【12】

265 45 14
                                    

— Il est vraiment gentil, murmure Kishi

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.


— Il est vraiment gentil, murmure Kishi.

Elle essuie ses dernières larmes sur la manche de son uniforme, Megumi ne sait toujours pas quoi faire de son mouchoir dégoulinant de mucosités surnaturelles. Il décide de le garder jusqu'à ce qu'ils arrivent chez lui, il le mettra à laver en espérant que la morve d'esprit parte à la machine.

Megumi hoche la tête pour approuver les paroles de Kishi et se remet en route, direction le pont.

— On fait quoi maintenant ? demande-t-elle.

Ses sanglots ont eu l'air de la calmer : contrairement à d'habitude, elle se contente de le suivre en marchant, sans sautiller.

— Je vais rentrer chez moi pour me changer et mettre à laver mon mouchoir. Après, je t'emmènerai là où je pense pouvoir trouver un indice sur ton identité.

Kishi le regarde avec des étoiles dans les yeux avant d'acquiescer avec vivacité. Son annonce lui a redonné le sourire. C'est comme si la révélation de Yuji l'avait vidée de son énergie et qu'elle venait de la retrouver avec la déclaration de Megumi. Kishi est une véritable éponge à émotions. Comme par magie, elle se remet à avancer par entrechats.

Tandis qu'ils arrivent sur le pont, Kishi bondit sur le rebord et avance en équilibre, bras écartés. Elle sifflote une jolie mélodie de sa voix cristalline. Megumi n'a qu'une envie : fermer les yeux pour profiter au maximum de cette douce berceuse qui guide ses pas et enveloppe son cœur d'une agréable chaleur.

Arrivé chez lui, Kishi patiente dehors en attendant Megumi. Elle n'a pas besoin d'attendre longtemps, quelques minutes tout au plus avant de le voir réapparaître avec des vêtements plus amples, débarrassé de son mouchoir et du sac qu'il avait sur le dos.

— On va où ?

Megumi pense qu'il s'agit du bon moment pour lui révéler le fond de sa pensée. De toute façon, ils seront bientôt arrivés à destination, il est inutile de faire durer le suspens plus longtemps.

— Au gymnase.

— Au gymnase ?

— Dans la partie consacrée au studio de danse.

— Tu crois qu'on va trouver des indices là-bas ?

Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil à la façon dont elle se déplace pour en être convaincu. Kishi n'a même pas l'air de s'en rendre compte, mais elle marche sur la pointe des pieds, de la même façon qu'une danseuse de ballet.

— Ça fait quelques temps que j'ai remarqué ça, lui explique-t-il. Au début, j'ai cru que si tu tournais souvent sur toi-même, c'était parce que tu étais expressive et que tu avais besoin d'éliminer ton trop plein d'énergie en faisant des pirouettes. Mais je me suis rendu compte que les entrechats que tu réalises parfois ne sont pas anodins, ils sont même loin d'être à la portée de tout le monde. Tu es une danseuse, Kishi.

Ses yeux brillent d'une lueur que Megumi ne lui avait jamais vue, comme si le soleil avait déménagé du système solaire pour illuminer son regard.

— Tu crois ?!

Elle lui enserre le bras et le plaque à nouveau contre sa poitrine, Megumi est de plus en plus persuadé qu'elle le fait exprès.

— J'en suis certain.

De tout le trajet, Kishi ne lui a pas lâché le bras. Elle sautillait un peu, elle semblait essayer de se contenir mais l'excitation était trop grande pour ne pas se ressentir à travers ses pieds frémissants. Megumi était partagé : d'un côté, il avait envie qu'elle serre un peu plus son bras contre elle, et d'un autre côté, il avait envie de lui demander de le lâcher parce qu'il en avait marre d'être secoué à cause de ses petits sauts.

Megumi n'a jamais éprouvé de sentiments aussi contradictoires depuis sa rencontre avec Kishi.

Lorsqu'ils arrivent à la hauteur du long bâtiment, Kishi relâche un peu son emprise sur le bras de Megumi. Sans rien dire, il pousse la porte d'entrée et laisse Kishi passer au travers de celle-ci.

— Je crois que je suis déjà venue ici, murmure-t-elle tandis qu'ils déambulent dans un couloir.

— De ton vivant ?

— J'ai l'impression. En tout cas, ce lieu me rend nostalgique. Je l'ai déjà visité en tant qu'esprit, mais l'endroit ne m'avait pas marqué plus que ça. Maintenant que je sais qu'il y a des chances pour que j'ai pratiqué la danse ici, je ressens comme un sentiment de déjà-vu.

Megumi hoche la tête en silence. Il la conduit jusqu'au studio de danse dans lequel il entre sans frapper. Un cours est en train d'avoir lieu. Au milieu de la salle, une grande femme dans la cinquantaine montre à des jeunes filles d'une dizaine d'années comment s'échauffer en étirant leurs jambes sur une barre en bois parallèle au sol. Il fait signe à Kishi et part s'asseoir dans les gradins en attendant la fin du cours.

Vu l'âge de cette femme, Megumi pense qu'il y a des chances pour qu'elle connaisse Kishi. Il ne sait pas depuis combien d'années elle travaille ici, mais s'il y a une personne capable de les renseigner, c'est bien elle. De toute façon, cette professeure de danse est leur seule option : si le nom de Kishi Ikari lui est inconnu, Megumi ne sera plus capable de l'aider car il n'a pas d'autre idée.

À ses côtés, Kishi est étonnamment silencieuse. Elle observe les jeunes danseuses enchaîner les arabesques et les entrechats, les yeux captivés par ce spectacle de grâce et de pureté. Megumi observe la scène d'un œil ennuyé, il n'y a que Kishi qu'il pourrait observer tournoyer sans se lasser. Mais elle, au contraire, semble fascinée par le moindre de leur geste.

— Bien, merci pour cette séance mesdemoiselles, on se retrouve la semaine prochaine ! Et travaillez bien votre souplesse !

Les jeunes filles se dirigent vers les vestiaires, c'est le signal pour que Megumi et Kishi se lèvent pour aller interroger cette mystérieuse prof de danse. Kishi s'agrippe à Megumi mais pour une fois, il n'a pas l'impression qu'elle l'ait fait exprès. Elle semble anxieuse, comme si elle redoutait son échange avec cette femme au justaucorps sombre.

Les cris du typhonWhere stories live. Discover now