Les serpentards ne sont pas t...

Por Diaenoly

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Toute serpentarde normalement constituée aurait fui les maraudeurs comme la peste. Mais voilà, Eilya Connors... Más

Ô jour béni de rentrée scolaire
Martinez
Cauchemar et ronde nocturne
Mission Poulet !
Le repère des maraudeurs
Rock'n'roll et débriefing
Où l'art de la chouquette fourrée
Hominis autem noctis
Complicité, bienvenue !
Cuite et autres petits problèmes
Tout ça pour un malheureux soutif
L'affre du loup-garou
Le fan club maraudeurs
Quand on l'attaque, Pikachu contre attaque !
Un peu d'action en cours de potions
Flottez petits ballons, flottez !
Quand tout se barre en sucette
Madame Morfal
Abruti de gui
Tout comme avant
Heaven hall
Les maraudeurs passent à l'offensive
Papy Henry à la rescousse
Keops la pouffiasse
C'est la guerre ! ( Partie 1 )
C'est la guerre ! ( Partie 2 )
Les couleurs de Poudlard
Ces jours passés

Ouvrez vôtre chakra !

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Por Diaenoly


Suivant le flot d'élèves qui rejoignait la grande salle, Eilya marchait, le regard vague, ses cernes seules témoignant de son manque de sommeil. Oh ce n'était pas ses cauchemars. Non... Depuis qu'elle allait dormir régulièrement avec Sirius, son sommeil s'était beaucoup amélioré. Même la nouvelle de ses fiançailles, une fois le choc encaissé, était devenue somme toute certes merdique mais pas au point de lui en ôter le sommeil. Et ce encore grâce à Sirius. Savoir qu'elle partait, qu'elle allait quitter sa famille l'avait énormément apaisée. Sirius s'était montré formidable. Oh il l'avait toujours été cet espèce de crétin congénital seulement il voulait bien le montrer qu'à certaines personnes. Et elle faisait partie de ces quelques personnes. Et même si dans le fond il se complaisait dans cette facette de cornichon mono-neuronique, comment pouvait elle lui en vouloir ? Eilya ne pouvait l'en aimer que d'autant plus. A tous instants il avait été là. La veillant d'une douceur si apaisante que sa peine semblait parfois s'alléger quelque peu.

Eilya allait partir. Quitter sa famille. Elle avait fait ce choix. Elle le voulait plus que tout. En vérité, la raison des quelques cernes parsemant son visage se trouvait à seulement quelques mètres d'elle. Elle pouvait voir son dos droit, disparaissant parfois derrière un élève qui passait. Voir ses cheveux onduler légèrement au gré de ses pas. Une si petite distance et un pourtant un si grand fossé qui les séparait. Remus l'ignorait. Aucun regard. Aucune expression. Rien. Comme si aucun de leurs moments, les doux comme les joyeux n'avaient jamais existé. Il continuait inlassablement de lui tourner le dos, comme indigne de son attention. Ennuyeuse à son regard. Un vulgaire jouet dont il se serait lassé.

Le regard perdu, elle ne se rendit même pas compte que ses pieds l'avaient mené à la table des gryffondors, comme mû par leur propre volonté. Et elle restait là, hésitante, lorsque Sirius lui sauta dessus, la faisant sortir de sa torpeur.

- LYA ! J'ai une grande nouvelle !

Il se mit à se dandiner sur place, les yeux grands ouverts et se mordant la lèvre d'impatience.

- Je suis amoureux !

Hein ? Sirius amoureux ? Eilya s'étouffa avec sa propre salive, toussant tout en essayant de ne pas rire.

- Qui ? Demanda t-elle d'une voix rauque.

- Elle s'appelle Britanny Powel !

Merlin Britanny... Ce nom transpire la pouffiassissité à plein nez...

- Elle est en septième année à gryffondor ! Elle a corps à se damner je te jure ! Une pure bombe ! Et des seins ! Hum t'imagine même pas !

Eilya se mit à ricaner discrètement. Et c'était ça qu'il appelait amour ? Merlin, Patmol était vraiment à côté de ses pompes... Non pas qu'elle soit experte en la matière mais au vu des événements récents, elle était comme même un chouïa connaisseuse. Alors qu'Eilya venait de se remettre de cette ô combien heureuse nouvelle ( c'est ironique bien sûr), la dite bombe aux superbes roploplos, fit son entrée, le chemisier grand ouvert, roulant davantage du postérieur quand un regard masculin venait à se poser dessus. Et voilà... Elle l'avait bien dit... Une vrai bimbo en puissance... Sirius salivait littéralement devant elle, la déshabillant d'un regard brûlant. Du désir mon coco. Pas de l'amour. Il finirait par se lasser. Eilya le connaissait que trop bien. Après quelques séances mémorables de placard à balais, il retrouverait bien vite son statut de célibataire et oubliant miss gros nibards par la même occasion.

Arrivant à leur hauteur, Britanny se jeta littéralement sur Sirius, lui dévorant la bouche au passage, laissant une Eilya un chouïa gênée à côté. Non mais ils ne pouvaient pas faire ça ailleurs ? Comme si Poudlard n'avait pas assez d'endroits discrets !

Alors qu'Eilya essayait de poser les yeux partout sauf sur l'échange de bave, son regard resta bloqué. Doux Jésus ! Mais c'était vrai qu'elle avait des seins incroyables! Elle fit quelques allers retour visuels entre les siens et ceux de la bimbo. Merlin... Elle ressemblait à une planche à repasser à côté. Reportant son attention sur Britanny les roploplos, elle en vient à l'irréfutable conclusion que ce n'était pas naturel. Ça devait être rempli d'air ces trucs... Eilya était pratiquement sûre que si elle plantait sa baguette dans un des airbag avants de l'autre grognasse, assurément elle s'envolerait tel un ballon de baudruche, visitant pas le même occasion le plafond de la grande salle. Une expérience des plus tentantes... Alors qu'Eilya s'apprêtait à mettre sa théorie en application, Britanny décolla sa bouche dans un horrible bruit de ventouse et lui décrocha un regard de pur mépris.

- Dégage Connors. Il est a moi maintenant.

Han. Eilya resta interdite avant de partir dans un rire sonore, vexant visiblement Britanny. Mauvaise réponse miss gros nibards ! En plus d'avoir le QI d'un veracrasse, la réaction de Sirius ne devrait pas se faire trop attendre au vu de la couleur rouge qu'il venait de prendre ! Youhou ! Cela allait être jouissif au possible! Le teckel allait sortir les crocs ! Et tandis qu'elle continuait de se bidonner, Sirius s'était littéralement crispé, une lueur de pur dégoût se reflétant dans ses yeux.

- Dégage, murmura t-il d'une voix menaçante.

- T'as entendu Connors. Dégage.

- Pas Eilya. Toi ! Aboya t-il.

Oh yeah ! Faisons. Une. Danse. De. La. Joie ! Bimbo remballe ses roploplos !

Eilya se mit à gesticuler comiquement à côté d'eux. Besoin d'évacuer la pression que voulez vous. Fallait bien se faire des petits plaisirs dans la vie.

- Mais enfin Sirinouchet, murmura Britanny ton lascif. Tu m'aimes, n'est ce pas ? S'enquit t-elle en laissant un doigt courir le long de sa gorge.

- DÉGAGE ! TU ME DÉGOUTES ! Explosa t-il en la rejetant violemment.

Huhuhu ! Et on refait une danse la joie !

La tête haute, Britanny repartit avec son matos sous les yeux encore rieurs d'Eilya. Et voilà ! Sirius était redevenu célibataire ! Il n'y a même pas eu de placard à balais ! Sirius continuait à ruminer, grognant de temps, ignorant Eilya qui continuait de se dandiner, attirant certains regards curieux. Patmol grogna un peu plus fort. Non mais elle se prenait pour qui cette bombe sexuelle ? Elle avait des seins à se damner mais niveau intelligence on repassera ! Remballez Eilya ! Non mais ho ! Il se calma un chouïa en venant de penser à sa rupture. Donc il était sensé avoir le cœur brisé maintenant ? Après tout il devait être triste non ? Pleurer son amour perdu ? Hurler son désespoir contre les tourments de la vie ?

Il ferma les yeux et se concentra attentivement à la cherche d'une infime trace de douleur. Mouais... Pas grand chose... Y'avait bien le haut de la fesse gauche qui le démangeait mais à part ça... Et puis il avait faim. A table !

Alors qu'il rouvrait les yeux, prit d'une subite fringale, une Eilya livide accrocha son regard. Tiens, elle ne dansait plus ? Reportant son regard dans la même direction, il aperçu le restant des maraudeurs arriver, Remus légèrement en retrait, le regard fuyant. Alors qu'Eilya esquissait un mouvement vers lui, il partit s'asseoir plus loin possible, sous les yeux exaspérés de ses amis. Un abruti de Moony dans toute sa splendeur... Des jours que Remus s'enfermait dans un mutisme effrayant. James et Sirius avaient bien tenté de la dérider mais rien. Même Rogue semblait péter le feu en comparaison. Sirius lâcha un soupir d'exaspération alors qu'Eilya s'en allait, les traits crispés.

- Lya... Où vas tu ? Tu ne manges pas avec nous ?

Elle lui décrocha un sourire triste, la voix emplit d'une grande douceur.

- Je vais vous laisser tous les quatre.

- Mais...

- C'est mieux comme ça. Comme avant.

- Mais tu es là maintenant.

Elle lui posa doucement la main sur la joue tandis qu'il penchait la tête pour accentuer la caresse.

- Oui je suis là... Mais j'ai besoin d'être seule. Et de toute façon Remus ne souhaite pas ma présence.

Elle enleva sa main et partit vers la table des serpentards avant que Sirius ne puisse la rattraper. Il fallait qu'elle prenne du recul. Et puis de toute façon elle n'avait que trop abusée de leur temps. Les maraudeurs avaient toujours été que quatre. Quatre garçons. Personne d'autre.

Et dans un douloureux pincement de cœur, elle retrouva son copain le trou de table. Plus de six ans à le creuser à chaque repas et voilà que quatre idiots de gryffondors s'étaient pointés, lui faisant oublier cette besogne qui rythmait quotidiennement ses repas. N'était ce pas comique comme retour à la réalité ? Oui... Comique mais cruellement pathétique.

Un tintement cristallin s'éleva alors dans les airs depuis la table des professeurs, faisant rapidement mourir le brouhaha de la grande salle. Dumbledore se leva alors, sa barbe trempant presque dans son assiette.

- Mes chers élèves. J'ai une annonce importante à vous faire part. Dans le cadre de votre cursus scolaire, j'ai le grand plaisir de vous annoncer qu'il y aura...

- UN BAL ! Hurla soudainement une poufsouffle. Y'A UN BAL !

Sa phrase fit l'effet d'une bombe. PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! Y'AVAIT UN BAL ! Mais que ne nous le disiez vous plus tôt très cher ! De multiples groupes de filles se mirent à émettre des cris s'apparentant a des ultrasons. Des robes ! Des bijoux ! Du maquillage ! AHHH ! DES CHAUSSURES ! Six groupies enragées s'étaient déjà littéralement jetées sur Sirius, filant des coups de pieds aux autres pour qu'elles lâchent prise. Quand à Patmol, il continuait de sourire bêtement, trop heureux que l'on se tape dessus pour lui.

Du côté serpentard, la situation n'était guère meilleure. Martinez s'était littéralement jeté sur la table, forçant Eilya à se retranchée dessous, motivée par un soudain instinct de survie.

- MI AMOR ! YÉ TE VEUX !

- DÉGAGE LA CREVETTE !

Il tentait de l'attraper, faisant voler son bras sous la table dans le vain espoir de l'atteindre.

- Arg ! De l'aide ! J'ai besoin d'aide ! Sirius !

Entre deux pieds, elle jeta un bref coup d'œil pour apercevoir le concerné enseveli sous une mêlée d'oestrogènes deux tables plus loin. Ok. Pour les renforts c'était mort. McGonagall s'était mise à brailler au milieu de la grande salle, essayant de calmer la cohue. Eilya se mit à ramper entre les pieds des gens, s'affolant dès qu'elle attendait les pas de Martinez juste au dessus de sa tête. Alors qu'elle avançait son regard fut happé par une bande de groupies en chaleur, menée par Pikachu, s'approchant dangereusement de Remus. Non mais ce n'était certainement pas parce ce que Remus ne lui parlait plus qu'elle allait lâcher l'affaire ! Agrippant violemment sa baguette, elle jeta une foule de furonculus, allongée entre les jambes de Rogue.

Celui ci se redressa brusquement, les joues rougissant un chouïa. Pas de pensées déplacées. Non non. Restons imperturbable. Il avait Connors entre les jambes mais tout allait bien.

- Connors dégage, grogna t-il d'une voix moins menaçante qu'il ne l'aurait voulu.

- Henriette, tu ne vois pas que je suis un peu occupée là ?!

La dite Henriette plissa dangereusement les yeux, un pli menaçant entre les yeux, les narines palpitantes. L'une des choses qu'il détestait le plus en ce bas monde, c'était qu'on lui manque de respect. Et à cet instant bien précis, allongée sous ses fesses, cette espèce de paillasson ambulant lui manquait de respect et pas qu'un peu.

- VIRE. DE. MES. JAMBES !

Il lui asséna un coup de pied dans les reins la laissant échapper un petit cri de douleur. Oh non. Elle venait de dévoiler sa position à l'autre crevette poilue. Au même instant, la grosse choucroute capillaire de Martinez apparue devant elle, la faisant violemment sursauter et se taper la tête dans le banc au dessus. Un Severus un chouïa colérique qu'on se balade sous ses fesses les tira de dessous la table puis leur jeta un sort bien placé, un peu plus violent que prévu. Les deux abrutis valsèrent vers le bout de la grande salle, planant littéralement au dessus de la mêlée de groupies en chaleur toujours sur Sirius. McGonagall s'époumonait toujours au milieu de la cohue, puis, apercevant deux de ses élèves voler à trois mètres au dessus d'elle, elle ouvrit en grand la bouche, la mâchoire raclant limite au sol.

- MISS CONNORS ! REDESCENDEZ IMMÉDIATEMENT !

- Cela ne saurait tarder professeur ! Cria t-elle en se rapprochant dangereusement de la table des professeurs.

Martinez continuait d'essayer de la chopper au milieu de son vol plané. Après cinq secondes de vue imprenable sur la grande salle, elle vint littéralement s'aplatir sur la table des professeurs, ceux ci toujours ahuris devant le bordel général. Alors qu'Eilya leur affichait un petit sourire figé, massant son cou douloureux, son regard fut attiré par quelque chose de nettement plus intéressant.

- Oh ! Vous avez du poulet ! Miam !

