Le collège

9 4 0
                                    


En sortant de la douche, sa mère est déjà partie, il se retrouve seul dans la maison. Mais être seul n'est plus un problème. Deux ans plus tôt, quand ce rythme avait commencé lors de sa première rentrée au collège, en sixième, il avait été terrorisé. Maintenant, quand il y pense, il en rit, mais il lui était arrivé de se réfugier apeuré dans un coin de la maison, recroquevillé sur lui-même et de pleurer pendant de longues minutes, seulement parce qu'un bruit suspect avait brisé le silence de la maison vide.

Ces bruits n'étaient que les craquements de la charpente sous la chaleur naissante du soleil qui se levait, la différence de température faisait dilater le bois qui craquait, il le savait, ses parents le lui avait expliqué, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir peur. Après de longues minutes, il arrivait à se ressaisir car il voyait bien qu'à part ses pleurs, la maison était silencieuse, il n'y avait personne d'autre que lui, il ne craignait rien, et surtout, c'était bientôt le début des cours et il était encore à la maison.

Alors il se levait d'un bond, prenait son cartable et courrait jusqu'au collège, parfois le ventre vide, séchant ses larmes en chemin. Cela était tellement différent de l'école primaire. En primaire, sa mère le déposait vers sept heures vingt à la garderie de l'école. Elle venait le rechercher vers six heures et demi le soir. Il n'avait donc jamais été seul à la maison. Il n'y a pas de garderie au collège, les enfants sont censés être grands, forts, responsables, autonomes... C'était loin d'être son cas, lui qui était couvé par ses parents à la maison.

Donc, en sixième, en plus du stress du collège dont la pratique de l'enseignement est totalement différente de celle du primaire, le fait de se retrouver soudain seul dans cette grande maison l'avait effrayé et avait alimenté quelques cauchemars. Il avait finalement réussi à vaincre ses peurs grâce à une maxime qu'il avait lu dans un de ses livres : « Pour vaincre sa peur, il faut y faire face et aller de l'avant. »

C'était ce qu'il avait fait. Il s'était levé de son coin, séché ses pleurs et, bien que tremblant de tous ses membres, il s'était forcé à faire le tour de toutes les pièces de la maison. Chaque fois qu'il sortait de l'une sans avoir trouvé un seul danger, il relevait un peu plus la tête en disant à voix haute « tu vois bien espèce d'idiot qu'il n'y a personne dans la maison, tu n'as rien à craindre ! » Pendant plus d'une semaine il s'était forcé à le faire, comme un rituel. Il en sortait chaque fois plus fort, plus sûr de lui. Maintenant, il en rit de ses anciennes peurs, qui est-ce qui aurait pu être dans la maison ? Il a donc ainsi vaincu ses peurs et il n'est plus effrayé par cette solitude.


C'est donc sûr de lui qu'il remonte rapidement à sa chambre, il a juste le temps de s'habiller et de prendre son petit déjeuner. Sa tenue est préparée de la veille, bien pliée sur sa chaise, il s'habille prestement et redescend pour prendre son petit déjeuner. Comme attendu, il est là, sur la table de la cuisine. Son bol de lait chocolaté et ses deux tartines. Il les trempe dans son lait pour les manger, d'abord celle à la confiture de fraise, puis celle au Nutella.

Réglé comme du papier à musique, à huit heures moins le quart, ses dents sont lavées et il sort de la maison. Il ferme consciencieusement la porte à clefs et se dirige d'un pas rapide vers le collège. A pied, il faut compter une dizaine de minutes pour y arriver. En marchant, il ressasse une nouvelle fois les images du cauchemar de la nuit. « Quel était déjà le nom du sergent ? » pense-t-il « Bloom je crois, mon Dieu, voilà que les Winx prennent place dans mes rêves » ajoute-t-il à sa pensée.

Effectivement, la veille, dans la cour de l'école, il a surpris une conversation entre certaines filles de sa classe, elles parlaient de fées et de sorcières et, étant donné son penchant naturel pour ce genre d'histoire, il avait alors tendu l'oreille. Il avait entendu des noms tels que Flora, Stella et le mot Bloom l'avait interpellé. Il avait alors rejoint le groupe et discuté avec elles pendant quelques minutes, histoire d'en savoir un peu plus sur ces histoires de fées et de sorcières. Cependant, par peur des quolibets de ses camarades garçons, il ne s'était cependant pas attardé à discuter trop longtemps avec les filles.

Le monde grisWhere stories live. Discover now