En ces temps troublés, soit depuis le début de la nouvelle année scolaire, une guerre sans merci faisait rage au sein de la noble institution qu'était Poudlard. La raison du conflit ? Une jeune femme nommée Eilya Connors. Élément déclencheur ? Ce brontosaure de Martinez.
Bien que le poufsouffle s'y prenait comme un manche dans la conquête de sa dulcinée, il avait au moins eut le mérite de faire prendre conscience aux quelques soupirants jusqu'ici restés silencieux, que c'était le moment ou jamais pour partir à la chasse à la Connors. Aussi, en à peine trois semaines, le nombre de connaissances masculines de la jeune fille avait quasi doublé. Cela ne la dérangeait pas vraiment... Pourquoi s'intéressait-on soudainement à elle ? Elle n'en savait foutrement rien. Elle n'avait jamais eu de véritable ami hormis Sirius. Les autres étaient seulement des camarades plus ou moins sympathiques, mais rien de bien transcendant. Par conséquent, quelques connaissances supplémentaires ne la dérangeaient pas tellement.
Néanmoins parmi toutes ces personnes, une en particulière réfléchissait activement au cas "Eilya Connors". Sirius Black était tourmenté. Depuis cette fameuse nuit, celle où Remus et Eilya l'avait vu avec il ne savait plus quelle fille, il n'arrivait à se sortir la jeune femme de la tête. Pourquoi avait elle réagit comme ça ? Ni colère. Ni mépris. Juste un peu de gêne et une sorte de bienveillance qu'il n'arrivait à s'expliquer. Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient plus adressés la parole. Rien. Même pas un regard lorsqu'ils se trouvaient à quelques mètres seulement l'un de l'autre. Lui, riant aux éclats avec ses amis. Elle, seule et silencieuse.
A l'époque, Sirius l'avait violemment repoussé. Se plaisant à l'ignorer, sourd à ses si tristes supplications. Mais rien. Il n'avait fait que passer son chemin, laissant ses souvenirs s'empoussiérer. Puis Eilya avait fini par comprendre. Comprendre qu'il ne reviendrait pas. Qu'ils ne seraient jamais plus amis.
Patmol avait été infecte ce jour là, lui crachant à la figure toutes les immondicités qui lui venaient à l'esprit. A présent, il se répugnait lui même à chaque fois qu'il y repensait. Mais Eilya était une serpentarde après tout. On ne pouvait rien attendre d'eux. Ils étaient sournois. Alors dans un élan qu'il avait cru être courageux, il avait préféré la démolir avant que ce ne soit elle qui le fasse. Si autrefois son acte lui avait semblé brave, aujourd'hui il se sentait misérable. Aussi méprisable que ces serpentards qu'il haïssait tant. Dans le fond, il ne valait guère mieux qu'eux. Juste une raclure de première. Passer toutes ces années à se convaincre d'avoir fait le bon choix. A refouler ces souvenirs qui tentaient de lui faire perdre raison. Et maintenant, après justes quelques mots, toutes ses convictions semblaient voler en éclats, ne laissant qu'un immense vide dans son être.
Les serpentards étaient vicieux. Peut-être attendait elle le moment propice pour l'abattre ? Non... Pas après tant d'années... Mais pourquoi suivait elle sur l'étude des moldus alors ? Et pourquoi ne l'avait elle pas écrasé de tout son mépris ce soir là ? Pourquoi ?
Une forte migraine commença à pointer le bout de son nez, le faisant se masser les tempes, les yeux fermés. Il dormait mal. Atrocement mal. Ses souvenirs revenaient inlassablement le hanter, l'empêchant de trouver le sommeil. C'était a ne plus rien n'y comprendre. C'était il trompé après tant d'années ? Poussant un profond soupir, il ne s'aperçu pas que James l'observait d'un air soucieux.
- Patmol, ça va vieux ?
- Ce n'est rien... Juste un peu de fatigue.
- Tu sais, tu es bizarre ces derniers temps. Tu...
- Tout va bien James ! le coupa brutalement Sirius d'un ton hargneux.
Puis, se levant brusquement de table, il partit laissant un James abasourdi, la bouche grande ouverte encore remplie de poulet.
Bah quoi ? Qu'est ce qu'il avait dit ? Se tournant vers Remus, il haussa les épaules d'incompréhension.
- Mumus, qu'est ce qu'il a Patmol ?
- Aucune idée..., murmura Remus en regardant la silhouette de Sirius disparaître au loin.
Il lui semblait que Patmol s'était lentement laissé noyer dans ses tourments depuis quelques jours. A vrai dire, depuis la ronde avec Eilya Connors. Ne sachant si il fallait aborder le sujet de la serpentarde, Remus finit tout de même par interroger d'un air hésitant.
- Dis James... Est ce que Sirius t'aurait déjà parlé d'Eilya Connors ?
- Connors ? répéta lentement James pour essayer de se rappeler qui c'était.
Puis, comme frappé par la lumière divine, il s'exclama:
- Quoi, la serpentarde ?!
Dans un petit geste, Remus lui pria de parler moins fort.
- Oui Eilya Connors. Tu sais, la préfète de serpentard. Et bien je me demandais si Patmol t'en avait déjà parlé.
- Bah non jamais.
Remus resta silencieux un instant, s'étonnant que même James soit aussi ignorant que lui.
- Écoute, reprit t-il calmement. Je crois que ça un rapport avec elle.
- Merlin ! s'horrifia soudainement James, laissant par la même occasion quelques bouts de poulet s'échapper de sa bouche. Ne me dis pas qu'il est amoureux !
- Mais non. Enfin je ne pense pas. Il semblerait juste qu'ils aient été amis avant. Je veux dire avant Poudlard.
- M'enfin Moony, chuchota James en se rapprochant. Sirius a les serpentards en horreur ! Il n'a jamais plus en blairer un seul ! Même son frère.
- Je le sais, tempéra Moony. Je le sais, seulement... Et bien cette fille à l'air différente... J'ai discuté quelques fois avec elle et quand parfois elle laisse tomber ce masque de froideur et bien c'est une toute autre facette que l'on découvre. Elle est drôle et assez étonnante. Et je ne suis pas le seul à m'en être rendu compte. Il y a juste voir les quelques garçons qui lui courent après.
James tourna alors la tête vers Eilya, celle ci en pleine discussion avec un poufsouffle. C'est vrai qu'elle n'avait pas cet air dédaigneux au visage... Pas comme la plus part des gens de sa maison. Tient elle a même souri, constata t-il dans un haussement de sourcils. Après quelques minutes d'analyse, il reporta son attention vers Remus qui fixait également attentivement la jeune femme.
- Qu'entends-tu par "elle est étonnante" au juste ? l'interrogea James d'un air soucieux.
- Et bien... Je ne saurais pas exactement te dire... Elle semble constamment faire ce à quoi tu t'attends le moins. Elle ne retire jamais de points lors de nos rondes. Elle est même allée s'excuser pour Martinez, s'exclama t-il dans une petite grimace.
James restait silencieux, un air préoccupé marquant ses traits tandis qu'il tournait de temps en temps la tête pour apercevoir la serpentarde.
- Elle est assez perspicace aussi..., continua Remus en gesticulant nerveusement sur le banc. Elle... Lors de nôtre première ronde... Elle avait cette étrange façon de me fixer... Même ses propos... Ils étaient bourrés de sous-entendus.
- Tu crois qu'elle sait pour ton petit problème de fourrure ?
- Non... Non je ne pense pas... Seulement je crois qu'elle sait qu'il y a plus
Semblant réfléchir un moment, plantant sa fourchette dans la table par intermittence, James finit par se redresser, tout sourire.
- Okay ! Nouvelle mission pour les maraudeurs ! Yaouh !
- Quelle mission ? s'enquit Peter, émergeant enfin de son assiette de poulet.
- Une mission de reconnaissance mon petit Queudver ! Moony se sera toi notre émissaire. Tu lui parles et récolte un max d'infos. Queudver tu chercheras des indices dans son dortoir pendant que moi je me chargerais de Patmol. On fait le point à la fin de la semaine. Nous appellerons cette mission, la mission... Euh attendez une seconde... La mission POULET ! hurla t-il en brandissant un pilon du dit volatile. La mission Poulet est officiellement ouverte !
- T'aurais pas pu trouvé mieux que poulet ? s'exaspéra Remus.
- Mais moi j'aime bien le poulet ! s'indigna Peter.
- Okay, okay, tempéra t-il d'un petit geste de la main. Va pour poulet alors.
- Génial ! jubila James. Mes amis, j'ai foi en vôtre courage et vôtre fidélité. C'est avec le cœur lourd que je vous souhaite bonne chance. La nation vous serra éternellement redevable pour vôtre si courageux sacrifice. Maintenant, GO GO GO !
Et posant le pied gauche sur la table et l'autre sur le banc, il brandit son pilon de poulet tel un vaillant soldat partant au front.
- POTTER ! s'insurgea McGonagall. Non mais vous vous croyez où ?! Retenue ce soir à neuf heures avec Rusard !
Aussi funeste que la terrible vérité soit à dire, le vaillant soldat Potter venait de trépasser lamentablement devant sa prof de métamorphose. Paix à son âme.
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Les couloirs grouillaient de monde. Dans une véritable mêlée, les élèves se bousculaient, se heurtant, poussant le plus possible pour ne pas arriver en retard à leur prochain cours. Autant vous dire que les blessés furent nombreux en ce funeste jour. Pas moins de dix orteils écrasés , six coups de coudes et même un œil au beurre noir ! Eilya s'en sortait ma foi pas trop mal. Sa technique de longer les murs s'avérait plus qu'efficace puisque la majorité des élèves, en bons cornichons qu'ils étaient (comme le disait ce cher Rogue), préféraient foncer dans le tas. Advienne que pourra ! Une méthode des plus drastique selon la jeune fille. Ainsi, elle gambadait vers son cours de métamorphose avec ce sentiment de toute puissance dû à son esprit supérieur.
- Eilya ?
Arh... Qui ose interrompre mes ô combien importantes réflexions ? Mierdasse... Lupin... M'aurait étonné qu'il m'oublie celui là... Tiens il est flanqué de toute sa flopée. La petite amie de Remus est là aussi... WOUH ! Comment elle me regarde mal ! Du calme ma cocotte je ne vais pas me jeter sur lui. Pourquoi est ce que Potter me sourit comme ça ? Il s'est coincé la mâchoire ? Sirius n'a pas l'air franchement ravi de me voir... Super...
- Lupin, grogna t-elle, aussi chaleureuse qu'une courgette. Que me vaut cet incommensurable plaisir ? Sirius ne fait pas cette tête on dirait que le magicobus t'est passé dessus.
Le sarcasme de la serpentarde le refroidissant un chouïa, Remus ne se laissa pas abattre pour autant. Prenant son foutu courage gryffondorien à deux mains, il passa outre la raillerie.
- Pourquoi tu m'appelles toujours Lupin ?
- Tu es venu me voir pour me demander ça ? s'étonna t-elle.
- Non. Enfin... Mais on est amis maintenant, alors je me disais que Lupin c'était trop formel.
- On. Est. Amis ? articula t-elle dans un froncement de sourcils. Lupin tu m'excuseras j'ai du loupé un truc là. Ce n'est pas parce qu'on s'est lancé quelques vacheries rigolotes à la face que l'on va faire copine-copine.
- On ne l'est pas ? s'enquit il d'une petite voix.
Sirius, qui n'avait pas parlé depuis le début de la discussion, ne pu se retenir plus longtemps d'ouvrir sa grande bouche.
- En fait Remus, Eilya est de ces personnes qui sont un peu longues à la détente en matière de relations humaines. Tant que tu ne lui aura pas proposé d'être son ami, tu pourras toujours te brosser pour qu'elle t'appelle autrement que Lupin. Moi il m'a fallu un an pour qu'elle daigne...
Le regard meurtrier de la jeune Connors stoppa net le monologue de Sirius. Il rentra la tête dans les épaules comme un enfant prit en faute.
- Ok je la boucle.
- Merci bien ! grinça t-elle d'un air irrité. Potter enlève moi cet air d'abruti arriéré de ton visage ou tu vas finir par te disloquer la mâchoire !
Malheureusement pour la serpentarde, cela ne fit qu'étirer encore plus les lèvres du dit abruti.
- Alors, reprit elle en s'adressant à Remus. Si je suis ton amie... Mais je ne dis pas que je le suis ! Je devrais t'appeler comment au juste ? Mumus ? Moony ? Mon lupinouchet ?
- Remus tout simplement.
- Nah c'est comme ça que tes groupies t'appellent. Je préfère éviter qu'on me prenne pour l'une d'entre elle.
- En fait, s'exclama Sirius, elles disent plutôt Remmuuuusss ! Mais après c'est toi qui vois. Si tu veux mon avis...
Second regard meurtrier d'Eilya.
- Ok je la boucle.
Grrr... Il ne pouvait pas se la fermer trente secondes celui là !
- Donc, reprit Eilya, je vais t'appeler Lup. C'est moins formel et plus court. C'est ok ?
- Va pour moi, sourit il doucement.
- Et moi ? intervint James.
- Non toi c'est Potter.
- Ooooh... comment elle est trop méchante... Pourquoi tu l'appelles Sirius et non Black alors ? s'enquit il en désignant Patmol du doigt.
Un ange passa. Deux anges passèrent. Une montagne d'anges passèrent.
- Tu as raison. C'est Black. Vieille habitude. Maintenant pardonnez moi mais je vais devoir...
La jeune femme commençait à peine à s'écarter du groupe lorsqu'une voix malheureusement familière résonna dans tout le couloir, arrêtant au passage la mêlée qui faisait rage.
- MI AMORRRR !
- Nom de dieu de putain de bordel de merde ! s'horrifia Eilya en provoquant l'hilarité du couloir.
Martinez avançait à grandes enjambées vers une Eilya affolée qui regardait dans tous les sens en quête d'une quelconque échappatoire. Les maraudeurs semblaient littéralement se fendre la poire à son grand mécontentement. Distance avant impacte avec schtroumpf : environ trente mètres. Fallait rapidement trouver une solution !
- Nom d'un petit bonhomme ! s'écria t-elle. Qui a une carafe ?! SOS ! Cherche carafe ! Lup cesse de te bidonner de la sorte ! Tu fais un piètre ami !
Eilya se mit à bouger ça et là, personne ne lui vienant en aide. Alerte ! Espagnol à dix mètres !
- Tiens ! Prends la, s'exclama un grand serdaigle en lui donnant une carafe métallique.
Ne cherchant même pas à comprendre le pourquoi du comment, Eilya se retourna brusquement pour faire face au mono-sourcil sur pattes. Sans tergiverser plus longtemps, elle lui flanqua un coup carabiné dans son faciès de sombre crétin, le laissant manger énergiquement la poussière du couloir.
- OH YEAH ! s'écria t-elle en faisant une danse de la joie des plus comiques. VICTOIRE ! DEUX-ZÉRO POUR SERPENTARD !
- MISS CONNORS ! s'horrifia McGonagall en sortant de la salle de classe. Veuillez cesser de taper sur ce pauvre Martinez pour l'amour du ciel ! Retenue ce soir neuf heure avec Rusard !
Toujours là où il ne faut pas cette vielle morue ! On ne peux même plus taper le Martinez en paix ici !
- Mais c'est pas moi ! Enfin si c'est moi mais c'est lui qui a commencé ! s'exclama t-elle en pointant l'espagnol avec sa carafe.
- Je ne veux même pas le savoir ! Le pauvre garçon va finir à St Mangouste à cette vitesse là !
Eilya baissa alors la tête d'un air vaincu. Que la vie était cruelle.
- C'est pas juste...
- Vois le bon côté des choses ! s'extasia Potter. On sera ensemble !
