Chapitre 14

17 1 0
                                    

-Emrick! Hurlais-je.

-Anthéa!

-Sauve Stéph! Hurlais-je à pleins poumons dans l'espoir qu'il m'entende.

Je venais d'atterrir sur un objet dur. Je regardais autour de moi, j'étais dans le bateau avec lequel on était arrivé. Charybde venait de recracher l'eau, j'avais eu de la chance, je n'avais pas fini en tartare de déesse. Le bateau s'éloignait dans la direction inverse de Charybde et  Scylla. Emrick se posa sur le bateau et accourra pour me serrer contre lui.

-J'ai eu si peur...

-Moi aussi... Répondis-je entre deux souffles avant de fondre en larmes. Je suis en vie...

**

Nous dérivâmes durant de longues heures, le soleil se levait avec lenteur. Le détroit de Messine et ses montres étaient passés. Nous pouvions souffler quelques heures avant de devoir rencontrer Circé la sorcière. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Allait-elle nous sauter à la gorge comme l'avaient fait Charybde et Scylla.

Au loin, une île verdoyante faisait son apparition parmi les vagues. J'avais beau être une catastrophe en histoire géographique, je n'avais jamais rien vu de tel. C'était le paradis. Un charme devait camoufler aux yeux des mortels la beauté de ce lieu. Le sable blanc recouvrait l'île et les arbres fleuris créait un chemin vers un palais de pierres.

Notre navire s'échoua sur la plage. Excitée de vite terminer, je sautais hors du bateau, les pieds s'enfonçant légèrement dans le sable.

-Anthéa, Circé est une sorcière vicieuse... Nous devons faire attention. Déclara Emrick en descendant lui aussi de notre embarcation qui était quelque peu abîmée par le voyage.

-Nous devons juste récupérer l'épée et après nous rentrons à New York. Annonçais-je en commençant à m'avancer vers le palais situé en plein milieu d'une clairière.

Emrick sur les talons, nous gravissions la colline. On entendait partout des bruits de pas et des hurlements de loups. Essoufflée, je me postais au milieu de la clairière, nez à nez avec la grande porte en bois et en fer forgé.

-Anthéa! Attention! Hurla une voix derrière moi.

Je fis volte face et vis un immense lion dans les airs. Il venait de bondir pour faire de moi sa proie. Sans que je ne puisse réfléchir à quoi que ce soit, mes pouvoirs se déchaînèrent, créant d'immenses ronces qui l'empalèrent. Le souffle coupé et erratique, j'observais l'animal qui se débattait pour ne pas mourir. Je réprimais un haut de cœur et réalisant ce que je venais de faire.

La porte claqua derrière moi, une voix stridente me perça les tympans.

-Je vous autorise à venir sur mon île, mais vous osez tuer mes animaux?!

-Je ne l'ai jamais voulu... Je vous le jure...

-Vous ne contrôlez pas vos pouvoirs. Je peux le sentir à des kilomètres à la ronde. Tonna la femme.

Je me retournais pour savoir avec qui j'avais affaire. Circé était d'une beauté ensorcelante et singulière. Sa peau était mate et ses longs cheveux bouclés retombaient en cascade au niveau de ses reins. Ses pupilles ressemblaient à deux billes d'or, mais un détail attira mon attention, ses pupilles étaient fendues comme celles d'un chat. Jamais je n'avais lu dans les livres d'histoires qu'elle était un chat. Sa peau était marbrée de tatouages et de vitiligo. Circé était vraiment impressionnante.

-Puisque tu lis en moi comme dans un livre ouvert.. Tu dois savoir pourquoi nous sommes là.

-Il est vrai. Me répondit-elle en me toisant du regard.

-Nous avons traversé le détroit de Messine... Mais surtout nous avons survécu à l'attaque de Charybde et Scylla!

-Peu de monde réussit cet exploit. Je n'ai connu qu'un homme dans ma vie qui a pu réussir cela.

-Ulysse? Demandais-je dubitative.

Je me remémorais mes cours de français au collège, nous avions étudié l'Odyssée. C'était peut-être pour cela que c'est à ça que je pensais en face d'elle. L'une des nombreuses amantes d'Ulysse. Dans les textes Pénélope l'avait attendu avec ferveur, refusant les mariages arrangés qui lui aurait pris le trône. 

-Bien sûr que oui ! Cet homme à ensuite préféré repartir vers sa traînée que de rester avec moi !

-Je pensais que c'était une légende...

-Tu es bien sotte pour une déesse.

-Et vous bien arrogante pour une sorcière. Pestais-je en m'approchant d'elle.

-Apprends à tenir ta langue petite. Grogna la sorcière à l'allure féline.

Nous étions face à face, prêtes à nous crêper le chignon. Circé ne me semblait pas être une menace quand je la voyais comme cela. Je replaçais correctement ma veste en cuir que je ne quittais jamais et m'approchai d'elle.

-Vois-tu Circé. Je t'appelle par ton prénom, j'espère que cela ne te dérange pas. Je suis assez pressée. J'ai besoin que tu me dises où tu as caché l'épée de Damoclès. Pour qu'après je puisse quitter ta foutue île et que je puisse aller aider mon amie.

-Vous les dieux êtes bien trop impatients. Vous avez le pouvoir donc vous vous dites que le monde vous appartient. Je ne t'obéirais pas, petite déesse.

-Alors comment voulez vous que j'obtienne l'épée de Damoclès si vous vous opposez à m'aider? M'énervais-je.

-L'épée n'est pas faite pour être trouvée ! Et vous devriez le savoir reine des morts.

-Je m'en contre-fiche ! Il me la faut.

-Vous les dieux, vous n'en faites qu'à votre tête. Bien, mais il faudra réussir une épreuve avant.

-Tout ce que vous voulez !

-C'est à vos risques et périls.

Tout en disant ceci, un épais nuage verdâtre nous engloba, je suffoquais en sentais cette odeur mentholée qui s'insinuait dans mes poumons. Mon crâne brûlait. Il fallu plusieurs minutes pour que tout ceci disparaisse. Je vérifiais mes membres, ayant peur d'être transformée en un animal. J'avais toujours mes dix doigts et mes dix orteils. Je touchais mon corps pour être sûre qu'elle ne m'ait pas offert un troisième œil. Fausse alerte. Je pouvais respirer tranquillement.

Enfin, pas vraiment. J'entendis un bruit de groin de cochon. Elle ne pouvait pas faire ce à quoi je pensais. Dans mes souvenirs, on en avait croisé avant d'arriver, l'un d'eux avait dû s'échapper ? Lentement, je me retournais vers Emrick que je n'entendais plus parler et découvris mon meilleur ami changé en pachyderme. Ses vêtements en lambeaux autour de lui.

Le nouveau mythe : TOME 2 RenouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant