Chapitre 1 : Routine

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— Lenny, tu vas être en retard.

L'intéressé grogna, couvrant sa tête avec son oreiller.

— Allez, c'est vendredi ! Le week-end est presque là ! insista le propriétaire du lit dans lequel il se trouvait.

Justement.

— Je déteste le week-end.

La silence retomba, mais Léonard entendit les draps remuer, avant de sentir une main parcourir son dos nu

— Tu sais, ma proposition tient toujours.

L'homme aux yeux bleus poussa un soupir, se retournant finalement vers l'homme aux yeux noirs dans le lit duquel il se retrouvait plus ou moins régulièrement.

— Asuka... Je t'ai déjà dit que je ne pouvais pas...

— Tu ne peux pas, ou tu ne veux pas ?

Ni l'un, ni l'autre.

Léonard se détourna et se mit sur le dos, trouvant soudainement le plafond très intéressant. Il pensa à sa mère, il ne pouvait pas la laisser aux mains de son beau-père. C'était lui qui lui administrait son traitement, et cela ne l'étonnerait pas que le Duc oublie de le faire s'il quittait le manoir.

Le poing du trentenaire se serra de lui-même en pensant au monstre qui lui servait de beau-père, Bernard Hautfourd. Il le détestait, et il savait que c'était réciproque.

— Je vois, soupira le brun au crâne rasé, se redressant.

— Asuka... Je pensais que c'était clair entre nous-

— Je te propose juste un échappatoire permanent à l'enfer de ton foyer, pas de t'épouser, rétorqua l'autre. Tu devrais vraiment commencer à te préparer, tu vas être en retard.

Sans lui accorder un regard, le propriétaire du luxueux loft dans lequel Léonard venait de passer la nuit se leva et quitta la pièce. Le blond aux yeux bleus soupira, fixant encore le plafond pendant quelques instants, avant de se lever à son tour. En jetant un œil au réveil posé sur la table de nuit, il grimaça. En effet, il fallait qu'il se dépêche. Même si sa boss était sa meilleure amie, elle détestait les gens en retard, lui y compris.

Il fila dans la salle de bain adjacente à la chambre à coucher d'Asuka et ouvrit le robinet de la douche, sans même faire chauffer l'eau. Il avait appris à aimer les douches froides, dans tous les sens du terme.

Il ressortit de la cabine à peine cinq minutes plus tard et regarda son reflet dans le miroir qui n'avait pas eu le temps de s'embuer. Il avait des cernes, comme d'habitude, même s'il avait bien dormi. Personne n'était venu le réveiller aux aurores pour un problème futile comme une chaussette disparue ou une tâche n'étant pas totalement partie au lavage.

Ses demi-frères avaient respectivement trente-quatre et trente-deux ans, mais ils restaient des incapables. Cela faisait treize ans que Léonard avait le malheur de les connaître, et Anatole et Jacob continuaient de le traiter comme un moins que rien.

Si seulement Papa n'était pas mort.

Un accident de voiture et un délit de fuite. Les autorités n'avaient jamais retrouvé le ou les responsables de la mort de son père. Léonard avait faillit y passer lui aussi, assis sur le siège passager, mais il s'en était sorti avec seulement quelques égratignures, du moins sur le plan physique. Il lui arrivait encore de faire des cauchemars du soir de l'accident.

Après ça, la descente aux enfers avait commencé pour l'adolescent de quinze ans. Quinze ans. C'était l'âge qu'il avait à l'époque et le nombre d'années qui étaient passées depuis. Son père avait déjà raté la moitié de sa vie.

CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant