Austin: Même si on ne les voit pas, elles sont là.

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Le silence était de mise. Enfin, si on faisait abstraction des relents et de la musique Pookie qui donnait juste envie à Austin de se frapper la tête contre un mur. Il n'en pouvait plus de cette chanson.

Puis clairement, l'expression faciale de la brune à ses côtés n'arrangeait rien à l'ambiance déjà pesante.

Elle avait une gueule à faire peur. Il serait moins effrayé devant un gars avec un couteau rempli de sang que face à elle. Elle semblait, avec son regard vide et fixe, penser à une solution pour tuer toutes les personnes qui se trouvaient sur cette planète.

Lui, tapait frénétiquement du pied par impatience, mais aussi par anxiété. Cette image lui rappelait trop de souvenirs. S'il y avait bien une chose qu'il ne supporterait pas, c'est que Tim reproduise le même schéma que son paternel. D'ailleurs, il n'osait même pas imaginer l'état de sa mère en apprenant ça.

Cette expression qui montrait l'effondrement intérieur et qui ne pouvait pas être canalisée. Celle où on pouvait entendre le cœur fêler, comme s'il tombait par terre pour se briser en mille morceaux. Il le savait pertinemment qu'elle s'en voudrait de ne pas avoir pu les protéger, et qu'elle remettrait toute la faute sur elle.

Dans ces moments-là, il pouvait sentir sa poitrine se comprimer, comme si quelqu'un prenait un malin plaisir à le serrer de toutes ses forces. Elle avait toujours tout fait pour les défendre, lui et son frère. Elle travaillait d'arrache-pied pour qu'ils aient un toit sur la tête, à manger dans les assiettes, bien qu'une partie de l'argent disparaissait comme par magie. Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour savoir qui prenait le fric et ce qu'il en faisait. Elle venait souvent le soir pour leur raconter que, même quand on ne voyait pas les étoiles, elles nous percevaient et nous oubliaient pas. Qu'elles veillaient sur nous tant qu'on croyait en elle. En fait, Austin ne savait pas si elle tentait de les rassurer ou si c'était elle qu'elle essayait de consoler. Sûrement les deux, mais elle prenait la peine de le faire, et rien que pour l'enfant apeuré qu'il était, il ne pouvait que la remercier.

C'était un peu une super-héroïne sans cape qui n'avait jamais eu la reconnaissance qu'elle méritait.

Parfois, il aimerait lui déclarer tout ça. Il voudrait lui dire droit dans les yeux :

- Ce n'était pas ta faute si papa était malade. Il y a des choses qui sont hors de contrôle et celle-là en faisait partie. Et je ne pourrais jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fait pour Tim et moi.

Mais il ne le fera pas. Il laissera son désir de s'exprimer avec ses remords. Dans sa famille, on communiquait avec le regard et les petits gestes -sans importance d'un point de vue extérieur- pas avec les mots.

-Tu peux arrêter de faire le marteau-piqueur avec ton pied là. Tu es stressant !

Il se tourna et il se rendit compte que c'était la fille de tout à l'heure. Eh bien, elle était plus aimable quand elle ne parlait pas celle-là. Il stoppa tout de même le tapotement de son pied, il n'avait pas envie de se manger le rebord du lavabo en pleine face. Finalement, il préféra reporter son attention sur son frère à moitié avachi sur la cuvette.

Force est de constater qu'il buvait de plus en plus et à des doses surhumaines. Tim avait un souci. Plus besoin d'être dans le déni, ça commençait à être plus que flagrant.

Il savait qu'il allait devoir résoudre le problème de lui-même, et ça, sans d'aide extérieure.

Balcon d'AureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant