Chapitre 3

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Malgré tout, j'avais peur de ce que je pourrais faire sous la torture. Beaucoup de criminels que nous avions attrapé nous avaient avoué l'identité de leurs complices, et tout ce que nous voulions savoir. Même si j'étais certaine aujourd'hui de ne jamais flancher, qui sait ce que je pourrai faire lorsqu'ils me feront souffrir le martyre?

J'en étais là dans mes pensées lorsque la porte s'ouvrit à la volée, révélant un type que je n'avais jamais vu accompagné de l'un des hommes qui m'avaient attrapés le soir où je m'étais fais enlevée.

Je fis un bond sur le côté afin d'éviter de me prendre la porte en pleine figure et l'un des deux hommes ricana. La porte m'atteignit malgré tout à la jambe et je grimaçai. J'aurai un beau bleu dans quelques heures. En même temps, par rapport aux autres cicatrices que je risquai d'avoir ici, un bleu n'était vraiment pas le pire. Je ris toute seule en pensant à ça. Un rire nerveux et légèrement démentiel.

Les deux sbires me regardèrent comme si j'étais devenu totalement cinglée, ce qui risquait d'arriver si il me laissait pourrir seule dans cette cellule. Ils m'aidèrent à me relever et me portèrent à moitié en dehors de la pièce. La cadence de mon cœur s'accéléra dangereusement et je tentai de me débattre mais j'avais tellement peu de force sous leurs poignes de fer que toutes mes tentatives pour leur donner un coup ne servit strictement à rien.

Nous marchâmes un moment, suivant de longs couloirs sinueux. Je tentai de les mémoriser, mais abandonner vite l'idée après avoir marché près de dix minutes. Lorsqu'enfin nous nous arrêtâmes, ils me lâchèrent et je retombai sur le sol. Ils éclatèrent d'un rire dédaigneux et m'aidèrent à me relever.

On entra dans une pièce et ils me jetèrent à l'intérieur. Ils ressortirent et fermèrent la porte derrière eux. Je jetai un regard circulaire à la pièce autour de moi. Elle ne comportait pas grand chose mis à part... une bassine ? Je voulus m'approcher mais la porte s'ouvrit et l'homme qui m'avait à moitié étranglé tout à l'heure fit son entrée, suivi par les deux mêmes hommes qui avaient assistés à mon interrogatoire quelques heures plus tôt.

- Sam, lança l'un des hommes à mon tortionnaire, tu ne devrais pas faire ça maintenant. C'est trop tôt.

Je relevai la tête et sans beaucoup de surprise j'aperçus le jeune à la queue de cheval faire un pas dans ma direction.

Sam - donc- se tourna vers lui et lui lança un regard dédaigneux avant de dire:

- Mon pauvre Loren, tu crois vraiment que cette petite salope aurait eu pitié si ça avait été un des nôtres à sa place ?

Ledit Loren baissa la tête et je me rendis compte que si ils se permettaient de me dévoiler leurs prénoms, c'est que je n'avais aucune chance de m'en sortir. Le peu d'espoir que j'avais eu lorsqu'ils étaient venus me chercher pour me sortir de ma cellule commençait sérieusement à s'effriter.

- Pense à tes parents et à ta sœur, continuait Sam, tu crois qu'elle a eu pitié d'eux lorsqu'ils les ont torturés avant de les tuer pour obtenir quelques informations ? Ils les ont tués de sang-froid. Il ne tient qu'à toi de les venger.

Loren releva la tête et darda son regard sombre vers moi. Je me recroquevillai et détournai vivement la tête. J'eus tout de même le temps d'apercevoir l'intensité de sa haine envers moi.

- Faites ce que vous avez à faire. Mais se sera sans moi.

Il me lança un dernier regard, différent de celui qu'il m'avait accordé quelques secondes plus tôt. Il exprimait de la haine, certes, mais aussi un mélange de compassion et de culpabilité. Il tourna les talons et sortit de la pièce, non sans adresser un dernier regard dédaigneux à Sam.

- Bien, lança ce dernier.

Il se dirigea vers moi et m'attrapa par les bras. Il me tira littéralement vers ce que j'avais bien identifié comme étant une bassine, remplie d'eau. Je n'aimai pas ça du tout.

- Qui t'as envoyé jusqu'ici ? lança-t-il comme si il s'ennuyait.

Je lui lançai un regard que j'espérai le plus dédaigneux possible et il haussa les épaules. Il saisit ma tête et l'enfonça dans l'eau glacée. Je tentai de me débattre mais mes poumons se vidaient d'oxygène à une vitesse colossale. Je n'eus, très rapidement, plus assez de force pour me débattre et mes bras retombèrent lourdement au sol.

Au moment où je me sentis défaillir, il releva ma tête et me jeta au sol. Je tentai de reprendre mon souffle exactement comme je l'avais fait dans ma cellule seulement quelques heures plus tôt.

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu t'évertues à les protéger. Tu n'es qu'un pion pour eux. La preuve, ils ne sont même pas partis à ta recherche.

- Ils viendront, lui assurai-je d'une voix rauque et à peine audible. Et quand ils seront là et qu'ils apprendront ce que vous me faites subir, ils vous tuerons tous, un par un.

Il éclata de rire et me gifla si fort que lorsque ma tête parti en arrière, j'entendis un craquement sourd sortir de je-ne-sais-quelle partie de mon corps.

Il m'attrapa de nouveau et replongea ma tête dans l'eau. Cette fois, j'anticipai et eut le temps de prendre une grande goulée d'air. Malheureusement pour moi, il laissa ma tête plus longtemps que tout à l'heure. De plus je n'avais jamais été une grande championne d'apnée. Je me rappelais que lorsque j'étais petite, je faisais des concours d'apnée avec ma sœur Elodie dans la piscine de notre jardin. Je ne tenais jamais très longtemps; à peine trente secondes.

Je n'arrivais pas à croire que je pensais à ça à un tel moment. Je donnerais n'importe quoi pour retourner à cette époque heureuse. Je me rappelai son sourire éclatant et ses magnifiques cheveux blonds qu'elle peinait à garder en place lors de nos balades en forêt.

Il releva ma tête et cette fois j'eus énormément de mal à reprendre mon souffle et à fixer mon regard sur cet homme qui semblait prendre plaisir à me voir souffrir.

- Je crois que tu ne comprends pas très bien la situation, me lança-t-il en approchant son visage à seulement quelques millimètres du mien. On n'a pas l'intention de te tuer avant que tu nous aies dis tout ce que tu savais. Donc, plus tu coopéreras rapidement, et plus vite tu mettras fin à tout ça.

Il se releva d'un mouvement agile puis attrapa mes cheveux en les tirant à la racine. Des larmes perlèrent au coin de mes yeux mais je n'en laissais rien paraître.

Je ne m'étais jamais sente aussi faible et cela me rendait folle.

- Bien, maintenant que tu es fixée sur ce qui t'attends, as-tu des réponses à nous fournir ?

Pour toutes réponses, je tentai de me libérer, mais évidemment cela n'eut comme effet que de l'énerver encore plus. Malgré tout, la surprise le fit lâcher légèrement sa prise sur mes cheveux. Il me rattrapa par le ventre avec une telle force que mon souffle resta bloqué - encore - dans ma poitrine.

Il replongea ma tête dans l'eau et cette fois, comme je n'avais pas eu le temps de reprendre mon souffle, je sentis rapidement ma tête devenir lourde et la dernière chose que je pensais avant de m'évanouir fut : Je vais mourir.

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