AARON
Je tente de me concentrer, mais c'est peine perdue.
Tout ce dont j'ai envie tout de suite, c'est m'arracher les cheveux tant ce test commence à me prendre la tête.
Ce ne sont pas tellement les questions qui me déstabilisent, mais bien la présence de Yuma. Il est évident qu'elle n'a pas changé depuis l'été dernier et elle ne changera pas non plus de sitôt.
En la voyant sortir de son car en souriant, j'ai tout de suite su qu'elle préparait quelque chose. Si je n'ai toujours aucune idée de ce dont il peut s'agir, je suis certain que c'est un moyen pour elle de se venger de moi et de gagner les Twelve.
Après l'année dernière, je ne pensais pas la revoir. Je pensais qu'elle resterait dans mon passé et que nous n'aurions plus rien à faire ensemble parce que ça a toujours été mieux ainsi.
Pourtant, maintenant que je la retrouve aujourd'hui, j'en viens à me demander si les choses sont pareilles de son côté. Yuma paraît bien trop confiante pour qu'elle n'ait rien derrière la tête et je n'aime pas ça.
Relisant rapidement les réponses, j'achève le test à la moitié du temps déterminé. Sans attendre, je me lève, dépose mon rendu auprès de ceux des autres et récupère mon téléphone avant de sortir de la classe.
Derrière moi, il reste encore cinq personnes, ce qui me rend le septième à sortir de la classe. Tandis que les autres sont occupés à discuter entre eux à propos des réponses qu'ils ont données aux questions, je m'aventure dans le lycée à la recherche de la personne que je veux voir tout de suite.
Alison est la première à être sortie, ce qui ne m'étonne pas parce qu'elle a toujours fait les choses rapidement. Je la cherche donc dans toutes les pièces que je rencontre, mais je ne trouve toujours aucune trace d'elle.
Un moment, j'en viens à me demander s'il ne lui est pas arrivé quelque chose, puis je me dis qu'il y a peu de chance qu'il ne se passe quoi que ce soit dans un lycée vide.
D'ailleurs, je n'ai pas non plus vu Aria, alors j'en déduis qu'elles se trouvent ensemble quelque part.
Arrivant dans une autre salle, mon regard se pose sur celui de Yuma qui y est présente. Le mauvais sourire collé à ses lèvres n'annonce rien de bon, c'est pourquoi je m'avance vers malgré toute la réticence que je confine.
Je prends un air menaçant qui la fait doucement rigoler, mais je ne perds pas pour autant mon attitude parce qu'il est impossible que je faiblisse face à quelqu'un comme elle.
Là, maintenant, mes pensées sont uniquement destinées à une personne et ce n'est pas elle.
— Mignonne, ta copine. Tu l'as trouvée où ?
— Qu'est-ce que tu me veux ?
Elle hausse les épaules et me regarde innocemment.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
Pas le temps d'être courtois avec elle ; j'avance d'un pas pour la surplomber de mes centimètres en plus, ce qui l'oblige à lever la tête.
— Joue pas à ça avec moi. Je te connais. Je sais que t'as quelque chose derrière la tête.
— Ah bon ? Je suis sûr que t'as une idée de ce que je veux, dans ce cas.
À ça, elle saisit mon t-shirt du bout de ses doigts et m'attire vers elle sans que je n'aie le temps de tout de suite réagir.
Cependant, elle a raison : je sais ce qu'elle a en tête, tout de suite. Ça ne me plaît pas du tout. À sa façon plus que suggestive de me regarder, j'ai l'impression de me trouver face à un détraqueur prêt à avaler toutes les bonnes choses en moi.
Par instinct, je retire sa main de mon corps et recule de trois mètres afin d'imposer une distance non étouffante entre nous.
Je n'arrive même pas à croire qu'elle puisse toujours penser à ça. Ça fait quoi ? Sept mois qu'on ne s'est pas vus ? J'aurais espéré qu'en sept putains de mois d'évitement, elle aurait compris que je n'ai plus envie d'avoir affaire avec elle d'une quelconque manière.