Tandis qu'elle attrapait un pilon, elle se fit soudainement tirer les pieds par Martinez. Ses ongles griffant le bois et hurlant à pleins poumons, elle s'éloigna, les professeurs la regardant partir, un air fataliste au visage. Slughorn lui fit même un petit au revoir de la main tandis que l'espagnol tirait sa cavalière de toutes ses forces. Eilya continuait de rayer la table lorsqu'elle passa à côté d'une carafe. Oh ho ! Carafe ! Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'était pas parti taper le Martinez ! Donnant une impulsion plus forte, Martinez la fit lâcher la table, atterrissant tout droit sur lui.

- YÉ TÉ !

- Martinez, tu vas tâter de mon revers !

Et c'est à ce moment bien précis que sa copine la carafe entra en scène. Elle prit de l'élan et lui administra un revers magistral en pleine poire. Madame Bibine se leva soudainement, s'exclamant :

- Bien vôtre revers Miss Connors !

Dépassé par l'ampleur de l'événement, Dumbledore consentit enfin à intervenir, soulageant par la même occasion une McGonagall rendue muette d'avoir trop brailler. Il porta sa baguette à sa gorge, sa voix assourdissante résonnant jusque dans les hauteurs du plafond.

- SILENCE !

L'effet fut immédiat, figeant les groupies de Sirius en pleine bastonnade. Reprenant d'une voix plus calme, il inspira profondément avant de déclarer.

- Un bal n'est pas au programme.

Hein ?! De multiples reniflements se firent entendre du côté féminin tandis que plusieurs partaient en courant, pleurant de tout leur saoul leur profond et pourtant futile désespoir de groupie en chaleur. Comment ça pas de bal ? Des murmures indignés commencèrent à gronder parmi l'assistance, visant l'auteure de ce faux espoir. La poufsouffle fautive se ratatina sur son banc, rougissant d'embarras. Et comme en écho aux pensées de la grande salle, McGo donc la voix s'apparentait à un sifflement, hurla d'une voix stridente :

- Miss Hatcher ! Deux mois de retenues !

Toutes les têtes de l'assistance hochèrent la tête en accord, les yeux plissés d'un air menaçant. Non mais on n'avait pas idée de balancer des choses pareilles ! Hurmpf !

- Bien, reprit Dumbledore. Je disais donc, que dans le cadre de votre enseignement, suite aux difficultés rencontrées par les élèves lors des cours de défense contre les forces du mal, le ministère... ( secondes de suspense)... nous envoie quelqu'un.

Hein ? Un murmure traversa la salle. Comment ça on leur envoyait quelqu'un ? Un autre prof ? Mais Kesley était super ! Voyant l'incompréhension des élèves, Dumbledore poursuivit.

- Suite à une réforme, le ministère à juger bon de mettre en confiance les élèves par des séances de relaxation, destinées à les apaiser face aux dangers qu'ils auront à affronter.

Marquant une pause pour faire durer le suspense, Dumbledore savoura, les yeux pétillants, les centaines de yeux pendus à ses lèvres.

- On nous envoie un guide spirituel.

Et à ce moment bien précis, la grande salle partit dans un rire sonore, sous les yeux amusés de Dumbledore. A vrai dire, lui aussi trouvait l'idée hautement comique. Mais ce qui l'amusait encore plus ce n'était pas le pourquoi mais le qui.

Un elfe de maison ouvrit alors discrètement une des grandes portes de la salle, courant au milieu de l'allée, apeuré par tous ces regards qui le suivaient. Non s'en s'être éclaté par terre avec un certain panache, il parvint enfin à atteindre Dumbledore, couinant timidement à ses pieds.

- Il est prêt monsieur le directeur.

- Ah bien! S'exclama t-il en se redressant. Mes très chers élèves, je vous présente notre invité.

Les portes s'ouvrirent soudainement à la volée, dévoilant un spectacle plus qu'inhabituelle. Quatre hommes soulevaient un grand socle carré sur lequel reposait un homme ressemblant à bouddha. Le bouddha en question restait assis en tailleur, les yeux fermés, son grand manteau blanc pelucheux contrastant fortement avec sa peau mate. Des vases d'encens, répartis dans chaque coins du socle répandaient une fine fumée tandis qu'un homme suivait le cortège, ayant visiblement pour unique besogne de taper les mouches qui viendraient à se poser sur le bouddha sacré. A l'avant, un maigrichon venait à taper un gong, rythmant la lente ascension du cortège jusqu'à la table des professeurs.

Tous les élèves restèrent abasourdis un moment, les yeux grands ouverts. Quoi ? Non mais ils avaient récolté d'un fumé de la cervelle à la place d'un bal ?! Ah non mais le ministère l'avait encore bien choisi celui là ! Pas étonnant que Dumby semblait s'éclater ! De discrets murmures de colère commencèrent à traverser l'assistance.

Le tapeur de mouche s'avança alors sur l'estrade pour prendre la parole.

- Son altesse spirituelle, guide de la paix intérieure...

Eilya esquissa un rictus moqueur.

C'est ça ! Bah si tu retrouves ma paix intérieure, fait moi signe mon pote ! Allez tchin-tchin !

- ...sa sérénissime, suprêmissime grandeur, prophète du cosmos, dieu parmi les étoiles, j'ai nommé sa gracieuseté...

Abrège ! Mon pauvre coco, quand bien même il s'appellerait Pépito ou Pimprenelle, personne n'en a strictement rien à cirer ! Tu viens de leur flinguer un bal alors se récolter un fumé de la cervelle..., pensa t-elle en buvant un verre de jus de citrouille.

- ... le guide spirituel Pimprenelle !

Et à cet instant bien précis, Eilya recracha son jus de citrouille par le nez dans un geste loin d'être élégant, attirant quelques regards compatissants. Whou... Ça c'était douloureux ! Agitant les mains à toutes allure devant son nez, toussant à s'en cracher les poumons, elle avait les yeux qui pleuraient sous la douleur. Putain de karma ! Elle y repensera à deux fois avant de dénigrer un guide spirituel ! Ah... Comment ça faisait trop mal...

Pimprenelle se leva alors, ouvrant les bars en grands.

- Namasté.

Il joignit les mains et se pencha profondément, ses acolytes l'imitant à la nanoseconde près, le tapeur de mouches, virevoltant autour d'eux pour éviter qu'un moucheron ne se pose sur sa sainteté. Bouddha reprit soudainement vie, ouvrant en grand les bras, faisant virEvolter son grand manteau pelucheux.

- Je suis le vénérable guide spirituel Pimprenelle ! Mais appelez moi juste Pimprenelle.

C'est ça ! On n'y manquera pas !

Eilya s'affala tel un phoque sans grâce sur la table. Mais le pire dans tout cela c'était qu'il s'appelait vraiment Pimprenelle ! Merlin... Et une journée de plus au pays des toqués... Cette école allait finir par avoir raison de sa santé mentale... Déjà que ce n'était pas folichon-folichon depuis qu'elle traînait avec les maraudeurs mais alors là ! Quand un bouddha pelucheux venait en plus rajouter son grain de sel, ce n'était pas étonnant qu'elle n'ait pas la lumière à tous les étages ! Poudlard... Et ils osaient appeler cela une école ! Un giga foutoir oui ! Pas étonnant que Dumby s'éclatait autant ! Tenez... Rien qu'à voir la façon dont ses yeux pétillaient en ce moment même, on pouvait aisément deviner qu'il se foutait de Pimprenelle ! Et pas qu'un peu ! La pimprenelle en question rouvrit alors la bouche.

- Mes chers élèves ! Laissez moi vous conduire vers les tréfonds du cosmos ! Moi ! Le grand guide spirituel Pimprenelle, vais vous ouvrir les voix de l'osmose !

Mon pote, à force de renifler ton encens, c'est toi qui t'es fait renifler la cervelle...

- Grâce à mes incroyables pouvoirs, donnés par Merlin lui même, je vais vous ouvrir les portes de vôtre âme ! Repousser de mon merveilleux don toutes les énergies négatives qui obscurcissent vôtre aura. Moi seul, dieu parmi les dieu, lumière de toute existence, peut vous sauver !

La vache ! Mais c'est que Pimprenelle est modeste en plus !

- Mes chers élèves ! OUVREZ VOTRE CHAKRA !

Mon pote va sérieusement falloir arrêter la fumette...

Alors qu'Eilya venait à peine de penser cela, le tapeur professionnel de mouche qui passait par là, remarqua un ô combien suspect moucheron sur la tête de la jeune femme et, sans l'ombre d'une réflexion, lui asséna une magistrale mandale. Et tandis qu'Eilya pleurait sa bosse naissante, les mains sur la tête, elle se promit en chouinant de douleur de ne plus jamais recommencer à dénigrer un bouddha pelucheux qui invoquait le cosmos. Merlin que le karma était cruel. Ah... Comment ça faisait mal une mandale de tapette à mouches...

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Penchée au dessus d'un chaudron, une écharpe l'empêchant de respirer trop les effluves, Eilya remuait consciencieusement d'une main la mixture, tout en parcourant de temps à autre de sa main libre le carnet que Kesley lui avait donné. La potion de régénération sanguine pour Remus avait parfaitement marché et c'était donc toute rassurée qu'elle s'était jetée à corps perdu depuis trois jours dans un crème cicatrisante. Elle jeta quelques œillades aux annotations du carnet, une ride soucieuse au coin de l'œil, puis reporta toute son attention sur la mixture qui émettait d'étranges sons aux claquements des bulles qui se formaient à la surface. Concentrée, elle entendit vaguement la lourde porte de bois de la salle grincer, puis se refermer.

Silencieusement, Kesley accrocha sa cape à un des pans du mur puis avança vers la jeune femme, examinant la mixture.

- Comment se passe la préparation ?

- Je ne sais pas trop... La texture me paraît trop visqueuse et j'ai beau regarder, il n'y a rien d'écrit.

Eilya effectua un mouvement de recul pour que son professeur puisse lui donner son avis.

- Avez vous mis de l'aconit ?

- Oui monsieur. Juste après les œufs de Runespoor.

- Bien bien... Et l'essence de crysope ?

- Oui. En trois doses comme écrit.

Il acquiesça silencieusement, remontant ses manches jusqu'aux coudes, pinçant les lèvres d'un air perplexe.

- Les bulles sont trop sonores... On a du rater une étape. Bien, s'exclama t-il en se relevant. On arrête tout et on recommence. Eilya pouvez vous allez chercher les ingrédients ? Oh et j'ai refait le pleins de venin de doxy au fait.

- Merci monsieur.

Kesley murmura un evanesco et la potion se volatilisa sous ses yeux tandis qu'ils disposaient méthodiquement les ingrédients autour d'eux.

- Bien, tout d'abord diluer le sang de strangulot dans un demi chaudron d'eau à température ambiante.

Ils se mirent au travail, chacun aidant l'autre consciencieusement. Pratiquement deux mois qu'ils se retrouvaient dans cette salle abandonnée de l'aile ouest, travaillant et se relayant pour garder un œil sur la potion. En vérité il fallait être honnête. C'était son professeur qui faisait le plus gros du travail, Eilya se contentant d'observer et de compléter le plus précisément possible ses observations. C'était aussi Kesley qui réapprovisionnait la réserve, allant souvent à l'apothicaire du chemin de traverse refaire le stock. Trois fois il avait croisé Slughorn en plein shopping mais jamais celui ci n'avait poser de questions, trop heureux de parler potion avec un collègue connaisseur.

Après un court silence, et quelques oeillades soucieuses vers la jeune femme, Kesley se décida à aborder le sujet qui l'inquiétait.

- Eilya, comment allez vous ?

La surprise passée, elle lui adressa un sourire qui se voulait convaincant.

- Bien monsieur.

Il se tourna alors vers elle et lui prit doucement le menton, la contemplant un moment. Ses yeux métalliques s'enfonçant dans les siens, il sembla sonder son âme un moment.

- Ne montrez jamais aux autres qu'ils vous ont blesser Eilya.

- Parlez vous par expérience monsieur ?

Il tiqua du coin de l'œil, esquissant un faible sourire désabusé, comme soudain empreint à de mauvais souvenirs.

- La vie apporte son lot de bonheur comme son lot de malheur n'est ce pas ? murmura t-il d'un air mélancolique.

- La dissimulation est donc la seule échappatoire ?

- Je ne le pense pas... Non... Seulement les apparences ont préservé bien des secrets.

- Je comprends... Personne n'est jamais ce qu'il semble être, admit t-elle en tournant doucement ma mixture.

Son mouvement se fit plus lent à mesure qu'elle réfléchissait à ses dernières paroles. Et si sa vie elle même n'était qu'apparence ? Après tout n'était ce pas le fondement même de toute société ? Personne n'était absolument tout blanc ou tout noir. On avait tous quelque chose à se reprocher, dissimulant derrière un masque un côté un secret que personne ne devait voir. On se laissait toujours trahir par les apparences. Un loup garou caché sous les traits de la gentillesse, une famille infecte qui n'était pas la sienne... Un professeur de défense qui semblait soudainement trop généreux pour n'être que bienveillance... Elle se mit à l'analyser attentivement, revoyant défier devant ses yeux tous les moments passés avec lui. La bibliothèque... La discussion dans la neige... Le bureau de Dumbledore...

- Vous m'analysez Eilya.

Elle laissa tomber le carnet dans un violent sursaut, le cœur sur la main. Alors qu'elle se penchait pour le ramasser, Kesley fit de même, étirant par inadvertance sa manche un peu plus haut. Le souffle court, Eilya se figea net, ses yeux ancrés sur le sombre tatouage. A mesure que son cerveau prenait lentement conscience de la vérité, ses traits se crispèrent d'effroi. Azkaban. Il avait été à Azkaban. Un gros symbole gravé sur son bras témoignait de son passé de criminel. Soit il avait utilisé un sort impardonnable, soit il avait commis le grand saut. Le meurtre. Et tel un écho sa phrase revint faire écho dans tout son être : "Les apparences ont préservés bien des secrets ».

Voyant la terreur se refléter dans les yeux de la jeune femme, Kesley remit violemment sa manche en place. Elle l'avait vu. Il lui aurait dit mais pas de cette façon. Pas comme cela. Elle ne comprendrait pas. Alors qu'Eilya reculait lentement, il tenta de la retenir dans une démarche mal assurée.

- E-Eilya... Ce n'est pas ce que vous croyez... Je peux vous expliquer...

- Vous... J-je vous faisais confiance...

Face à ses tentatives désespérées de la calmer, elle lui hurla de ne pas l'approcher, s'enfuyant le plus loin possible de lui. Et dans une plainte étouffée, il se laissa aller à ses larmes. Il l'avait encore perdu. Emy lui échappait une fois de plus, le laissant désespérément seul avec ses démons.

Il ne su combien de temps ils resta ainsi, à genoux sur le parterre glacial des cachots. Tant d'années... Tant d'années à morfondre dans sa solitude, pensant qu'il avait tout perdu... Et elle était revenue... Emy... Encore plus belle que dans ses souvenirs... Et après toute ce temps passé avec elle, tous ses efforts... Alors qu'il pouvait l'effleurer, elle lui échappait à nouveau, glissant de ses bras, faisant s'évaporer tous ces moments qu'il avait façonner de ses doigts...

Se relevant lentement, il mit la potion en stase et sortit, l'immensité neigeuse et l'air glacial, ne rendant que plus douloureuse sa peine. N'était il donc que condamné à voir tout bonheur lui échappé ? Eilya... Son unique famille... Elle était devenue si belle... Déjà petite elle l'était mais maintenant... Maintenant elle ressemblait tellement à sa mère... Même cheveux... Mêmes yeux... Même tempérament...

Kesley laissa échappé un petit rire en repensant à Pimprenelle. Il savait exactement ce qu'Eilya avait pensé du guide. Elle aurait sorti une de ses fameuses phrases sarcastiques dont elle seule en avait le secret... Egale à elle même...

En parlant de Pimprenelle... Il avait cours avec lui dans à peine cinq minutes. Il laissa échapper un soupir d'exaspération. Ce... guide... voulait absolument faire un cours commun aux sixièmes années des quatre maisons. Et dans la grande salle en plus... "Pour solidifier par la force de l'union notre chakra" qu'il avait dit le bouddha... Et dans un sourire triste, il en vint à se dire qu'il pensait comme Eilya. Elle avait déteint sur lui en quelque sorte. Et même si au fond la douleur était toujours présente, cela sembla le réconforter ne serrait ce qu'un instant.

Ses pas l'ayant menez jusqu'à la grande salle, il se figea soudainement, toute pensée envolée, analysant d'un œil perplexe la nouvelle déco de la grande salle made by Pimprenelle. D'innombrables coussins jonchaient le sol, tandis que de grands rideaux avaient été disposés aux fenêtres, empêchant toute lumière de passer. Le long des murs, quelques chandeliers tamisaient la pièce tandis que les acolytes de Pimprenelle circulaient en répandant de l'encens ci et là. Reposant son regard sur les élèves déjà présents, il se figea. Elle était là. Alors qu'il avançait vers elle, elle s'éloigna soudainement le plus loin possible, sans un regard. Elle ne voulait pas lui parler... Le temps peut être... Avec le temps elle finirait peut être pas revenir vers lui... Alors qu'il sombrait dans une mélancolie, Pimprenelle le tira alors vers lui pour prendre place au cours. Après quelques minutes supplémentaires d'attente, pratiquement tous les sixième année étaient regroupés, assis sur les coussins miteux du sol. Pimprenelle prit alors la parole, tapant par ma même occasion dans son gong.

- Bonjour mes enfants.

Il joignit une fois de plus les mains suivit de ses acolytes.

- Bien bien... Je sens de bonnes ondes dans cette salle ! Le but de ce cours sera de trouver votre paix intérieure. Repousser toute énergie négative pour évincer la peur et ainsi affronter plus sereinement les forces du mal...

Un serpentard prit alors la parole coupant Pimprenelle en pleine tirade métaphysique par la même occasion.

- Vous n'êtes rien de plus qu'un prof de divination en fait, lâcha t-il d'un ton ennuyé.

Bouddha prit une expression outrée, vexé à souhait, n'arrivant visiblement pas à contrôler sa paix intérieure. Choppant la tapette à mouche de l'autre et la faisant claquer sur le bureau, il s'écria :

- Non ! Non non non et non !

Ho ho ! Bouddha se fâche !

Eilya afficha un petit rictus moqueur avant de se rappeler du karma. Son sourire se fanant directement, elle se ratatina sur son coussin, regardant d'un œil inquiet Pimprenelle. Gentil bouddha... Gentil... Le bouddha en question, se calma autant qu'il pu, rejetant toute énergie négative. Un prof de divination ! Lui ! Quelle injure !

- La divination est vaseuse, s'exclama t-il d'un geste négligeant. Traite d'un futur aussi fumeux que la narine d'un dragon. Une misérable discipline enseignée par de vulgaires amateurs... Sans pouvoirs, ni intelligence... Non, moi je suis l'autorité suprême ! Moi je suis le guide de la paix ! L'élu ! Pas un vulgaire liseur de résidu de thé ! S'indigna t-il en remontant ses manches pelucheuses.

- Prouvez le alors ! S'exclama le serpentard. Rien ne nous dit que vous avez des pouvoirs ! Si cela se trouve vous n'êtes qu'un mytho !

Fière de son effet, le serpentard afficha un air goguenard à mesure que bouddha puisait dans l'énergie du cosmos pour rester serein. Mais bien sûr qu'il pouvait le prouver !

- Mais certainement. Un volontaire voudrait il avoir l'immense honneur de profiter de mon incroyable don ?

- Moi ! Hurla Miss Johnsson, agitant la main dans tous les sens. Moi j'ai une question vôtre sérénissime grandeur !

Elle s'avança alors toute guillerette, lançant un regard charmeur à un Sirius qui se mit à frémir d'effroi.

- Je vous écoute. Quelle est votre question ?

- Est ce que Sirius Black va se marier avec moi ?

Pimprenelle, tourna alors de l'œil, laissant seulement le blanc ses yeux apparaître dans un pur effet glauque. Des sons rauques s'échappèrent alors par intermittence de sa bouche, le tout sensé donner une incantation mystique ressemblant plus à du yaourt selon leur avis. Puis, dans un « pop » buccal sonore, Pimprenelle revint sur terre.

- Non.

Net. Précis. J'adore. Youhou ! Bouddha me plaît !

Miss Johnsson se détourna la tête haute, un tremblement déformant son visage. Il ne fallait pas perdre espoir...

- Bien, reprit Bouddha. Maintenant fermez les yeux. Tous. Allez jeunes gens fermez les yeux ! Bien... Maintenant je veux que vous vous apaisiez... Refoulant toute angoisse... Je vous que vous visualisiez un papillon... Un papillon qui butine de fleur en fleur...

Le serpentard de tout à l'heure perturba soudainement le silence en regardant une fille derrière Eilya d'un sourire pervers.

- Moi aussi j'irai bien butiner de la fleur si tu vois ce que je veux dire !

La pauvre fille piqua un fard monumental tandis que Pimprenelle affichait un air outré.

Mais voilà. Remus cru qu'il parlait d'Eilya.

Et avant même que personne ait pu répondre. Le serpentard se prit un direct du doigt par un Mumus rouge de colère. Colère qui se mua rapidement en honte.

Oh non... Il avait cru... Enfin cru que...

Il se rassit rapidement, murmurant des excuses d'un air confus. Le serpentard lui décrocha un regard noir, massant sa joue endoloris.

- Non mais c'était quoi ton problème ?! Rugit-il.

- On se calme. On se calme, tempéra Kesley qui voyait venir la querelle à grand pas. Bien monsieur... Pimprenelle... Pourquoi ne pas passez à la pratique ?

- Mais le chakra...

- Est parfait. Que d'ondes positives dans cette salle !

Il évita soigneusement de repenser au conflit d'il y a quelques secondes.

- Bien! s'exclama Kesley. Aujourd'hui, épouventard.

Des exclamations indignés fusèrent parmi les élèves, réactions que Kesley tempéra du mieux qu'il pu.

- Je sais je sais, déclara t-il en faisant des mouvements de main. Vous l'avez vu en troisième année mais au vue de la particularité de ce cours, je vous demanderai de bien vouloir accepter l'épreuve sans rechigner. Pour votre... paix intérieure...

- Bien ! Le coupa Bouddha qui ne supportait pas de ne pas être au centre du cours. Un volontaire ? Non ? Pourquoi pas le jeune homme de tout à l'heure. Celui qui a frappé. Votre nom ?

