Chapitre 9

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Je ressemble à un enfant puni qui se demande ce qu'il a fait de mal et comment il peut se racheter. Remarquant ma mine dépitée, mon patron me tend son verre en disant :

« Vous en voulez ? »

Je jette un œil vers le liquide, la couleur violette ne me met pas en confiance....

« C'est douloureux quand ça coule dans la gorge, ça rappelle à quel point vous êtes vivant et potentiellement cible des souffrances que la vie réserve.

-.... qu'est-ce que c'est....

- Ah non. C'est vrai, vous n'en avez jamais bu. Ça vous tuerait ou du moins ça ne vous laisserait pas indemne.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Du poison, dilué, avec d'autres urticants.

- Et le résultat possède vraiment cette couleur ?

- Très observateur comme toujours, dit-il en tapotant sa poche de veston ! Eh bien pas du tout. C'est un colorant que je mets. Et pour quelle raison me direz-vous.

- Sûrement.....

- Pour repousser les potentiels goutteurs. C'est du poison. Mon corps s'habitue à cette mixture alors je prends des doses de plus en plus fortes pour ressentir le même effet à chaque fois. Quelqu'un qui n'y est pas habitué mourrait sur le coup.

- Astucieux....

- Très astucieux ! Buvez, dit-il calmement en me tendant son verre une fois de plus.

- Pardon ?

- Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas fini et j'ai bien l'intention que vous entendiez la fin de mon discours. Buvez. »

Je prend le verre, le remue en fixant le liquide qui ondule en son fond puis boit d'un trait ce qu'il reste. Tel un médicament. L'homme me regarde avec un sourire malsain. Je n'ai rien ressenti, pas de douleur ni aucune sensation bizarre. C'est légèrement sucré et a un goût de cassis. je repose le verre sur la table.

« Alors ? demande-t-il. Vous comprenez maintenant ? »

Perplexe, je me lève de ma chaise et lui lance en m'en allant :

« Je n'en suis pas vraiment sûr. Mais si c'est une sorte de demande de votre part, alors je vais l'exécuter de ce pas.

- Un instant !

- Oui.

- Vous êtes vous déjà demandé pourquoi ma fille s'appelait Soujokaisou ?

- Non, je l'avoue, jamais. Je m'étais fait à l'idée que ce nom était le sien. Un nom un peu étrange, bien que sûrement commun dans la première langue que vous avez appris à votre fille, j'imagine.

- Menteur. Je suis persuadé que cette questions vous a tourmenté pendant longtemps.

- Vous me surestimez.

- Peut-être, mais je reste persuadé que vous êtes bien plus intelligent que vous ne le laissez paraître. Quoi qu'il en soit, Shoujokaisou n'est pas le prénom de ma fille. Je lui ai effectivement d'abord appris le japonais, mais Shoujokaisou est le surnom que le seul scientifique sur le projet qui parlait japonais a donné à ma Éliza. De plus, il s'est trompé, il a inversé les deux mots, kaisoushoujo serait le vrai terme. Mais j'ai décidé de le laisser dans le mauvais ordre. Ainsi, ça ne saute pas tout de suite aux yeux.

- Éliza ? Vous pensez qu'elle se souvient de ce nom ? Et qu'est-ce que veut dire kaisoushoujo au final ?

- Posez lui toutes vos questions directement, me nargue-t-il en se levant à son tour, il semble que vous avez beaucoup de temps pour discutez tout les deux ! Sur ce, je vous laisse, je ne sais pas si vous avez lu l'actualité dernièrement mais j'ai un programme TRÈS chargé aujourd'hui. Donc.... faites ce que vous avez à faire, au revoir.

- Bonne journée.

- Très drôle ! crie-t-il en s'en allant vers les portes du fond. »

Le verre est resté sur la table. J'hésite un instant à le balancer dans les bassins car toute cette histoire n'a plus aucun sens mais je me retiens, puis tourne enfin les talons. J'avais une princesse à questionner.... et ensuite une jeune enfant à libérer.

Les algues vertes - 少女海草Où les histoires vivent. Découvrez maintenant