Kilo-drames TOME II

By MohamedLMClt

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La perte est une peste, va-t-elle la surmonter ou s'enfoncer ? More

Partie 1 - « La mort n'arrête pas l'amour. »
Partie 2 - « Comment vivre ? »
Partie 3 - « Un janvier different. »
Partie 4 - « Une pilule dure à avaler »
Partie 6 - « Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain. »
Partie 7 - « L'amour est sensé nous enrichir »
Partie 8 - « Le temps d'un instant »
Partie 9 - « Boum... Boum... Tachychardie »
Partie 10 - « Parce que tu m'aimes. »
Partie 11 - « L'Amour des maux. »
Partie 12 - « Devenir sa femme »
Partie 13 - « Une rencontre »
Partie 14 - « Les jeunes mariés »
Partie 15 : « Le coeur supplicié »
Partie 16 - « L'ombre brisée »
Partie 17 - « Nid à problème »
Partie 18 : « Son coeur dur s'immole »
Partie 19 - « Le premier amour... »
KILO-DRAMES PARTIES FANTÔMES
KD #3 ALTERNATIVE // Partie 20 // Les souvenirs.
Partie 21 : « Désir ou désillusion »
Partie 22 : « Les battements de son coeur »

Partie 5 - « Se comprendre »

907 57 47
By MohamedLMClt

Pour me racheter complètement de l'absence, je vous envoie la suite. Ayez le cœur bien accroché. Soyez attentifs parce que chaque détail compte. Chaque mot à son importance.
J'espère que vous allez apprécier cette partie.
J'attends vos avis sur l'histoire en commentaire.

Bonne lecture à tous.
_____________

Je ne coopère pas. Partir et le laisser dans cet état ? Hors de question ! Je ferme la porte qu'il a entrouverte. Nos yeux se battent en duel. Je vois qu'il ne comprend pas mon refus d'obtempérer. À son tour de ne rien comprendre.

Un pas de plus et tes lèvres touchent les siennes. Un pas de plus et tu te sentiras revivre, me dit mon esprit. Les chuchotements dans mes oreilles se font de plus en plus intense. Mes pensées veulent prendre le contrôle de mes actes. Je ne les laisserais pas faire. Je ne bouge pas d'un iota et me contente de le confronter dans ce duel.

Notre relation ne ressemble à rien du tout. La dernière fois qu'on s'est parlé, dans la voiture de Djibril, il me parlait comme si de rien était et là... c'est un tout autre discours auquel j'ai le droit. Est-ce cette pilule rose qui fait cet effet ?

- Je t'ai apporté rien de bon, tu te rappelles ? me rappelle-t-il. Je devais te laisser tranquille, souviens-toi. Je devais reprendre ma vie.

Chaque phrase qu'il prononce est ponctué d'une suavité qui me fait littéralement chaviré. Oui, je me rappelle de tout ce que je lui ai dis. Je sais que je ne suis pas prête pour lui... on le sait tous les deux. Me forcer serait mentir sur mes réels sentiments mais je me mens déjà à moi-même...

Je ne réponds donc pas à ces rappels à l'ordre. Je nous laisse ce moment de réciprocité. Il me fait du bien. Pourtant, tout mon corps me hurle de le pousser mais je n'y arrive pas. Il essaie tant bien que mal de tenter le diable à vouloir tenter de comprendre ce qu'il se passe en m'embrassant. Le néant. Ses lèvres ne veulent pas aller plus loin. Je respire lentement. J'aimerais faire le premier pas. Ça ne serait pas la première fois. Mais je ne le fais pas non plus.

- On fait quoi ? me demande-t-il en murmurant comme pour éviter de me réveiller de cet état dans lequel il me met.

- Rien.

- J'suis pas dans mon état normal.

- J'avais remarqué.

- T'as pas peur de moi ?

- Non.

Il finit par reculer.

- Tu prends des drogues dures maintenant ?

- T'es de la police ?

- Je m'inquiète juste pour toi.

- J'existe maintenant ?

- Tu m'en veux ?

- Tu m'as donné quelque chose que j'ai jamais eu, pour me le reprendre.

- Qu'est-ce que t'as jamais eu ?

- Joue pas à ce jeu là Rehana.

- La pilule Junayd, c'est pourquoi ?

- J'ai mal à la tête, ça me repose.

- Sérieusement.

- Sérieusement, m'affirme-t-il d'un ton calme mais perturbant.

- Depuis quand ?

- Je sais pas.

- Il va falloir abandonner cette nouvelle habitude.

- T'es devenue ma mère ? - en souriant -

- Elle en penserait pas moins.

- Ne parle pas d'elle !

- C'est toi qui a parlé d'elle.

- Fais pas la maline.

- Va te doucher, je te prépare quelque chose.

Il ne rouspète pas et s'en va en titubant un peu. J'ai essayé d'aller vers lui pour l'aider, il m'a stoppé d'un signe de main. Je reste quelques minutes au même endroit avant de me ressaisir.

J'enlève mes talons et commence à débarrasser sa table basse. Je jette le contenu de son cendrier et je jette la pilule rose. L'odeur de shit enfume la pièce. J'ouvre la fenêtre pour renouveler l'air.

Il revient dans le salon en se grattant le sommet du crâne. Il a le visage mouillé. Il a dû se débarbouiller avec une bonne eau froide. Il ne porte plus sa chemise. Il est torse nu.

- Si j'ai bien compris, tu vas pas partir ?

- T'as tout compris, dis-je en rigolant.

La manière dont il est venu me poser la question m'a arraché un rire qui sortait du cœur. On aurait dit un enfant cherchant à bien saisir la situation.

Pour éviter qu'il ne prenne mal mon rire et qu'il me jette dehors par la force d'un bras, j'ai dévié la conversation :

- Normalement tu danses pas, qu'est-ce qui t'as pris ce soir ?

- Je devais faire plaisir à Amâan. C'était son mariage.

- Pas qu'à lui on dirait.

- Au lieu de faire des allusions bidons, en attendant, je t'ai pas vu bougé de ta table.

- J'ai dansé. Tu l'as juste pas remarqué, t'étais trop occupé.

- Ah bon ? J'ai raté ça. Fais voir ce que t'as fais ? - en souriant -

- C'est une blague ?

- Attends.

Une musique sort de je ne sais quelle enceinte. Reggada. Je reconnaîtrais cette sonorité de très loin.

- Alors ?

- C'était pas vraiment le genre de musique qu'il y avait là-bas.

- Je suis pas Dj. Allez.

- T'es vraiment sérieux ? - en rigolant -

- Ouais.

- Tu danses avec moi alors.

- Flemme de te mettre à l'amande...

- Dis celui qui ne danse pas habituellement.

Mes épaules bougent aux rythmes des derboukas. Je tourne autour de lui en souriant. Un sourire s'affiche sur ses lèvres. Naturellement, je vois ses bras se lever. Il me fait mourir de rire mais il se débrouille très bien. Il me montre l'étendu de son talent en me balançant toutes les chorégraphies qu'il connaît. Une main derrière le dos, un bras en avant, l'épaule vibrant : je pouffe de rire.

Habillée de mon sari trois pièces et sans mes talons. Lui avec son pantalon de costume et torse nu. Tous les deux entrain de danser : la scène est comique. C'est étonnant car aucune gêne ne submerge la pièce.

Une rupture entre ce qu'il s'est passé à la porte et ce qu'il se passe maintenant.

On s'arrête. On se regarde. Et on rigole comme deux idiots.

- Va te doucher, je te prépare quelque chose.

- Tu tiens bien de ton père pour la danse.

Sourire aux lèvres, je me dirige vers sa cuisine : des œufs. Je vais lui faire une omelette, tiens. Je me rends compte que cette pièce de son appartement, je ne l'ai jamais vu. D'ailleurs, son appartement, je ne l'ai jamais observé comme il se doit.

La cuisine est plutôt spacieuse pour une seule personne. Il a installé un mini bar sans alcool. J'ai décroché un sourire. C'est tellement paradoxal. Il se drogue et ne boit pas d'alcool. J'ai l'impression que c'est la même merde. Tellement de contradiction dans son comportement.

Je commence ma préparation. Mes gestes sont très lents parce qu'ils sont brouillés par mes pensées. Il arrive une bonne quinzaine de minutes plus tard alors que je fais tout juste cuir les œufs. Vêtu d'un bas de jogging et d'un t-shirt noir, il s'installe au mini bar.

- Ça t'as détendu ? demandai-je.

- Ça m'a surtout éclaté.

La tête posé dans ses bras, je le vois s'en aller dans un autre pays. Je le réveille en posant fortement l'assiette sur la table. Il faut qu'il mange au moins un peu, avec toutes les saletés qu'il a dans son corps, il peut pas rester le ventre vide. Je lui verse sa canette de coca dans un verre.

- Mange avant de dormir.

- Merci.

- C'est rien.

- Tu peux y aller.

- Je peux pas partir tant que tu dors pas.

- Tu veux pas partir, me dit-il sans rien ajouter par la suite.

Il mange lentement et silencieusement. Je ne tiens pas compte de sa phrase. Je m'éclipse dans son salon. Un endroit simple en décoration : ça lui ressemble bien. Quelques cadres ornent les quelques meubles qu'il a : l'un représente sa famille. Il y a Samir, sa mère et lui-même. L'autre représente une photo de son frère Samir joyeux très joyeux. Le dernier représente sa mère. Toutes ces photos ont un point en commun : le sourire.

Je tombe sur un appareil photo. Je me surprends à faire comme si j'étais chez moi et j'en regarde le contenu. De beaux clichés s'y trouvent. Je souris en les parcourant. Beaucoup ont été prise du haut du toit. Les rares prises sur terres sont faites lorsque le soleil se couche.

Il y en a une qui m'a décroché un rire : l'un des petits du quartier, entrain de fouiller dans son nez, au beau milieu du parc, près du plus grand arbre qu'on possède dans notre quartier. La photo est très belle et représente cette innocence malicieuse qu'on peut retrouver chez les enfants.

- Tu fais quoi là ?

- C'est toi qui les as prise ?

Il m'arrache l'appareil des mains.

- Désolée, dis-je confuse.

Il part dans sa chambre et revient les mains vides.

- Ne fouille plus jamais dans mes affaires !

- C'était là.

- Ne fouille plus jamais dans mes affaires Rehana ! m'ordonne-t-il en ponctuant son propos avec son index.

- D'accord Junayd. Excuse-moi.

- Je vais dormir.

- Ah bon ?

- Tu veux peut-être rentrer avec moi dans ma chambre pour vérifier ?

- Dors sur le canapé.

- Quoi ?

- Je veux être sûr que tu dormes vraiment.

- T'es drôle mais qui va fermer ma porte ?

- Moi.

Il laisse un rire jaune s'échapper de sa bouche.

- Donc tu suggères que ze3ma je te laisse mes clefs ?

- Bah oui.

- Tu vois rien de chelou là ?

- Bah non.

- Tu le fais exprès ?

- Non, dis-je d'un ton amusé... respire. Je veux juste que tu dormes vraiment et que tu ne fasses pas autre chose.

- Comme ?

- Ne pas dormir ou attendre que je parte pour...

- Ramener Camilla ou Léna ?

- Non... pour fumer ou prendre ton truc rose.

- T'es jalouse.

- Non.

- C'était une affirmation. T'as fais tout ce chemin pour me parler d'un bisou, rappelle-toi.

Il me sort cette phrase tranquillement. Sa tranquillité me touche plus que lorsqu'il exprime ses émotions.

- Je voulais juste comprendre. Tu ne fréquentais aucune autre fille à part Léna. En tout cas pas dans ce quartier.

- Les dés ont été redistribués depuis un moment.

Il va dans la cuisine récupérer un verre d'eau. Je le suis.

- Donc tu joues avec elle ?

- Je joue avec personne.

Il retourne au salon. Je suis son ombre.

- Elle t'aime bien Camilla et t'en joue.

- Je lui ai jamais caché mes intentions à ta shab, m'affirme-t-il en se tournant vers moi.

- Elle pense que tu vas la marier...

- Elle pense ou vous lui faites croire ?

- Et que tu ne marierais pas une fille comme Léna, continuai-je en ne prenant pas en compte sa question.

- « Une fille comme Léna » ?

- T'as très bien compris.

- Non. Explique-moi que je rigole. Pourquoi je ne marierais pas une « fille comme Léna » ? - en m'imitant -

- C'est une fille... une fille avec qui t'entretiens rien de sérieux.

- Ça ne veut pas dire que ce n'est pas une fille à mariée.

- C'est pas une fille bien.

- Et t'en es une toi ?

Il boxe avec mes mots et les retourne contre moi. Il m'envoie un uppercut que je me prends en pleine figure. Je tombe sur le ring mais je tente de me relever :

- J'ai pas la prétention de...

- C'est quoi une femme bien ? Une femme qui ne sort jamais. Une femme qui n'a jamais eu de mecs. Une femme qui ne couche pas, énumère-t-il avec toute la théâtralité du monde. Une femme bien selon vous, c'est une femme qu'on prive de son libre arbitre. Elle n'a pas le choix, parce que si elle sort trop le soir, elle sera catalogué de fille moins bien qu'une autre. Même pour une urgence, si elle est dehors trop tard, son image est ternie. Aujourd'hui, vous les meufs, sans forcément vous rendre compte des choses, vous avez les mêmes critères que les hommes qui courent de gauche à droite avant de chercher la « fille bien » ! Vous êtes ce que j'appelle les dindons de la farce. Tout ça, pour finalement finir avec le plus gros chien de la planète. Être une femme bien ne se résume pas à ce qui se passe dans ton lit ou non, ni à ce qui se passe en dehors de chez toi. C'est les rumeurs qui forment les femmes bien ou non. Et c'est les rumeurs que suivent la plupart des gens faible d'esprit. Léna m'apporte beaucoup dans ma vie de merde vu ? Donc tes shabs les parfaites et toi, évitez de parler d'elle comme si c'était la dernière des prostitués. Je suis le seul homme qu'elle fréquente si tu veux savoir. Avant que tu cherches à me contrer... oui, j'en suis sûre.

Je suis admirative de sa manière de voir les choses. À vrai dire, je l'ai toujours été, mais l'entendre clamer son opinion me laisse bouche bée.

- Tu l'aimes bien alors ?

- C'est quelqu'un de bien malgré ces petits défauts.

- C'est quoi votre vraie relation à tous les deux ?

- On s'entend bien. Elle m'aide. Je l'aide.

- Elle t'aide à quoi ?

- Me changer les idées.

- C'est ton objet ?

- Ça voudrait dire que je suis son objet aussi. Retiens juste que c'est pas le genre de meuf qui donne son corps au premier venu.

- Je suis désolée d'avoir penser que c'était une fille facile.

- Réfléchis avant de parler. Ré-flé-chis.

- Même sous substance illicite, tu réfléchis toi.

- Même mieux.

- Je vois ça.

- Pourquoi tu lui laisses pas une chance d'aller plus loin qu'une relation charnelle ?

- C'est ce que tu veux ?

- Qu'est-ce que tu veux toi ?

- Ce que j'aurais pas. Bref. Oublie tout ce que j'ai dis tout à l'heure devant la porte.

- Il fait nuit encore. Au lever du jour, si tu veux, je ferais comme si rien avait exister.

- Rien n'a existé, et rien n'existera, surenchérit-il.

Ces deux phrases m'ont piqué.

- Tu sais que si je pouvais, je...

- Je sais pas ce que t'as envie de dire mais dis pas de connerie que tu regretterais Rehana.

- Nos moments ensemble me manquent.

Ma phrase est sortie toute seule. J'avais besoin de le dire. Nos moments étaient complexes mais réconfortants. Je me sentais bien dans notre relation qui n'en était pas une.

Il ne me répond pas.

- Je suis sin...

- Il se passera rien entre toi et moi, t'as été bien clair, donc arrête de ressasser quelque chose qui n'a jamais existé.

- J'aurais bien...

- Tu commences ta phrase au conditionnel, t'exprimes un souhait que tu ne veux pas réaliser.

