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Je restai seul face à la mer, regardant le soleil décembre doucement. Une nuit d'hiver qui tombait tôt et faisait tomber un froid qui me prit jusqu'aux os.

Une nuit d'été sur cette même plage. Des semaines qu'il me parlait de Lola par messages. Il n'était pas venu avec moi en vacances. Je lui avais demandé une fois, deux fois, puis j'avais abandonné. Lassé. Triste. J'avais ramassé mon cœur en miette devant les photos qu'il m'envoyait, je l'avais traîné sur la plage, l'âme en peine.

J'étais tombé sur un groupe de jeunes qui faisaient une soirée sur la plage, qui m'avaient accueilli à bras ouverts entre deux bières. Il y avait eu cette jolie brune qui m'avait jeté des regards toute la nuit.

J'aurais voulu vomir tout le long. Elle avait caressé mon torse alors que je fermais les yeux sur son visage. Je me souvins longtemps du bruit de ma boucle de ceinture qu'elle ouvrit précieusement en soupirant langoureusement. C'était sa première fois, elle me l'avait soufflé à l'oreille. Elle me trouvait beau. Je n'avais rien pu répondre, mon cerveau se refusant à décrocher le moindre mot. Je l'avais laissé faire, cachés à peine entre deux cabines de plage, l'endroit désert. Le moment m'avait paru si long, je n'arrivais pas à me sentir excité, je n'arrivais pas à finir, je ne pouvais pas penser à elle. Je me souvenais si bien, du vent froid qui nous cinglait les côtes, et puis j'avais aperçu dans le ciel une étoile qui brillait plus qu'une autre. Je l'avais fixé et j'avais pensé à quelqu'un d'autre qu'elle. Je me suis excusé en partant.

Il m'avait fallu le premier garçon pour comprendre. Pour ouvrir les yeux quand mon pantalon tomba sur mes chevilles. Pour apprécier toucher un autre corps que le mien. Pour comprendre. Pour soupirer son prénom à lui à l'oreille d'un autre. Un autre qui avait accepté, s'était docilement laissé faire, m'avait offert son corps alors que je le nommais par le prénom d'un autre.

Je n'avais plus touché personne pendant longtemps. Par peur de penser à lui, de ne pouvoir le regarder en face le lendemain. Parce que je ne désirais que lui et il m'était intolérable d'imaginer en avoir un autre. J'avais préféré la solitude au mensonge. Il avait préféré le mensonge à la solitude. 

Le dernier arrêtWhere stories live. Discover now