Remus se figea, livide à mesure qu'il comprenait ce que cela engendrait. Non. Il ne pouvait pas. Pas devant tout ce monde. L'épouvantard... La pleine lune... Alors que Kesley allait intervenir, se fut Eilya qui prit soudainement la parole.

- Monsieur ! Euh... Je... Remus... Il vient à peine de sortir de l'infirmerie et Mme Pomfresh préférerait qu'il évite toute émotion forte.

Expirant faiblement, Remus ne se senti jamais aussi mal qu'en ce moment. Même quand il la rejetait, Eilya veillait inlassablement sur lui, le protégeant sans le savoir.

- C'est vrai, intervint Kesley. Monsieur Lupin doit se reposer.

- Oh..., soupira Pimprenelle dans une profonde tristesse.

Il avait pourtant senti de bonnes ondes crépiter autour du jeune homme. Comme si les appels du cosmos lui montraient une âme à apaiser de ses divins pouvoirs. Reposant son attention sur Eilya, il se dit qu'elle ferrait bien l'affaire.

- Bien. Votre nom jeune fille ?

- Euh... Eilya. Connors.

- Bien. Vous ferez la démonstration alors.

Eilya dégluti difficilement avant de serrer sa baguette en guise de courage. Eurrr... Elle allait encore devoir affronter une énorme araignée poilue à souhait. Super... Un frisson lui traversa tout le corps à mesure qu'elle avançait vers l'armoire. Se positionnant devant, la baguette en main, elle se mit en position de combat, les sourcils froncés. D'un geste du menton, sans un regard, elle fit comprendre à Kesley qu'elle était prête. Celui ci ouvrit alors l'armoire tandis que rien ne se passait à mesure que le temps passait.

Puis, soudain, l'armoire mit à trembler, s'embrasant soudainement au milieu de la salle qui se transformait en bûcher.

Non... Pas cela... Pas ce cauchemar... Sa vue se brouilla à mesure que d'immenses flammes léchaient les murs de la salle, certains élèves criant. L'atmosphère se fit brûlante, des braises volants dans les airs tandis qu'elle restait pétrifiée, seule devant la masse qui venait de se former devant elle. Karmelys gisait morte sous une poutre tandis que cette si terrible mélodie emplissait les lieux, faisant écho dans tout son être figé de terreur, atténuant les cris des élèves.

Et tandis que ce chant des sirènes s'élevait dans les airs, résonnant dans une pénétrante mélancolie la clameur du passé. Les cris semblaient mourir autour d'elle, ne laissant que le crépitement de ces immenses flammes l'envelopper toute entière dans cet abysse rougeoyant. Les yeux grands ouverts, le sillon de ses larmes lui brûlant les joues, le terrifiant ballet des flammes se reflétait dans ses iris. Les sanglots se mouraient dans sa gorge, impuissante et terrifiée face à cette peur qui la rongeait. Et dans un hurlement terrifiant, elle expulsa sa douleur tandis que les multiples braises qui volaient lui brûlaient la peau. Elle se laissa alors tombée, tremblante sur ce sol pourtant si froid, épuisée par ses tourments.

Une silhouette floue se matérialisa devant ses yeux. Sirius... Il semblait lui parler. Mais elle n'entendit rien. Rien excepté cette mélodie. Cette si terrible mélodie...

- LYA ! CE N'EST PAS RÉEL ! LYA ÉCOUTE MOI !

Rien. Plus rien. Le silence. Les flammes moururent soudainement, aussi vite qu'elles étaient apparues, Kesley ayant visiblement repousser l'épouventard. Dans un regard fou, il se jeta sur elle, la secouant violemment pour ne recevoir ne serrait ce qu'une réaction. Juste une réaction... Même de la colère... Mais rien. Elle restait inerte, le regard vide, une larme coulant le long de sa joue. Et dans un excès de douleur, il la prit dans ses bras, l'enlaçant désespérément, courant à vers l'infirmerie en la suppliant de lui pardonner.

Les portes de l'infirmerie s'ouvrant à la volée, Kesley hurla à Pomfresh d'arriver, posant Eilya sur un lit. Et tandis que Pimprenelle, Sirius, James et Remus accouraient, Pomfresh s'afféra autour de la jeune femme, demandant ce qu'il s'était passé et prodiguant des potions calmantes. Elle le savait bien ! Tempêta t-elle. Cet espèce de guide spirituel de pacotille avait plus fait de mal que de bien ! Tous les mêmes à se donner des pouvoirs divins ! Et c'était qui qui recollait les morceaux ? Et bien c'était bibi ! Comme si elle n'avait pas assez de boulot. Elle administra une potion de sommeil à la malade avant que celle ci ne sombre profondément dans les bras de Morphée. Bien ! Et un de moins ! Au vue de la tête de Mr Black, une potion laxative semblait s'imposer.

Pimprenelle se mit à envoyer de l'encens autour du lit d'Eilya pour purifier son aura tandis que Remus explosa, posant un regard fou sur Kesley. Le vieil homme tremblait de tous ses membres mais il en avait cure. Tout ça c'était à cause de lui. De lui si Eilya était dans un état pareil.

- VOUS ! Hurla t-il en pointant du doigt son professeur.

- Mr Lupin, calmez vous je vous en pris, l'implora Kesley.

- Que je me calme ?! Comment voulez vous que je me calme ?!

- Mr Lupin, intervint Pimprenelle, repoussez cette énergie négative qui obscurcit votre aura. Laissez vous baigner par la pureté du cosmos et...

- DÉGAGEZ ! DEHORS ! Aboya t-il, une lueur menaçante dans le regard.

Pimprenelle, outré, partit la tête haute dans un reniflement dédaigneux, purifiant d'encens bénite les mauvaises ondes qui se trouvaient sur son passage.

- Vous ! Tonna Remus en désignant Kesley d'un regard menaçant. Vous saviez qu'elle allait mal ! Comment pouvez vous faire l'innocent alors que vous êtes à l'origine de tout cela ?!

Kesley se figea prit d'une sourde inquiétude. Remus continua d'avancer lentement vers lui dans une lente démarche assurée.

- Je sais que c'est vous... Je vous ai vu... Penché au dessus de son lit... A lui murmurer des excuses... Des excuses pour ce que vous alliez lui infliger... La peur et la douleur que vous alliez lui imposer...

- Nous..., commença Kesley d'un ton mal à l'aise. Nous devrions parlez de cela dehors.

- Non ! Hurlèrent Remus et Sirius en même temps.

Pomfresh choppa Sirius d'un geste vif et lui enfuit une potion laxative au fond de la gorge d'un air triomphant. Et un de moins ! Manquait plus que Lupin ! Sirius se mit alors à sautiller comiquement sur place, le visage rougit par son envie de résister. Arg la vieille peau ! Elle l'avait encore eu ! Il se tourna vers l'infirmière d'un geste menaçant.

- Écoutez moi bien espèce de... de...

Il se plia un peu plus, le visage écarlate, soufflant fortement devant une besoin plus que pressant.

- Je... Ne... Je n'irai pas... aux... aux... ARG ! JE REVIENS !

Il s'enfuie à toute vitesse vers la sortie sous le regard triomphant de Pomfresh. Héhé rien de mieux que la potion laxative pour vous remettre les idées en place ! Remus reporta son attention sur un Kesley plus que livide.

- Des mois que vous jouez les bons samaritains le jour et lui infliger cette torture presque chaque nuit ! Vous n'êtes qu'un psychopathe ! Hurla t-il dans un regard fou. Elle en est réduite à dormir avec Sirius pour conserver semblant d'énergie ! AVEC SIRIUS !