Ma réticence ne semble pas lui faire plaisir alors elle s'approche de nouveau vers moi comme un insecte attiré par la lumière.
— Tu crois vraiment qu'après ce que t'as fait, j'ai envie de quoi que ce soit avec toi ?
— J'aurais aimé que tu ne sois pas aussi rancunier, oui.
Je roule des yeux.
— Dommage, on a pas toujours ce qu'on veut. Maintenant, dis-moi ce que tu veux. Je commence à perdre patience.
— Que crois-tu ? Je suis là pour gagner.
— Je te connais, Yuma.
L'irritation se glisse doucement en moi. Je suis déjà pas mal stressé par les Twelve, mais si Yuma s'ajoute au calcul, je crois que je vais simplement péter les plombs.
— J'ai peut-être dit quelque chose à ta petite amie.
— Qu'est-ce que tu lui as dit ? m'empressé-je de demander en faisant un pas vers elle.
Elle hausse les épaules et je comprends que c'est la seule information qu'elle me donnera.
Après ça, je quitte la salle pour retrouver Alison. Cette fois-ci, je dois la retrouver. S'il faut me rendre aux toilettes des filles pour ça, je suis prêt à me sacrifier. Débarquant ainsi dans le couloir, j'ouvre toutes les portes sur mon passage en interrompant au passage une session de baisers enflammés qui manque de me faire gerber – des élèves de Ballard.
Il nous reste encore une demi-heure avant que les résultats du premier test soient dévoilés et que nous sachions qui de nous douze participera à l'épreuve finale. En trente minutes, je suppose qu'Alison est en train de réviser.
Je reviens donc à notre salle de révision où je ne la trouve toujours pas. Ce n'est qu'en ouvrant la dernière porte que je la découvre enfin, assise à un bureau avec des cours sur ce dernier tandis que Cameron se trouve tout juste à côté.
Étant donné que je n'ai rien fait pour être discret, tous deux tournent la tête au même moment tandis que je referme plus calmement la porte derrière moi.
— Euh... Salut ?
Cameron a un sourire au coin des lèvres lorsqu'il se lève en saluant Alison. En passant près de moi, il me donne une tape sur l'épaule. Dès lors, je m'assois à une chaise auprès d'Alison.
— Cameron m'a dit que t'avais réussi à le faire entrer ici.
Je m'humecte les lèvres en baissant les yeux un instant.
J'ai passé la matinée à discuter avec lui pour le convaincre de venir en le rassurant que j'avais la situation sous contrôle. Ce n'était pas si simple que ça de le faire entrer, mais j'y suis parvenu.
Je savais à quel point Alison apprécierait de le voir dans le public pendant la dernière épreuve, alors cette idée a émergé sans même que je n'aille la chercher. Et puis, maintenant que Cameron et moi sommes en de bons termes, je devais bien faire ça.
— Ouais, je me suis dit que–
— Merci.
Je m'accoude au bureau et appuie ma tête contre ma main en posant mes yeux dans les siens – une chose que je devrais cesser de faire si je veux rester sain d'esprit.
— Yuma est venue te voir tout à l'heure ?
Sans préambule, je me dois de lui poser cette question.
— Vous vous connaissez, devine-t-elle.
— On peut dire ça, oui. Alors ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
Elle baisse son regard un instant, mais le remonte aussitôt. Son expression n'a pas changé lorsque ses pupilles caramel rejoignent les miennes, mais je remarque une nouvelle dureté dans le coin de ses yeux, comme si elle essayait de receler quelque chose.
Je crois qu'elle tente de dissimuler sa haine pour Yuma ; une chose que je ne peux pas lui reprocher puisque j'ai la même. Elle a sûrement dû se vanter, ce qui n'a clairement pas plu à Alison.
— Oh, rien. On a juste discuté de l'examen. Pourquoi tu voulais savoir ?
Comme toujours, Alison ne peut pas répondre sans demander.
— Je ne l'aime pas.
Elle acquiesce, prenant en compte cette information. Est-elle soulagée ? Je suis bien stupide de croire ça, mais je ne peux m'empêcher de voir autre chose dans ses iris. Quelque chose d'autre que son désir dirigé vers Wesley.
Ces derniers jours ont été tellement torturant, à le voir entrer chaque soir dans sa chambre. À plusieurs moments, j'ai été tenté de faire quelque chose pour empêcher ça, mais qu'aurais-je pu faire ? Je n'ai pas ma place.
Peut-être se croient-ils discrets, mais j'entends et je vois. Quand Alison commence une journée avec un sourire aussi grand aux lèvres, je sais qu'il n'est pas innocent. Je sais aussi que Wes ne déborde pas de joie pour rien, si ce n'est qu'ils sont au top de leurs formes, tous les deux.
Ce sont des choses que j'aimerais effacer de mon esprit. J'aimerais pouvoir tout oublier et ne plus jamais avoir à faire face à la peine engendrée. Parce qu'en voyant ça, j'ai presque envie d'en vomir.
Ça me fait mal au point où la seule solution suffisamment efficace est de boire. Jayden serait bien fier de savoir ça.
— Elle, euh... Elle a peut-être évoqué autre chose.
Me libérant de mes pensées, je lève les yeux vers la brunette qui vient de se tourner complètement vers moi.
— Elle... Elle a dit qu'elle était ton premier amour.
— Elle t'a dit ça ?
Alison hoche la tête et je suis de plus en plus déstabilisé et confus par l'expression sur son visage. J'ai du mal à réellement la comprendre. J'ai l'impression de voir quelque chose, mais je dois juste être en train de l'imaginer, ce qui prouve à quel point je suis désespéré.
À quel point faut-il avoir perdu les neurones pour croire que la copine de mon frère soit préoccupée par ma vie amoureuse de cette manière ?
— C'est vrai ? me demande-t-elle.
Je me redresse immédiatement.
— Non, absolument pas. Jamais de la vie.
Son air rassuré me perturbe de nouveau. Est-ce qu'il y aurait une chance pour que... Putain, mais à quoi je pense ? J'ai vu les regards qu'elle lance à mon frère : ça ne trompe personne.
C'est lui qu'elle veut et toutes les nuits qu'elle a passées à ses côtés renforcent seulement cette idée.
Wesley est mon frère et maintenant, je me mets à imaginer des choses sur sa copine. Je vois des choses qui ne sont pas là et ça commence à me bousiller l'esprit parce que je devrais cesser d'espérer.
La situation est close : elle est avec mon frère.
J'ignore pourquoi je continue à voir des signes, pourquoi je continue à me remémorer les premiers jours, lorsque je pensais qu'il y avait quelque chose entre nous.
Cependant, tout juste après, elle s'est rapprochée de Wesley et j'ai compris que tout ça ne venait que d'un seul côté – absolument pas le sien.
— Oh, d'accord.
— Je suis sincère, continué-je. Je ne l'aime pas et je n'aime personne d'autre de cette manière non plus. Je suis cent pour cent libre.
Putain. À quel point je sonne comme un mec pitoyable ?
— Euh... OK. Et tu comptes te ranger bientôt ?
— Absolument pas, non. Je n'ai personne en vue.
— Et Zoey ?
Je fronce les sourcils.
— Zoey ?
Elle déglutit avant de poursuivre :
— Je vous ai vu ensemble. Vous aviez l'air... proches. Tu ne veux pas tenter quelque chose avec elle ? Je pense que vous iriez bien ensemble.
Non, non, non.
Putain, non.
— Non, je ne m'intéresse pas à elle de cette manière. C'est juste parce qu'elle est capitaine de l'équipe de basket. On n'est pas si proches que ça.
Même pas du tout.
— À ton avis, ce sera quoi la destination ? finit-elle par changer de sujet.