- Tu veux vraiment pas que je parle ?

- Avec les si on refait le monde, c'est la même chose avec les -rais.

J'analyse nos différentes discussions depuis tout à l'heure et j'en vois pas le bout. On passe du coq à l'âne.

- J'aime pas la relation que t'entretiens avec ces deux femmes : Camilla et Léna. Même si avec la première je ne sais pas ce qu'il se passe et la deuxième c'est quelqu'un qui partage trop ton intimité.

- J'aime pas la relation que t'entretiens avec un fantôme moi. Et pourtant, je te fais aucune remarque.

- Je te permets pas de parler de lui.

- Je te l'ai déjà dis, ne joue pas à ce jeu, parce que tu vas te perdre. La preuve.

Il se dirige vers son canapé et s'y installe. Il laisse sa tête tomber contre le dossier. Il allume la télé et laisse défiler des images sans sons. Je m'assois à côté de lui. J'attends une réaction de sa part. En réalité, je ne sais pas ce que je cherche. Tout ce que je peux dire c'est que j'aime bien ce moment à ses côtés. Sa tête se tourne vers moi :

- À quoi va mener la discussion ? T'es jalouse et je dois attendre que tu te réveilles ? Et après ? On va où ?

- Au bord de la mer.

Dis-je naturellement. C'est l'image qui m'est venue en tête dès qu'il m'a demandé où est-ce qu'on allait.

- Tu sais que ça arrivera jamais ?

- On peut toujours rêver non ? Et si avec mes si, je nous construisais un monde. Fictif, mais le nôtre.

- Je plane déjà donc j'ai vraiment pas besoin de ton monde.

Il ferme les yeux. Ce qu'il a pris fait son effet. Il commence à être ailleurs.

J'insiste pour l'emmener encore plus dans ce monde que je me force à m'inventer aujourd'hui pour je ne sais quelle raison :

- On se fait la malle au bord de la mer que tous les deux. J'aurais arrêté de mettre Paris en bouteille et toi tu seras plus apaisé. Le bonheur nous sourira à ce moment-là.

- Et tu serais ma femme dans ce monde ?

- Si tu me le demandes.

Il ouvre les yeux. Ses pupilles se dilatent.

- Tu vois là, je t'aurais embrassé et ça serait parti très loin. Et t'attend pas à ce que je m'excuse de tout ce que je suis entrain de dire, je le ferais pas mais oublie. À mon réveil, perso, j'aurais tout zapper.

- ...

- Tu le sais au fond de toi, t'es pas prête à avancer.

Après m'avoir cloué le bec, il remet sa tête droite et ferme les yeux. Les bras croisés, il attend la venue de Morphée.

Mon for intérieur aurait aimé qu'il ait le courage de le faire.

Je l'observe attentivement. S'il n'était pas entrée dans ma vie peut-être que... non. Je dois pas me remettre dans cet état d'esprit.

J'attrape la télécommande pour mettre un peu de volume. Je veux avoir un fond. Spontanément, je m'approche de lui et pose ma tête contre lui. Il ne cherche pas à me repousser. J'ai l'impression qu'on aime tous les deux cette situation énigmatique. Son bras m'enroule. Je pose ma main sur son cœur.

- Demain, on oublie, me murmure-t-il une dernière fois.

Je ne sais pas quand est-ce que je me suis endormie mais le marchand de sable est bien passé. Il n'est plus à côté de moi. Je suis allongée sur le canapé avec une couverture. J'entends un bruit dans la cuisine. Je me lève. J'attrape mon téléphone pour regarder l'heure : il est 7 heures du matin ! Il faut que je rentre. Je me dirige vers le bruit.

- Installe-toi.

- Je dois y aller.

- Bois un truc avant.

Je m'assois sur le mini bar où il était assis quelques heures avant moi. Je le regarde me ramener une bouteille de jus d'orange et me servir.

- Merci.

Je l'observe se faire un café.

- Tu t'es reposé un peu ?

- J'vais dormir après.

- T'as fais quoi pendant une heure ?

- Je t'ai servi d'oreiller.

- Je suis désolée !!

- T'en as pas marre de t'excuser ? T'as dépassé le quota là.

- Non mais c'est toi qui devait te reposer pas moi.

- On dirait que t'en avais plus besoin que moi !

- On dirait bien.

Il prend son café.

- Je peux te poser une question ?

- Tu le fais déjà là mais vas-y.

J'esquisse un sourire.

- On peut redevenir amis ?

- On a jamais été amis.

- Sympa !

- On le sera jamais d'ailleurs.

- Aoutch ! Touché, m'exclamai-je en touchant mon cœur. Qu'est-ce qu'on peut être alors ?

- Un truc qui m'oblige pas à être avec toi.

- Amis c'est un bon compromis.

- Force pas, mon amitié vaut cher. Je te l'ai déjà dis.

- Allié alors.

- Allié ? Tu sais ce que ce mot veut dire au moins ?

- Bien sûr. Je veux qu'on s'apporte l'appuie dont on a besoin.

- C'est plus toi qui a besoin d'appuie.

- J'avais pas l'impression hier.

- Il s'est passé quoi hier ?

J'ai souri. La question était posée avec un ton vraiment interrogatif comme s'il ne savait vraiment pas. Je lui tends ma main. Il la regarde.

- Je rentrerais pas dans ça Rehana.

- D'accord, dis-je en rangeant ma main. L'alliance peut se faire à sens unique, ça m'a jamais dérangé. J'étais ami avec toi, quand tu te sentais pas en amitié avec moi donc bon.

- Tu devrais y aller, Léna va pas tarder et j'ai pas envie qu'elle crie dans mes oreilles.

Mes talons jonchent le sol. Je les mets. Il m'ouvre la porte. Après avoir franchis son seuil, je me retourne. Il est dans le cadre de la porte et me regarde :

- T'inquiète, t'auras toujours le droit de m'adresser la parole.

- Merci Junayd pour cette faveur.

- Sérieusement. Je suis pas prêt à attendre, ni à vivre dans l'ombre de quelqu'un d'autre.

- Je te demande pas d'attendre.

Je le regarde avec tout la détresse auquel mon cœur est livré. J'ai tout de suite compris qu'il le voyait. Je convaincs mes membres qu'il n'a rien vu et que tout ce qu'il pense n'est pas la vérité.

- Tu l'exprimes pas avec ta bouche mais tes yeux me le crient.

- Tu te trompes.

- Tu vois ? T'es pas prête à avancer. Rentre bien, dit-il en refermant la porte derrière-lui.

***

Il n'avait jamais pensé tomber d'une falaise un jour. Il a toujours été un roc insensible à l'appel de l'amour. Il ne connaissait que l'amour de la chair et l'amour de sa mère. Elle est venue, a vu et a remis tout en question.

Il aurait aimé lui exprimer ce qu'il ressentait réellement pour Camilla, pour Léna et surtout ce qu'il ressentait pour elle, mais les mots ne sont pas toujours suffisant pour exprimer ce qu'on éprouve.

La tête scotchée à la porte qu'il venait de fermer, il s'interroge sur la suite. Il n'y en aura pas. Hier n'était qu'une illusion et il le sait. Il a nourri cette illusion délibérément.

Elle pensait qu'il avait pris cette pilule rose. Non. C'était juste la conséquence de plusieurs joins pour essayer d'oublier ce qu'il avait fait avec Camilla. Elle l'a embrassé. Il n'a pas su la rejeter parce que tout est de sa faute.

Joins sur joins, il a tenté d'oublier qu'il ne pouvait pas approcher la femme qui l'a pris au piège. Il a essayé d'aller plus loin en prenant du LSD pour encore plus s'évader mais elle a frappé à la porte. Rien n'arrive par hasard dit-on.

Elle est venue pour comprendre. Il voulait également comprendre. Et il a compris : elle n'est pas prête à avancer.

Il ne veut pas être utiliser.

***

Les yeux clos, la tête plaquée contre sa porte, je m'insulte de tous les noms en silence. Je ne veux pas qu'il pense que je l'utilise parce que ce n'est pas le cas.

Quelqu'un se racle la gorge.

Léna.

Merde !

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