Chapitre 10

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Un peu de pain grillé, du beurre salé, plusieurs confitures et même de la pâte à tartiner trônent à présent sur la table. Avec mon café extra-strong et, bien entendu, mon sourire ravageur, le petit-déjeuner de Sam ne peut se passer de meilleure manière. C'est avec cette humeur légère et guillerette que je décide de continuer cette journée, ce weekend-même. Terminées les prises de tête, j'ai fait le ménage dans mon esprit et me voilà remis sur la route saine et solide des mecs normaux qui ont une copine géniale et n'ont besoin de rien d'autre.

– Alors, on se débrouille pas mal dans la gestion des stocks du petit-déj hein ? Pour une colocation uniquement masculine !

– Ouais, ne la ramène pas trop hein, je te rappelle que ton coloc est gay.

– Et ?

– Ben, ils sont généralement organisés et tout et tout...

– Mouais.

– Faudrait d'ailleurs essayer de savoir ce qui lui est passé par la tête.

– Je vais lui envoyer un message. T'inquiète pas pour lui, il est parfois un peu lunatique.

– Je veux bien te croire mais il faudrait que je lui fasse des excuses. Je suis certaine qu'il a été vexé par mes taquineries.

– Non, y a pas de risque. Ça doit être lié à ses problèmes de cœur. Le connaissant, du coup, il ne supporte pas trop de nous voir. On est le couple parfait qui lui rappelle trop son échec, dis-je en souriant.

– Raison de plus pour prendre de ses nouvelles !

– Je le ferai. Tu veux une autre tranche de pain grillé ?

J'arrive à changer le sujet de la conversation en parlant ensuite du planning du weekend. On va naturellement essayer de passer un maximum de temps ensemble mais nous avons tous les deux beaucoup de travail en prévision de la fin de l'année scolaire. Le mois de juin est particulièrement crucial. Théoriquement, je ne devrais pas rencontrer trop de soucis pour passer dans l'année supérieure. Mais ça pourrait bien être plus difficile pour Sam qui galère un peu dans ses études de tourisme. Sa bête noire : les langues.

– Ça te va si ce matin on remplit le frigo pour se préparer de bons petits plats ces deux jours ? Cet après-midi on travaille chacun sur ses propres cours et demain, on fait moitié-moitié : je bosse un peu pour moi et je t'aide en anglais et en espagnol ?

– Ça serait super ! Et ce soir, on essaie de cuisiner un truc ensemble ?

– Oh oui, j'adore ça. On va se chercher une recette sur internet.

Après s'être décidés pour de la cuisine asiatique, on se met en route pour rejoindre le petit marché des étudiants. Tous les samedis matin, le campus accueille des marchands de tous les secteurs dignes de garnir les allées d'un vrai marché. Bien sûr, en ce moment, le choix est plus limité à cause des restrictions sanitaires. On devra sans doute compléter avec une supérette ou un supermarché mais le principal est de passer du temps à deux.

A midi, quelques sandwichs préparés avec des ingrédients frais font notre bonheur avant d'entamer le travail de préparation de nos examens respectifs. Sur la table, chacun étale les documents dont il a besoin et pianote sur le clavier de son ordinateur portable. L'appart n'est pas équipé de climatisation et la température de ce début juin, certes agréable pour flâner, l'est beaucoup moins quand il s'agit de bosser. D'autant que mon ordinateur aurait bien besoin d'un bon coup de nettoyage. Les ventilateurs n'ont de cesse d'essayer de le refroidir sans succès et mon clavier pourrait presque rivaliser avec les radiateurs de la pièce. Moi qui dépanne régulièrement les autres, je n'ai même pas le temps de m'occuper de mon PC. J'en attrape même des sueurs froides quand une pop-up à caractère pornographique apparaît subrepticement à l'écran. Les longues soirées seul sans ma dulcinée m'ont plus d'une fois poussé dans les bras accueillants de ces sites. Telle une rencontre tarifée dans un hôtel miteux, ils vous laissent repartir avec une panoplie de saletés. Mon ordi fait tourner tout un tas de microbes en tâches de fond et c'est moi qui ais le front qui chauffe. Heureusement, Sam n'a rien vu. En même temps, je ne pense pas que ça la choquerait. Elle sait très bien qu'en son absence, je m'occupe comme je peux. Nous nous échangeons également des petites vidéos coquines et nos sessions par webcam nous aident à plus ou moins garder une vie sexuelle. Elle doit bien se douter qu'entre deux, je traine aussi sur des sites de cul. Cependant, l'idée qu'elle fasse pareil me taquine l'esprit et je sens monter en moi une pointe de jalousie. J'imagine qu'elle pourrait avoir la même réaction alors autant que cela reste aussi du domaine de mon jardin secret.

Ma copine me manque mais je veux rester fidèleWhere stories live. Discover now