Kilo-drames TOME II

By MohamedLMClt

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La perte est une peste, va-t-elle la surmonter ou s'enfoncer ? More

Partie 1 - « La mort n'arrête pas l'amour. »
Partie 2 - « Comment vivre ? »
Partie 3 - « Un janvier different. »
Partie 4 - « Une pilule dure à avaler »
Partie 5 - « Se comprendre »
Partie 6 - « Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain. »
Partie 7 - « L'amour est sensé nous enrichir »
Partie 8 - « Le temps d'un instant »
Partie 9 - « Boum... Boum... Tachychardie »
Partie 10 - « Parce que tu m'aimes. »
Partie 11 - « L'Amour des maux. »
Partie 12 - « Devenir sa femme »
Partie 13 - « Une rencontre »
Partie 15 : « Le coeur supplicié »
Partie 16 - « L'ombre brisée »
Partie 17 - « Nid à problème »
Partie 18 : « Son coeur dur s'immole »
Partie 19 - « Le premier amour... »
KILO-DRAMES PARTIES FANTÔMES
KD #3 ALTERNATIVE // Partie 20 // Les souvenirs.
Partie 21 : « Désir ou désillusion »
Partie 22 : « Les battements de son coeur »

Partie 14 - « Les jeunes mariés »

956 51 84
By MohamedLMClt

Hey ! Voici la suite.
J'y suis finalement arrivée ! Je vous la poste maintenant.
La fin de cette partie est pleine de suspense.
Je joue avec votre esprit à ce moment-là. Je sais.
J'attends vos commentaires.
Vous allez m'insulter mdr. Je le sens.
Oui je suis cruelle.
Bonne lecture à tous.

_______________________

***

Un mois de février, les cris de sa fille raisonne dans toute la pièce. Elle est venue au monde en parfaite santé. Leïla était épuisée. Son visage était ruisselant de sueur, les larmes avaient noyé son regard. La douleur de donner la vie l'a achevé. Elle a perdue beaucoup de sang mais elle a tenu le coup.

En voyant sa fille, Djibril a vraiment réalisé, que ce petit être vivant, était une partie de lui. Le bonheur est inexplicable ! Il a eu les larmes aux yeux. Il a même failli faire une syncope tellement c'était éprouvant et long. Mais elle est enfin là. Sous ses yeux. Il vient de couper le cordon ombilical. Son émotion est au plus haut degré !

L'infirmière lui a permis de la toucher pour la première fois. Une sensation extraordinaire envahit tout son corps. Papa. Quelqu'un va l'appeler Papa. C'est un bordel pas possible dans son coeur et dans son estomac.

Il a un bébé.
À seulement 17 ans.

Dix-sept ans n'est pas un âge où l'on devient parent. C'est un âge où l'on se concentre sur ses études, où l'on planifie sa vie, où l'on rêve beaucoup et où l'on sort profiter avec ses amis. Il en avait conscience mais les événements ont choisi à sa place.

En ce mois de février, il est tombé sur le premier amour de sa vie. Quelques minutes après la naissance de sa fille, il allait rencontrer un joyau.

Nelya lisait les écriteaux pour savoir où se trouver son frère. L'orientation n'a jamais été son point fort. Se perdre dans un hôpital faut le faire, se martelait-elle dans son esprit en avançant. Sa mère lui met la pression. Elle est en panique de ne pas connaître l'état de santé de son fils. Nelya tente de la calmer tout en cherchant son téléphone portable dans sa poche. Elle doit contacter l'un des troubles fêtes qui lui sert de frères.

Ils se heurtent à cet instant précis. Ils se sont croisés pour la première fois à sa sortie de la maternité. Elle l'a regardé quelques secondes sans véritables destinations.

Sa mère l'a pincé. Elle est revenue à elle. Elle s'est exécuté en s'excusant tout d'abord. Djibril le lui a indiqué de manière nonchalante. L'expérience de voir naître son enfant l'a perturbé. Après avoir répondu, il a repris sa route, les pensées assombries par la réalité de sa situation : il doit trouver un autre taf pour prendre soin de sa petite princesse. Elle ne devait manqué de rien tel était son objectif premier. Tout ce qui comptait c'était ce petit bout de femme qui venait de fouler les pieds sur Terre.

Nelya avait 16 ans, elle débordait d'empathie, avait le sourire, la douceur et le relationnel. C'était une jeune fille optimiste.

Elle l'a regardé partir. Elle s'était rendue compte que celui qui lui avait indiquait le chemin, recherché encore le sien. Avec un petit sourire, elle a repris sa route.

Elle a retrouvé l'un de ses frères devant la chambre de celui qui était dans le coma. Une course poursuite qui s'est mal passée.

Venant d'une famille composée de frères problématiques, les hôpitaux, les incarcérations, les interpellations à domicile et la prison, elle connaissait bien. Petite sœur de 4 grands-frères, elle savait qu'un jour ou l'autre, les deux nerveux qui lui servent de frères allaient prendre exemples sur les deux autres qui vivent paisiblement. C'était une certitude !

Depuis leur rencontre furtive à l'hôpital, ils se sont vus plusieurs fois dans les couloirs empestant de désinfectants. Nelya a fabriqué la corde pour les relier. Et puis, au fur et à mesure, un lien s'est tissé entre eux. Même en dehors de l'établissement médical, ils se voyaient. Encore et toujours. Aucune arrière-pensée, juste de l'amitié.

Ils foulaient une terre parsemé d'engrais de bienveillance. À force de se voir, de se parler, de se découvrir. L'amour a germé. Une belle rose rouge en est sortie.

Djibril l'avait prévenu qu'il était père. Il ne voulait pas lui imposer son nouveau statut. Nelya n'y prêtait pas attention. Insouciante. C'était un détail pour elle. Elle l'aimait. Il l'aimait c'était le plus important. La naïveté de son âge l'aveuglait. Elle se cachait de ses frères pour le voir. La discrétion était le maître mot de leur relation.

4 ans se sont écoulés. Ils vivaient une vie paisible. Leur amour fleurissait. Il l'avait défloré. Une erreur qui n'a pas laissé Djibril indifférent. Il était sûr que c'était elle qu'il voulait pour le restant de sa vie. Ce moment intime qu'ils ont partagés a augmenté son sentiment amoureux. Il s'imaginait qu'elle lui était indispensable pour vivre. Oubliant qu'il ne faut pas se précipiter dans la vie, au risque de chuter violemment.

Il s'est donné corps et âme pour sa fille et pour la femme qu'il pensait de sa vie.

Inévitablement. Fatalement. Le destin leur à jouer un tour de magie immuable.

Malheureusement la relation s'est sue. Les deux grands-frères se sont rassemblés pour éviter la dérive de leur petite sœur. Ils avaient appris la paternité de l'homme qu'elle côtoyait. Ce détail les a rendu fou. Ils ont vu rouges. De quelle manière cet homme avait-il détourné leur sœur ? Des images sordides sont apparues dans leur tête. C'était décidé, fallait les attraper en flagrant délit.

Ils ont suivi leur sœur.

Djibril et Nelya avait pour habitude de passer leur temps dans un entrepôt abandonné. Ils l'avaient aménagé à leur goût. C'était devenu leur nid d'amour. Des instants magiques sont préservés dans ce lieu. Ils s'y aimaient, s'y taquinaient amoureusement, s'y détestaient gentiment et s'y réconciliaient passionnément.

Le jour où les serpents sont venus saccager le jardin qu'ils s'étaient fabriqués. Ce jour-là, ils étaient entrain de se réconcilier. Une dispute bénigne. Djibril avait réussi à la calmer. Il l'a embrassé tendrement.

Une main l'a attrapé en traître. Une autre main différente s'est retrouvée sur la joue de Nelya. Elle est tombée par terre. Elle pleurait. Hurlait. Sans les arrêter. Les coups sont tombés sur lui. Les deux frères n'avaient aucune pitié. L'un des frères, possédés par la colère, s'est rué vers lui avec une batte enroulée par des barbelés. Son dos s'est retrouvé marqué à vie. À la fin, ils l'ont laissé pour mort dans l'entrepôt. Ils ont pris leur sœur et sont partis.

Ils l'ont trainé chez eux en l'invectivant. Les insultes ne cessaient plus. Les coups également. C'est sa mère qui a réussi à les arrêter. Le visage tuméfié, elle s'est dirigée dans la chambre de sa mère pour prendre son téléphone. Elle s'est enfermée dans la salle de bain et a contacté les urgences pour Djibril. Elle leur a donné l'adresse. Il a été pris en charge.

