Chapitre 15

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– Elle m'a dit que j'étais vraiment né le cul dans le beurre !

– Ha ! Ha ! Alors que moi, j'ai déjà eu pas mal de beurs dans le cul...

Kevin ne peut retenir un petit rire. Visiblement, il est fier de sa blague.

– Mais t'es vraiment con parfois en fait !

– Attend, t'as pas encore tout vu.

– Je commence à me demander dans quoi je me suis embarqué moi.

– Tu avais peur que ça devienne sérieux ? Alors j'essaie de pas l'être trop.

Notre discussion a pourtant été bien moins légère quelques minutes plus tôt. J'ai expliqué à Kevin avoir contacté mes parents et leur avoir parlé du projet aux États-Unis de Sam. Eux aussi s'accordent à dire qu'elle s'y prend vraiment tard. Même s'il y a eu des désistements, les démarches officielles pour une inscription dans une école américaine prennent du temps et il est quasi impossible de les remplir en temps et en heure. Mais mes parents font toujours des miracles et c'est, une fois de plus, le cas. Mon père est ami avec un membre du conseil d'une école de Los Angeles. C'est un Français expatrié qu'il a rencontré lors d'un séminaire en Californie. Il lui a suffi d'une coup de téléphone pour convenir d'inscrire Sam dans cette école. Elle sera en terminale, ce qui est loin du niveau d'étude qu'elle suit actuellement mais ce n'est pas le problème ici. Son but est de parler anglais pendant tout son séjour, ce qui sera le cas. Et, "cherry on the cake", le même gars est d'accord d'héberger Sam qui devra leur servir de baby-sitter pendant toute la durée du séjour en échange du logement et de la nourriture. Papa a contacté les parents de Sam qui étaient aux anges. Ils ont fini par accepter la somme d'argent que mes parents leur proposaient afin de les aider. Malgré leurs promesses de tout rembourser, je sais que c'est un don et que mes vieux ne leur réclameront jamais rien en retour. Sam m'a appelé tout à l'heure, super excitée de ce qui se mettait en place. Dans maximum 120 jours, elle devrait avoir son visa d'études et même si elle ratera le début de l'année scolaire, elle est aux anges. Sa remarque, sur le fait que je sois né dans une famille riche aura, au moins, permis à Kevin de faire ce bon mot. Par contre, ma conversation téléphonique avec Sam s'est soldée par une dispute. Après tout ce que mes parents ont fait pour elle, je trouve que je n'ai pas à accepter ce genre de propos de sa part.

– Je pense que tu en fais beaucoup pour rien Alex.

– Je sais pas Kev. Je trouve pas ça le meilleur moment pour me ramener à mon état de gosse de riches. Si ce n'était pas le cas, elle passerait l'année prochaine en Gaule et non au Far-West.

– Je peux te poser une question indiscrète ?

– Hum, vas-y...

– Cet empressement, cette énergie à, tout d'un coup, lui venir en aide pour ce projet aux USA, ça ne serait pas un petit peu pour l'éloigner de toi ?

– Pourquoi tu dis ça ?

– Ca fait un moment qu'elle en avait parlé et tu ne lances tes parents dessus que maintenant.

– Ben non, c'était pas si problématique au début. Y avait pas la Covid et du coup...

– Non, je pense que l'épidémie n'a rien à voir là-dedans. Je pense plutôt que lorsqu'elle a commencé à parler de ça, toi tu as fait semblant de rien. Lui as-tu posé des questions de temps en temps sur l'avancement de son projet ? L'as-tu encouragée ? On se parle régulièrement depuis le début de notre coloc et tu n'as jamais abordé ce sujet. Alors que généralement, tu es toujours très enthousiaste pour tout ce qu'entreprend Sam. Et là, maintenant, tu utilises la baguette magique de tes parents et, abracadabra, une école et un logement sortent du chapeau.

Ma copine me manque mais je veux rester fidèleWhere stories live. Discover now