- Ecoutez... J-je sais que vous avez une piètre opinion de moi mais ce n'est pas ce que vous croyez...

-Et qu'est ce que je dois croire ?! Mais est ce que vous avez pensez à elle ?! A Eilya ?!

Le visage de Kesley se décomposa à mesure que le flot de paroles continuait. Et face à ce vacarme qui l'étouffait, toute la tourmente de son passé défila dans son regard, comme submerger, se noyant dans la tourmente de son existence passée. Il suffoquait, fatigué de garder cette fausse dignité, de dissimuler son malheur dans cette bienveillance. L'écho de ses années de souffrances s'imposant douloureusement à sa mémoire, il le faisait plier, pleurant sa douleur dans une longue plainte d'homme brisé. Il avait tout perdu. Cette vie qui lui semblait si belle lui avait tout pris. Sa femme et sa petite fille. Sa maison. Son bonheur. Tout. On lui avait tout pris cette nuit là. Sa maison brûlant sous ses yeux. Sa femme et sa petite fille brûlées vives dans cet abysse rougeoyant.

Et c'était tel un dément qu'il s'était rué dans la bâtisse en flammes, trébuchant dans les décombres, la chaleur lui brûlant les yeux. Et c'était là qu'il l'avait trouvé. Sous une poutres calcinée, sa femme, le regard désespérément vide, gisait morte au milieu de cet enfer étincelant. Ses larmes brûlantes lui brouillant la vue, ses mâchoires violemment crispés laissaient échapper des sanglots étranglés. Et dans une longue plainte animale, se laissant tomber à genoux, il avait hurlé son terrible désespoir, la chaleur lui brûlant les entrailles.

Rien... Plus rien... Et ce n'était qu'au petit jour, gisant parmi les cendres, qu'il avait pensé à elle. A Emy. La bâtisse encore enfumée par quelques endroits, d'infimes rayons du soleil parvenant à percer l'épais brouillard de fumée, il avait titubé, le regard dément au milieu des ruines, foulant de ses pieds l'épaisse couche de cendres. Il semblait lui même se perdre dans sa propre folie. Et se laissant lentement engloutir par les vestiges de sa vie, il s'égara, désespérément seul dans cette désolation que le soleil ne parvenait à faire renaître.

Jamais il ne la trouva. Et aussi éphémère qu'un souvenir, Emy s'était évaporée. Tel un mirage dans le cœur d'un homme brisé, ne laissant que vide et souffrance. Neuf ans de sa vie qui venait de disparaître. Il n'avait plus rien.

On l'incrimina. Azkaban à perpétuité pour homicide contre sa famille. On avait retrouvé des traces de magie témoignant que l'on avait brûlé la bâtisse délibérément. La peine capitale ne pu être prononcée par manque de preuves. Mais il était le seul. Le seul suspect. Donc le seul coupable. L'enquête n'alla pas plus loin. Elle était d'une simplicité déconcertante. Trop peu être... Mais qui s'en souciait ? Personne. Le ministère avait une fois de plus brillamment élucidé le mystère. L'encre coula à flots dans les jours qui suivirent. On s'indigna de ce monstre qui avait tué une femme et une fillette de neuf ans. On l'insulta. On lui cracha dessus, accablant de tout leur mépris le monstre qu'il était. L'être humain pouvait il être à ce point aveugle ? Oui... Les certitudes rendaient les gens aveugles... Et puis justice avait été fait. Car après tout, ne triomphait elle jamais ?

Et Kesley ne s'était même pas défendu. Rien. Brisé. Esclave de ses tourments, errant dans les méandres de sa douleur, il s'était soumis, indifférent au monde qui l'entourait. Ne se berçant que de cette unique phrase, de cet unique souvenir qui le hantait inlassablement. "... Papy... Es tu un ange ? "Et dans un sanglot étranglé, gisant sur la pierre froide de sa cellule, il pleura son bonheur perdu, tel un ange déchu.

Alors... Avait il pensé à Eilya ? A Emy ?

- Toujours... murmura t-il, fermant les yeux dans un élan douloureux, son souffle tremblant.

Remus avait fini par se calmer, sa colère s'évaporant d'un seul coup, démuni par cet homme brisé qui lui faisait face. Cet homme qui lui rappelait inexplicable son malheur, tel un pâle reflet de sa douleur. Etait ce cette mélancolie qui émanait de lui qui le touchait ? Ou peut être sa peine ? Non... C'était cette impression. Ce sentiment commun d'être épuisé, écrasé par cette fatalité qui se complaisait dans leur malheur, brisant inlassablement leur vie. Il se voyait en lui, partageant sa peine, sa solitude. Et le regard voilé de tristesse devant les larmes silencieuses du vieil homme, la culpabilité s'en suivit inévitablement.

- Alors..., commença t-il dans un souffle. Pourquoi ?

Et baissant les épaules dans un signe de profonde fatalité, la respiration inégale, Kesley souffla d'une voix brisée.

- ...son grand père... parce que je suis son grand- père...

Un faible murmure, attira alors leur attention, leur faisant oublier leur dispute tandis que Sirius revenait de sa pose WC, visiblement plus serein. Eilya... Eilya se réveillait. Son regard tout d'abord hagard, elle finit par poser ses yeux sur Remus.

- Remus...

Et sans un regard, il quitta rapidement l'infirmerie, le visage crispé. Alors qu'il tournait au coin d'un couloir, il se fit violemment attraper au col par un Patmol furax et se fit emmener de force dans une salle vide. Claquant la porte dans un bruit assourdissant, Sirius le lâcha puis approcha lentement, les traits déformés par la colère.

- C'était quoi ça ?!

- Pas maintenant.

- Pas maintenant ?! Tu as vu comment tu te comportes avec elle ?!

Remus soupira d'un air las, passant une main sur son visage fatigué.

- J'ai mes raisons.

- Tes raisons ?! Mais j'en ai strictement rien a foutre de tes raisons ! Tu sais très bien qu'une de ses plus grandes peurs et d'être abandonnée ! Être rejetée ! Et c'est précisément ce que tu es en train de faire !

- Je ne l'abandonne pas ! Rugit Remus, poussé à bout. Je veux juste la protéger !

- En restant à l'écart ?! En refusant de la regarder ?! De lui parler ?! Mais putain Remus ! Hurla un Sirius rouge de colère. C'est moi qui suit censé dire des conneries et toi qui me sermonne ! Pas l'inverse !

- Je ne l'ai pas abandonné ! Jamais je ne le ferais ! Je veux juste la protéger !

- Et la protéger de quoi ?!

- MAIS DE MOI !

Remus s'éloigna, regrettant déjà de lui avoir hurler dessus. Sa respiration se calmant peu à peu, un lourd silence retomba dans la salle. Sirius était resté figé, le regard soudain plus doux.

- Moony...

- Regarde moi... Un monstre...

- Remus. Arrête avec cela. Ta condition n'a rien à voir.

- Bien sûr que si ! aboya soudainement Remus, faisant de grands gestes. Ça aura toujours avoir ! TOUJOURS !

- Non c'est faux ! Et tu le sais très bien ! Eilya n'aura jamais peur de toi !

- Si... Elle aura peur, murmura Remus en se laissant tomber sur une chaise. Elle aura peur... Et elle partira...

- Tu veux que je te dise ?! S'emporta Sirius. Moi je pense que tu as les pétoches ! Tu n'es qu'un lâche Remus ! Hurla Sirius. Un lâche, tétanisé par ce qu'il ressent ! Ta condition n'est qu'un vulgaire prétexte ! T'es un gryffondor par Merlin ! Assume !

