AARON
Je pose brutalement ma valise sur le lit que je me suis moi-même attribué, complètement fatigué par ce vol de dix heures où je me suis réveillé avec la tête d'Alison sur mes épaules – l'univers semble se livrer contre moi.
Liam et Jayden – mes deux colocataires pour ce séjour – sont posés autour de la table du salon en discutant de la vie au lycée.
Je ne pensais vraiment pas qu'ils pouvaient s'entendre tous les deux étant donné qu'ils ont des passe-temps très différents l'un de l'autre. Jayden est un mec qui connaît tous ses classiques, excellant en littérature tandis que Liam est, comme Alison, imbu des chiffres.
En plus de ça, il n'aime pas particulièrement le sport bien que je l'aie vu plusieurs fois sur la piste d'athlétisme – ce mec est un véritable guépard.
Tout de suite, je suis épuisé et je ne demande qu'une seule chose : dormir. Je savais que j'aurais dû le faire pendant le vol, mais Alison est arrivée et j'ai complètement cessé de réfléchir raisonnablement.
C'est quand même fou que, peu importe ce que je fais, mon esprit arrive toujours à forger un moyen de la retrouver.
Sans rien faire, Alison réussit à s'incruster en moi. Elle parvient à m'obséder au point où je mets en péril tous mes principes pourtant figés dans du marbre.
Cette obsession, elle me pousse à toujours vouloir lui parler, à toujours souhaiter la voir, à toujours espérer la toucher. En un claquement de doigt, elle est parvenue à faire réapparaître des sentiments que je m'étais promis de garder en moi.
Après Rose, j'ai perdu tout espoir. J'ai eu mal, j'ai été blessé, j'ai été profondément trahi. Toute cette merde m'a changé ; elle a absorbé tout l'espoir en moi. J'ai eu de mauvaises passes, des périodes que je me tue toujours à oublier.
Néanmoins, depuis Alison, la donne n'est plus la même. Tout a chamboulé le jour où mes yeux ont croisé les siens et qu'elle a réussi à attraper mon attention comme un poisson pris dans un filet. Dès le départ, je n'avais aucune chance de m'en sortir.
Je n'en ai toujours aucune.
Tout ça est complètement absurde, mais ça a aussi un sens pour moi. Je ne peux pas l'expliquer, mais c'est aussi tellement clair dans mon esprit. Il est impossible pour moi de poser des mots sur tout ça, mais je pourrais en parler pendant des heures.
Parce que si tout ça est confus, ça reste une confusion que je m'efforce de retenir parce qu'elle me préserve de tout ce qu'il y a autour.
Je me sens bien auprès d'Alison et il n'y a pas d'explication à ça. Je n'ai pas d'explication à la réaction que j'ai eu la première fois que je l'ai vue.
Rien n'est entièrement compréhensible dans tout ce que je ressens, mais pour rien au monde je n'aimerais faire disparaître ces sensations.
Parce que même si je sais que c'est mal, même si je sais que je ne devrais pas les avoir, j'en suis addict. Tout ça, ce n'est qu'une putain d'addiction dont je suis incapable de m'en sortir.
Et dont je ne veux pas m'en sortir.
À défaut de supprimer toutes ces choses, peut-être que je peux faire en sorte que tout soit parfait entre Alison et Wes.
Un frappement à la porte vient me ramener à la réalité. Faisant rouler ma valise auprès de mon lit, je me dirige vers le salon pour rejoindre Jayden et Liam qui se regardent l'un l'autre pour savoir qui va ouvrir.
Finalement, le second se lève pour répondre. De mon côté, j'observe le jeu de cartes que Jayden est en train de battre maladroitement en faisant tomber la moitié chaque fois qu'il essaie.
Ricanant ouvertement à ça, je me prends un mauvais regard de sa part. Du côté de la porte, Liam est en train de galérer à comprendre ce que la voix masculine est en train de lui raconter.
Intrigué par ce spectacle, je me lève pour y assister. La porte laisse entrevoir un homme qui approche la quarantaine et qui tient des boîtes de pizzas dans les mains.
Diverti en écoutant Liam qui désespère à ce que l'homme lui dit, je finis tout de même par lui porter secours en m'appuyant à la porte.
— Bonsoir.
L'homme habillé en uniforme pose ses yeux sur moi, l'air énervé.
— C'est bien vous... Aria Collins ?
Il vérifie le nom de la commande en lisant celui de mon amie. À l'entente de celui-ci, Jayden, Liam et moi nous donnons des coups d'œil à la fois amusés et espiègles.
Amusés qu'il nous prenne sérieusement pour Aria ; espiègles parce que nous avons chacun la même idée.
Il est bientôt deux heures du matin, cet homme est fatigué et veut juste rentrer chez lui : il ne vaut pas mieux le déranger plus longtemps en lui disant qu'il s'est trompé de porte, pas vrai ? Nous nous trouvons dans un si grand hôtel.
— Oui, bien sûr.
Sans attendre, il me tend les pizzas.
— Bon appétit. La prochaine fois, essaie de pas laisser ton pote répondre, s'il te plaît. J'ai jamais entendu quelqu'un parler aussi mal le français.
— C'est noté.
Je suppose qu'Aria les a payées directement en ligne puisqu'il ne me demande pas d'argent, ce qui est une très bonne chose. L'odeur des spécialités italiennes envahit déjà mes narines tandis que je les pose sur la table où les mecs jouaient.
En souriant pleinement, nous prenons chacun une place autour de celle-ci et ouvrons la première boîte qui se trouve être une quatre fromages – ce qui me rappelle pas mal de souvenirs.
J'attrape ensuite le jeu de cartes des mains malhabiles de Jayden pour les battre moi-même – l'avantage d'avoir eu une phase de magicien, c'est que je le fais facilement et avec classe.
En terminant de mélanger les cartes de UNO, je saisis enfin une part et l'engloutis sans davantage patienter. Les deux autres ne m'ont pas attendu et ont déjà avalé la moitié de la pizza, ce qui me pousse à prendre plusieurs parts en même temps pour les contrer.
Après ça, je distribue sept cartes à chacun de mes adversaires et la partie commence enfin.
Dans les minutes qui suivent, une forte rivalité s'installe entre nous, nous poussant à nous faire plein de coups bas. Et si je suis plutôt impliqué au début, je perds de ma motivation au fur et à mesure que je remporte chacune des parties.
C'est donc seulement à la cinquième manche que nous décidons d'arrêter – pas étonnant, nous sommes incapables de donner notre attention plus longtemps que ça.
Rangeant les cartes dans leur boîte, je dépose cette dernière dans mon sac qui a complètement été dévalisée par mes colocs.
Honnêtement, j'ignorais totalement que les cartes s'y trouvaient puisque ma mère a tenu à faire mon sac pour que je n'oublie pas des affaires, comme un vrai gamin – heureusement que j'ai pu faire ma valise moi-même.
Ma mère aime bien me gâter chaque fois qu'elle rentre de voyage en faisant toutes ces choses qui me renvoient dix ans en arrière.
Et je ne m'en plains pas.
Ne sachant donc pas quoi faire d'autre, je sors mon téléphone de ma poche et vérifie les dernières nouvelles. Bien sûr, comme depuis près d'un mois, c'est la vidéo de notre bagarre contre les Beavers qui surgit dans mon fil d'actualité.
Bien que je retire rapidement le son, ça a le mérite d'attirer l'intérêt des deux autres mecs en face de moi. Retrouvant encore une fois ces images, mon emprise sur mon téléphone devient bien trop forte et les commentaires n'arrangent rien.
Épuisé, je balance mon téléphone sur mon matelas, mais comme si ça ne suffisait pas, ce dernier rebondit et s'écrase au sol.
— Encore cette vidéo ? m'interroge Jayden en s'asseyant sur le fauteuil face à mon lit.
— Ouais, ils veulent pas la lâcher.
Ryan McLawyer et son équipe ont abandonné tout ce qu'ils comptaient faire et ç n'a entraîné aucune répercussion – si ce n'est la colère de Coach – mais ça n'empêche pas le monde de continuer à la faire circuler. S'il n'a pas eu ce qu'il voulait, il est certain que McLawyer est en train de se réjouir de tout ce qu'il a provoqué.
— Pourquoi vous vous êtes battus avec eux, d'ailleurs ? nous questionne Liam, intrigué.
— On a simplement répondu à leurs provocations.
— Aaron était bourré, ajoute Jayden.
Je le fusille du regard.
— J'étais pas si bourré que ça.
— Tu l'étais suffisamment pour que ça se remarque à des kilomètres. Même Ryan n'y a pas manqué.
Devant mon air renfrogné, les deux abrutis se mettent à rire ensemble. J'essaie d'attraper quelque chose à leur lancer au visage, mais rien ne me vient sous la main.
— Vous me faites vraiment chier, tous les deux.
— Si tu veux mon avis, m'ignore mon meilleur ami, il voulait « noyer sa peine ».
— Tu veux dire un chagrin d'amour ?
— Exactement.
Je les laisse se foutre pleinement de ma gueule tandis que je récupère mon téléphone par terre. Je le retrouve à l'envers, à deux mètres de mon lit.
La première chose que je fais, c'est vérifier si l'écran n'est pas cassé, même si je m'en fiche pas mal tout de suite.
Dans mes mains, je l'examine en ne trouvant rien et allume donc l'écran pour voir si je n'ai pas de nouvelles notifications. À ma grande surprise, j'aperçois le nom d'Aria sur un message WhatsApp qu'elle m'a envoyé il y a plusieurs minutes.
ARIA :
Par hasard, un livreur ne serait pas passé dans votre chambre ?
Ce message fait apparaître une lumière au-dessus de moi ; je viens tout juste d'avoir une excellente idée de vengeance. Me pressant de taper mon message de réponse, je reviens dans le salon que Liam et Jayden ont retrouvé juste avant.
Tous les deux sont en train de se disputer pour savoir quel programme ils vont mettre à la télévision. Si l'un veut regarder un épisode de Prison Break qui est en train d'être diffusé – avec des voix françaises qui me perturbent vraiment –, l'autre veut mettre une autre chaîne qui diffuse Ma famille d'abord.
Je n'essaie pas de m'inviter à leur débat, préférant m'installer confortablement sur le lit avec mes bras sur le dossier de celui-ci.
À peine quelques secondes plus tard, notre porte sert de punching-ball à Aria qui vient apparemment de lire mon message. Un sourire aux lèvres, je me lève et me précipite à grandes enjambées vers la porte pour lui ouvrir, sous l'interrogation de mes colocs.
Aria ne fait pas un seul instant attention à moi, entrant dans notre chambre d'hôtel en furie, suivie par Alison et Lauren. Alison me lance un sourire désolé alors que Lauren me juge de haut en bas comme elle en a l'habitude.
En remarquant les boîtes de pizzas vides toujours posées sur la table, Aria grogne de rage. Jayden et Liam ne comprennent rien, mais semblent sincèrement terrifiés par la rouquine qui s'approche dangereusement d'eux avec des yeux plus que menaçants.
Ça fait longtemps que je connais Aria maintenant et une chose qu'elle déteste plus que tout, c'est se faire berner. Peu importe la situation, elle est toujours prête à faire ce qu'il faut pour récupérer son dû et c'est exactement pour ça que je m'installe de nouveau sur le canapé, prêt à admirer le spectacle à suivre.
Dans ces moments-là, le pire qui puisse arriver est de se retrouver du mauvais côté d'Aria.
— Vous deux, fait-elle en pointant mes amis du doigts, je vais vous tuer.
Les yeux arrondis de Liam me font exploser de rire, mais mon manque de sérieux ne semble pas atteindre Aria – et tant mieux.
— Vous allez tous les deux me commander d'autres pizzas. Tout de suite !
— Aria, il est deux heures du matin. Je crois pas que–
— Non, non. Pas d'excuse. Vous allez le faire, même si vous devez vous rendre là-bas à pied.
J'observe Alison en train de se mordre la lèvre, retenant distinctement un rire. Je me retiens de détailler sa bouche plus longtemps pour m'en remettre à Jayden qui lève les mains en l'air, comme s'il se faisait arrêter par un officier.
