Au premier son de la sonnerie de son téléphone, Newt eu un mauvais pressentiment. Une sorte de sixième sens. Sa première pensée fut pour Anna. Mais il venait de la quitter il y a à peine une heure. Ce ne pouvait pas être ça.
Le cœur battant, il décrocha son portable.
"- Allo?
- Mr Collins? Vous devez venir à l'hôpital immédiatement.
- Que se passe-t-il?
- C'est votre fils. Son état s'est aggravé.
Le cœur de Newt loupa un battement.
-- Éclipse du trajet --
Il arriva à l'hôpital aussi vite qu'il est permis de faire. La première chose qu'il vit était sa mère. La dame blonde avait fondu en larme.
" Désolé Newt, désolé."
Son cœur se serra.
Qu'était-il arrivé?
Un médecin l'intercepta.
"- Vous êtes le papa de Jojen Collins?
- Oui.
- Allons dans mon bureau.
Tout ce que voulait le blond, c'était voir son fils. Mais le médecin insista.
- Ce que je vais vous dire est très difficile à entendre.
Il lui demanda de s'assoir.
- Cette nuit, l'état de votre fils s'est fortement aggravé. Jojen a toujours été un mystère pour le cor médical. Malgré tout, son état est toujours resté stable. Jusqu'à hier. La nuit a été longue. Son cœur s'est arrêté de battre de nombreuse fois. Nous avons réuni une équipe de chirurgien et maintenant il est clair pour nous tous que votre fils ne sortira pas de son coma.
Le cœur de Newt se brisa une première fois.
- Comment pouvez-vous en être si sur?
- Ses constantes sont beaucoup trop faible.
Le médecin marqua une pause.
- Écoutez...ce que je vais vous demander sera certainement la décision la plus dur à prendre de votre vie. Nous vous demandons l'autorisation de débrancher les machines.
Newt le regarda, pas tout à fait certain de comprendre.
- Débrancher les machines?
- Les machines qui le relie à la vie.
Les larmes lui montèrent aux yeux. Il demanda d'une voix tremblante:
- Vous me demander l'autorisation pour...le tuer?
- Votre fils souffre. Cela abrègera sa douleur. Nous vous laisserons le temps de lui dire adieu. Au bout de quelques heures, son cœur s'arrêtera. Il ne sentira rien. Plus aucune souffrance.
Cette fois ci, le cœur du blond se brisa plus violemment, en un millier de morceaux coupants qui semblaient le trancher de l'intérieur.
- Jamais! Jamais je ne vous laisserai tuer mon fils! Jamais!
Il avait hurler ses mots aussi fort que la douleur qu'il ressentait.
- C'est difficile, monsieur. Mais votre fils ne se réveillera pas. Il pourrait rester des années dans cet état. Il est plus ou moins déjà mort. Pensez à son bien être et abrégez ses souffrances. De plus, ses organes pourraient sauver d'autres personnes.
Newt le regarda, incrédule, les joues inondés de larmes. Maintenant ils voulaient ses organes. Il n'était même pas encore mort, bordel!
Il couru de toutes ses forces jusque la chambre de son fils. Il ferma la porte. Il s'approcha du petit blond.
Il ne pût s'empêcher de constater qu'il avait bel et bien changé.
Son visage n'était pas pale. Non, il était livide. Ses yeux semblaient clos à tout jamais.
Et sa froideur...
Le cœur de Newt se serra plus fort qu'il ne s'était jamais serré.
La veille, dernier jour où il avait vu son fils, le jeune garçon semblait dormir paisiblement. Mais aujourd'hui...le petit blond semblait torturé. Respirer semblait lui demander un effort. Vivre semblait le forcer à donner un effort surhumain. Sa respiration était saccadé.
Puis Newt réalisa.
Il souffrait.
- Mon chéri...comment j'ai laisser tout ceci t'arriver? Pardonne-moi.
Jojen n'était encore qu'un enfant. Il n'avait vécu seulement quinze ans. Il lui restait tellement de chose à vivre, à découvrir. Il aurait dû avoir la vie devant lui.
On lui avait enlevé son fils pendant dix longues années. Pas un jour n'avait passé sans qu'il pense à son petit garçon.
Les larmes sur ses joues ne parvenaient pas à s'arrêter. C'est comme si elle tentait de lui dire qu'il avait perdu bien plus que la partie en cours.
Newt aimait son fils de tout son cœur. Il tenait à lui comme à la prunelle de ses yeux. Plus même peut être.
Aujourd'hui on lui demandait de le tuer?
- Désolé Jo, désolé...je ne peux pas.
Non, il n'en était pas capable.
Mais...et si c'était le mieux à faire? Et si son fils ne se réveillait vraiment pas? Et si il souffrait vraiment?
Il ne pouvait pas si résoudre. Il l'aimait plus que tout.
Il ne pouvait pas.
La vue du petit blond lui fendait le cœur. Il caressa ses cheveux cendrés d'un geste protecteur. Le garçon était toujours agité.
- Chut, calme-toi. Papa est là, maintenant. Calme-toi, je t'en supplie.
