Pov Jacob
Jamais une course ne m'avait parut si difficile, mais après de longues minutes, j'étais enfin près de la réserve. Je pensais un instant à courir jusqu'à ma chambre dans l'espoir de me cacher sous les draps, peut-être si j'avais un peu de chance, pouvoir m'endormir pour ne jamais me réveiller, mais je savais que non seulement, Sam viendrait me chercher en rentrant, mais aussi que je ne pourrais pas dormir, la douleur était encore trop vive.
La voir à son bras avait été horrible, je ne voulais pas qu'elle s'accroche à lui de la sorte, à vrai dire, s'il ne tenait qu'à moi, je ne voudrais pas qu'elle se tienne à moins de cinq cent mètres de mon compagnon. Mais c'était elle qu'il voulait, elle dont il avait besoin, elle dont la disparition signifierait celle de mon imprégné, alors peu importe le désir de mort que j'avais ressentis à l'encontre de Bella, je ne pouvais pas, je n'en avais aucun droit, parce que seul son bonheur m'importait, contrairement à elle.
Je découvrais avec étonnement qu'il était possible de pleurer sous ma forme de loup, épuisé par ce qui venait de se passer, je me laissais tomber sur le ventre, ma grosse tête retombant lourdement sur mes pattes tendit qu'une larme de la taille d'une balle de golfe roulait sur mon museau. J'étais toujours connecté à la meute et ils pouvaient encore ressentir ma souffrance, mais dieu merci, mes pensées m'appartenaient toujours.
Pourquoi la vie devait-elle être si cruelle ? Me demandais-je en fermant les yeux
À présent, je ne pouvais qu'espérer que les Cullen n'avaient pas pu comprendre d'où provenait la douleur que le blond avait ressentit, maintenant que j'y pensais, je me souvenais de ce que m'avait raconté Bella, le compagnon d'Alice était une sorte d'empathe.
Je n'avais vraiment pas besoin de ça, il était déjà assez difficile de me cacher à mes propres frères, si maintenant je devais aussi me méfier de sa famille et de leurs pouvoirs étranges, je n'allais pas durer bien longtemps, d'ailleurs, comment allais-je pouvoir gérer mes émotions pendant la bataille ? Comment serais-je capable de ne pas répercuter ma souffrance sur la meute ou sur le frère d'Edward ?
Putain de merde ! Grognais-je
Je relevais brusquement la tête, les yeux toujours clos. Au milieu de la brume dense de ma douleur, il me semblait ressentir celle de mon compagnon. Pourquoi se sentait-il si triste et confus ? Mieux, comment pouvais-je le ressentir ? D'après ce que j'avais entendu dire, ce lien permettant l'empathie entre l'imprégné et le loup n'était possible que...
Non, je devais me tromper, peut-être était-ce le fait qu'il était un vampire, peut-être était-ce à cause de l'évolution par laquelle était passé mon loup ?
Je laissais retomber mon museau sur mes pattes, essayant tant bien que mal de ne pas me perdre dans la souffrance, ce que je ressentais était si intense que je n'avais pas été capable de jouer mon rôle ce soir, je savais que cette réunion était importante et même en sachant que je pourrais y assister via l'esprit de mes frères comme si j'y avais été, cela ne changeait pas le fait que je m'étais soustrait à mon devoir.
Je ferais un merveilleux alpha ! Soulignais-je amèrement
Je ne pouvais qu'être heureux de savoir Sam en charge de cette responsabilité, je me sentais inutile, faible et incapable, je n'étais pas l'alpha que j'aurais dû être, du moins, je n'avais plus aucune chance de le devenir depuis que j'avais été transformé en esclave. L'esclave personnel d'Edward Cullen, son protecteur, son âme sœur caché. Et le plus triste c'était que sans lui, même le rôle d'esclave devenait trop pour moi, sans lui, je n'étais rien.
Un sentiment génant s'insinua brusquement en moi, me provoquant un étrange frisson le long de l'échine. La seconde d'après, je bondissais sur mes pattes, laissant mon esprit s'abandonner totalement, se cachant discrètement derrière l'animal. Mon loup était en charge sans même que je n'ai eu le temps d'en prendre conscience.
Edward était en danger.
Je courrais, enfonçant avec force mes pattes dans le sol, dans une direction qui m'était inconnu. J'allais vers lui à une vitesse folle. Je n'avais pas encore prit la peine de tester mes nouvelles capacités depuis mon altercation avec Paul, et ce, même si Sam m'avait supplié de lui montrer ce dont j'étais capable. Mais même en sachant d'où me venait cette vitesse et cette force, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir étonné, là où mon loup se sentait fier de sa puissance.
La peur au ventre, je tentais de laisser l'animal en moi me faire oublier les émotions humaines, j'espérais me fondre dans cette nouvelle force, l'épousant tout autant que l'alpha en moi le faisait.
J'avais été conçue pour être fort, plus que les autres. De cette façon, j'étais à ma place.
Mes instincts m'inquiétais de plus en plus, je ressentais la peur de mon compagnon, son inquiétude et rapidement, sa résignation et je n'aimais pas ça, je n'aimais pas ça du tout. Mon compagnon avait beau être moins fort que moi, je ne voulais pas qu'il se sente faible, parce qu'il ne l'était pas et je sentais la rage me monter aux narines à l'idée qu'une quelconque créature puisse le faire douter de lui de la sorte, en plus de le mettre en danger.
Et puis, je les vis.
Trois vampires autour de mon compagnon, trois vampires dont la chienne à tête rouge, dans d'autres circonstances, j'aurais pu prendre le temps de rire tant sa coiffure me paraissait ridicule.
L'un de ces monstres avait les mains sur mon imprégné et ma rage redoubla d'intensité, sans ralentir ma course, je fonçais directement sur le deuxième mâle. La garce me vit arrivé et je l'entendis siffler bizarrement, mais la surprise parut la statufier suffisamment pour me laisser l'occasion de bondir sur le vampire blond à toute vitesse et arracher sa tête avec une facilité qui me déconcerta, mais je ne pris pas la peine de me poser d'avantage de questions, je laissais tomber le corps immobile au sol et me tournais vers la garce à l'expression aussi vicieuse que confuse.
Immédiatement, j'ouvrais mon esprit à Edward dans l'espoir de le rassurer, j'imaginais devoir battre le cul de la chienne, mais au lieu de ça, elle se mit à courir comme une chauve souris de l'enfer à travers les arbres.
Je me pressais de me tourner vers mon compagnon et le connard qui avait osé poser les mains sur lui, sans surprise, il était celui à qui je voulais le plus de mal, je me sentais malade de voir ses mains dégoûtantes s'agripper à celui qui m'appartenait (ou aurait dû). Je concentrais alors mon attention sur Edward, surpris de constater qu'il paraissait dans un état léthargique étrange et je me transformais aussitôt pour reprendre ma forme humaine sachant que j'allais devoir converser avec le connard.
Je me fichais royalement d'apparaître nu devant mon âme sœur, en revanche, je redoutais sa réaction, heureusement pour moi, la situation actuelle ne me permettait pas de m'attarder sur ce détail. Il fut plus que difficile d'articuler mes mots tant ma rage était débordante et je me sentais déconcerté de constater que l'exercice était inutile, Vlad refuserait de relâcher mon imprégné, il avait trop peur pour prendre ce risque.
Par chance, Edward fut capable de suivre mes instructions et bien que j'en fus moi-même surpris, je parvins à tirer le corps du vampire en le soulevant au dessus d'Edward, je commençais à me demander si je n'étais pas réellement plus fort et plus rapide que n'importe quel vampire.
Rien ne fut plus difficile que de me retenir de tuer Vlad aussi rapidement que possible, je fantasmais à l'idée de broyer son corps entre mes mains et dès qu'il lâcha enfin les informations dont j'avais besoin, c'est exactement ce que je fis en pulvérisant son crane comme s'il s'agissait d'une plaque de plâtre et je devais bien avouer que la sensation était exaltante. C'est tout ce que ce connard méritait pour avoir touché Edward.
Lorsqu'enfin, je fus sur que le venin empoisonné avait été en grande partie extirpé de son corps, je le prenais dans mes bras, un peu plus détendu.
Il était si bon de l'avoir contre moi, même si je regrettais de ne pas avoir été capable de profiter à sa juste mesure le moment ou mes lèvres s'étaient posés sur sa peau à cause de l'adrénaline et de l'inquiétude, je jouissais à cet instant de son corps contre le mien. Sa fraîcheur était reposante et agréable, une sorte de soulagement capable de calmer mon sang constamment bouillonnant, en fait, je n'avais pas honte de constater que mon loup ronronnait intérieurement.
À plusieurs reprises, la crainte ma gagna en voyant qu'il semblait incapable de garder les yeux ouverts, j'avais peur de ne pas avoir fait les choses correctement, mais à chaque fois que je l'interpellais, il les rouvrait tentant de son mieux de me rassurer.
En arrivant à quelques centaines de mètres de chez lui, je m'arrêtais un instant en me rappelant brusquement que j'étais totalement nu. Certainement que mon esprit me jouait des tours parce que je crus le voir scruter mon corps avant de le reprendre dans mes bras, je fus heureux d'être capable de lui cacher mes pensées parce qu'il aurait probablement était horrifié de lire mon désir envers lui.