Liam, quant à lui, est bien plus effrayé que n'importe qui dans cette pièce et se fait le plus petit possible, incapable de dire quoi que ce soit.
— Aria... Je suis sûr qu'on peut régler ça autrement, tente Jay. Je ne suis même pas sûr qu'il y ait encore de pizzerias ouvertes.
La rouquine fait un pas vers lui en pointant son doigt dans sa direction.
— C'est certainement pas une chose à laquelle vous avez réfléchi quand vous m'avez volé mes pizzas, hein ?
— Pourquoi tu ne t'en prends pas à Aaron ? intervient promptement Liam. Lui aussi était dans le coup, je te signale !
La petite voix timide de ce stupide Liam me prend de court.
Aussitôt, Aria fait volte-face et pose ses grands yeux verts sur ma personne ; j'en perds mon sourire et sens mon cœur perdre de sa vitalité. Son regard obscur me transperce à la façon d'une épée en plein estomac.
J'aimerais bien m'enfuir lorsqu'elle s'avance vers moi avec toute la colère du monde en elle, mais mes jambes ne suivent pas. Je reste planté là, tandis que les deux traîtres s'amusent de la situation.
— Tu m'as menti !
— OK, tenté-je de la calmer en plaçant mes mains devant moi, « mentir » est un grand mot.
— Je vais te tuer, articule-t-elle entre ses dents.
Prête à se jeter sur moi, Alison la stoppe en se plaçant entre nous deux. J'expire un long soulagement ; Aria ne me lâche pas des yeux une seule seconde.
Mon plan de vengeance est nettement tombé à l'eau à cause de ces deux bornés qui ont tout gâché.
— Aria, je suis sûre qu'il ne l'a pas fait exprès.
Oh, si, carrément.
— Un mec est arrivé devant notre porte avec des pizzas. Comment j'aurais pu refuser ?
— T'es sérieux, là ? Tu veux te faire frapper ?
OK, je ferais mieux d'arrêter de parler.
— Ce que Aaron veut dire, reprend Alison en me lançant un regard, c'est qu'il va faire de son mieux pour réparer ce qu'il a fait. Il sera ravi de t'acheter tout ce que tu veux demain. Pas vrai, Aaron ?
Elle sévère son regard sur moi.
— Oh, euh... Oui. Oui, tout à fait. J'en serai enchanté.
Finalement, je ne reçois qu'un mauvais regard avant qu'Alison ne parvienne à faire sortir Aria de notre chambre. Lauren suit sans rien dire, toujours en colère contre moi – je n'essaie pas de comprendre.
En me levant, je referme la porte derrière elles en ne manquant pas de remercier Alison de m'avoir aidé ; c'est à elle que je devrais acheter quelque chose pour la remercier.
Sans jeter un regard aux deux idiots qui partagent ma chambre, je rejoins la mienne et m'assois sur mon lit, la tête entre les mains. Je suis épuisé par tout ça.
Putain, on est à peine arrivés que j'en ai déjà marre de Paris et toutes ces conneries.
C'est censé être des vacances, une pause des cours et de tout ce qui me tracasse l'esprit. Loin de tout le merdier qui se trouve à Seattle, j'étais supposé me relaxer.
— Waouh. C'était chaud entre Aria et toi.
Je soupire en entendant la voix énervante de Liam qui vient d'entrer dans la chambre.
— C'était même intense, je dirais.
Et Jayden qui s'ajoute à la partie.
J'ignore quand ces deux-là se sont concertés pour se livrer contre moi, mais je hais ça plus que je n'ai détesté quoi que ce soit d'autre – en dehors de Rose, bien sûr.
— Vous sortiez ensemble, pas vrai ? C'est à cause d'elle de t'étais bourré ? Parce qu'elle t'a largué ?
Jayden ricane tandis que je roule des yeux en l'ignorant.
— Ils n'ont jamais vraiment été ensemble, lui apprend mon soi-disant ami. Mais t'es sur la bonne piste. Ça implique forcément une fille. Tu sais, le chagrin d'amour, tout ça.