À son réveil, il a demandé à son ami Ousmane de la contacter. Il n'y est pas arrivé.

Djibril a été hospitalisé de longues semaines.

Deux semaines plus tard, Nelya est venu le voir à l'hôpital. La fatigue se lisait sur son visage. Les bleues recouvraient son corps. Les bras croisés. La mort dans l'âme. Elle était postée devant lui comme un mort vivant. Dénué de sentiment, elle l'observait.

Djibril connaissait par cœur l'expression qu'elle arborait pour donner de mauvaises nouvelles. Il a essayé de parler mais la douleur l'en a empêché. Le voyant se crisper de douleur, son cœur s'est émietté.

Elle s'est mise à parler. Doucement. On avait l'impression qu'elle récitait une poésie. Elle s'est excusée. Puis, elle a mis fin à leur histoire. Il a tenté de lutter. De s'expliquer. Plusieurs fois. Elle n'a voulu rien entendre. Elle a claqué la porte. Elle n'a pas pleuré devant lui mais en sortant : plusieurs gouttes salées ont envahis ses joues.

À sa sortie d'hôpital, il a cherché à la voir, à lui parler. Sans succès. Elle ne voulait pas. Elle avait peur qu'il finisse cette fois-ci couvert d'un linceul. La peur de ses frères a eu raison d'elle. Ils lui ont bien fait comprendre que s'ils le revoyaient, c'était la fin.

Malgré son insistance, il n'a pas réussi à la récupérer. Il a juste reçu, un jour dans sa boîte aux lettres, son journal intime et une photographie. Dans ce journal, elle retraçait sa vie depuis leur rencontre de ses 16 ans à ses 20 ans. Elle décrivait chaque moment qu'ils passaient ensemble. Ses mots psalmodiaient l'amour qu'elle avait pour lui.

Elle a parlé de leur déchirement, de ses frères, de la peur de le perdre définitivement. Elle disait avoir compris que si elle se battait pour leur amour, les conséquences pouvaient être désastreuses. Elle a conclu que son premier amour, elle ne l'oublierait jamais et « qu'aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain ».

Depuis ce jour-là, cette phrase est celle que Djibril dit à Leyäna pour lui exprimer l'amour immuable qui les unis à jamais. Père et fille s'aimeront toujours malgré les incendies, les tempêtes ou les tsunamis.

Nelya l'a marqué au fer rouge. Au sens propre comme au sens figuré. La fin de leur relation est marqué sur son corps tout entier.

Dire je t'aime à une femme est un parcours du combattant pour lui. Depuis Nelya, il ne l'a dit à personne. Il s'est toujours dit que le jour où il le redirait, ce sera pour une femme qui en vaut le coup.

Deux années plus tard. Installé dans son 4x4, il s'est arrêté à un feu rouge. 23 printemps sonnait sur l'horloge du temps. Il était l'incarnation de la réussite. La vitre baissait, il attendait que le feu passe au vert. Il a senti quelqu'un le fixait. Lorsqu'il a dirigé son regard, le choc a crispé son visage. C'était elle ou son ombre. Debout sur le trottoir d'en face. Elle avait pas changé d'un iota. Elle avait pris de la féminité et de la maturité. Sa beauté ne s'était pas dissipée. Ses yeux se sont baissés : elle avait la main sur son ventre rond. Un homme était posté à côté d'elle. Une voiture est arrivée. Il lui a ouvert la porte. Les yeux de Nelya se sont détournés de Djibril. Elle a souri à l'homme et a disparu dans l'habitacle.

Klaxon,
Klaxon,
Klaxon,
Les voitures s'impatientaient. Djibril a levé les yeux. Le feu était vert. Quand il a regardé à nouveau en direction de Nelya. Le véhicule avait disparu.

Il a pris une profonde inspiration et a démarré.

Les rumeurs qu'il avait entendu était donc vrai. Elle était mariée et maman en devenir.

***

Il semble ne pas être perturbé par ma question. Il sort de sa chambre sans me dire un mot. Je le suis. Il est assis sur une chaise dans la cuisine.

- Je t'ai posé une question.

- J'ai entendu ta question.

- Pourquoi tu me réponds pas ?

- Parce qu'elle est inutile, si tu réfléchis deux minutes, t'as la réponse.

- Djibril.

Il souffle.

- Vas-y, je rentre dans ton jeu. Il y avait qui avec moi hier ? Sabrina était là. Ma petite sœur était là. Je vois pas en quoi elle est intéressante ta question.

- J'ai trouvé un soutif dans ta salle de bain.

Il me regarde avec attention. Sans rien dire, il sort son téléphone de sa poche. Il le pose sur la table. Il met le haut parleur. J'entends les tonalités s'enchaînaient.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Parle bien Anta.

- Ta mère m'oblige à l'aider avec des vêtements là, j'ai pas le temps pour toi !

- C'est ta mère aussi j'te signale !

- Ouais bah abrège. Tu veux quoi ?

- T'as été dans ma salle de bain hier ?

- Oui et ? J'ai plus le droit ? L'autre avait un problème.

- T'es trop insolente attend que je te chope.

- Steuplait Djibou, dépêche toi... t'entends maman ? J'arrive c'est ton fils qui me fait un interrogatoire là Maman... oui... hurle-t-elle au bout du fil. Et donc ?

- T'as oublié un truc dans mon panier à linge.

- Merde ! J'étais pressée. Désolée.

- Tu sais de quoi je parle ?

- Bah oui, bref. Je viendrais demain le récupérer. T'y touches pas !

- Pourquoi je toucherais à ton soutif ?

- Ha-ha. Bref salut grosse tête !

Elle raccroche. Il me regarde. J'ai été idiote mais le fait qu'il ait vu Léna hier, trouver un journal intime et une photo, c'est trop pour mon esprit. Surtout ces temps-ci.

- Le point positif de cette histoire, c'est que t'as pas crié, t'as parlé tranquillement.

- Je pensais... j'ai vu des une photo et un journal intime dans l'un de tes tiroirs. Ensuite je vois un soutien gorge. À ma place, tu te serais pas posé de questions ?

- Je t'avais dis dernier tiroir à gauche Rehana, me rappelle-t-il exaspéré.

- Pourquoi t'as gardé tout ça ?

- Je devais m'en débarrasser en emménageant et j'ai zappé.

- Tu l'aimes toujours cette fille ?

- Tu l'aimes toujours Mam's ? Ta réponse sera la mienne.

- ...

- C'est mon premier amour, elle aura toujours une place dans mon cœur mais elle fait aussi partie de mon passé. Elle fait plus partie de ma vie ! Aujourd'hui, j'suis dans le présent. Elle a rien à y faire.

- Je veux pas la voir ici, dis-je tranquillement. Débarrasse-toi de tout ça.

Il s'approche de moi. Il attrape le collier que j'ai au cou et l'observe.

- C'est pas la même chose Djibril. Il n'existe plus. Je le reverrais jamais. Nelya, elle. Tu peux la revoir. Imaginons qu'un jour elle revient dans ta vie.

- Déjà elle reviendra pas. Ensuite si elle revient, je suis sûre de moi avec toi. Donc elle pourra rien faire, dit-il en lâchant mon collier. Je suis pas une girouette, moi.

Il part dans sa chambre et revient deux minutes plus tard. Le journal et la photo dans les mains.

- Si tu veux savoir, - en me montrant la photo - elle me l'a envoyé après notre rupture. Elle avait écrit ce mot derrière la photo pour que j'oublie pas. C'était le genre de personne qui aimait écrire pour immortaliser les choses : sentiments, pensées. Elle voulait que je me l'imprime dans le crâne. Dans le journal, il y a toute notre histoire. Je l'ai pas relu depuis que je l'ai vu marié et enceinte.

- Tu m'avais déjà parlé d'elle.

- Je suis pas un menteur Rehana. Tu peux tout me reprocher, sauf ça. Je vais pas te balancer des salades pour te flatter ou conforter ton ego. Ta jalousie est mal placée sur ce coup.

- Je sais... Tu veux en faire quoi ?

- On les jette. C'est ce que tu veux non ?

- ...

- Je te manquerais pas de respect.

Il déchire la photo et le plonge avec le journal dans la poubelle.

- On descend même la poubelle si tu veux être sûr de moi, dit-il d'un ton un peu plus susceptible qu'au départ.

- J'ai confiance en toi juste ça me plaît pas de la savoir dans ta chambre même qu'en photo.

- Tu crois que ça me plaît de savoir Nayd souvent chez toi en chair et en os ?

- Je peux rien y faire à ça... mes parents le considèrent comme leur enfant...

- Tu vois.

- Je...

- Laisse... T'es sûr que tu veux que j'aille voir ton père ?

- Oui.

Finalement, on ne grignote pas et on ne discute pas non plus. Il me ramène chez moi.

Le soir, il m'a appelé.

- Ça va ? lui demandais-je.

- Normal et toi ?

- Ça peut aller mieux si tu me dis que tu vas venir.

- Je serais là.

- C'est vrai ?

- Oui.

- Tu me rassures.

- Je ressens des vrais trucs pour toi Rehana. C'est pas arrivé depuis... - il s'est racle la gorge - j'ai pas envie que tu te dises que je veux pas me donner les moyens pour nous... je veux juste pas me prendre un mur, c'est pour ça que je te laisse le choix. Et je t'en voudrais pas si tu le choisis.

- Il y a plus de choix à faire.

On a passé la nuit au téléphone à discuter. Je me suis même endormie avec lui à mon oreille.

Le lendemain, dans la cuisine, ma mère me raconte la visite du S. Elle m'a expliqué qu'il avait trouvé un appartement et qu'il était entrain d'emménager.

Je lave les assiettes pendant qu'elle me parle.

- Je suis fière de lui. Sa mère revient bientôt In sha Allah. Il se prend enfin en main depuis son retour al hamdullillah et je pense qu'une femme est responsable de ce changement.

- Mmh... tu veux boire quelque chose maman ?

- Non merci... j'espère de tout mon cœur qu'il aura le bonheur qu'il mérite. C'est un bon garçon.

- J'espère pour lui Mama. J'espère.

- In sha Allah. L'invocation des mères pour leur fils fonctionne donc : qu'Allah lui accorde la femme qu'il souhaite.

- ...

- Sinon Djibril viendra voir Baba ?

- Oui, samedi.

- Ton père est un peu réticent parce qu'il a un enfant mais tu vas voir, dès qu'il va le rencontrer, il va l'apprécier.

- In sha Allah.

Le même jour, j'ai reçu un message d'un numéro que je ne connais pas qui disait : « Je sais que tu veux que j'te zappe mais j'peux pas. J'y arriverais pas. »

J'ai su que c'était le S. Je n'ai pas répondu mais j'ai relu plusieurs fois ce message.

Dans la semaine, j'ai décidé d'aller voir Assa et ses enfants. Je l'ai pas vu depuis longtemps.

Elle m'ouvre. Son long voile illumine son visage. Elle est contente de me voir. Elle est accompagnée d'autres mamans du quartier. Je les salue. Elles me présentent comme sa fille. Je discute un peu avec elles avant d'aller rejoindre les enfants dans leur chambre pour discuter avec eux.

Il n'y a que Kadia et Amina. Les garçons sont sortis. Elles me parlent de l'école et des disputes qu'elles vivent avec leur camarade. C'est bon enfant. Je reste une heure avec elles.

On se chamaille. Je les chatouille. On rigole bien.

En partant, je croise Sam et Adama dans les escaliers. Ils se disputent. Sam l'attrape par la nuque et le fait monter les escaliers. Depuis la disparition de Mam's, son petit frère est devenu incontrôlable.

- Tu m'attends ici toi, faut qu'on parle ! me dit Sam avant de monter les marches avec Adama à bout de bras.

Adama me dévisage. Il ne m'aime pas et il me l'a fait comprendre en me le disant une fois. Très violemment. Il ne comprend ma présence dans leur vie...

J'attends Sam comme il me l'a demandé. Depuis que j'ai ma voiture, il ne me ramène plus. Ce qui est normal mais il reste poli envers moi.

Il arrive en dévalant les escaliers. On descend les marches. Les politesses sont formulées. On s'arrête devant l'immeuble. Il me dit d'avancer d'un signe de tête. Il discute avec un mec de son quartier. J'arrive devant ma voiture. Il revient en jetant sa clope au sol... :

- File-moi tes clefs de voiture.

- Quoi ?

- Tu veux que j'te la fasse en quelle langue ?

- Euh... tiens. - je lui tends les clefs -

Il ouvre et s'installe côté conducteur. Il me fait signe de monter.

- Mets ta ceinture !

- On va où ?

Je mets ma ceinture. Il démarre.

- J'te ramène. Tu croyais que j'allais te laisser me conduire ?

- Et comment tu rentres après ?

- T'inquiète !

On a roulé une quinzaine de minutes dans le silence avant qu'il ne lâche le morceau.

- S'il s'occupe mal de toi, tu me dis. Je m'en occuperais personnellement.

- Hein ?

- Ton mec. Le chef d'entreprise.

- Comment tu sais ?

- Je sais c'est tout. Tu revis. C'est bien.

- J'essaie.

- Arrête de venir dans mon quartier et de le porter, dit-il en montrant mon collier. C'est pas bon pour ta nouvelle vie.

- Même si je voulais, je pourrais pas.

- J'sais pas ce que tu lui as fais à celui-là, mais à sa place, je l'aurais tej ton collier et je t'aurais interdit de mettre les pieds ici.

- Il est mort Sam. Il risque pas de revenir, dis-je pensive.

- Ouais... répond-il les mains agrippés au volant... il est plus al mais tu le fais revivre en gardant tout ça. J'te parle sérieux. C'est pas bon pour ton futur.

- ...

- Bref. Si t'as besoin, tu m'dis, c'est bon ?

- Merci mais c'est contradictoire. Tu veux que j'me sépare de lui et tu me proposes ton aide.

- Parle pas trop français dans mes oreilles. Je sais ce que je dis et je sais ce que je fais !

Il devient plus ferme dans ses mots. La douceur que j'ai cru entendre a disparu. Ses mains sont crispés. Cinq minutes passent et je vois son langage corporel se détendre.

- Et toi t'as quelqu'un dans ta vie ?

- Ça changerait quelque chose à ta vie de savoir ce que je fais de la mienne ?

- Non mais...

- Non mais, ça m'intéresse. Rien est intéressant dans ce que j'fais.

- Tu sais des choses sur moi, je sais rien sur toi.

- Il serait content de savoir que t'as pas fini avec un taulard, me dit-il en ne prêtant pas attention à mes propos.

Je n'ai rien à répondre à cette phrase.

- Que ce soit le chef d'entreprise ou l'autre, c'est pas des gars qui vont te faire perdre ton temps.

Il a l'air de connaître ma vie mieux que moi. Il me fait limite encore plus peur qu'avant. Il lâche un sourire en coin en me regardant rapidement. Son rictus est mesquin. Il voit que son attitude de psychopathe me perturbe.

- J'ai mes infos, cherche pas et parle normal. Je vais pas te manger. J'suis pas encore dans ça. Celui qui était là quand Mam's est parti, il doit vivre salement ta nouvelle histoire non ?

- C'est compliqué.

- Suis ce qui est mieux pour toi.

- T'es conseillé maintenant ?

Il me laisse sur ma fin et met la radio. Même si on a échangé que quelques mots, il a été vraiment bavard. Il s'arrête à un arrêt de bus près de chez moi. Il descend et me laisse prendre ma place.

Il me salue de la main et marche dans le sens inverse. Ses pas jonchent le bitume lentement.

Je le regarde partir dans le rétroviseur. J'aurais aimé qu'il s'enlève de la rue mais ce n'est pas son objectif de vie.

Samedi.

Je me suis réveillée avec le stresse au ventre. Certes, ce n'est qu'une présentation mais c'est angoissant. Je me demande comment tout va se passer. Je n'ai pas dormi de la nuit tellement je cogitais. Mon père est très difficile. Même si Mama a validé Djibril, ce sera peut-être pas le cas de Baba. Je suis sa seule fille. Il veut le meilleur pour moi. Et s'il voit une faille, il refusera.

Quelqu'un sonne à la porte. Mon père est parti ouvrir. Caché dans le couloir, j'espionne ce qu'il se passe. J'aperçois, le fauteuil roulant de mon frère. J'entends une voix qui m'est très familière. Junayd.

Qu'est-ce qu'il fait là ? Je sors de ma cachette. Ils vont tout gâcher ! Junayd est propre sur lui. Il a le sourire aux lèvres. Il salam Baba en lui faisant une accolade. C'est très convivial. Ma mère arrive. Elle embrasse rapidement Riad et salut le S.

