Piégée par la nerd [terminé]

Chapitre 9 - Au bout du fil

Je saluai la marmaille de loin – « Salut Ambre ! Joyeux Noël ! Tu as vu mon nouveau jouet ?! Vrrrroum ! » – avant de rejoindre les adultes, réunis autour d'une table de petit déjeuner richement pourvue.

« Bonjour ma chérie, fit ma mère en m'embrassant. Tu as passé une bonne nuit ?

– Délicieuse, même si j'aurais bien fait la grasse matinée, fis-je joyeusement. Est-ce que je suis la dernière à me lever ?

– Oh non, Édouard roupille encore comme une bûche, rit mon grand-père. Il n'a pas l'air bien dérangé par les cris des enfants, lui. »

Je ravalai un éclat de rire, tout en me servant une tasse de café. Édouard avait passé une partie de la nuit au téléphone avec Marika – je n'étais pas étonnée qu'il ait du mal à se lever. Et en même temps, j'enviais sa résistance au bruit.

La conversation reprit tranquillement, et j'en profitais pour prendre une photo de la table. Elle était ornée de deux énormes bouquets, faits de branches de sapin et de rubans dorés, et elle débordait littéralement de victuailles. Le tout était dominé par deux panettones qui trônaient sur leurs plateaux surélevés. C'était la table de Noël idéale, parfaitement à l'image du reste du chalet – comme chaque année, l'intégralité des pièces avait été savamment décoré par ma grand-mère, et le résultat était époustouflant.

« Qu'est-ce que tu fais, Ambre ? Me demanda gentiment mon oncle.

– Je prends des photos pour mon prochain post Instagram, dis-je en lui montrant l'écran de mon téléphone. Dis-moi laquelle tu préfères ! »

Il rit en mettant ses lunettes pour faire défiler les photos.

« La dernière est pas mal, dit-il finalement. Mais tu vas juste montrer ton petit déjeuner ?

– Non, il y a aussi une photo du sapin, et une de la façade du chalet.

– Ah, oui, on voit bien les décorations du perron, et... ah, quelqu'un t'appelle ! »

Je récupérai mon téléphone, surprise. Qui pouvait bien me téléphoner un 25 au matin ? D'habitude, le jour de Noël, tout le monde était occupé en famille.

Ma gorge s'assécha à la seconde où je posai les yeux sur l'écran.

C'était Cassy.

Mon doigt trembla légèrement tandis que je décrochais. J'espérais qu'elle n'appelait pas juste pour me dire de la laisser tranquille.

Je regrettais encore d'avoir écouté Éva. J'avais bien essayé de « courir après Cassy », comme elle me l'avait suggéré, mais ça n'avait pas donné les résultats escomptés. Je craignais vaguement d'avoir dépassé les limites de l'acceptable.

« Allô ? Fis-je d'une voix hésitante, tout en m'éloignant de la table.

– Joyeux Noël, Ambre. Tu vas bien ? »

Je déglutis, tentant de reprendre mes esprits. Si elle avait voulu m'engueuler, Cassy n'aurait pas perdu de temps avec les politesses.

« Euh, oui, je vais bien, fis-je prudemment. Joyeux Noël à toi aussi.

– Merci. »

Un silence gênant menaçait de s'installer, si je ne trouvais pas rapidement quelque chose à ajouter.

« Tu as reçu mon e-mail ?

– Oui, j'ai bien reçu tous tes mails, dit Cassy d'une voix amusée. Ainsi que les deux bouquets de fleurs, et les chocolats – ils étaient très bons, d'ailleurs. »