Le silence retomba dans la salle, un grondement lointain des élèves signalant que les cours venaient de finir. D'un geste de baguette, Sirius verrouilla la porte et insonorisa la pièce. Il prit négligemment une chaise à côté de Remus et s'assit à l'envers, laissant ses coudes reposer sur le dossier. Remus n'avait pas bougé, sa tête inclinée empêchant de distinguer les traits de son visage. Et dans un souffle emplit de tristesse, il murmura.

- Comment ?... Comment pourrais-je accepter des sentiments que je n'arrive même pas à expliquer ?... Comment ? Murmura t-il d'une voix plus aiguë.

Et face à l'impuissance de son ami, il ne put que baisser les épaules en signe de défaite, posant une main amicale sur l'épaule de Remus tandis que celui-ci enfouissait son visage dans ses mains dans un geste fatigué.

- Oui... J'ai peur... Terriblement peur... Peur à l'idée qu'elle se fasse mal... Peur qu'elle m'oublie... Terrifié à l'idée qu'un autre que moi reçoive ses caresses...

- Mais qu'est ce que tu attends alors ? Va lui parler.

- Non..., soupira Remus en agitant la tête.

- Remus ! Magne toi le derrière !

- Elle est fiancée Sirius ! Fiancée !

- Elle va quitter sa famille.

Remus se figea, les yeux grands ouverts. Quitter sa famille ? Alors... le mariage...

- M-mais... Ses fiançailles ?

- Bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

Sirius se rapprocha davantage, passant un bras réconfortant autour de son ami.

- Pourquoi t'obstines tu dans ta solitude ? Pourquoi n'aurait pas le droit au bonheur ?

Remus lui offrit un regard d'une tristesse à vous soulever le cœur. Patmol avait toujours eu cet optimisme contagieux, capable de faire envolé d'une simple phrase, d'une simple blague vos idées sombres. Mais Remus ne se faisait pas d'illusions. Eilya ne l'aimait pas. Tous ces moments entre eux... Rien d'autre qu'un simple amour fraternel. Leurs moments d'insouciance... Eilya ne voyait en lui qu'un simple ami... Un frère à la rigueur mais rien de plus... Comment pourrait-il faire naître des sentiments plus forts ? Plus incontrôlables ? Tellement forts, qu'ils vous laissaient impuissants, ne pouvant qu'encaisser comme on le pouvait le flot de sentiments ? Sirius perturba alors ses réflexions.

- Moony... Tu devrais aller te reposer... Tu as une tête à faire peur...

Remus émit un petit rire entre ses mains.

- Je dois d'abord rattraper ma ronde. Je l'ai loupée pendant la pleine lune...

- Eilya l'a déjà fait.

- Quoi ? Murmura t-il incrédule, relevant la tête.

- Lya t'as remplacé. Elle s'est portée volontaire. Allez mon pote. Ne fait pas cette tête, déclara t-il en lui donnant une claque dans le dos. Tu as enfin prit conscience de ton statut d'abruti notoire.

Puis déverrouillant la porte, Sirius se retourna les sourcils froncés.

- Je vais aller cuisiner Kesley sur cette histoire de cauchemars. Pendant ce temps tu vas dormir. Et interdiction de faucher une fois de plus la cape de James pour aller mâter Eilya pendant qu'elle dort ! Espèce de gros pervers !

Sur ce, il partit un rictus moqueur aux lèvres tandis que Remus se décomposait sur place, les joues écarlates. Merlin... Il s'était fait grillé...

-:-:-:-:-

Mais Remus ne suivit pas les paroles de Sirius. Patmol ne l'écoutait jamais alors pourquoi le ferait il ? Il avait bien songé à remonter dans son dortoir, essayer de dormir mais... mais il y avait Eilya... Il avait besoin la voir. Cet après midi... Cette terrifiante expression devant les immenses flammes, cette mélodie résonnant à travers les murs telle une marche funèbre. Il n'avait rien pu faire lorsqu'elle s'était laissée tomber lourdement au sol, comme morte devant ce mal qui la rongeait. Alors comment ? Comment aurait il pu la laisser seule à l'infirmerie, l'obscurité de la nuit baignant les lieux. Il voulait juste savoir si elle allait bien. Juste la regarder dormir une fois de plus. Rien qu'une fois.

Avançant discrètement dans les couloirs froids et obscurs, il atteignit rapidement l'infirmerie. Les lieux semblaient déserts. La faible lueur d'une bougie lui indiqua que Pomfresh se trouvait dans son bureau. Il passa silencieusement devant, tel un fantôme, se dirigeant vers le fond de la salle où reposait Eilya. Et elle était là... endormie, ses boucles folles jalonnant l'oreiller. Et tel un marin succombant à l'appel de la sirène, il s'approcha, la flamme du désir dansant dans son regard devenu si sombre, comme envoûté par ce corps qui semblait si fragile. Le teint halé d'Eilya semblait s'être évaporé dans la pénombre, laissant seule la lueur de la bougie danser étrangement sur ce visage qu'il aimait tant.

Alors qu'il s'arrêtait au bord du lit, la main tendue vers elle, un flacon vide sur le chevet retint son attention. Une potion de sommeil... Eilya ne risquait pas de l'entendre. De le sentir... Si il la touchait... Il expira faiblement, la respiration légèrement tremblante, reposant son regard sur elle. Elle était si belle... Ses lèvres entrouvertes laissaient deviner ses dents blanches, son souffle régulier perturbant dans un murmure la quiétude de l'infirmerie. Il effleura du bout des doigts les contours de son visage, mémorisant chaque détail, laissant son pouce glisser sur ses lèvres tandis que sa main reposait sur sa joue. Et a ce simple contact, Eilya laissa échapper un soupir, ravivant plus que jamais cette lueur de désir qui vacillait dans son regard.

Une idée s'imposa alors à lui. Une idée si simple, qui semblait si innocente, qu'il ne pu que succomber, mué par sa propre volonté. La potion de sommeil empêchait Eilya de se réveiller. Elle ne saurait jamais rien. Jamais. Il voulait juste une fois. Rien qu'une fois. La sentir contre lui. Le soulager de sa peine. De ce manque perpétuel qui lui broyait les entrailles. Et puis il partirait. Se promettant de ne jamais plus l'approcher. Son regard encré sur ses lèvres, il s'approcha, sa raison lui hurlant de ne pas faire cela. Il le regretterait. Il s'en voudrait, les remords s'ensuivant inévitablement. La culpabilité. Le dégoût de soi-même. Mais d'une simple caresse, toute raison s'évapora. Passant son bras sous elle, sa main s'entremêlant dans ses boucles sauvages, il l'attira à lui tandis qu'elle restait immobile, la tête légèrement en arrière.

Ce besoin qu'il avait de la toucher. Il posa doucement son front sur le sien, s'enivrant de leurs souffles entremêlés.

- ...Eilya...

Oh il savait qu'il avait l'air d'un psychopathe. D'un pervers à la tenir comme cela au beau milieu de la nuit, abusant de son état pour la toucher. Mais... mais il voulait juste la sentir... S'aveugler rien qu'un instant... Croire qu'elle était à lui... Elle lui manquait tellement... Ses folies... Son sourire... Ses caresses...

Il laissa ses lèvres effleurer sa joue, fermant les yeux, s'enivrant du contact de sa peau, puis dans une dernière caresse, il succomba, évinçant toute raison. D'un geste terriblement lent, il posa doucement ses lèvres sur les siennes.

Et là Eilya se réveille et ils s'envoient sauvagement en l'air en plein milieu de l'infirmerie ! Fin !

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