître un peu plus en personne pour voir si tu es réellement une personne sincère.

— Donc... T'es en train de me dire que Jeno veut me voir tout de suite ?

— Pas seulement Jeno... Tous mes amis en fait.

Le côté introverti de Chenle prit soudainement le dessus. Avec la vision négative qu'il avait du monde, du moins de son entourage, ça ne lui donnait pas envie de faire de nouvelles rencontres. Mais c'était une situation différent. S'il voulait continuer de côtoyer Jisung, il devait passer par là.

— C'est d'accord, emmène-moi voir tes amis.

Le plus jeune le remercia, et lui demanda de le suivre. En effet, il ne valait mieux pas qu'ils se rencontrent à leur endroit habituel, ils risqueraient de faire plus de bruit et d'attirer des personnes mal intentionnées qui pourraient leur provoquer des ennuis.

Ils marchèrent tous les deux, silencieusement. Le cygne bicolore ne semblait plus du tout angoissé, comme si la seule chose qui l'avait travaillé n'était que la réponse, positive ou non, du cygne blanc.

— Pas trop stressé ? Questionna finalement le chinois.

— Non, j'ai confiance en toi, et en mes amis. Si j'arrive à m'entendre avec toi, alors il n'y a pas de raison qu'ils ne t'aiment pas. Et toi ? Désolé d'ailleurs, c'est vrai que c'est un peu précipité... Murmura le coréen, se rendant compte qu'il avait peut-être été trop direct.

— Ce n'est rien, et ça va. On verra quand je serai face à eux.

Chenle mentait, il était en réalité angoissé, car Jeno était en premier lieu impressionnant par sa présence, si bien qu'il lui avait fait légèrement peur. De plus, il avait eu l'impression que le cygne noir était prêt à le tuer à l'instant.

Au final, ils arrivèrent à une grotte. Le cygne blanc savait qu'ils n'étaient pas chez les cygnes noirs, et c'était probablement mieux pour lui et pour eux. Il prit une grand inspiration et suivit son ami dans la grotte et plus ils avançaient, plus ils pouvaient entendre des voix. Ils arrivèrent finalement auprès des cygnes noirs, qui étaient éclairés par des bougies qu'ils avaient disposé à côté d'eux. À peine arrivé, Chenle se sentit très mal à l'aise, il trouvait qu'il faisait tâche parmi eux avec ses ailes blanches.

— Assieds-toi, ordonna soudainement Jeno, d'un ton glacial.

Le cœur de Chenle loupa un battement et il s'assit rapidement comme le chef des cygnes noirs lui avait demandé. Il se sentait de trop et était par conséquent mal à l'aise.

— Du calme Jeno, rit soudainement quelqu'un que Chenle ne connaissait que de vue. Il est intimidé maintenant, le pauvre.

Le concerné marmonna quelques excuses, puis un profond silence s'installa entre tous les garçons, ce qui rendait cette rencontre de plus en plus étrange, et plus le temps passait, moins Chenle ne savait à quoi s'attendre.