Je suis content qu'elle le fasse parce que je n'ai certainement pas envie de parler de ma vie amoureuse avec elle. Connaissant déjà la réponse à cette question, je sens une poussée d'adrénaline en moi qui m'invite à me pencher un peu plus vers elle.
Lorsqu'elle est proche, j'ai toujours envie de me rapprocher pour ne pas la perdre de vue. À tout moment, j'ai l'impression qu'elle pourrait disparaître et ça me fait flipper parce que je n'ai pas envie de découvrir qu'elle n'est que le fruit de mon imagination.
Alison paraît presque trop belle pour être vraie, comme si elle n'était qu'une vision de celle que j'ai toujours espéré trouver.
M'humidifiant les lèvres, je vois son regard se diriger de courtes secondes vers elles avant de remonter à mes yeux.
— Je sais déjà où on ira.
Les yeux grands ouverts, elle se redresse.
— Vraiment ?
— Vraiment, ris-je doucement. J'ai quelques contacts, tu sais ?
Levant les yeux au ciel, elle laisse apparaître un rictus sur sa bouche.
— Quel pays ?
Je me pince les lèvres pour éviter de trop sourire.
— La France.
Camouflant son excitation, elle continue :
— Paris ?
— Eh, ouais.
Elle se lève d'un coup en ayant un sourire énorme qui me laisse penser qu'elle est vraiment heureuse de cette réponse. S'il suffisait de l'emmener à Paris pour la rendre ainsi, je l'aurais fait bien plus tôt.
— Arrête. T'es en train de mentir.
Alison est dans cette phase de déni où elle refuse de croire ce que je dis de peur que ce ne soit qu'une mauvaise blague et qu'elle soit donc déçue après ça.
Me levant à mon tour, je m'assois contre le bureau en croisant les bras contre mon torse, une façon de toujours rester aussi près d'elle que possible.
— Je te promets que je dis la vérité. Je peux même te montrer le...
D'un cri d'excitation, Alison se jette sur moi et m'entoure de ses bras sans que je n'y sois préparé. Elle me sert fort contre elle avant de s'éloigner en souriant toujours de la même façon.
Elle est déjà en train de me dire à quel point elle a toujours eu envie d'y aller, et moi je suis toujours arrêté à la chaleur de son corps encore sur le mien. Les pulsations de mon cœur sont si faibles que je crois perdre connaissance à plusieurs reprises.
Peu importe à quel point j'essaie, les sensations sont les mêmes. Elles n'ont pas changé d'un seul millimètre ; Alison provoque toujours les mêmes choses en moi.
Je n'arrive pas à stopper mes battements. Je n'arrive pas à reprendre ma respiration. Je n'arrive pas à regarder autre part que dans le fond de ses yeux.
Un moment, je m'imagine à la place de Wesley. Si j'avais sa place tout de suite, que ferais-je ? Serais-je en train de l'embrasser jusqu'à ce qu'elle en perdre son souffle ?
Probablement.
— On doit absolument gagner.
À cette phrase, Alison reprend ses affaires et se remet à réviser. Elle crée une distance entre nous et je peux enfin souffler.
Après ça, elle passe le reste du temps à réviser tandis que je le passe à essayer de ne pas me jeter sur elle en lui demandant d'oublier Wesley.
La demi-heure s'écoule et nous nous retrouvons face aux résultats affichés dans le couloir. Puisque c'est une liste de six personnes, je ne prends pas de temps à retrouver mon nom, tout juste au-dessus de celui d'Alison. Comme prévu, Aria et Jayden y sont au même titre que Lauren et Val.
Du côté Ballard, je ne suis pas non plus étonné que Yuma soit de la partie. À cette nouvelle, elle me fait un clin d'œil qui ne passe pas inaperçu aux yeux d'Alison. J'ignore ce qui traverse son cerveau, mais elle est carrément en train de la fusiller du regard.
Va-t-elle vraiment devenir un genre de belle-sœur protectrice de son beau-frère ?
J'ai juste envie de me buter à cette idée.
— Bien joué, me checke Jayden.
Je tapote son épaule.
