Harry est resté en soins intensifs pendant trois jours encore, puis son état s'est stabilisé et après une semaine à l'hôpital, le médecin l'a autorisé à rentrer à la maison. En seulement quelques jours, son état s'est réellement détérioré, si bien que parler est devenu une épreuve. Il est toujours à bout de souffle, mais il ne saigne plus du nez et c'est déjà un bon début. Mes parents m'ont forcé à passer mes examens, ce n'était pas négociable, alors pendant que j'étais en train de les passer, ce sont eux qui sont restés au chevet de Harry. Ils ont pris soin de lui jusqu'à mon retour et je ne sais pas si j'aurai mon année tant mes pensées n'étaient occupées que par Harry. On est tous rentrés à la maison ce matin, et avec l'accord du médecin, on a décidé de partir pour l'océan demain matin. Il faut un peu plus de trois heures pour y aller et vu l'état de Harry, mes parents nous accompagnent. Tout s'est décidé rapidement, sans vraiment réfléchir, mais le temps est compté, maintenant plus que jamais. Chaque secondes est précieuse, et tout le monde le sait. On ne dit rien à haute voix parce que ça rendrait les choses trop vraies, trop douloureuses, mais on sait que l'on vit les derniers moments et j'en suis malade.
Le soir, je prépare nos affaires pendant que Harry est allongé dans le lit à me regarder faire, même s'il somnole plus qu'autre chose. La première chose qu'il a faite en rentrant de l'hôpital a été de prendre un bain et il m'a demandé de lui laver les cheveux. Il porte mon pull le plus chaud et la douce lumière des guirlandes lumineuses le rend encore plus beau. Son odeur est partout dans ma chambre, comme imprégnée jusque dans les murs et ça me plaît. Il sourit tendrement, et je lui rends, jusqu'à ce que je comprenne qu'il se moque de moi.
'Tu sais qu'on ne part que pour une nuit ?' me dit-il finalement.
'Oui, mais je ne sais pas quel temps il va faire et je ne voudrai pas que tu attrapes froid.'
A ces mots, je range trois pulls et deux bonnets dans le sac de voyage, ce qui fait encore plus sourire Harry. Je prends très au sérieux son bien être et je lui ai promis que je m'occupe de tout, même de ses tenues vestimentaires. Je sais qu'il aimerait me répondre, mais il n'en a pas la force et je lui fais un clin d'œil à l'autre bout du lit. Une fois nos affaires rassemblées, je vais m'installer dans le lit près de Harry et on reste un long moment à moitié endormis, à se regarder et à s'embrasser tendrement.
Le lendemain matin, on se met en route en milieu de matinée alors que le ciel est gris. Mon père range nos affaires dans la voiture et je m'installe à l'arrière avec lui. Déjà qu'il n'est pas très bavard, je le trouve étrangement silencieux, comme s'il était angoissé, mais il ne veut rien me dire, alors je n'insiste pas. Je suis un peu inquiet parce que je ne voudrais pas qu'il se sente mal, mais je vois que c'est autre chose. Mes parents discutent entre eux à l'avant, alors j'en profite pour demander à Harry s'il est sûr que tout va bien et 'Ça va' sont les seuls mots dont je devrais me contenter.
Ce que j'aime avec les trajets en voiture de plusieurs heures, c'est que je peux réellement me poser et laisser mes pensées divaguer. Harry s'est endormi contre la fenêtre, les bras croisés contre son torse, et j'ai enfoncé mes écouteurs dans les oreilles pour écouter de la musique. Je n'avais pas fait ça depuis une éternité, et ça me fait du bien. Pendant un moment, je laisse la musique m'emporter hors de la voiture et je regarde le paysage défiler devant mes yeux sans vraiment le voir. Pour quelques instants, je n'ai plus de craintes. Je suis juste Louis, qui part en week-end au bord de l'eau avec ses parents et son petit ami. Tout paraît normal, loin de la maladie et de l'hôpital, et ça fait du bien. Ça me donne un peu de répit. Et même si Harry est la personne la plus importante à mes yeux et que je l'aime de tout mon cœur, je ne vais pas mentir, c'est difficile à gérer. Les médecins ne m'ont pas menti lorsqu'ils m'ont dit que je devrais être fort ou que je ne savais pas ce qui m'attendait au fil des semaines. Je ne suis pas à la place de Harry qui souffre tant psychologiquement que physiquement, mais devoir se montrer solide tout le temps demande beaucoup d'énergie, et je ne sais plus si j'en suis encore capable. Je suis épuisé, et pourtant je ne baisserai les bras pour rien au monde. Si c'était possible, j'échangerai ma vie contre la sienne. Je donnerai tout ce que j'ai pour qu'on vieillisse ensemble, comme cela devrait se passer.
Je me détourne du paysage pour regarder Harry et je sursaute légèrement lorsque je le surprends en train de me regarder. Son corps entier est tourné vers moi et avec son bonnet sur la tête, il me fait craquer. Le siège du milieu nous sépare et soudain, j'ai la sensation qu'il est beaucoup trop de loin de moi. J'ai besoin de l'avoir contre moi, de sentir les battements de son cœur sous sa peau. Je détache ma ceinture pour me rapprocher de lui et il n'a pas besoin de parler pour que je comprenne que c'est tout ce qu'il attendait. Je mets ma ceinture en place et je passe un bras autour de lui pour l'attirer un peu plus à moi. Il passe un bras sous mon pull et sa main caresse la peau de mon ventre doucement, ce qui me fait frissonner. Ses caresses sont douces et ça m'apaise. C'est tout doux comme lui. Il est tout ce dont j'ai besoin.
On fait une seule pause sur une aire d'autoroute pour que mes parents conduisent tour à tour, mais on ne s'arrête pas longtemps. Je pense que l'on a tous hâte d'arriver à la maison qu'on a loué pour que Harry puisse enfin voir l'océan de ses propres yeux. Il faut dire que ces derniers mois, il en a rêvé mais la maladie lui a joué de mauvais tours et ce week-end au bord de mer a failli ne pas arriver. Mais voilà, Harry s'est accroché de toutes ses forces à son rêve et il n'est plus qu'à quelques minutes de faire connaissance avec l'immensité de l'océan.
Sans vraiment savoir pourquoi, j'angoisse pour lui, comme si c'était moi qui n'avait jamais vu l'océan. Une part de moi a peur que Harry n'ait pas la réaction que je me suis imaginée des centaines de fois dans ma tête. J'ai peur qu'il soit déçu et qu'il ne trouve pas ça aussi beau que dans ses rêves et qu'il regrette d'avoir fait tout ce chemin pour rien. En fait, j'ai peur de tout un tas de choses, mais pour le moment il est dans mes bras, alors c'est tout ce qui compte.
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A drop in the ocean
Fanfiction"Tout s'est arrêté. Comme si le temps avait été mis en suspend et qu'il n'existait plus. Un clignement de paupières où tout devient noir, et que la lumière ne revient plus. Juste le calme en plein milieu du chaos avant que la tempête n'explose et la...
