Chapitre 11

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HAYDEN, Brooklyn, mai 2019

 Je faisais les cent pas dans ma chambre, Paul grattait sa guitare en me jetant des coups d'oeil de temps en temps. Mon acolyte ne semblait pas affecté par la décision d'Anthea. Alors que dans mon cas, je me faisais un sang d'encre. Je savais qu'elle vouait une confiance aveugle à Emrick mais je ne pouvais pas me dire qu'elle était sur un autre continent loin de moi.

Dans mon esprit, je ne cessais de voir le moment où elle s'était éloignée de moi. Je ne savais pas durant combien de temps j'allais souffrir de la distance. J'avais sans cesse l'impression que je n'allais pas pouvoir la revoir. Elle me semblait disparaître comme la première fois où je l'avais perdu. Je ne pourrais pas le supporter une seconde fois si elle venait à mourir.

Ariane arriva dans la chambre comme un cheveux sur la soupe, elle était toujours aussi bien apprêtée. Ses cheveux blonds reflétaient le soleil qui passait à travers de la fenêtre. Elle s'était changée, elle avait troqué ses robes pour des baskets et un jogging noir. Même habillée comme cela, la déesse de la chasse était toujours une beauté qui faisait pâlir n'importe qui. Elle avait reçu un si grand nombre de déclaration. Elle en avait éconduit énormément. Je me souvenais du jour de la saint Valentin, son casier était rempli de lettres parfumées. On se serait dit dans les scènes des films romantiques clichés. Mais elle les avaient toutes mises à la poubelle en soupirant.

-Vous faites quoi à vous tourner les pouces? Demanda-t-elle en ôtant la guitare des mains de son frère. Anthéa compte sur nous.

-Tu as raison. Acquiesçais-je en finissant mon sac.

Paul poussa un soupir avant d'étendre ses longues jambes et de nous rejoindre. Il attrapa quelques vêtements et surtout ses clés de sa voiture décapotable. Il ne partait jamais sans prendre avec lui sa fameuse voiture. L'Apollon moderne ne trainait plus sa lyre partout avec lui mais prenait sa voiture décapotable. On pourrait croire que sa décapotable était sa petite amie tellement elle comptait pour lui. En y pensant sérieusement, je n'avais jamais vu Paul avec une fille. Ce que disaient les manuels scolaires étaient totalement faux. Paul ne courrait pas après les filles. C'était l'inverse et il les repoussaient à chaque fois. Il y a des moments où je me demandais s'il ne préférait pas les hommes.

-Vous savez qui nous devrions aller voir en premier? Questionna Ariane en sortant du couloir.

-Je suppose que Déméter voudrait être mise au courant qu'Anthea risque sa vie pour une mortelle. Répondis-je en me mordant la lèvre inférieur.

Je n'étais pas d'un tempérament anxieux mais Anthéa me changeait. Pour le meilleur ou pour le pire.

-Nous ne pouvons pas oublier qu'elle fait partie de leurs monde. Elle n'est pas une déesse à part entière. Elle a toujours vécue dans l'ignorance. C'est sa place. Murmura Ariane qui nous accompagnait jusqu'à la voiture.

-Je sais bien tout cela. Il m'arrive parfois de l'oublier quand je vois les prouesses qu'elle exécute! Si tu la voyais manier ses éléments, tu ne te dirais pas qu'il s'agit d'une déesse dans le corps d'une mortelle. Elle semble aussi divine que nous.

-Mais elle est fragile! Elle est mortelle. Pesta Ariane avant de s'asseoir sur le siège passager à côté de son frère. J'étais donc obligé de m'assoir derrière.

Paul n'avait pas décroché un mot. Ce qui été rare pour un dieu aussi bavard que lui. Il était une véritable pipelette en générale. La voiture quitta la place de parking, comme l'avait fait celle d'Anthea quelques jours auparavant. Nous allions rejoindre les îles Sangri, là où se trouvait la demeure de Déméter. Après tout, Anthéa était en quelque sorte sa fille.

Personne n'osait dire un mot, seule la radio dévoilait de nouveaux titres. Je doutais un peu de l'accueil que nous allions recevoir. J'étais persuadé qu'elle me ferait des remontrances avant de paniquer.

La voiture passa le pont de Brooklyn, même si la vue était à couper le souffle, aucun de nous n'avait à coeur de faire du tourisme. Je me flagellais moi même imaginant toutes les morts qui pouvaient arrivées.


***

Après avoir téléporté la voiture sur les îles grecques où vivait ma belle-mère, nous attendîmes quelques temps près de la barrière magique. Des visiteurs se pressaient dans les allées du temples, en profitant pour vérifier chaque recoins. Nous ne pouvions pas ouvrir une brèche spatio-temporelle devant eux.

Il fallu plus d'une heure pour que le lieu soit totalement vidé, les portes étaient fermées et personne n'avait l'autorisation d'entrer dans ce lieu touristique rempli d'histoire et de magie. Mais, personne ne pouvait empêcher un dieu d'obtenir ce qu'il souhaitait.

Le plus cocasse dans notre situation était que nous étions trois dieux Olympiens en train d'escalader une barrière en fer comme de vulgaires voyous. Si nous osions utiliser la magie, de nombreuses créatures risqueraient d'approcher. Nous ne pouvions pas courir le risque de dire à Zeus que nous étions avec Déméter. Il risquait de fabuler et de se dire que nous étions en train de préparer une attaque. Ce qui n'était pas faux.

Ariane et Paul furent les premiers qui eurent finis de descendre de la barrière quand une lumière aveuglante se braqua sur moi. Je compris que nous n'avions pas attendus assez longtemps et qu'il y avait encore le gardien du lieu. Si j'avais su que en décidant de vivre comme un mortel j'allais vivre une situation aussi grotesque que celle ci. Alors jamais je n'aurais fait ce choix, ou différemment.

-Merde ! M'esclamais-je agacé .

J'enjambais la rambarde avec rapidité, manquant de déchirer mon jean sur les barreaux, et couru.

-Arrêtez-vous ! Vandales ! Hurlait-il en grec alors que nous nous échappions le plus vite possible.

Il n'avait pas eu le temps de nous suivre, il avait ouvert bien trop consciencieusement la barrière. Nous avions eu l'occasion de trouver un petit coin camoufler avant de pénétrer dans la brèche temporelle du monde de Déméter. 

Le nouveau mythe : TOME 2 RenouveauΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα