Les Yeux des Démons

Chapitre 1 - La solitude

- Amitié… Confiance… Aide… Amour… 

Ces mots n'ont aucun sens pour moi. Je suis né à partir du sentiment de ces mots mais je ne les comprends pas. Mes parents sont morts peu après ma naissance. Je ne sais rien d'eux. J'ai ainsi été laissé dans cette famille maudite. Il y a cette femme qui adore me battre chaque soir quand je rentre de ce maudit lycée, dans cette maudite tenue obligatoire. Il y a aussi cet homme qui ne m'adresse pas le moindre regard et cette fille qui me prend de haut à longueur de journée. Tous les trois, ils me méprisent et ne cessent de me traiter de démon. Tout ça à cause de mes véritables yeux. Ahh… Je l'entend. Elle vient encore dans ma chambre. Elle va encore se vanter devant moi… cette fille… Hazuka… 

Une fille entra dans la chambre presque entièrement vide. Il n'y avait qu'un simple bureau et un lit. La fille qui venait d'entrer avait encore son uniforme de lycée et son sac à dos. Elle avait des cheveux châtains attachés en queue de cheval. 

- Eh ! Tiens !

Hazuka lança une simple tartine vers la fille sur le lit.

- C'est ton repas pour ce soir… Alors… on dit pas merci ?

Hazuka attrapa la fille à la gorge d'une seule main puis elle serra de toutes ses forces dessus. La jeune fille avait très rapidement du mal à respirer mais elle n'arrivait pas à se défendre. Son corps était très faible. Cela était dû à la sous-alimentation que sa famille adoptive lui faisait subir. La jeune fille essayait avec le plus grand mal de dire quelque chose tandis que Hazuka serra encore plus fort sur son cou. 

- Mer… Mer…ci… 

Hazuka relâcha d'un coup la pression sur son cou et pinça la joue de la fille puis elle lui donna une énorme claque avant de s'en aller.

- Je préfère ça ! 

Hazuka claqua violemment la porte de sa chambre en partant. La jeune fille aux longs cheveux rouge sang était enfin seule ce soir. 

- Et voilà… Une journée qui se termine comme toutes les autres. Voilà ce que je vis depuis 17 ans. Demain, j'aurais 18 ans et je sais ce qu'il se passera. Je serais mise à la rue le jour d'après. Laissée à mon propre destin, seule dans ce monde cruel. 

La jeune fille désespérée mangea sa tartine en silence puis éteignit la lumière de sa chambre et se plongea dans un prochain sommeil.

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Un nouveau jour se leva. La jeune fille se réveilla en toussant violemment. Les coups répétaient qu'elle subissait et le peu de nourriture qu'elle recevait avait atrocement affecté son corps. Elle n'était presque qu'un squelette à peine vivant. Elle avait beaucoup de mal à respirer et cela lui occasionnait une intense douleur aux poumons. 

- Allez. Ma dernière journée. Demain je serais banni à jamais de cette maison. Comme d'habitude je me préparais dans ma chambre puis je descendais les escaliers. Je recevais de nombreuses gifles de la femme qui m'avait adopté et son mari ne m'adressait toujours aucun regard. Hazuka me poussait violemment quand je passait le pas de la porte et ayant un faible corps, je tombais à la renverse à chaque fois. Elle riait encore et encore puis elle fonça jusqu'au lycée sans m'attendre car elle aurait honte d'être vue avec moi. Je réajustait ma jupe noire et mon tee-shirt blanc puis je me remettait en route vers le lycée. J'arrivais au lycée et ici aussi c'était la même histoire. Les garçons me traitaient de monstre. Les filles aussi… Les professeurs me demandaient de rester dans le fond de la classe pour que je ne dérange personne. Et enfin la pause arriva. C'est le seul moment que j'avais à l'école pour être seule. Je restais dans mon coin, assise par terre. Les autres ne m'approchaient pas et je préférais qu'ils ne le fassent pas. Je me plongeais dans mes devoirs. J'étais une fannatique des études et j'étais toujours la première de ma classe. Malgré cela, les professeurs ne m'autorisaient jamais à lever la main pour répondre ou poser des questions. Je devais me contenter d'écouter et de me taire. Mmh… Quelle est cette sensation ? Si, je la connais. Cette sensation d'être observé, jugé pour quelque chose qu'on est pas. Encore… encore mes yeux ? Qu'ont-ils d'aussi terrifiant pour justifier votre jugement sur moi ? On est pas dans un roman fantastique ! Je suis normale ! Alors pourquoi ?!! 
Qui ?!! Qui me regarde ? Elle ? À l'autre bout de la cour… Elle m'observe ? Alors qu'elle a tout un tas d'amis autour d'elle ? Pourquoi ? Que me veut-elle ? 