Enfin, lorsque nous arrivions, cinq vampires sauf celui que je voulais voir nous faisaient face. Bien sur, je ne fus pas étonné que l'un d'entre eux se permette de penser que j'étais responsable de l'état de son frère, mais cette accusation fit rugir mon loup tant elle lui paraissait absurde et je ne parvins pas à mettre ma colère en échec, j'aurais sincèrement pu tuer cette salope pour oser m'accuser de la sorte d'une telle absurdité.
La voyante me demanda de la suivre pour me conduire jusqu'à la chambre d'Edward et je déposais aussi délicatement qu'il me fut possible son corps sur le lit avant de reculer au fond de la pièce, mal à l'aise par ma propre intrusion dans la maison, mais incapable de me résoudre à partir avant que le docteur me dise qu'Edward irait bien.
Après son arrivé, je me pressais de sortir pour l'attendre à l'extérieur, je me sentais maladroit et je ne voulais pas à avoir à répondre à certaines questions, non pas parce qu'elles m'auraient réellement gênés, mais parce que j'aurais dû mentir et quitte à choisir, je préférais mentir au docteur Cullen plutôt qu'à Edward.
Je n'eus à attendre que quelques minutes devant la maison pour le voir déambuler vers moi, un sourire aux lèvres qui fit presque immédiatement disparaître ma tension, mes muscles se détendirent aussitôt et ce fut à cet instant que je ressentis la fatigue, l'épuisement.
- Il va bien ?
Le vampire qu'Edward semblait considérer comme son père élargit considérablement son sourire, il paraissait étrangement heureux malgré la situation, malgré l'attaque de son fils.
- Oui, grâce à toi, Jacob
Je fronçais les sourcils perplexe en me demandant comment ce vampire pouvait connaître mon nom et il parut de suite comprendre ma confusion.
- Ton père m'a contacté lorsque tu es tombé dans le coma, me rappela-t-il
Je hochais la tête, me sentant stupide d'avoir oublié ça.
- Bien, alors... je vais y aller, merci encore
J'allais me retourner pour partir, mais une main s'abattit doucement sur mon épaule
- J'aimerais parler avec toi, si tu le veux bien, Jacob
Un noeux creusa douloureusement mon estomac en prenant conscience que j'avais oublié d'être malpoli et haineux comme le bon loup que j'aurais dû être, je n'avais aucune envie de devoir justifier mon comportement.
- Oui, murmurais-je presque inaudible
- D'abord, je voulais te remercier d'avoir sauver mon fils, peux-tu m'expliquer en détail ce qui s'est passé ?
Je restais silencieux un moment, me demandant pourquoi il voulait l'entendre de ma bouche quand son fils pouvait lui raconter.
- Et bien, Edward a été attaqué par Victoria et deux vampires mâles, j'ai déchiré le premier vampire, la femelle s'est enfuit, ensuite je me suis chargé du troisième après qu'il m'ait expliqué ce qu'il avait fait à ton fils. Je fis une pause en me demandant ce qui pouvait se passer dans l'esprit du vampire devant moi et s'il pourrait se contenter de mon explication évasive. J'ai dû sucer le venin, continuais-je presque timidement. Et puis je l'ais ramené
Je haussais gauchement les épaules, priant silencieusement pour qu'il me laisse enfin partir.
- Peux-tu me dire comment tu as trouvé Edward ?
Je clignais des yeux, me sentant plus stupide que jamais, j'avais toutes les peines du monde à ne pas paniquer à l'idée d'être découvert.
- Je... juste par hasard, murmurais-je en scrutant le sol
- Pourquoi, Jacob ? Pourquoi sauver l'un des nôtres en risquant ta vie ? Me demanda-t-il en ne prêtant pas la moindre attention à ma précédente réponse
Ce fut exactement la question que je redoutais le plus. Pourquoi alors qu'on m'avait soigneusement élevé à haïr et détruire son genre ? Un mensonge, un mensonge, me répétais-je
- Sa disparition aurait peiné Bella, mentis-je incapable de soutenir son regard. Je ne voulais pas qu'elle souffre à nouveau
J'étais plutôt satisfait par mon mensonge parce qu'il était crédible, aux yeux de tous, j'étais un bon ami à elle après tout.
- Jacob, je comprends que la situation soit... compliqué, mais tu devrais discuter avec Edward, d'ailleurs, il voulait te remercier pour l'avoir sauvé
Je le regardais les yeux ronds, pas sur de comprendre de quoi il était en train de parler, mais je n'eus pas le temps d'y réfléchir d'avantage qu'une léthargique étrange parut prendre le contrôle de mon corps et je m'écroulais au sol comme une masse.