Le monde gris

Retour Gris

Théo se réveille, à sa grande déception, il est toujours sur l'autre monde. Tendir est déjà levé, il l'invite à le rejoindre à la table pour prendre le repas. Tendir s'assoit sur le bord de la table et laisse l'unique tabouret à Théo. Il a préparé une sorte de bouillie qu'il présente à Théo dans un bol de terre cuite. Théo ne sait pas avec quoi il a préparé cette bouillie, mais c'est bon. Il lui semble qu'il y a dedans des céréales écrasées qui ont gonflées dans ce liquide qui ressemble un peu à du lait. Il a vu des animaux qui ressemblent à des vaches dans la grande plaine, peut-être est-il possible d'avoir du lait. Il faudra qu'il en parle avec Tendir lors de la prochaine séance de télépathie.

Une fois leur petit déjeuner pris, ils s'exercent à apprendre chacun des mots courants de la langue de l'autre. Tendir montre divers objets et Théo donne leur nom en français, tout en parlant le plus grave possible. Tendir essaye alors de les répéter, sa voix est très grave, mais le mot est presque reconnaissable, certainement essaie-t-il de parler le plus aigüe possible. Ensuite, il les dit dans sa langue, mais Théo n'arrive pas à les répéter, il trouve que tous ces grognements se ressemblent trop pour bien en distinguer les phonèmes.

Pourtant, Tendir semble réellement faire un effort pour parler le plus aigus possible. Mais les aigus de ce monde semble correspondre aux graves du monde de Théo. Il pense qu'ils doivent percevoir les sons différemment que les hommes de la Terre et que lorsque qu'il parle normalement, il doit leur faire mal aux oreilles, comme quand dans notre monde on entend des sons très aigus, proches des ultra-sons. Sur ce monde, ils parlent donc avec d'autres fréquences, des fréquences beaucoup plus basses. Après plusieurs tentatives vaines, ils finissent par abandonner l'idée de communiquer par des mots. De toute façon, Théo n'a pas vraiment l'intention d'apprendre la langue de ce monde, d'une part elle est trop grave pour être parlée et d'autre part, il n'a pas l'intention d'y rester.

Théo décide alors d'aller faire un tour à la rivière pour se laver un peu. Il regarde tristement sa peau qui est toujours aussi grise, il espère secrètement que cette couleur disparaitra après un bon lavage. Après tout, il n'a pas mangé tant que ça de nourriture grise et il a passé la nuit dans la hutte, proche de l'objet magique.

Tendir sort dehors afin de vérifier qu'il n'y a pas de danger. La voie est libre, Théo court à la rivière. L'eau est vraiment froide mais il veut vraiment essayer le décrassage pour tenter d'enlever ce gris. Cela le change beaucoup des douches chaudes de la maison et c'est en grelottant qu'il entre dans l'eau. Il ne manquerait plus qu'il attrape un rhume ! En plus, il n'a ni gant de toilette, ni savon, ni serviette pour se laver et se sécher.

Après quelques minutes dans l'eau à se frotter le corps avec les mains, il commence à s'habituer à la température, finalement, elle n'est pas si froide que ça, peut-être une quinzaine de degré ? Il frotte son corps avec ses mains, mais ce n'est pas terrible comme nettoyage, « c'est toujours mieux que rien » se dit-il. Finalement, il opte pour un récurage un peu plus dynamique et il ramasse du sable qui est au fond de la rivière pour se frotter avec, mais sans résultat, sa peau reste grise. Après cette toilette, il reste un petit moment à nager. Mais il commence à grelotter dans cette eau froide et sa peau est toujours aussi grise. Alors, il se dit qu'il est grand temps de retourner près de l'objet magique. Il n'aimerait pas rester gris toute sa vie !

Peu après le départ de Théo vers la rivière, des hommes du village viennent chez Tendir afin de le prévenir que l'enfant court toujours et, comme il est dangereux, ils voulaient vérifier qu'il n'avait pas profité de l'isolement de la hutte de Tendir pour faire une nouvelle victime. Ils sont contents de voir que Tendir se porte bien et ils en profitent pour avoir son avis sur différentes choses et en particulier ce que Tendir pense de la couleur du jeune garçon. Tendir, restant sur ses gardes, se contente de rester évasif. Néanmoins, ils discutent longuement. Tendir est de ce fait soulagé que Théo ait quitté la hutte pour aller à la rivière, mais il a peur qu'il revienne sans vérifier que la voie soit libre, aussi il aimerait donc abréger cette discussion.