Cœur d'homme, âme de soldat 5 : Là où tout a commencé

Chapitre 2

— Il a fait quoi ? piaillèrent les quatre amies en entendant le récit de Sandrine.

Celle-ci leva les paumes vers le ciel avec une petite mimique excédée pour appuyer la fin de son histoire.

— Tu dois signaler l'agression ! insista Emma.

Jusqu'alors détendue, l'ambiance se figea. Puis une vague de colère éclata au milieu de la salle. Ça parlait expédition punitive, émasculation, dépôt de plainte et autres pendaisons par les couilles au mât des couleurs. Tout raffinement disparut pour laisser place au vocabulaire qu'elles maniaient au quotidien.

— Je n'y tiens pas.
— Mais pourquoi ? Un type n'a pas à se comporter comme si les femmes étaient des objets placés en rayon ! On n'est pas au self de la cantine, reprit Emma plus pragmatique. Si je dois en glisser un mot au Colonel, je n'hésiterai pas.
— Non, ne fais rien. Ne faites rien les filles. Vous savez comme moi qu'une victime féminine est vite clouée au pilori, simplement parce qu'elle est jugée moins utile par ses collègues.
— Ce n'est pas une raison ! Et le fait que vous ayez été en couple il y a trois ans n'est pas une excuse pour lui laisser ton corps en libre-service ! fit une Alix remontée comme un coucou suisse.
— Je peux m'arranger pour qu'il soit envoyé en mission très loin et très longtemps si tu veux, enchaîna Claire. Moi aussi, je n'ai qu'un mot à glisser à mon commandant d'unité pour qu'il contacte le sien. Et hop, dans l'avion direction la Nouvelle-Calédonie. Au revoir joli p'tit cul !
— Claire ! On parle d'un connard qui ne sait pas garder sa langue dans sa bouche, pas d'une miss Monde avec du poil au menton ! la gronda Amélia.
— Ça suffit, la jeune classe !

Emma siffla ses compagnes et se tourna vers Sandrine, demeurée silencieuse.

— Bon, que décides-tu ?
— Quitte à me brûler les ailes, j'ai décidé de ne rien faire. Je suis curieuse de nature... Et j'ai un excellent crochet du droit !
— Tu es consciente que ça peut vraiment dégénérer ? Mieux vaut prévenir que guérir non ?
— Je prends le risque. Il m'a détruite une fois. Mais pour qu'il revienne à la charge comme ça, c'est qu'il veut sûrement se faire pardonner. Et honnêtement les filles, je l'ai trop aimé pour ne pas avoir envie de laisser une chance à cette histoire. Mais pour cela, il me doit des excuses et des explications.
— Qui te dit qu'il veut vraiment reprendre là où vous en étiez ? Ça me dépasse ! Enfin. On sera là si ça tourne mal. Si tu veux, je prépare le mât des couleurs dès demain...
— Merci Mel, tu es une vraie amie !
— Et ton ex-et-futur-nouveau-mec, un gros... melot vraiment très chanceux !