Je serre un peu plus mes poings avant de me lever pour quitter cette pièce. Il est déjà deux heures du matin et dans quelques heures seulement, nous devrons rejoindre les profs et je sens que je ne vais pas pouvoir tenir debout plus de deux secondes si je ne dors pas maintenant.
— Et Alison ? poursuit Liam. Ils traînent souvent ensemble, non ? Tu crois que–
— Putain, vous voulez pas la fermer ?
Jayden me jette un regard que je comprends bien trop vite.
Je sais, putain.
— Point sensible, j'ai compris.
— Elle sort avec mon frère, crétin.
Liam hausse les sourcils tandis que je rejoins la cuisine pour trouver quelque chose à manger. Comme s'ils étaient attachés à moi, Jay et Liam me suivent jusque là-bas.
Je ne trouve rien dans les placards, mais il y a un gâteau de bienvenue dans le frigo que je prends sans même y réfléchir.
— OK, la situation n'est pas en ta faveur, mais je suis sûr que tu peux y faire quelque chose. Est-ce qu'ils s'aiment ?
Posé à la table, je relève mes yeux vers Liam.
— T'es sérieux, là ?
— Oui, déclare-t-il en s'asseyant en face de moi. La rivalité entre frères, c'est un truc qui remonte à Caïn et Abel. Ce genre de détail n'a jamais arrêté personne.
Je fronce les sourcils.
— Je ne vais rien faire, mec. C'est quoi ton problème ?
— Ouais, Liam. N'essaie pas de lui donner des idées.
— Il ne me donne pas d'idées, mais des putains de maux de tête, là.
J'entame le gâteau avec la cuillère que j'ai prise au passage. Il a dû être fait par un chef parce qu'il est absolument divin.
— Mais peut-être que tu lui plais aussi. Tu y as pensé à ça ?
— Non et je ne le ferai jamais.
Bien sûr que je l'ai déjà fait.
— Jayden, sois avec moi. Tu l'as vu aussi, pas vrai ? Elle est clairement à fond sur lui et il est à fond sur elle. Tout ce qu'elle a à faire, c'est rompre avec son frère et pouf ! « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » !
Je me secoue la tête en n'essayant pas de lui donner l'attention qu'il veut de moi. Je sais bien qu'il attend une réponse, mais je ne peux pas risquer de m'incruster dans sa fantaisie.
Si jamais je m'y tentais, je sais que je ne pourrai pas m'en sortir et je ne veux pas de ça. Je n'ai pas envie d'espérer sans jamais avoir parce que c'est complètement idiot. Il pense que je plais à Alison ? Je pense plutôt qu'elle est à fond sur mon frère et qu'ils vivent tous les deux le rêve Disney.
— Mais bon. Après, c'est juste une pensée comme ça.
Liam se lève et va rejoindre la salle de bain. À côté de moi, Jayden me relance ce même regard avant de disparaître dans sa chambre.
De mon côté, j'essaie juste de ne pas penser à ce qu'il vient de dire. Je tente de ne pas laisser ces stupides suppositions se faire une place dans ma tête.
Tout de suite, je n'ai pas besoin de ça. Je n'ai pas besoin d'être rappelé qu'elle est avec mon frère. Pas besoin de croire qu'elle puisse ressentir quoi que ce soit de similaire à ce que je ressens pour elle. Pas besoin de me faire de faux-espoirs sous la simple hypothèse qu'elle pourrait être intéressée.
Je sais qu'elle ne l'est pas, qu'elle ne l'a jamais été.
Tout ça, ça n'a toujours été qu'à sens unique. Liam se trompe, il se trompe sur ce qu'il croit avoir vu. Ce que moi j'ai vu, c'est la façon dont elle le regardait lui. Elle le regarde comme s'il était la plus belle chose qui lui soit arrivée.
Comment faire face à ça ? Je ne peux pas.
Je ne veux pas.
Le plan reste le même : elle et lui.
Je ne fais pas partie de la formule.
***
mec, faudrait (peut-être) songer trouver quelqu'un d'autre, non ?
LOVE ∞