Partie 2 : Le retour.

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De nos jours...

— Arrête ! Tu cherches à me saouler ou quoi ? plaisanta Sandrine en plaçant sa main sur le verre consciencieusement rempli par Claire.
— Ça dépend, tu pars en vrille à partir de combien de verres ?
— Ah ah ah ! Sers-toi d'abord, je n'ai pas confiance ! Et Mel, interpella-t-elle en se tournant vers la petite rousse qui tripotait nerveusement le pied de son verre, desserre les dents, tu vas te casser les molaires ! Allez quoi, pourquoi vous faites ces têtes d'enterrement, quelqu'un est mort ?

La plus jeune d'entre elles haussa les épaules d'ignorance, et balaya ses boucles dorées en frottant un reste de cambouis sur ses doigts.

— Regarde-les, elles conspirent ! Emma n'a pas voulu lâcher la moindre information, bougonna Alix.
— Amélia Ridean, tu es priée d'arrêter de stresser !

Quatre paires d'yeux se braquèrent sur la victime désignée.

— Je n'ai pas l'habitude de ta poker-face, c'est tout.
— Tu devrais savoir que je la peaufine depuis trois ans. Ce n'est pas toi qui voies débarquer ton ex dans ta vie, c'est moi. Alors relax.
Claire poussa un juron et Alix balaya ses amies du regard en cherchant une explication. Puis l'histoire de Sandrine lui revint en mémoire.
— Moufle !
— On peut aller jusqu'au « moufle sa race » tenta de plaisanter Sandrine jusqu'à ce que sa voix déraille.

La jeune femme souffla longuement, refusant de céder à l'émotion qui lui compressait le cœur depuis l'annonce du président des sous-officiers. Le choc l'avait d'abord laissée sans voix. Puis la prise de conscience avait infiltré sa garde, empoisonné ses défenses et bousillé son self-contrôle. Elle craignait tellement que sa détresse se lise sur son visage qu'elle avait calqué son attitude sur celle d'Emma. Hélas, elle n'avait pas l'entraînement de son amie.

— J'ai perçu une pelle si tu veux. Je kidnappe Hoax au chenil et j'en fais ton arme de guerre, tenta piteusement Amélia.

Bouleversées par l'expression douloureuse de leur amie, les jeunes femmes se serrèrent contre elle pour former un bloc de câlins. Elles attendirent que la première salve de tremblements s'apaisât. Non content d'avoir plaqué Sandrine après avoir appris son affectation en Guyane, l'homme lui avait fait subir la pire des humiliations, s'acharnant sur elle jusqu'à son départ.
Quel type bien irait tromper sa compagne en prenant le soin de la faire passer pour la dernière des traînées ?

Alix se pencha vers Emma pour chuchoter.
— Je suppose que ce Joffrey Campier dont j'ai entendu le nom circuler aux ateliers, est l'ex dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ? interrogea-t-elle.
— Gagné, grinça Claire. Un sale con, et j'ai mon brevet spécial « sale con ».
— Markus n'est pas un sale con, il a juste ses ragnagnas en permanence, siffla Amélia en donnant un petit coup de coude à la brune.
— Oh si ! Il a fait n'importe quoi pendant des mois. Crois-moi, je l'adore tel qu'il est, mais ça reste un caractériel de première !
— Ton homme n'a rien à voir avec Joffrey, intervint Sandrine, sortant de sa torpeur. Il a un cœur d'or et un excellent fond. Il n'a jamais cherché à te détruire. Sa façon de te dire qu'il t'aimait était simplement très maladroite. Le mien... enfin je veux dire Joff, s'est quand même acharné alors que je n'avais rien fait ! Je me suis toujours demandé s'il regrettait d'avoir cédé à ses pulsions...
— Comment ça ? C'est quand même lui qui a proposé que vous emménagiez ensemble ! Au bout d'un mois de relation, en plus ! s'écria Emma.
— Et même s'il se contentait de grommeler dans son coin à chaque fois qu'on faisait une sortie tous ensemble, personne n'était aveugle. Il n'a jamais eu honte d'être avec toi. Si cela avait été le cas, il t'aurait fréquentée en cachette, juste pour le sexe !
— Mel ! braillèrent trois d'entre elles, alors qu'une quatrième s'étouffait dans son verre.
— Ben quoi ? M'enfin j'ai raison et vous avez tort. Ce type ne te méritait pas, mais tu le rendais fou. Trop d'excitation et PAF, la lumière sautait dans sa tête...
— C'est bien joli tout ça, mais que va-t-on faire ?
— À part un trou pour l'enterrer au fond du jardin ?
— À part ça, oui, andouille ! répondit Claire.
— Zut ! Pourquoi on refuse toujours de suivre mes propositions ?
— Sûrement pour ne pas finir en prison, soupira Emma. Le mieux, c'est encore de l'ignorer...

Cœur d'homme, âme de soldat 5 : Là où tout a commencéWhere stories live. Discover now