Chapter 2

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Après ce qu'il s'est passé, il m'a fallu un petit temps d'adaptation avant de redevenir moi-même. Ces crises sont de plus en plus violentes et je ne les gère pas du tout. J'ai l'impression que personne ne me comprendrait. Les gens diraient que je suis folle. En même temps, qui pourrait comprendre ce qu'il m'est arrivé ? Qui réussirait à se mettre à ma place ?

C'était un accident, Sky. Ce n'est pas ta faute.

C'est ce que je me répète dans ma tête. Mais qui me croirait ?

Les cours de la journée sont finis. Comme prévu par la bande, nous allons chez leur fameux ami. Derek. Nous sommes devant sa somptueuse maison. Je pèse mes mots avec pas mal de sarcasme. Sa demeure est un loft au style industriel. Nous patientons depuis une dizaine de minutes que ledit Derek daigne ouvrir sa porte d'entrée pleine d'oxydation.

Scott tape, une nouvelle fois, à la porte. Un raillerie roque se fait entendre, puis, un bruit assourdissant retentit. Ce son strident me pousse automatiquement à plaquer mes mains sur mes tympans. Scott et Malia  me suivent dans mon mouvement intempestif. Leur gentil ami ferait mieux d'huiler sa porte, histoire d'éviter les ultrasons pour quelques temps.

J'entends quelqu'un soupirer désagréablement. La même voix que le ronflement grave. Un grand brun apparaît à l'embrasure de la porte : Derek. Il fait un signe de tête dégouté pour nous dire d'entrer.

Nous pénétrons dans sa maison. Contrairement à l'extérieur plutôt repoussant, l'intérieur est vaste et lumineux. Bizarrement, seulement quelques meubles sont placés dans la pièce principale, comme si personne n'habitait ici depuis longtemps.

Le groupe s'assoit autour d'une petite table basse en bois lourd. Je décide de les suivre, timidement. Derek me dévisage et dit d'un ton mauvais :

— Quelqu'un m'explique qui c'est, elle ?

Scott le regarde, lève les yeux au ciel et répond, calmement.

— Elle s'appelle Sky, c'est une nouvelle au bahut. Elle est super sympa. On lui a proposé de venir, pour qu'elle découvre la ville, le monde.

Derek me regarde et dit d'un ton cassant visant à me blesser :

—  Non mais j'hallucine ? Est-ce que tu sens, Scott ?

Scott me regarde, baisse les yeux et acquiesce.

Je les regarde, ahurie. Ils parlent de moi là ? Qu'ai-je fait de mal ? Soudain, avant que je puisse avoir le temps de réfléchir plus longtemps, Derek me sort de mes pensées en m'attrapant par le cou. Il serre violemment, je sens des ecchymoses se former au creux de ses doigts. Il me soulève comme si je ne pesais pas plus lourd qu'une plume et me plaque contre le mur, appuyant sur ma gorge. La paume de sa main me rentre dans la trachée et me fait terriblement mal. Il me crie, soudainement :

— De quelle espèce es-tu ?

Je le regarde. Mes yeux scrutent le vert des siens. Son regard est froid, sans éclat. Je le fixe, sans répondre, non pas par volonté mais parce que mon cerveau peine à suivre le rythme des événements.

— Réponds-moi ! Vocifère-t-il.

J'arrive à articuler timidement un semblant de phrase.

— Mais... De quoi est-ce que tu me parles ...?

J'essaye de garder mon calme pour éviter une nouvelle crise de panique. Malgré toute ma volonté, je sens mes pupilles frétiller et mes artères se dilater. La colère qu'il est en train de provoquer chez moi va finir par éclater. Je n'arrive pas à me contrôler, il faut qu'il cesse pour son bien, le bien de tous.

— Je... arrêt-

Ce que je souhaitais éviter arriva.

Ces sensations que j'avais réussi à enfouir en moi plus tôt dans la matinée reviennent avec plus de force. Une envie irrépressible de violence, de douleur, de sang, de meurtre. Mes gencives commencent à devenir sensibles, tout comme le bout de mes doigts. Je sens mes canines qui se débattent, mes ongles qui s'aiguisent et mes yeux qui me brûlent. Mes iris virent au lavande.

C'est trop tard.

Bien trop tard.

La transformation est finie. Je ne peux plus retenir ce besoin irrépressible. Je grogne toute ma douleur sur Derek et envoie un coup de main involontaire pour me défendre.

J'envoie mon agresseur contre le béton froid de son appartement. J'entends son corps résonner contre la paroi. Ses membres vibrent simultanément avec le mur en plâtre. Sa tempe est ensanglantée. Il ronfle avec vigueur comme un tigre en colère. Il se relève avec une facilité bien trop importe et riposte quasi-instantanément. Il me lacère le dos à l'aide de ses griffes. J'étouffe un cri de douleur. Mais ce supplice n'est rien à côté de ma colère qui ne cesse d'augmenter. Rien ne va plus. Je suis incontrôlable. Dans un dernier élan de vigueur, je m'approche de lui avec une fluidité déconcertante et cogne son visage à l'aide de mon front. Il recule de quelques pas, sonné.

Je me redresse. Les quelques secondes de latence nous permettent de nous ressaisir. Derek époussette son pantalon noir et remue ses articulations. Je me calme, peu à peu, malgré les événements. Je grimace et couine discrètement de douleur. Le fameux Derek ne m'a pas loupée. Je réalise progressivement ce qu'il vient de se passer. Je sens de plus en plus le regard accusateur de mes nouveaux amis. Je n'arrive plus à les regarder en face. Personne ne parle pendant un instant qui semble durer une infinité. Derek finit par briser la glace, le ton neutre :

— Je sais pas qui t'es, mais t'es clairement pas commune, toi.

Je serre la mâchoire, toujours honteuse de mes actes. J'ai peur. Je suis effrayée par ce que je suis devenue.

— Je ... arrive-je à articuler.

— Euh, quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il vient de se passe ? Questionne Scott, interloqué.




Je viens de fêter mes quinze ans.

Je vis dans la plus belle ville des États-Unis : Chicago.

Ma vie est plutôt idyllique. J'ai la chance d'avoir  mon père, ma mère, un mariage heureux et aimant. J'ai aussi mon frère Tobias. C'est mon double, mon ombre, on fait les quatre-cent coups ensemble.

J'ai gardé précieusement tous mes souvenirs passés avec eux mais celui-là tient, malheureusement, une place particulière dans mon cœur. Une soirée d'automne, mon jumeau et moi courant innocemment dans l'herbe jaunie, la sensation de mes cheveux blonds flottant dans la brise, le sourire mutin de mon frère, le bonheur sur le visage de ma tante Paige.

Je me souviens encore d'être montée dans la voiture, d'avoir respiré l'odeur de vanille de ma mère et d'avoir esquissé ce fidèle rictus à mon père.

Ce merveilleux souvenir est bel et bien le dernier que je garderais de cette affreuse journée.




Derek

Qui est cette femme ?

Un pouvoir d'une grande puissance émane d'elle. En est-elle sincèrement consciente ? C'est la première fois que je vois des yeux de cette couleur. Elle était envoûtante : un violet profond, froid. Ses prunelles semblaient contenir une triste immense et une force inconnue. Est-elle un loup-garou ? Son odeur s'y rapproche mais je n'ai jamais aperçu ce genre d'iris.

Une grande inquiétude est le premier ressentiment qui m'a parcouru. Un être ne maîtrisant pas ses pouvoirs est dangereux mais quand les pouvoirs sont aussi rares, cela ne présage jamais rien de bon. Nous devons contacter le docteur Deaton. Seul lui pourra apporter des réponses à nos questions.

New Life - Teen Wolf(Terminée) [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant