Les cosmos

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      On se rejoignait avec mon groupe d'ami dans un bar en périphérie de la capitale nippone. Malgré le mois d'octobre particulièrement froid, je décidais d'aller au Yuei à pied, observer la végétation m'apaisait. Emmitoufler dans mon gros manteau vert et mon écharpe moutarde, je regardais les cosmos éclore un peu partout dans la ville. Cette fleur représentait l'amour profond. Je me demandais si cela pouvait être un signe pour ce soir.

      Je m'épanouissais en passant du temps près de mes amis, même si je voyais Shoto tous les jours au travail. J'étais heureux d'être auprès d'eux, mais ils ne seraient pas les seuls présents ce soir. Je prenais sur moi pour essayer d'être plus sociable. Je m'efforçais de m'ouvrir un peu plus au monde. J'avais longuement été dans le creux de la vague. Je devais rebondir maintenant. Je tentais de me convaincre du bien-fondé de cette soirée. Courage ! J'allais peut-être rencontrer l'homme de ma vie.

      Pendant mon burn-out, je restais enfermé des jours entiers. Je dormais continuellement. Tout pouvait me demander une énergie folle. Sortir comme maintenant, je trouvais ça utopique quelques mois plus tôt. En regardant le chemin parcouru, je me motivais davantage pour réaliser ce dont j'avais réellement envie.

      Je me surprenais désormais à ne pas rentrer directement chez moi en semaine. On était un mardi soir et j'allais dans un pub. Un mardi ! Pour certains, ce n'était peut-être rien, mais pour moi, j'apercevais presque un autre monde. On se trouvait donc là à une sorte de rendez-vous bizarre, à 8 dans notre bar préféré, un mardi soir. Je radotais sur ce jour, mais je n'en revenais toujours pas de moi-même. Je modifiais ma routine millimétrée. Je sortais de mon confort si sécurisant.

      Ochaco Uraraka, une de mes amies, trouvait cette rencontre amusante. Je doutais de plus en plus qu'on eût un jour le même « humour ». La femme la plus énergique que je connaissais avait organisé cette soirée de A à Z. D'après elle, ça allait être « sympa ». C'était une sorte de rendez-vous arrangé avec 4 trentenaires.

     Quand je passais les portes du bar, je les retrouvais déjà tous attablés. Après les avoir tous salués brièvement, je m'installais auprès de Shoto. Je regardais rapidement chaque inconnu. Je les trouvais tous plus ou moins mignons. Si je comprenais bien, tous paraissaient ouverts à rencontrer aussi bien des hommes que des femmes. Le seul qui attirait mon attention était l'unique blond du groupe. Avais-je été surpris de moi-même sur ce coup ? Pas le moins du monde.

       Il s'appelait Neito Monoma. Je n'osais pas encore lui parler. Il semblait de toute façon trop occupé à échanger avec Shoto et son ami, Sen Kaibara, un brun aux yeux noirs. Mes émeraudes l'observaient longuement à la dérobée, néanmoins sa tête demeurait rivée sur le bicolore. Je ne rencontrais jamais ses billes d'azurs.

      Je tentais de me concentrer sur leur conversation, mais je gardais cette fâcheuse tendance à être dans mon monde. Je me sentais rapidement mal à l'aise. Les seules fois où on m'adressait la parole, c'était pour me réprimander de ne pas avoir écouté telle ou telle information. Ce comportement accentuait mon envie de rester enfermé dans mes songes.

      Je laissais mon regard vagabonder à notre table. Les filles parlaient avec les autres garçons. J'avouais sans mal que je n'avais même pas retenu leur prénom. Ochaco jouait avec ses cheveux châtains en souriant grandement à un brun. Tsuyu Asui, ma dernière amie du groupe, semblait montrer toute son intelligence dans la discussion. Toute son espièglerie transparaissait dans son regard menthe à l'eau. Je ne parvenais pas bien à discerner leurs échanges.

     Je me sentais donc seul et mal à l'aise. Je m'ennuyais ferme et personne ne me prêtait réellement attention. J'avais fini par m'excuser et m'éclipser pour respirer dehors. J'éprouvais le besoin, presque viscéral, d'espace.

Le temps des fleursWhere stories live. Discover now