-...
- C'est chouette non ?
- ...yeah..., geignit elle en levant à mi hauteur sa copine la carafe.
Au fait la carafe ! Mais quelle genre de personne se balade avec une carafe métallique sur elle ?
Se retournant, elle le trouva là, un sourire colgate aux lèvres, visiblement ravi d'avoir pu aider une donzelle en détresse. Il faisait un bon mètre quatre-vingt dix, baraqué au possible, les yeux bleus clairs, de superbes mèches dorées retombant le long de sa mâchoire carré. Il avait même la fossette au menton en prime, constata Eilya en papillonnant du regard. Oh merlin. Beau gosse dans le coin. WHOUARG ! Ok, ok ok ! Fallait se calmer ! Ma petite Lya ton statut de célibataire allait maintenant dépendre de tes superbes dons oratoires ! Fallait être sexy mais mystérieuse en même temps ! Vas y Lya, donne tout ce que t'as !
- ...beuuuuh..., gémit t-elle bruyamment.
Silence.
Gros silence.
Oh bordel ! se crispa t-elle en ouvrant grands les yeux. Non mais c'était quoi ça ?! Oh bordel ! OH BORDEEEEEL !
- Je fais toujours cet effet là aux femmes, sourit victorieusement le serdaigle dans une oeillade lubrique.
Hein ? pensa Eilya en le fixant dans une grimace figée. Il était sérieux là ?
- Julian Marshall, se présenta t-il en gonflant le torse. Septième année à Serdaigle et capitaine de l'équipe de Quidditch.
- Ah ouais..., murmura Eilya. D'où les biceps...
- En effet, roucoula t-il en contractant les muscles. Tu peux les toucher poupée, pour toi c'est gratuit.
Bouaha ! Arf l'autre ! Comme si j'avais envie de tripoter ses machins !
Eilya finit par lâcher un rire nerveux, jugeant bon de se tailler et en vitesse. Vive le célibat !
- C'est ça, déclara t-elle en reculant, un sourire crispé au visage. Une autre fois peut être.
Et détallant vers un cours de métamorphose qui s'annonçait plus qu'emmerdant, elle les planta là tandis que le petit groupe continuait de la regarder partir avec effarement.
- Ne vous en faites pas, déclara Remus en brisant le silence. Elle aime bien planter les gens comme ça.
- Je l'aime bien ! s'extasia James, les poings sur les hanches, les yeux plissés de contentement.
La mission Poulet avançait comme sur des roulettes !
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Fatiguée. Eilya était fatiguée. Elle se dirigeait vers le bureau de Rusard, le pas traînant, les yeux dans le vague. Ces derniers temps elle dormait très mal. Toujours cet horrible cauchemar. Celui où le manoir brûlait. Celui où la vielle dame Karmelys mourait. Et cette pauvre petite fille, Emy, qui agonisait de sa terrible souffrance pendant que cette terrible mélodie tournait en boucle. A chaque fois Eilya se réveillait terrorisée, tremblante et trempée de sueur. Elle mettait de plus en plus de temps à s'en remettre. Chaque nuit, le songe se précisait. Si au départ, la salle en feu semblait floue, maintenant Eilya pouvait la voir de façon nette et précise.
Les grandes fenêtres aux sommets arrondis, le parquet vernis marron foncé, un grand piano à queue blanc, le tourne disque, une photo sur une commode en bois vernis serti de poignées dorées. Sur la photo, Karmelys couvait des yeux une Emy qui gambadait joyeusement dans tous les sens sortant puis revenant dans le cadre photo. Mais le plus perturbant, c'était cette sensation de déjà vu. Eilya ne savait mettre les mots exacts sur ce qu'elle éprouvait mais tout semblait si familier que s'en était inquiétant. Chaque nuit la peur de tomber dans les bras de Morphée la tiraillait. Elle repoussait tant l'heure du sommeil qu'a plusieurs reprises elle s'était endormi sur ses devoirs, se réveillant le lendemain avec un torticolis des plus douloureux. Et chaque matin, elle se jetait un sort de glamour pour faire disparaître ses grandes cernes et son teint vitreux. Aussi, lorsqu'en plus elle se prenait une retenue avec Rusard et Potter, elle était loin mais alors très loin de péter le feu. C'était donc, le pas résigné, qu'elle se dirigea vers le bureau du concierge, telle une condamnée allant vers le lieu de son trépas.
- Et bien t'en fais une tête ! s'exclama Potter lorsqu'elle arriva.
- Pas envie d'y aller..., grogna t-elle. Tu crois qu'on va faire quoi ?
- Aucune idée ! Ça rajoute un peu de piment ! Si on a de la chance on nettoiera la Salle des Trophées sinon il a toujours la dissection de véracrasses...
La jeune fille s'arrêta net, horrifiée.
- Mais c'est dégueulasse !
- Ah ça oui ! Mais bon ça occupe.
Ils arrivèrent devant le bureau de Rusard. Celui ci les attendait avec un sourire des plus machiavéliques qui n'inaugurait rien de bon. Ses cheveux gras et filasses retombant de chaque côté de son visage squelettique, il dissimulait dans son dos ce qu'Eilya discerna être des ventouses pour WC.
Mierdasse, mierdasse et triple mierdasse !
- Débouchage des toilettes du troisième étage, jubila Rusard. Et sans magie.
Nan ! Mais pourquoi j'ai tapé l'autre schtroumpf moi ?! Ah on les retient tes idées fabuleuses Connors !
Une heure. Une heure qu'ils étaient en train de déboucher ces foutus WC.
- Ô noble et preux chevalier Potter! Il y en a un qui me résiste !
- N'ayez crainte jeune jouvencelle en détresse ! s'exclama James en brandissant sa ventouse. J'accours de ce pas !
Il planta alors vigoureusement sa ventouse dans la cuvette, se mettant à tirer comme un forcené. Trois bonnes minutes de galère plus tard, celle-ci céda enfin, laissant Potter se ramasser lamentablement par terre au plus grand bonheur de sa camarade.
- Et ça te fait rire en plus ! la menaça t-il dans un petit sourire.
- Moi ? Du tout du tout. Ce serait bien mal me connaître.
- Justement !
- Bon bah alors peu être juste un tout petit peu.
- Je le savais ! S'exclama t-il en la pointant d'un doigt inquisiteur. Petite friponne !
Et riant de bon cœur, le silence fini par retomber, chacun s'enfonçant dans ses pensées.
- Pourquoi est ce que tu traînes avec la raclure de Salazar et l'autre nympho ? s'enquit James au bout d'un moment.
Eilya écarquilla les yeux, complètement prise au dépourvu. Devait-elle mentir ou dire la vérité ? Potter bien qu'étant quelque peu immature restait tout de même une personne intelligente. Autant jouer la franchise, ça n'allait pas la tuer.
- Parce que mère et père me l'on ordonné.
- Je vois... C'était pareil pour Sirius...
- En effet.
- Si je puis permettre, pourquoi vous n'êtes plus amis ?
- C'est Lup qui t'a demandé de me cuisiner n'est ce pas ?
- Tu es très perspicace comme fille ! sourit il à pleines dents, pas du tout triste à l'idée de s'être fait démasqué.
- Ah bah ça m'aurait étonné que l'autre troglodyte mal embouché ne vienne pas foutre son pif dans mes affaires ! s'énerva t-elle. Non mais c'est plus fort que lui ! Pour ce qui est de Sirius, je préfère que tu lui demandes plutôt qu'à moi. Chacun sa vision des choses.
On n'entendait plus que le crissement des balais de toilettes.
Ils sont bien ces moldus mais bonjour les galères de chiottes ! C'est pire qu'au moyen-age ! On aurai pu croire qu'avec toutes leurs inventions débiles, ils auraient fini pas moderniser tout ça mais non ! Apparemment c'est loin d'être le cas !
- Connors ?
- Hum ?
- Je... Je me demandais... Enfin ce n'est pas grave si te ne veux pas ! Tu as bien le droit de...
- Potter accouche.
- Okay, articula t-il d'un air incertain. Je voudrais te demander quelque chose.
Plissant les yeux, il retint sa respiration pendant un moment. Il était loin d'être mauvais en apnée néanmoins il commençait à devenir dangereusement violet. Nul doute qu'il avait mis sa fierté de gryffondor de côté pour demander un service à une élève de la maison ennemi.
- Estcequetuvoudraisbienm'aideràsortiravecLily ? lâcha t-il d'une traite.
- Potter, se moqua t-elle. Faut penser à respirer un minimum entre les mots sinon on capte que dalle.
- Est ce que tu voudrais bien m'aider à sortir avec Lily Evans ?
Eilya fut tellement étonnée qu'elle en lâcha sa ventouse.
- Qu-quoi ? Tu... Tu es en train de me demander des conseils pour draguer Evans ?!
- Bah ouais, murmura t-il en se grattant l'arrière de la tête d'un air gêné.
- Non mais t'as fumé la moquette ou quoi ?! Pourquoi moi ? Certes il vaut mieux ne pas demander à Sirius, et encore moins à Pettigrow d'ailleurs, mais Lupin doit être de bon conseil non ?
- Pas tant que ça..., grimaça James. Remus arrive à dire ce que qui ne va pas dans mon comportement mais pour ce qui est de Lily, il sèche. Et puis avec Rose ce n'est pas compliqué. Cette fille se jette littéralement sur lui alors niveau compréhension, je ne crois pas qu'il soit vraiment largué. Il a compris qu'elle le draguait qu'une fois qu'elle lui a foutu sa langue au fond de la gorge ! Ria t-il doucement
Yeurk ! Merci pour l'image !
- Et puis moi j'espère bien bécoter Lily avant mes soixante ans !
- Mais pourquoi moi ? Enfin on ne connait presque pas.
- Et bien, commença t-il en se tortillant nerveusement les mains. Tu réagis face à Martinez un peu comme quand j'aborde Lily.
- Ah. Bah ouais c'est problématique en effet.
Alors, réfléchissant un moment, Eilya finit par déclarer :
- Bon. Voilà ce qu'on va faire. Jusqu'à la fin de la semaine, c'est phase observation. Ne change pas ta façon de lui parler. Moi je regarde. On fait le point vendredi soir et lundi on attaque. Ça te va ?
- Extra ! Gazouilla James en plissant les yeux de contentement. On est pote alors ?
- Non, trancha t-elle d'un air pompeux.
- Oh allez ! chouina t-il comme un enfant. Sois chic petite serpentarde ! Je ne te veux que du bien !
- Potter, c'est franchement loin de me rassurer.
- Si tu refuses je dis à toute l'école que tu fais des rêves érotiques sur Martinez !
- QUOI ?! s'écria t-elle d'un air scandalisé. Mais c'est ignoble comme chantage !
- Yep !
- Écoutes moi bien face de pet à lunettes ! s'énerva t-elle en le flinguant du regard. C'est moi la serpentarde ici ! Il est hors de question de me faire manipuler par un abruti de gryffondor! C'est antinaturel ! C'est comme si je te dis que Martinez est sexy ou que Rogue est mignon tout plein ! C'est choquant !
- Bah alors accepte et ça ne te choquera plus !
Eilya poussa un profond soupir de résignation. De toute façon ce n'était pas comme si il allait passer son temps à lui coller aux fesses. Potter se lasserait et trouverait un autre pigeon à aller emmerder.
- Mouais, déclara t-elle dans une moue boudeuse. Okay.
- OH YEAH !
Se relevant, il se mit à gambader à travers la pièce, brandissant sa ventouse en chantant à tue tête : « Je vais embrasser ma Lily jolie ! Je vais embrasser ma Lily jolie ! ».
Finalement la retenue s'était avérée plus productive que prévue. James allait avoir sa Lily jolie comme il le disait si bien, et les toilettes du troisième étage n'avait jamais été aussi propres !
Merci de m'avoir lue !
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