— Toi aussi. On va leur botter le cul, pas vrai ?
— Totalement.
Le compte à rebours lancé, nous passons l'heure qui suit à nous interroger à chacun notre tour sur toutes les matières, même celles qui ne sont pas les nôtres.
Lauren ne semble vraiment m'apprécier, mais elle est la plus forte d'entre nous, alors je passe outre et réponds à ces questions sur un ton normal contrairement à son ton condescendant.
À l'heure annoncée, nous rejoignons le gymnase où les caméras sont déjà mises en place. Une boule apparaît immédiatement dans mon ventre lorsque je vois les secondes défiler de plus en plus rapidement sous mes yeux.
Après nous avoir préparé pour la télévision, nous sommes fin prêts pour la finale et je me sens tout juste stressé de faire n'importe quoi à la télé. Mon père et Wesley ont sûrement interrompu leur journées père-fils pour se mettre devant un écran et je ne doute pas non plus que ce soit le cas de ma mère.
Lorsque Wes était au lycée, c'est aussi une chose qu'il a fait et je me rappelle être devant la télévision avec ma mère tandis qu'il répondait à toutes les questions de maths – incontestablement la raison pour laquelle Alison et lui s'entendent si bien.
Bientôt, nous faisons notre entrée sur le plateau et nous retrouvons un petit public devant nous où j'aperçois Cameron qui a mis sa capuche pour se cacher. À ses côtés, je remarque une fille que j'ai déjà vu au lycée et qui est en train de lui dire quelque chose. Il me semble qu'elle s'appelle Leyla et elle a dû se glisser avec Cameron pour venir, elle aussi.
Sans m'attarder, je m'installe auprès d'Aria qui est en train de saluer les caméras – avec des parents acteurs, autant dire qu'elle est dans son élément.
Le présentateur, qui est une célébrité invitée exprès pour l'événement, explique le principe de l'émission puis nous présente un à un avant de replacer ses yeux sur la caméra principale.
Après ça, il annonce ce qui est en jeu : un séjour à Paris en compagnie de nos deux enseignants accompagnateurs – j'ai d'ailleurs entendu dire que les profs se battaient chaque année pour espérer nous accompagner.
Il poursuit ses présentations et je l'écoute d'une oreille distraite puisque je connais déjà le déroulement des Twelve sur le bout des doigts. Au total, soixante questions seront posées à chacune des équipes à tour de rôle pour la première manche.
Après ça, nous devrons choisir une personne de l'équipe pour la seconde manche qui se constitue de trente questions auxquelles chacune des équipes répond en même temps puisque ça se joue sur la rapidité. Tout ça, c'est une façon d'apporter du suspens à l'émission.
Rapidement, donc, le présentateur commence à nous poser les questions – notre groupe a eu le score le plus haut au premier test alors nous sommes ceux qui commençons.
Notre équipe est équilibrée et c'est vraiment tout ce dont nous avons besoin : Alison pour les maths, Aria pour l'histoire, Jayden pour la littérature, Val pour les sciences puis Lauren et moi pour les langues, même si elle est forte partout.
Avec ça, nous n'avons pas de mal pour répondre correctement aux questions, ce qui est aussi le cas de Ballard.
Les questions et les réponses s'enchaînent alors que les scores augmentent. Certaines de nos réponses sont fausses – pas les miennes, évidemment – et nous perdons face aux autres de deux points.
Pour la seconde épreuve, nous choisissons donc Lauren pour nous représenter et l'équipe adverse sélectionne cette foutue Yuma qui est bien plus déterminée que jamais.
Son regard se pose à ma gauche, ce qui me fait tourner la tête vers Alison. Elle aussi a répondu correctement à toutes ses questions et aux flammes dans ses yeux, il est évident qu'elle ne va pas s'arrêter là. Tout comme moi, elle veut gagner.
Elle aussi croise mon regard et elle me salue d'un sourire qui est là pour me dire qu'on va gagner. Je hoche la tête et m'oblige à regarder Lauren, de peur que mon interaction avec Alison passe à la télévision et que Wesley vienne me confronter.
Honnêtement, je n'ai pas envie qu'il me rappelle à quel point je suis derrière.
Pour la finale, nous avons le droit à une pause, le temps de nous concentrer, mais dès que les caméras reprennent tout s'enchaîne rapidement. Le top chrono est annoncé et les questions viennent et partent à la vitesse de l'intelligence des deux filles.
J'ai du mal à compter les points qui s'enchaînent.
J'ai l'impression que Yuma répond plus de fois que Lauren, mais ça doit être parce que sa voix me fatigue.
— Ceci est la dernière question, déclare finalement le présentateur. Elle déterminera l'équipe vainqueure, alors veuillez y répondre avec précaution.
Je serre les poings, une façon pour moi de contenir mon stress.
— Quelle planète de notre système solaire tourne en deux cent quarante-trois jours et vingt-six minutes sur son axe ?
Je serre les dents lorsque Yuma appuie sur le bouton rouge en premier :
— Mars !
Tout de suite, Lauren appuie à son tour.
— C'est faux. C'est Vénus
Au ton qu'a pris Lauren, j'ai presque l'impression de l'avoir entendu murmurer un « sale débile », mais ça doit certainement n'être que le fruit de mon imagination.
N'étant pas particulièrement au point niveau astronomie, j'attends impatiemment que le présentateur mette un verdict sur tout ça. L'expression de Yuma a radicalement changé et j'ai du mal à décrypter ce qu'elle renferme ; ce que je vois surtout, c'est la confiance de Lauren qui est plus que visible.
Je jette un coup d'œil à Aria qui est en train de menacer dans des murmures le présentateur à cause du temps qu'il met. Je suis tenté de voir ce que Val en pense puisqu'elle est l'experte en sciences, mais je reste scotchée sur la scène devant moi, à attendre qui des deux a raison.
Soudain, j'ai peur. J'ai peur qu'Alison soit déçue de ne pas gagner. Toutefois, cette crainte ne reste pas bien longtemps puisque l'homme finit par reprendre :
— Bien, je vois que vous avez tous les deux des réponses différentes.
Crache le morceau, putain !
— Je dois néanmoins accorder le point à Lauren.
De nombreuses secondes passent entre le moment où cette phrase est annoncée et celui où je réalise ce qu'elle signifie. Cependant, une fois que je l'ai intégrée, je me jette sur Aria qui se trouve être la plus proche de moi.
Après ça, j'enchaîne avec toute l'équipe qui ne laisse transparaître que des cris de victoire et de fierté. Je jubile en voyant le sentiment de défaite collé au visage de la garce.
Lauren nous rejoint et nous la félicitons tous d'être aussi intelligente même s'il est évident qu'elle est gênée par toute l'attention. Tous ensemble, nous nous félicitons, nous chantons notre réussite et pensons déjà à notre séjour en France.
Si ce n'est pas une destination nouvelle pour moi, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est un endroit que j'aimerais faire visiter moi-même à Alison.
J'y ai passé la plus grande partie de mon enfance et en connais tous les recoins ; je pourrais lui montrer tous ces lieux secrets que j'ai amassés qui sont bien loin des sites touristiques habituels.
Toutefois, je me reprends à la fin de cette pensée en pensant à Wesley. Paris est un rêve d'Alison, mais ce n'est pas avec moi qu'elle voudrait le partager.
Il y a Wesley.
Il y a toujours Wesley.
À cette pensée de me retrouver dans la ville de l'amour avec elle, je me dis qu'il faut que je fasse quelque chose. Peu importe ce que c'est, il faut que je l'éloigne de mon esprit d'elle parce que tout ce qu'il y a en moi et qui est dirigé vers elle ne fait qu'agrandir de jour en jour et je crains que tout finisse par exploser une fois là-bas. Je n'ai qu'une seule règle : rester éloigné d'elle.
Et je dois la respecter.
***
dur, dur, d'être face à son frère, hein ?
LOVE ∞