Меня это заебало

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Inna n'eut même pas le temps de se demander pourquoi son grand-père avait tellement eut besoin de la joindre : elle le rappela aussitôt, une boule d'angoisse au ventre. Les appels étaient vieux d'une demi-heure, mais le grand-père d'Inna devait être resté près de son téléphone, car il décrocha presque aussitôt.

"Grand-père! Qu'est-ce qu'il se passe, s'exclama Inna directement en russe.

-Ah, ma puce ! je me suis demandé pourquoi tu ne répondais pas.

-Et moi pourquoi tu avais appelé dix fois." répondit Inna, un peu sèchement.

Elle était inquiète, et son grand-père n'allait pas droit au but, ce qui l'agaçait. D'ordinaire, la kiné n'aurait jamais parlé ainsi à l'homme qui l'avait élevée, mais la fatigue et le stress avaient rendu sa voix coupante.

"C'est... C'est idiot, Inna.

-Ça a l'air important, donc idiot ou pas, explique-moi."

La voix de la jeune femme se radoucit alors qu'elle s'asseyait sur les marches qui menaient à la porte de l'hôtel. Les joueurs et le staff défilaient tous devant elle, et une nouvelle fois Inna bénit le fait que le russe ne soit pas une langue très parlée : elle appréciait de garder une intimité vis-à-vis du club.

"Bon. C'est débile, mais je regardais le match de ton club à la télé. Vers la fin, il y a eu un but de... Cavaldi?

Inna retint un petit rire avant de corriger "Cavani." L'uruguayen, qui sortait du bus juste à cet instant-là lui jeta un œil, avant de tracer sa route, et Inna haussa les épaules.

"Oui, Cavani. Je me suis dit que je pouvais aller tranquillement aux toilettes car le match était presque finit, mais il y a eut à nouveau du bruit, et quand j'ai voulu faire demi-tour, je suis tombé.

-Tu t'es fait mal ? s'inquiéta Inna.

-J'arrive pas à me relever." avoua enfin son grand-père.

Inna resta quelques secondes silencieuse, alors que Presnel et Julian, qui étaient les derniers à sortir du bus, passaient à côté d'elle, puis elle lâcha une longue série de toutes les injures russes qu'elle connaissait. Pendant son temps, son grand-père ne disait rien, attendant qu'elle se calme. Inna finit par reprendre d'un ton inquiet et contrarié :

"Et pourquoi c'est moi que tu as essayé d'appeler, et pas les pompiers? Je suis à Nîmes, ça doit être à quatre heures de Paris en voiture, et en plus je n'ai pas de voiture !!!

-Je ne sais pas, Inna. Pas la peine de t'énerver."

Ironiquement, ces derniers mots énervèrent encre plus Ina, qui se força à faire quelques inspirations profondes, et à réfléchir à ce qu'elle pourrait faire. Évidemment, pas grand-chose, depuis Nîmes.

"Bon, tu vas appeler les pompiers, et tu me redis après. Je vais essayer de trouver un moyen de rentrer.

-Je peux t'attendre jusqu'à demain, Inna.

-Rester par terre jusqu'à demain, dix-huit heure? Hors de question ! Tu appelles ces pompiers de merde, tout de suite!" finit-elle avant de raccrocher.

La jeune femme resta quelques secondes sur les marches de l'escalier, la tête dans les mains, à se maudire de ne pas avoir été assez prudente. Une personne âgée était fragile, et son grand-père avait quatre-vingt ans. Il avait pu chuter, se casser le col de fémur, ou pire, quelque chose dans le dos. Inna se sentait coupable de l'avoir laissé seul pour deux jours entiers : par chance il avait eut son portable à proximité, mais d'ordinaire le grand-père d'Inna ne l'avait jamais sur lui. Et qu'est ce qui lui serait arrivé s'il avai chuté juste après son départ, le vendredi matin, sans pouvoir prévenir personne ? Il serait sûrement mort de soif, et elle l'aurait trouvé là seulement le dimanche soir.

Work ~ KehrerWhere stories live. Discover now