Coupable !

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Le froid fait grelotter Théo, il a mal à la tête. En se réveillant, il lui faut quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Il fait nuit noire, il est assis par terre, adossé contre un mur lui semble-t-il. Il revoit la scène de l'embuscade et grimace au souvenir de ses geôliers se faisant égorger. Il a de la chance d'être encore vivant.

« D'ailleurs pourquoi ne m'ont-ils pas tué ? » pense-t-il. Mais il n'a pas la réponse, ils ne l'ont pas tué, mais seulement assommé et il ne sait pas pourquoi. Il porte sa main à sa tête. Elle est douloureuse et il a une énorme bosse. Son cuir chevelu est poisseux. Machinalement, il porte ses doigts à la bouche : du sang ! Il pense « ce salaud n'a pas été de main morte, il m'a éclaté la tête ! J'espère que je n'ai pas un traumatisme crânien trop grave. »

Il a vraiment mal à la tête et commence à s'inquiéter de ce qu'il adviendra de lui si sa plaie s'infecte. Il fera une méningite et risque d'en mourir. Il tâte à nouveau sa bosse. Elle est énorme et c'est très douloureux quand il la touche. Malgré son mal de tête, il essaie de réfléchir à sa situation :
- Je dois certainement être dans une sorte de cachot, ou tout au moins une hutte gardée. Qu'attendent-ils de moi ?

Il veut se lever, mais sa tête lui tourne, il reste finalement assis, sans bouger, les bras croisés sur la poitrine pour se réchauffer. Il frissonne de nouveau. Ils auraient pu lui donner une couverture ou au moins quelque chose pour se couvrir. S'il ne meurt pas d'une méningite, il va mourir de froid. Il a l'idée d'appeler, mais alors qu'il ouvre la bouche, il la referme sans un mot. C'est une mauvaise idée, à chaque fois qu'il a parlé, ils ont voulu le tuer, ce n'est pas a peine de tenter le diable.

Peut-être lui ont-ils jeté une couverture dans la hutte ? Il tend la main sur le côté et cherche au sol, il sent la terre et quelques herbes éparses sous ses doigts. « La hutte ne doit pas être souvent utilisée » pense-t-il. Il ramène sa main sur lui et s'aperçoit qu'il n'a plus le châle autour de la taille. Non seulement il n'a rien pour se couvrir, mais il n'a même plus le châle pour masquer sa nudité.

« Les vicieux ! Ils ont constaté ma gêne à être nu et ils m'ont donc déshabillé afin d'éviter que je m'évade » pense-t-il. Serrant de nouveau ses bras contre son torse pour se réchauffer, il repasse les dernières heures dans sa tête :

Après le collège, il est parti dans son bois et s'est assis au pied de son arbre. Jusque-là, rien d'étrange. Ensuite, il a dû s'endormir, cela aussi n'est pas étrange, ça lui arrive de temps en temps, en particulier quand il a mal ou peu dormi la veille. Alors il s'est réveillé dans un trou, dans un bois inconnu. Comment est-il arrivé là ? C'est la première question !

Là-bas, tout était gris et trois hommes étranges l'ont trouvé et amené dans un village de huttes. Tout cela semble signifier qu'il n'était plus sur la Terre, mais dans un autre monde. Il y a rencontré le chef qui l'a touché. Donc ces hommes gris ont peur de la couleur. Alors il a été conduit à un homme qui n'avait étrangement pas peur de lui et qui est entré dans son esprit. Cet homme télépathe lui a parlé de ce monde gris qui serait parallèle au sien qu'il appelle « le monde proche ».

Ensuite, sur le retour au village, c'est l'embuscade; ses geôliers sont égorgés alors qu'il reçoit un grand coup sur la tête. Enfin, il se retrouve prisonnier dans cette hutte. Pourquoi l'ont-ils fait prisonnier ? Pourquoi ne l'ont-ils pas tué ? Pourquoi ont-ils tué leurs trois compatriotes ? Il n'a aucune des réponses à ses questions et surtout, il ne sait pas comment retourner dans son monde, comment retrouver ses parents, comment revoir Chloé.


Il fait très sombre, il doit être très tard, peut-être même le milieu de la nuit. Théo essaye à nouveau de se lever. Il sent alors quelque chose de dur sous sa main gauche. Au toucher, il reconnait une montre. Pas une montre de gousset comme celles d'autrefois lorsque les failles avaient été fermées, mais une montre à bracelet, semblable à la sienne. Comment est-ce possible ? Le vieil homme avait dit que les failles étaient fermées depuis deux cents ans. Les montres à bracelet n'existaient pas à cette époque.

Le monde grisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant