Chapitre 28: Alli

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Je n'en peux plus. Cela fait plus de cinq heures que l'on marche. D'après Gally, on est bientôt arrivé. J'ai l'impression d'être dans un putain de jeu de société. Un foutu jeu.Je suis nul aux jeux de société! "Atteignez le labyrinthe sans passer par la case WICKED.""Attention à ne pas faire trop de bruit ou allez à la case mort.""Oups! Retournez à la case prison". Cela fait plusieurs fois que Jo vient prendre de mes nouvelles. Il veut juste faire attention à moi mais honnêtement, ça m'agace plus qu'autre chose. Mais Gally dit qu'on ne doit pas s'arrêter. Il faut continuer. Je vais finir par le tuer! Comme si cela ne suffisait pas, je trébuche et m'étale de tout mon long face contre terre. La terre froide et sale. Je pousse un énième grognement d'énervement. Théo me tend la main. Je le remercie de ne pas me demander comment ça va. Mes mains sont pleines de boues et la terre est encrée dans mes ongles.

"- Gally putain! On arrive quand?

L'homme me regarde.

- Tu as hérité de la foutue patiente de ta mère on dirait! Tu ne vois pas les grands murs là-bas?"

Je lève les yeux vers l'horizon. Il a raison. Il y a un bâtiment. Il est immense. Un énorme mur. Est-ce que c'est ça le labyrinthe? Je suis d'accord que c'est carrément flippant. Arrivé au pied du bâtiment, on tourne pendant un moment. L'abruti qui nous sert de guide ne se souvient pas le moins du monde d'où se trouve l'entrée. On finit par la trouver, certainement pas grâce à Gally.

Gally semble prêt à entrer, mais Jojen s'arrête et se retourne vers nous.

"- Tu fais quoi là? demande Gally

Mon frère l'ignore carrément.

- Bon, je vais vous le demander. Je me doute déjà de ce que vous allez dire, mais je vais vous demander quand même. S'il vous plait, restez là. Laissez nous, Gally et moi, y aller et attendez nous ici.

Mon frère ne veut que nous protéger. C'est gentil à lui. Alors je prend la parole.

- Non.

Théo éclate de rire et se tourne vers Jo.

- Désolé mec, mais elle a tout dit.

Puis il s'avance et nous entrons tous dans le bâtiment, non sans que mon frère ait soufflé pour signaler son mécontentement, que l'on a royalement ignoré.

Nous entrons dans une sorte de pièce complètement carbonisé. Il reste des signes de technologies. Je penses que la pièce correspond au laboratoire qui a explosé. Alby nous en a parlé à Lima. Gally, lui semble se souvenir de l'endroit où aller. Il nous fait prendre un couloir avant d'arriver sur une porte. Elle est petite, peu impressionnante par rapport au reste du bâtiment. L'homme se tourne vers nous.

"- Bon les enfants, les choses sérieuses commencent. On va rentrer dans le labyrinthe. Si votre père est là, il est sûrement au bloc. Il fait encore jour, les griffeurs ne devraient pas être sorti et d'après mes souvenirs, les portes devraient encore être ouverte. On se dépêche et on fait attention, ok?"

On hoche la tête. Ça y est, le moment est venu. On va entrer dans le labyrinthe.

Gally ouvre la porte et nous nous enfonçons vers l'inconnu. Il s'avère que l'inconnu est noir. Oui, il fait tout noir. J'entend Gally pousser un juron quand soudain une lumière jaillit derrière moi. Je me retourne mais la seule chose que je distingue, c'est Théo.

"- Bah quoi? Les iPhones, vous connaissez pas?"

Jojen rit, ainsi qu'Alice et Théo passe devant. Sa lumière éclaire un léger cercle. Gally nous dit de passer. Je ne le sens vraiment pas mais je m'exécute après mon frère. Quand je sors, je ne perçois rien d'abord. Je suis aveuglée. La lumière me paraît irrée. C'est sûrement parce qu'elle l'est peut être. Je mets longtemps à m'habituer et je peux vous dire que j'aurai préféré rester aveuglée. Alors c'est ça le labyrinthe? Je ne vois que d'immenses murs qui semblent former un petit couloir qui tourne dans tous les sens. Je me remémore un terme dont mon père a parlé. "Coureur". C'est ceux qui parcouraient le labyrinthe tous les jours pour trouver la sortie. Papa en était un, il me semble qu'oncle Minho et tante Sonya en étaient aussi. Je les respecte vraiment, car je trouve cet endroit terrifiant. Mais Gally me ramène vite à la réalité. Il nous ordonne de le suivre et de courir le plus vite possible. Le rythme est dur à tenir, et visiblement Gally ne connaît pas énormément le labyrinthe. Au bout d'un moment, je commence à sentir un souffle. Un souffle puissant. Gally commence à paniquer.

"- Dépêchez vous, les portes se referment. On va se faire bloquer."

On y est presque. Je le sens. Ça y est, on commence à voir les portes. Je suis tellement fatigué que j'ai l'impression que je vais m'écrouler. Mais je n'ai pas le droit. La porte est déjà presque fermé. On va se faire prendre. Mon frère me dit de passer devant et de courir sans me retourner. Il sait que le dernier est celui qui a le moins de chance de s'en sortir. Je l'entend me crier d'aller plus vite. On s'est engouffré dans les portes. La fermeture est tellement petite que je sens les parois contre ma peau. Dans un dernier effort, on passe les portes et je sens mon frère s'écrouler sur moi dans un magnifique roulé-boulé en soulevant toute la poussière autour de nous. On l'a fait. C'était juste, mais on l'a fait. Apparemment on n'est pas les seuls à être tombés. Tout le monde est par terre à cracher ses poumons. 1..2..3..respire..calme-toi. Souffle. Comment on fait pour respirer déjà? Ah oui, on inspire, puis expire. Doucement. Je n'y arrive pas. Je comprend pourquoi immédiatement. Je sens le filet de sang couler entre mes mains. Pitié non...pas ça quand même? Pas maintenant! Eh bien si. Le sang qui sort de ma bouche devient de plus en plus important. Je vois Jo à côté de moi.

"- Alli? Alli réponds moi!"

Mais il sait ce que je fait. Cela n'a pas de nom, mais c'est bien réel. Les crises de la braise. Pour me rappeler que je suis malade. Que je ne suis pas normal. J'entend quelqu'un m'appeler, mais mon esprit n'est déjà plus clair. Je ne distingue plus qui est autour de moi, qui parle. Comment je m'appelle, d'ailleurs? Qu'est ce qu'il se passe? Je ne sais pas, ma vue se brouille d'un noir sombre et terrifiant.

Survive - NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant