Léa doit sans doute essayer de le raisonner car il continue ensuite :

– Ma décision est prise. Je ne peux plus continuer comme ça. Ca sera comme une rupture. Je vais me séparer de quelqu'un avec qui je ne suis pas en couple et qui ne sait même pas à quel point je l'aime. Mais je dois appliquer les mêmes remèdes : partir loin, l'effacer de ma mémoire et passer à autre chose.

– Je t'aime aussi Léa, heureusement que tu es là. Oui moi aussi, je tombe de sommeil. C'est trop pour mon petit cœur ?

Kevin lâche un petit rire nerveux et sanglote en même temps en disant cela. Il prend congé de son amie et je n'entends plus rien.

J'ai la paume de la main sur la porte de sa chambre. Je ne la touche pas vraiment, je l'effleure. Mon geste reste suspendu. J'hésite à entrer et lui avouer avoir tout entendu ou me rétracter pour retourner discrètement dans ma chambre. Il n'éteint pas la lumière, je l'entends renifler. Sans doute se perd-il encore un peu dans ses tristes réflexions. Je me sens mal. Alors qu'il pense m'avoir sali et fait faire des choses qu'un hétéro comme moi regretterait, c'est à présent mon tour de me sentir coupable vis-à-vis de lui. Qu'ai-je fait pour susciter cette attirance ? Je le sens sincère quand il dit qu'il ne maîtrise pas ses sentiments et je sais que, moi non plus, je ne les ai pas suscité volontairement. Mais je me sens responsable. Il souffre et c'est à cause de moi. Je suis bien lâche et je n'ose pas franchir le seuil de sa chambre. Je décide de retourner vers la mienne et sur le chemin, je me surprends avoir une érection. Me reviennent alors les sensations de ses mains sur mon corps ce matin et la chaleur de son souffle sur ma peau. Les aveux de ce qu'il ressent pour moi ne me laissent pas indifférent non plus. C'est bon d'être aimé. Appelons ça du narcissisme si on veut, je ne sais pas mais, savoir que quelqu'un est attiré par moi est réconfortant. Alors que je devrais être dégoutté qu'un garçon éprouve quelque chose à mon égard, qui plus est quelqu'un de très proche, je me sens fier et heureux.

Je me glisse rapidement sous les draps après m'être dévêtu. Alors que je comptais afficher une vidéo que Sam m'avait envoyé pour m'occuper en son absence, je laisse mon iPhone sur la table de nuit. Je m'installe, les mains posées entre l'oreiller et ma tête, les paumes contre mes cheveux. A l'aide de mes pieds, je fais glisser le drap tout le long de mon corps. Quand il m'effleure les tétons, ceux-ci m'envoient des ondes de chaleur m'irradiant toute la poitrine. Lorsque mon sexe dressé tente d'empêcher le tissu de continuer plus loin sa lancinante descente, il doit bien vite battre en retraite. Au figuré comme au propre puisqu'au moment où il lâche prise, il est projeté violemment dans l'autre sens permettant au drap de caresser doucement la peau qui recouvre mes testicules. Les yeux fermés, je savoure les derniers centimètres qu'il reste pour me découvrir totalement. Un petit courant d'air vient me lécher du bas vers le haut. Mes couilles durcissent et ma poitrine suit le même chemin. Sans que je ne m'en sois rendu compte, le majeur de ma main droite est venu caresser mon téton du même côté. Il fait des circonvolutions autour du mamelon ce qui provoque une vague de plaisir qui commence à m'envahir entièrement. Ma main s'applique maintenant plus fermement sur mon poitrail rapidement délaissé pour la zone autour de mon nombril. Mais ma main gauche prend le relai sur le haut du corps pendant que la droite descend généreusement vers mon sexe et mes couilles. Je m'imagine les mains de Kevin, j'écarte les jambes et je replie les genoux. Mes doigts vont de ma tige à mes testicules puis descendent sur le périnée. Tout mon corps glisse sur le drap-housse recouvrant le matelas de mon lit. Je me dandine littéralement et, lorsque je penche sur l'un de mes flans, d'une main, j'empoigne la fesse opposée. Je m'applique à présent un traitement viril sur tout le corps, passant sur chaque centimètre carré que j'arrive à atteindre dans cette position. Mes deux mains passent sous mes fesses et les soulèvent. Mes jambes sont à présent tendues vers le plafond, de mes paumes, je les écarte encore plus. Mon dos est cambré et ma tête jetée en arrière. Le courant d'air est de retour et vient s'engouffrer dans mon sillon m'excitant délicieusement l'anus. Je relève à présent les genoux vers ma poitrine et j'empoigne chacun de mes pieds. Je continue à rouler de droite à gauche tout en tenant fermement chacun de mes pieds. Mon anus me brûle et j'imagine Kevin y entrant un, puis, deux doigts. Mais j'en veux plus ! Je sens comme une sorte d'appétit à cet endroit et j'y ressens un vide immense. J'ai littéralement le cul grand ouvert, mes sphincters se resserrent et se relâchent frénétiquement dans une danse dont l'érotisme renforce mon érection. Tout d'un coup, le plaisir se fait plus fort et j'ai l'impression de sentir chaque terminaison nerveuse de mon conduit anal. Je n'en peux plus, je lâche une jambe pour prendre mon sexe fermement de la main droite et il ne me faut que quelques va-et-vient pour répandre une quantité impressionnante de foutre jusque sur mon visage. Mon orgasme s'accompagne d'un gémissement plus fort que je ne l'aurais voulu. Je retombe sur le matelas, vidé, détendu et avec une myriade d'étoiles dans la tête.

Si j'avais déjà eu une démo du plaisir que cette partie de mon anatomie pouvait procurer grâce au doux traitement de Sam, j'ai l'impression de redécouvrir mon corps, comme un ado pubère la première fois qu'il se touche. Et je le dois à Kevin.

Tout d'un coup, j'entends la porte du frigo qui se referme, je devine un trait de lumière qui passe sous la porte de ma chambre heureusement bien fermée. S'il n'aura rien pu voir du traitement que je viens de m'appliquer, Kevin aura certainement entendu le cri que l'orgasme m'a fait pousser. Instantanément je me dis que ce n'est pas la meilleure chose en ce moment et je m'inquiète de ce qu'il a entendu et de l'effet que cela pourrait lui faire. Emmêlé dans ces réflexions teintées de gêne et de culpabilité, mon état de bien-être physique l'emporte sur tout le reste et je m'endors rapidement.

La nuit ne se passe pas sans heurts. Je suis emporté dans un tourbillon d'images cauchemardesques où revient sans arrêt le lit défait de Sam. Dans ce rêve, notre conversation en visio est interrompue de multiples fois et, systématiquement, la webcam de son ordi se coupe et j'entends de chuchotements. Sam parle tout bas avec quelqu'un qui lui répond par des petits rires. Cette alternance de coupures dans l'appel se répète de plus en plus rapidement. Ma tête tourne et je suis réveillé par le son de ma propre voix qui crie : « Arrêtez ! »

Je suis nu, encore couché sur le dos, comme je me suis endormi, le drap repoussé au bout du lit. Mon sperme sur le ventre, le torse et le visage est séché. J'en ai sur les lèvres, un trait me barrant la bouche. Je sens le goût de ma semence en me passant la langue sur les lèvres. Mon sexe se dresse instantanément, la trique du matin. Je me demande quelle heure il est quand j'entends la sonnerie de mon téléphone. Il est 7h, c'est Sam pour la visio-petit-déjeuner que nous avions prévue. Je ne peux pas décrocher l'appel vidéo dans cette tenue avec du sperme partout. En fait si, je pourrais. En temps normal, je le ferais et je l'ai déjà fait lorsqu'elle m'avait appelé pour une bêtise au moment où j'éjaculais avant de me coucher un autre soir. Elle avait adoré voir mon visage en sueur et encore rose de l'excitation sexuelle et je lui avais montré ma main recouverte de sperme, jouant avec ma semence entre les doigts. Elle avait fini par se masturber devant la caméra m'offrant ainsi une rapide nouvelle érection et l'éjaculation qui va avec. Mais cette fois, je décide de ne pas décrocher. Cette masturbation nocturne n'avait rien d'avouable. J'aurais l'impression et même l'obligation de lui mentir si elle me demandait de lui raconter cette séance de plaisir solitaire. Je devrais lui expliquer l'abandon qui avait été le mien pour finir par m'endormir recouvert de sperme. La douche est ma seule échappatoire où je peux me cacher de Sam. Et c'est ainsi que je n'entends pas ses quatre nouvelles tentatives.

En sortant de la salle de bain, une notification trône sur l'écran de l'iPhone, un cinglant : « Sympa ! » Une seconde vient alors s'empiler juste au-dessus : « J'espère que tout va bien mon amour, fais-moi signe quand tu es réveillé, je t'aime » accompagné d'un cœur rouge et d'un smiley donnant un baiser. Alors que je prends mon smartphone pour la rappeler, j'entends du bruit dans la pièce principale. Kevin vient semble-t-il de se prendre une chaise et inonde l'espace d'une quantité affolante de jurons. Il s'est, visiblement, bien fait mal. Je jette l'iPhone sur mon lit et vais lui porter secours.

Ma copine me manque mais je veux rester fidèleWhere stories live. Discover now