Le journal de Chris Marquez

Chapitre 6 :

Fleur me fixe toujours du regard, bien qu'elle ait arrêté de chanter. Je soutiens son regard. Seth nous interrompt en se raclant la gorge.

— J'accepte. Elle a une bonne voix, ça peut le faire.

— Cool !

Je vois que Nils a l'air ravi de pouvoir participer. Il est très timide et n'aurait pas participé sans Seth, son meilleur ami de toujours. Ils ont toujours été un peu bizarre comme couple d'amis, l'un aux cheveux blond vénitien avec un style plutôt rock et l'autre brun très sensible. Mais ils étaient très sympas même s'ils ne se mélangeaient pas vraiment aux autres. Si Darren n'était pas le frère de Nils, je ne crois pas qu'ils seraient venus.

— Mais dis-moi, Fleur, pourquoi tu as accepté le défi de Tommy ?

— Il y a en réalité beaucoup de raisons. Vous préférez la version courte ou la version longue ?

— On a tout le temps pour la version longue ; les profs sont en réunion pendant deux heures.

— Très bien... Je connais Tommy depuis la primaire... il était intelligent mais brutal, méprisant et violent. Une fois, pour empêcher mon meilleur ami de l'époque et lui de se faire punir, je me suis mise entre eux pour les empêcher de se battre. Il m'a tiré les cheveux. En cours de solfège, la même année, il m'a giflée. Il m'a toujours méprisé et insulté au fil des ans alors que j'étais meilleure que lui. Et je ne le supportais pas. J'ai envie de l'humilier depuis si longtemps... qu'il voit ce que ça fait d'être moquée et traitée comme une moins que rien... mais je m'égare. En résumé je le hais.

— Il n'a jamais été sympa.

— Je sais.

— Et tu étais en primaire avec lui... tu t'appelles comment, déjà ?

— Fleur Divèse.

— Fleur Di... attends, Fleur, c'est toi ?

— Ben oui, c'est mon prénom.

— Nan mais tu es réellement Fleur Divèse, la fille que Samuel embêtait le plus possible depuis le CE2 ?

CM2... l'année durant laquelle je suis tombé sous son charme...

— Alors tu te souviens de moi, James Halloway...

— À vrai dire, ça fait un bout de temps que je ne t'avais pas revue... comme tous les autres, d'ailleurs...

— On habite tous la même ville, je vous ai tous croisés à un moment ou à un autre...

— Personne ne t'as vue depuis... quatre ans, je crois.

Oh. Alors il n'est pas au courant.

— J'étais dans le coma. J'ai rattrapé tous mes cours en un an.

— Ouah ! Tu étais déjà une tête mais je ne m'y attendais...

— Bon, on la commence cette répèt oui ou non ?