- Qu'est-ce que vous êtes là ? demande ma mère.

- On est venus voir Baba... Junayd voulait te parler Baba, explique Riad. Et moi, je dois vous parler à Rehana et toi.

- De quoi ? demandais-je.

- On va dans ta chambre et je vous explique.

- C'est rien de grave Junayd ? s'inquiète ma mère.

- Non hamdullillah, au contraire.

Mon père invite Junayd à s'installer.

- J'ai une demande à faire, lui dit-il.

Je fronce les sourcils. Je voulais réagir mais Riad m'a pris la main. Il voulait que je me taise. Je le regarde.

- Il veut faire les choses bien pour vous, me murmure-t-il.

- Pour nous ?

Je prends conscience de ce qu'il se passe.

On sonne à la porte.
Mon père va ouvrir.
Djibril.

Il salut mon père et lui sert la main. Tout le monde se tourne vers lui en l'entendant. Junayd se lève du canapé. La situation est inconfortable.

On est tous perdus et pensifs.
Riad s'interroge sur sa présence. Gentiment cette fois-ci. Baba avait omis volontairement de lui dire parce que c'était une histoire entre lui et Djibril et non entre lui et toute la famille.

Mon père le fait entrer.

- Il vient discuter avec moi, répond finalement Baba à Riad.

Les regards se tournent vers moi. Je suis gênée. Serpent n'est plus du tout expressif. Ses traits sont devenus sérieux et grave.

Un mois passe.

Demain c'est le grand jour.

J'y crois toujours pas. Je vais devenir une nouvelle femme. On dit que lorsqu'une femme se marie, c'est une tout autre vie qui commence pour elle.

Elle quitte sa famille pour en construire une nouvelle. J'ai toujours rêvé de me marier mais je me suis toujours demandée si j'étais à la hauteur de ce nouveau rôle.

Une partie de la nuit, j'ai pris les conseils de ma mère. Elle m'a fait un rappel sur le mariage et son importance. Elle m'a parlé des grandes femmes de l'Islam. J'ai été fasciné de la manière dont elle me contait ces histoires.

Je me suis finalement retrouvée seule dans ma chambre. Je regardais mes mains tatouées par le henna. Je vais me marier, pensais-je.

Mon téléphone vibre. Je décroche. Les formalités habituelles, puis il enchaîne :

- Je sais que t'as peur.

- Toi aussi ?

- Ouais.

- T'as jamais peur pourtant, répliquais-je.

- On se marie, Rehana.

Il me le dit comme pour me rappeler le pas qu'on va passer tous les deux.

- Je réalise petit à petit là, répondis-je.

- J'ai du mal à réaliser encore... on se voit demain. J'vais essayer de dormir.

J'acquiesce et raccroche. Nous serons bientôt unis. Je m'allonge sur mon lit en cherchant le marchand de sable à chaque clignement de cil.

L'Imam fait des invocations. Nous sommes mariés. Il poursuit en faisant un rappel sur les droits et devoirs de l'homme et de la femme au sein du foyer. C'est très émouvant. Je regarde mes parents. Mon père est ému. Ma mère pleure. La fatigue qui trainait sur son visage ces dernières semaines n'est plus. Seule la lumière due au bonheur de voir sa fille devenir une femme est présent.

Je ne peux que pleurer d'émotions en la voyant.

Il me regarde avec un sourire. Il est heureux. Je le suis aussi. On est mariés.

Le petit comité qu'on a réuni pour l'occasion est plongé dans un nuage de bonheur. Après le discours de l'Imam, tout le monde vient nous féliciter en nous étreignant. La journée se passe merveilleusement bien. La soirée également.

Je quitte l'appartement où j'ai grandis pour mon nouveau foyer. J'ai l'impression de partir dans une autre ville alors que je ne serais pas très loin. Ça pique le cœur n'empêche ! Ça me fait bizarre aussi.

On rentre tard chez nous. Je suis épuisée de la journée. Lui aussi semble-t-il. Il baille. En foulant l'appartement, j'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre. Je respire le nouvel air qui sera le mien pendant longtemps si Dieu me le permet.

On se regarde à peine. Une timidité nouvelle s'est installée. On dirait que c'est la première fois qu'on se voit. Il m'intimide.

