Chapitre 2

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Je décide de briser le silence qui s'est installé. Cette discussion commence à m'énerver.

– Ne prends pas tes rêves pour des réalités Kev. Je vois clair dans ton jeu et ce n'est pas joli-joli de profiter de la situation.

Je pense que j'ai réussi à le décontenancer. Mais le ton calme qu'il conserve pour me répondre me fait, finalement, douter de moi.

– Alex, tu es bien un hétéro, à penser que tous les gays veulent te sauter dessus. Parce que tu penses que tu es mon genre ? Allez, allez, je ne te fais aucune proposition, je n'essaie pas d'obtenir quelque chose de toi. Et en plus, je suis actif au cas où je dois te le rappeler ou te l'apprendre. On aborde tellement pas ce sujet ensemble. Alors, toi et moi, on n'est pas... compatible, je dirais. Tu me sembles bien prétentieux tout d'un coup. Franchement, ça me déçoit.

Le ton et les mots qu'il utilise, ainsi que son regard, effacent tous les doutes que j'avais sur sa sincérité. Comme toujours, Kevin est bienveillant et attentionné et, visiblement, contrairement à ce que j'ai ressenti, il n'essaye pas de profiter de la situation.

– Écoute Kev, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je pense que je suis perdu et je m'énerve pour un rien. Ce manque me joue des tours.

– Alex, je veux vraiment t'aider d'une manière ou d'une autre. On est des mecs, même si on a pas la même orientation, on a le même outillage lol. Tu me passeras l'expression mais, des couilles qui ne se vident pas assez souvent, et c'est pas à toi qui fait médecine que je vais l'apprendre, ça génère les mêmes stress chez les gays que chez les hétéros. On est pareils à ce niveau. Nous aussi, si on ne baîse pas assez souvent, on peut bien se soulager en solo mais bon, c'est comme une voiture, faire aller les vitesses dans le garage, ça vaudra jamais un rallye sur le terrain. Ha ! Ha !

Il me fait rire. En fait, je me rends compte que ce partage me fait du bien. C'est vraiment un chic type.

– Excuse-moi encore Kev. J'ai vraiment réagi comme un con... un con d'hétéro lol

– Y a pas de malaise Alex. Tu es un chouette gars même si tu n'es pas parfait... tu n'es pas gay. Ha ! Ha !

– En fait Kev, on aurait dû parler sexe depuis plus longtemps. Je suis un peu coincé par rapport à tout ce qui touche à l'homosexualité alors du coup, je n'aborde pas vraiment le sujet mais, c'est vrai que vous connaissez mieux le corps d'un homme que nous. Vous avez sans doute plus d'expérience à force de donner du plaisir à un homme plutôt que de seulement le recevoir

– Ha ! Ha ! T'es bête. Je te rappelle que tu fais médecine, le corps humain est censé n'avoir aucun secret pour toi !

– Hey je ne suis qu'en troisième année et bon, je suis pas sexologue non plus. Plus sérieusement, je ne me plains pas de Sam, elle est vraiment douée pour me faire grimper, elle pourrait t'apprendre des trucs.

– Je n'en doute pas un instant Alex. Mais mon offre reste valide, je veux vraiment que tu te détendes, je te vois dépérir jours après jours. Ça me fait de la peine alors, tout comme si tu avais besoin d'un coup de main pour un bricolage ou que sais-je, tu peux compter sur moi. En fait, quand on y réfléchis, c'est le truc idéal dans ta situation. Si tu te décidais à rencontrer une fille pour que tu puisses lâcher la pression, tu ne pourrais pas faire autrement que de coucher avec elle. Du coup, tu tromperais clairement Sam et je serais sans doute obligé de t'empêcher de te jeter du balcon pour ce que tu as fait lol. A moins d'aller voir une masseuse un peu glauque dans un endroit pourri avec un happy ending. Et encore, rien que le fait qu'elle te touche, comme je te connais, tu culpabiliserais. Alors que si c'est un mec qui s'occupe de te branler, caresser ou autre, c'est un peu comme si tu le faisais toi-même mais avec d'autres mains. Et comme tu n'es pas attiré par les mecs, tu ne serais pas tenté d'aller plus loin ? Tu ne pourrais rien te reprocher de mal ensuite. Comme à la puberté, c'est que du sexe, c'est une éjaculation obtenue dans de meilleures conditions que la branlette. Je ne te force à rien, je veux juste que tu saches que si tu as besoin de moi pour ça, si tu penses que ça te ferait du bien sans te faire de mal et sans mauvaise pensée ensuite, alors tu n'as qu'à le dire. Et comme les mecs c'est pas ton truc, ferme les yeux et pense à Sam lol.