Il le prit dans ses bras en soulevant son corps frêle.
Une chose étrange se passa. Au contact de son père, le garçon sembla s'apaiser.
- Voilà, c'est mieux.
Un petit sourire sembla presque se dessiner sur le visage encore enfantin du jeune garçon.
Puis le bip si caractéristique des machines d'hôpital s'emballèrent, pour ne finalement ne devenir qu'un triste son tout en continue.
Newt hurla.
- Jo! Jo? Tu peux pas me faire ça. Tu peux pas mourir!
Des médecins arrivèrent, dont celui à qui il avait parlé.
Les voix lui semblèrent soudainement bien lointaine. Tout lui sembla lointain.
Comment le cour de sa vie avait pu lui échapper à ce point?
Il semblait flotter au dessus de la pièce.
Une voix le ramena à la réalité.
- Mr Collins! Il nous faut votre autorisation!
- Mon autorisation?
- Pour stopper la réanimation. C'est le moment de le laisser partir monsieur, s'il vous plait. Laissez votre fils partir.
La vie de son garçon défila sous ses yeux. Sa naissance, ses éclats de rire, son premier Noël, son premier jour à l'école. Toutes les fois où il avait eu peur de le perdre.
- Monsieur Collins, s'il vous plait...
La décision la plus difficile de sa vie. Mais c'était trop difficile.
Il se sentit lâche, faible et égoïste.
Mais il n'était pas prêt.
Pas prêt à voir son fils partir.
- Je ne peux pas!
Le médecin lui jeta le regard le plus noir qu'on ne lui ai jamais lancé.
Oui, ce n'était qu'un lâche.
Son fils aurait pu arrêter de souffrir. Mais le médecin n'avait aucun droit de prendre une décision. Newt se demanda si cet homme qui le jugeait avait lui même des enfants? Si oui, voyait-il le propre fruit de sa progéniture à la place du jeune blond?
Le médecin réanima alors Jojen. Après de longues minutes, son cœur se remit à battre. Doucement.
Ils quittèrent la pièce, laissant Newt avec son fils.
Son cœur était déchiré en deux. Une partie ressentait une joie insubmersible de voir son petit garçon encore en vie. Mais l'autre saignait.
Brisé.
Arraché.
Fissuré.
Jojen était encore là. Pour cette fois. Mais à quel prix?
Et pour combien de temps encore?
La nuit semblait s'abattre sur le ciel, terrifiante et horriblement sombre.
Oui, elle allait être bien longue cette nuit.
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Depuis qu'il était dans le coma, Jojen semblait sorti de son corps. Son esprit flottait au dessus de la chambre d'hôpital. Il observait ses proches aller et venir sans jamais réussir à démontrer sa présence.
À 1h03 exactement, il vit une lumière. Une lumière blanche, presque aveuglante. Elle était belle. Il comprit qu'il était certainement en train de mourir. Pourtant il était emprisonné entre deux choix. Il y avait cette lumière d'un côté, et de l'autre se trouvait son père, sa sœur, Alice, Théo, sa famille. Il réalisa qu'une décision s'imposait à lui.
Il souffrait. Une douleur lui transperçait la totalité de son corps frêle. La douleur s'était estompé au moment où la lumière avait fait son apparition. S'il choisissait de vivre, la souffrance reviendrait le torturer. S'il choisissait de mourir, tout s'envolerai. Plus de douleur, plus de torture. Plus rien.
Il choisit de vivre.
Pour cette fois.
Il entendit une voix. Une voix qu'il n'avait jamais entendu. Pourtant il la reconnut tout de suite.
Sa mère.
" Tu es unique, Jojen. Tu l'as toujours été. Ils vont chercher à te faire du mal. Fais attention à toi."
Qui veut lui faire du mal? Pourquoi? Sa mère lui avait-elle vraiment parlé? Il ne savait pas. Le son de la voix n'avait été qu'un doux murmure.
Il sentit son père le prendre dans ses bras. Il fut instantanément apaisé, soulagé. Il douleur semblait légèrement plus supportable.
Mais la nuit fut longue. Il mourut à quinze reprise. Un peu plus de difficulté à le faire revenir à chaque fois. La lumière semblait de plus en plus insistante, de plus en plus difficile à repousser. Il se débattait. Les médecins mirent de plus en plus de temps et d'énergie à faire revenir le blondinet à la vie. Combien de temps encore le feront-ils? Il abandonneront sûrement au bout d'un certain temps.
Il la vit une dernière fois, plus brillante que jamais, l'appelant. Il cru presque distinguer sa maman. Peut être était-ce juste une illusion? Il était tout juste 5h33
Puis sa vue se brouilla petit à petit. Il essaya d'hurler, mais aucun son ne put sortir de sa bouche.
Il ne voyait plus rien. Il n'entendait plus rien.
Juste le silence dans les ténèbres.
Il n'était plus capable de penser.
Il sombra dans ce qui ressemblait à un second sommeil. Il se rendit compte à quel point il était seul dans le noir. Il se mit à avoir peur. Peur du silence et de tout ce que le noir renfermait.
Que venait-il de se passer?
Venait-il de mourir?