Alors que la jeune fille l'a regardait, la personne qui l'observait s'avança vers elle d'un pas lent. Elle avait de longs cheveux bleus et un petit sourire charmeur. Elle arriva devant la jeune fille et l'observa un instant.

- Tu me veux quoi ! Tu veux m'humilier devant tout le monde ?!! Vas-y ! Fais toi plaisir ! 

La jeune fille avait le regard baissé. Elle cachait son regard noir à celle qui l'a fixait.

- Joyeux anniversaire, Mizune. 

La jeune fille qui s'appelait Mizune leva d'un coup la tête, prise totalement par la surprise. Elle ne put s'empêcher de laisser couler ses larmes le long de ses joues. Le groupe de la fille aux cheveux bleus arriva vers elle. L'une d'elle l'interpella.

- Eh, Chizune ! Pourquoi tu parles à un démon comme elle ? Viens, on va taquiner les garçons. 

- D'accord, je vous suis ! 

La fille qui s'appelait Chizune jeta un dernier regard sur Mizune. Elle se retourna tout en lâchant un papier replié sur lui-même puis elle partit. Mizune ramassa discrètement le papier et le cacha dans son sac. La journée se termina et Mizune était sur le chemin du retour. Hazuka était déjà rentré à l'heure qu'il est. Mizune s'arrêta à mi-chemin. Elle sortit le papier de son sac puis le déplia. 

"Viens me trouver à cette adresse cette nuit."

Tels étaient les seuls mots qu'il y avait d'écrit avec une adresse indiquait en dessous de ce message. Mizune reprit alors sa route et arriva chez elle.

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- Ma dernière heure ici touche enfin à sa fin. Dans quelques secondes, il sera minuit. Je n'ai que cette adresse. C'est le seul endroit où je peux aller. Mais que vais-je y trouver ? Et si c'était un piège ? Et si on voulait que j'y aille pour que l'on puisse me faire la plus grosse farce de mon existence ? Mais au fond… Est-ce que je m'en soucie ? On m'a réprimé tant de fois que c'en est devenue une habitude pour moi. Quand je sortirais je n'aurais qu'à aller voir par moi-même. Ce sera peut-être le coup de grâce que ces gens attendent de m'asséner. La farce suprême qui me détruira totalement. Mmh ? Ah je vois. Ça y est… Il est minuit. Je l'entend déjà monter.

La mère adoptive entra d'un coup sec dans la chambre avec le père et la fille derrière.

- Prends tes affaires, démon. Et sort de chez moi sur le champ.

- Je faisais ça en vitesse. Je voulais à tout prix m'en aller. Je mettais mon uniforme dans mon sac et mes livres également. C'étaient les seules choses qui comptaient pour moi dans cette pièce. Je sortit rapidement et voyait ma mère adoptive me claquer la porte lorsque je me retournai. Je me dirigeais ensuite vers l'adresse que Chizune m'avait donnée. J'arrivais enfin devant la porte de cette maison. Je toquais trois fois à la porte et une jeune fille aux cheveux bleus m'ouvrit la porte. Elle me sourit lorsqu'elle me regardait.

- Ah te voilà ! Bienvenue chez toi ! Oh et une nouvelle fois… Joyeux anniversaire, Mizune !