On peut dire que son raisonnement tient la route. C'est vrai que s'il s'occupait de me caresser et de me branler, comme je ne suis pas homo et pas du tout attiré par lui, aucune culpabilité n'en rejaillira. Je suis sûr que même Sam pourrait comprendre. Mais bon, ce genre d'expérience resterait bien entendu dans mon jardin privé, mais ce ne serait pas la fin du monde. Je commence à me faire à l'idée.

– Écoute Kev, je ne dis pas que je souhaite te demander de me rendre ce service mais, si c'était le cas, comment ça se passerait ?

– Franchement, je pense que le mieux serait de ne rien planifier. Tu es tellement préoccupé par ta fidélité et aussi parce que tu n'es pas gay, le mieux serait que tu fermes les yeux, que tu te laisses prendre en main, que tu profites sans trop calculer. Si je t'annonce dans le détail tout ce que je vais faire, tu vas anticiper et ça va plus te perturber qu'autre chose. Après, c'est clair que je ne ferais rien qui te déplaise puisque le but est de te faire du bien. Tu peux me faire confiance pour être à l'écoute et dès que je sentirais que je me dirige vers quelque chose qui te plait moins, je changerais de trajectoire. Qu'en penses-tu ?

– Il y a une question qui me taraude tout de même.

– Vas-y. Dis-moi.

– Et de ton côté, tu vas pas ressentir quelque chose ?

– Je ne t'en veux pas de poser cette question mais, ne t'inquiète pas Alex. Ce que je ressens pour toi, c'est de l'amitié. Rien de plus. Et il n'est pas question de moi ici, mais de toi. Tu te prends vraiment trop la tête. Laisse-toi aller.

– Mais si tu as une érection ?

– Arrête je te dis !

Pour la première fois, il adopte un ton plus sec, s'arrête en s'en rendant compte et reprend plus doucement.

– Sorry Alex, je veux dire, ne pense pas à ça. Tu garderas les yeux fermés, tu n'as pas à te préoccuper d'une éventuelle érection chez moi. Je vais pas te mentir, ça risque de m'arriver, c'est mécanique pour ainsi dire. Mais ça ne voudra pas dire que je tombe amoureux de toi ou bien que tu m'excites.

Je me sens un peu bête. C'est vrai que son analogie avec la puberté tout à l'heure fait sens et c'était un âge où on ne se préoccupait pas de tant de considérations existentielles. Il m'est arrivé de me branler devant des sites porno à côté d'un pote qui faisait pareil et ça n'e m'a jamais engagé à rien. C'est uniquement parce qu'on a cette discussion aujourd'hui que j'y repense. Sinon, je ne m'en souviendrais même pas particulièrement.

Je décide de m'autoriser à me faire plaisir, à m'accorder un moment de détente sans arrière-pensée, sans conséquence ni obligation.

– Kevin, tu ferais ça pour moi ? Un massage, des caresses... une branlette comme deux ados pubères ?

– Si c'est ce que tu désires et si c'est ce dont tu as besoin.

– J'ai tellement envie de m'évader et d'une bonne éjac. Alors, pourquoi pas ? Tu es sûr que ça ne te gêne pas ?

– C'est toi qui est le plus gêné lol. Moi tu sais, des queues, j'en ai vu des tas. C'est la routine. Ha ! Ha ! Allez, trêve de bavardages. Va te doucher, garde ensuite juste ton essuie autour de la taille et va t'allonger dans ta chambre. Ferme les yeux avant que je n'arrive et garde-les tout le temps clos. Je ne parlerai pas, ce sera comme si tu faisais un rêve, comme si ce n'était pas moi. Tu vas adorer.

Je me lève, mes jambes tremblent, je ne suis pas encore vraiment convaincu de ce que je m'apprête à vivre. Mais je sais que Kev est quelqu'un de sérieux. Il n'y aura pas d'ambiguïté et je sais que si à un moment, je ne suis plus en phase avec ce truc, il s'arrêtera immédiatement.

Je me dirige vers ma chambre et ma salle de bain (on a chacun la sienne). Je bande depuis un moment et ça ne risque pas de s'arrêter.

Ma copine me manque mais je veux rester fidèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant