Chapitre 11

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« Tu as froid ?

- Oui. L'air ne me fait pas seulement mal, il m'assèche, il me gèle. J'ai l'impression qu'il cherche à me détruire petit à petit. Exactement comme la rouille et le fer.

- Tu as un mental d'acier pour tenir alors, plaisanté-je »

Elle grelotte de plus belle.

« J'aimerais bien. J'aimerais être forte, et avoir moins d'orgueil pour me réconcilier avec mon père. J'aimerais être forte.... et lui cracher au visage ses quatre vérités. Et là maintenant, tout de suite, j'aimerais avoir un peu plus chaud. »

Et comme si les lieux reconnaissaient les désires d'Éliza comme des ordres, la porte murale au fond du bassin s'ouvre. Une lumière jaune clair provient de cette ouverture. Cette fameuse porte, celle que Shoujokaisou garde toujours fermée s'est enfin ouverte.

« Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle. »

Ses yeux sont fermés et elle grelotte toujours. Son bras, maintenant passé derrière ma nuque me sert plus fort qu'avant. Elle se colle un peu plus à moi pour récupérer ma chaleur. Je me sens comme un poule qui prend ses petits sous son aile....

« C'est ouvert. De nouveau.

-Ah.... forcement. Cela fait longtemps que je n'ai plus vu cette pièce.... Je voudrais y passer. Au moins une dernière fois.

- Tu veux que je te remette dans l'eau ?

- Non, je vais devoir en ressortir de toute façon. Je ne veux pas revivre cela encore une fois. Porte moi.

-Euh.... comme ça ? Jusqu'à la salle ? C'est plus long par le couloir tu sais.

-S'il te plaît.... »

Je descends les marches du bassin, une à une. Éliza est très longue, plus de deux mètres. Pourtant elle n'est pas lourde. J'entends sa longue traîne d'algue frotter contre le sol, tel une mariée. J'avance lentement pour éviter que l'escalier ne lui fasse mal. Pour l'instant, elle n'a pas l'air de s'en plaindre.

Ces couloirs ne m'avait jamais paru aussi long. Je regarde le sol et en arrière toutes les cinq secondes pour vérifier si tout va bien, jamais droit devant moi. Éliza semble endormie, mais je me doute bien que ce n'est pas de le cas. Chaque portes que je passe me paraît infranchissable. Je devais réfléchir à ma position pour ne cogner aucun endroit de son corps d'enfant contre les encadrements. Sans parler du bruit de fond qui résonne dans mes oreilles et qui semble s'intensifier à chacun de mes pas.

À l'instant où je me tiens enfin devant la dernière porte à franchir, un profond sentiment d'accomplissement émane de mon être. Même si au fond, j'aurais aimé que cette traversé soit plus longue pour pouvoir porter à la manière d'une princesse celle que je considère comme ma fille un peu plus longtemps. Je franchis cette porte non sans peine comme les précédentes et contemple l'atmosphère apaisante de cette salle en marchant. Éliza ouvre les yeux. Elle contemple à son tour les murs indiscernables, les plages minuscules, la végétation, les mouvements de l'eau, la table blanche et les chaises, avec un regard fatigué. Elle huma l'air et senti ses odeurs enivrantes et apaisantes. Elle ne sourit pas. Elle dit simplement : « すばらしい.... きれいだったね。でも、今もすごいです。

-Qu'est-ce que tu dis ? »

Elle tourne la tête en direction de la mienne. Je contemple son visage. Il n'a pas changé : je vois le visage d'une enfant, un visage beau, aux traits arrondis avec de petites points verts comme des taches de rousseur. Un visage magnifique même malgré sa déformation. Un côté de sa mâchoire n'a pas grandi à la même vitesse que le reste, il est resté enfoncé. Ça lui donne un petit air fragile et adorable. Pourtant, je n'ai plus l'impression de parler à une jeune enfant. Elle a grandi, mûri. Elle me fait plus penser à une grand-mère qui aurait déjà vécu beaucoup d'événements tragiques.

Les algues vertes - 少女海草Où les histoires vivent. Découvrez maintenant