Il finit par aller à la douche. Je m'installe dans notre chambre. J'observe les lieux. Je vais passer des nuits et des nuits ici.

Je m'installe sur le lit. Je ferme les yeux. Je suis mariée. Depuis le temps que je rêve de jour. Vivement la mairie pour porter son nom de famille.

Il arrive dans la chambre le sourire aux lèvres.
Il ne prête pas attention à ma présence. Il se contente de chercher ses vêtements.
Je pars en douce dans la salle d'eau.

Après avoir pris une douche, je me suis apprêtée de sorte à être présentable face au lui. J'ai le pyjama en soie que m'avait offert Racky. Je me suis mise un peu de parfum et j'ai attaché mes cheveux. Avant de sortir, j'ai jeté un coup d'œil pour être sûr de n'avoir rien fais de travers.

Quand j'arrive dans la chambre, il est endormi. Il y a de quoi. Je sais que toute la journée, il n'a pas arrêté. Son bonheur s'est transformé en une grosse fatigue. Je me suis installée à ses côtés. Timidement. Allongée sur le dos, je jette un œil sur lui. Je sourie. J'observe la bague que j'ai à la main. Je suis mariée.

J'ai trouvé les bras de Morphée au bout de quelques minutes. C'est vers onze heures que j'ai émergé de mon sommeil. Il n'était pas là.

Je me suis levée lentement. Je me suis étirée et j'ai foulé le sol. Je l'ai retrouvé dans la cuisine. Des œufs m'attendaient de pied ferme. Je le salue. On discute de la veille sans vraiment se regarder. Tout s'était déroulé à une vitesse. Après cette matinée ensemble, j'ai passé une partie de la journée à ranger mes affaires dans mon nouveau chez moi. L'autre partie de la journée, on est partis faire des courses. C'était amusant de le voir si investie. Je l'avais jamais vu comme ça. C'était un moment magnifique.

J'ai insisté pour mettre ma touche chez nous.

Il a accepté, heureux de voir que je suis impliquée.

On a mangé dehors. Ensuite on a fait une virée en voiture. L'air frais rentré dans l'habitacle. Je me sentais apaisée. Il m'a pris la main et on a roulé un long moment.

On est rentrés chez nous, très tard le soir. On s'est séparé. Il est resté au salon et je suis partie dans la chambre continué mon rangement.

À un moment, j'ai sentis ses bras venir me ceinturer la taille. Je planais. Il était différent. Sa douceur me fait frémir. Je me suis retournée vers lui. Il me prend dans ses bras. Ses mains caressent mon dos. Je le serre tendrement contre moi. Mes mains se baladent dans son dos. On reste dans cette position un certain moment. Son parfum me titille les narines. Je suis envoûtée.

Je finis par m'enlever pour le voir. J'ai passé mes bras sur sa nuque. Ses doigts agrippent fortement mes hanches. Je caresse son visage. Tendrement. On s'observe. On s'appelle. On se veut. J'étais hypnotisée par la manière dont il m'observait. Il a scellé ces différentes émotions qui commencer à naître par un baiser. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas touché mes lèvres. Quand il l'a fait, j'ai senti tout mon être frissonné. Ce n'était pas un baiser innocent... la passion et le désir qui s'en dégageait m'immolais tout le corps. Il m'a embrassé comme si j'étais devenue son oxygène. J'étais encore plus passionnée par ce baiser que lui. Quand on reprenait notre respiration, j'étais celle qui ne voulait pas qu'il s'arrête.

Il s'est débarrassé de son tee-shirt. Je suis tombée sur le lit. Ma chemise fleurie est par terre. Il est au dessus de moi et m'embrasse. Mes mains agrippent sa tête. Ses lèvres s'installent sur mon cou. Elles se baladent sur mon corps. Mes hormones se battent entre elles. Les chenilles dans mon ventre se sont transformés en des milliers de papillons. Il me couvre de bisous plus passionnés les une que les autres. Je le désirais. Il revient vers mes lèvres. Les minutes défilent et je deviens sienne au fur et à mesure.

J'ai fini par lui appartenir corps et âme.

J'étais devenue sa femme.

_____________

AVEC QUI S'EST-ELLE MARIÉE SELON VOUS ?

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