La lumière dorée

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/!\ spoil la lumière noire + spoil tome 2 de Leï et Vicky pour ceux qui n'ont pas lu le silence des couleurs. Pour ceux qui l'ont lu, ça ne vous apprendra rien de plus. :3

Je pose ça là car ce bout n'a sa place nulle part. C'est un bout de l'été de Leï qui se passe parallèlement au spin off de Vicky (où Leï n'apparait pas physiquement). 

Mais ce soir, je m'apprêtais à écrire une scène triste sur Vicky, et il s'est avéré que mes mains fourmillaient d'écrire sur Leï. La tristesse que je ressentais se prêtait bien à ses émotions. Et ceux qui me connaissent savent que je fonctionne à l'instinct, alors voici ces quelques mots pour patienter après le spin of.

Pour ceux et celles qui aiment lire en musique, je vous propose cette musique.

Il tournait. Tournait. Tournait. Le monde devenait fouillis, s'effaçait, brimé, perdu dans un néant de taches informes. Les couleurs s'effilaient dans l'air, s'éfaufilaient entre ciel et terre. Il ne distinguait plus la ligne d'horizon, s'attardait à peine sur un point fixe, celui qui lui permettait de tourner.

Et pendant qu'il tournait, son cœur battait à tout rompre. Ses poumons éclataient d'un air qu'il se refusait à crier. La douleur gonflait en son sein, et à chaque pas, il croyait ployer, s'écraser au sol sous un poids trop lourd pour lui. Tout à coup, il redevenait frêle, fragile, grêle, docile ; une plume dans l'univers, une chair uniquement formée de poussières. Le vide béant dans sa poitrine ne se remplissait ni d'oxygène, ni de musique, ni de lumière. Et même les rayons du soleil ne parvenaient pas à réchauffer sa poitrine ouverte en deux.

— Leï ?

Il fermait les yeux, le torse cisaillé. Il manqua d'écraser son téléphone jeté au sol mais n'y prit garde. Il aurait voulu tourner, s'envoler, ou s'enfoncer dans la terre peut-être ; disparaître de ce monde qu'il avait un court instant cru salvateur. Oublier cette lumière qu'on lui avait insufflée de force, exactement comme cet oxygène. Vicky était parti. Il était arrivé, avait creusé sa poitrine pour mieux la ravager. Puis il s'en était allé. Et à présent, il ne lui restait rien. Rien d'autre que des cris étouffés, qu'une douleur torve qui lui coupait le souffle sans tout à fait le tuer.

— Leï ! continua la voix.

Il faillit déraper, mais il tint bon. Et il repartit. Ses pieds glissaient. Leur pointe le faisait souffrir, les muscles de ses cuisses vibraient d'une chaleur abusive, preuve qu'il forçait. Il forçait tous les jours, aujourd'hui un peu plus, parce que c'était là sa seule façon d'être en vie. Parce que le silence puis les paroles de Vicky l'étranglaient bien davantage que cette corde qui avait un jour enserré son cou ; celle qui avait failli le tuer.

Qui aurait dû me tuer...

— Leï ! Arrête ! Arrête !

La main de Charlotte. Une entité chaude sur son ombre déjà froide. Elle voulait le ramener. Elle tentait de le retenir, mais Leï était persuadé de ne pas y arriver. Il cherchait l'épuisement, ne rêvait que du silence absolu car plus rien n'avait de sens. Cette terre qu'il foulait, ce sol encore herbeux, l'eau moirée du lac qui s'étendait devant lui, ces montagnes inconnues et leurs cimes étêtées par les nuages jusque dans des cieux inconnus, cet air pur qui ne lui appartenait pas parce que ce corps, après tout, n'était pas entièrement le sien.

Malgré la force qu'il mettait à tournoyer, sa précision faiblissait. Et bientôt Charlotte le retint. Entre ses mains, il tremblait, la gorge desséchée, les lèvres entrouvertes, comme scellées par un silence meurtrier.

Esquisses de vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant